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4,22

sur 2253 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bordeaux, 2007. Dans le hall d'un hôtel, dans une ville de province, Philippe Besson discute avec une journaliste à propos de son dernier roman qui vient de sortir. Alors qu'il répond à ses questions, il aperçoit un jeune homme, se préparant à sortir de l'hôtel. Aussitôt, il croit reconnaître quelqu'un même s'il sait, au fond de lui, que c'est littéralement impossible que ce soit lui. Il ne peut s'empêcher de crier son prénom, Thomas. Mû par sa conviction, il se précipite vers le jeune homme... qui se retourne...
Barbezieux, 1984. Adolescent de 17 ans, Philippe est un jeune homme un peu gauche, timide. Élève exemplaire en terminale C, on dit de lui qu'il ira loin. Comme son frère. Cela lui attire autant de sympathie que d'antipathie. Dans la cour de récréation, il remarque un jeune homme. Élancé, distant, les cheveux en bataille, le regard sombre. Il sait son nom : Thomas Andrieu. Il ne veut pas qu'on sache qu'il s'intéresse à lui d'autant que la rumeur court à son sujet qu'il préfère les garçons. Alors, il l'observe à la dérobée, s'arrange pour le croiser. Un désir à sens unique avant que cela ne devienne une passion réciproque...


Philippe Besson se met à nu dans ce roman. Sans fioritures. Il livre, avec émotion et délicatesse, son histoire d'amour avec Thomas Andrieu qu'il a connu à 17 ans. Une histoire d'amour presque impossible dans cette France des années 80, d'autant que Thomas, lui, n'accepte pas son homosexualité (qu'il ne nommera jamais, d'ailleurs), d'autant que le sida fait des ravages, d'autant qu'aux yeux de Thomas, cette histoire ne peut pas durer. Une rencontre, aussi intense que brève, qui marquera à jamais Philippe Besson. En filigrane, ses romans porteront la trace de cette histoire qui traversera, en silence, son oeuvre. Des thèmes récurrents tels que l'abandon, la difficulté d'être soi, la perte ou encore le manque en seront le fruit. Notamment dans Se résoudre aux adieux, Un garçon d'Italie ou encore Son frère (dont le héros s'appelle Thomas Andrieu). Des sentiments enfouis pour cet homme qui ressurgissent dans ses romans qu'il pensait fictionnels. Mais, Thomas était là, dans son esprit, tapi. L'auteur, cette fois-ci, obéit à sa mère et n'aura rien inventé. Un roman bouleversant, intense, douloureux et mélancolique. D'une grande sensibilité, l'écriture, poignante, embrasse ce récit remarquable...
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Le point zéro de l'oeuvre de Besson. Celle qui contient les germes originelles de toutes les autres. C'est un cadeau immense que nous fait ici l'auteur, en acceptant de se mettre à nu face à nous, il nous offre l'éclaircissement et la cohérente évidence de l'ensemble. Autant dire que j'ai dévoré ce livre, happé, pris d'une frénésie comme le sont souvent ses personnages. La justesse est au rendez-vous et le détail de la mécanique des sentiments qui est si chère à l'auteur ne fait pas défaut. On inspecte chaque recoins de la psyché humaine. C'est puissant, intense, douloureux souvent. Finalement Philippe Besson a l'immense talent d'arriver à nous convaincre à chaque fois que ses livres nous sont personnellement destinés, qu'il ne peuvent avoir été écris que pour nous. Les dernières pages sont saisissantes. Seuls ceux qui sont passés à côté du foudroiement amoureux et des amours impossibles pourront y trouver à redire, les autres se laisseront traverser par l'écho mélancolique de leur propre histoire.
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Je referme ce livre et me demande quel qualificatif le servira le mieux : Délicat, sensible, sincère, pudique, magistral.

Oui, ce roman est tout cela et plus encore, je crois qu'il constitue avant tout un formidable éclairage sur l'oeuvre de l'auteur.
Philippe Besson nous donne les clés pour comprendre et décoder tous ses précédents romans, en nous racontant l'histoire d'un amour impossible et clandestin, qui le fait souffrir avant de disparaître de sa vie.

C'est également la découverte de ce qu'il appelle « la morsure du sentiment amoureux », du manque et de l'attente, du dénuement provoqué par la privation insupportable de l'autre.

L'auteur nous emmène à Barbezieux, petite ville de province où à 17 ans il rencontre Thomas Andrieu adolescent ténébreux qu'il observe discrètement depuis le fond de la cour de son lycée.

Philippe Besson restitue parfaitement la puissance de cette rencontre, les premiers émois physiques évoqués sobrement, l'insupportable attente entre deux entrevues, mais aussi la frustration de devoir dissimuler cette histoire que Thomas, fils de paysans, effrayé par le jugement des autres souhaite clandestine.

Philippe Besson a le talent de choisir des mots simples qui mis bout à bout produisent une écriture à la musicalité bouleversante.

Je lis Philippe Besson depuis la parution de son premier roman, je n'ai jamais été déçue, mais pour la première fois la sincérité de l'auteur m'a profondément émue.

Un énorme coup de coeur.


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En 2007, de passage dans sa région natale, l'auteur croit reconnaître une silhouette et c'est une vague d'émotion qui aussitôt le submerge. Vingt trois ans plus tôt, le lycéen qu'il était vivait son premier amour : six mois d'une relation cachée avec un garçon de son âge, Thomas, perdu de vue depuis, chacun ayant suivi un parcours aux antipodes l'un de l'autre. Pendant que Philippe se lançait dans les études supérieures et une carrière qui allait lui faire parcourir le monde, Thomas s'employait dans une ferme en Espagne…


Entrer dans ce récit autobiographique, c'est se sentir aussitôt happé par son habileté narrative, le rythme de ses phrases courtes, la justesse et la sincérité de son ton. D'abord transformé en point d'interrogation par la brève et intrigante introduction, le lecteur - en particulier celui de la même génération que l'auteur -, se retrouve bientôt rajeuni de trois décennies, par un retour dans les années quatre-vingts au goût de petite madeleine. Pour le narrateur, cette période resurgit avec d'autant plus d'émotion qu'elle fut le théâtre de sa première relation amoureuse, inespérée, absolue et capitale, notamment parce qu'elle le projetait soudain dans la réalité d'une homosexualité jusqu'ici timidement reléguée au plus secret de lui-même.


Très vite le coeur de la narration se resserre autour du secret exigé par Thomas, pointant d'emblée la souffrance de l'amour clandestin, puis, bientôt, dans ce qui prend peu à peu les allures d'une poignante tragédie, l'incommensurable gâchis d'une vie sacrifiée aux apparences. Car, l'écrivain qui, lui, assume aujourd'hui pleinement son identité gay et milite pour les droits des couples homosexuels, va réaliser combien, pour son amour de jeunesse enlisé dans la peur du rejet et le refus de soi-même, la vie a pu se révéler atrocement douloureuse et compliquée. Sobrement relatée, cette histoire authentique et doucement mélancolique finit par vous prendre à la gorge, tant par le drame qu'elle dévoile que par l'émotion contenue de son narrateur.


Juste et poignant, ce roman magnifique dans la sobriété et la sincérité de son émotion est à la fois un bouleversant plaidoyer pour le droit à être soi-même, et une courageuse mise à nu qui explique la récurrence de certains thèmes dans l'oeuvre de Philippe Besson : la perte, le manque, l'abandon, la difficulté d'être soi. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Déjà 280 critiques, alors je dirai juste qu'au début, j'ai bien aimé, malgré quelques mots crus. L'histoire était déjà posée dans une certaine réalité, avec un style tellement agréable à lire, qui nous emmène dans le coeur des hommes. Ceux qui s'aiment aussi physiquement, qui mêlent leurs corps en secret.

Puis au fil des pages, l'émotion a pris le dessus, émotion douce d'abord, puis de plus en plus forte au sens noble du terme, pour finir pas me laisser gorge serrée et larme à l'oeil.

Sublime.
ps : quand je dis qu'il n'y a pas de hasard !
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« A la mémoire de Thomas Andrieu »
«  (1966-2016)  »





Minuit. J'ouvre ce livre. Ci-dessus les premiers mots que je lis, et j'ai un choc, une vibration dans la poitrine. Les dates m'indiquent une fin. Rapide, trop rapide. Je suis bousculée. Non ! pas 2016 quand on est né en 66. Je ressens le tragique. Je respire. Profondément. Je sens, je sais que ça va être difficile car le tremblement ressenti s'estompe mais une ombre s'est ancrée dans mon esprit. Un instant, une pause et je tourne cette page, je commence.
« Un jour, je peux dire quand exactement, je connais la date, avec précision, un jour je me trouve dans le hall d'un hôtel, dans une ville de province (…) je suis assis sans un fauteuil, je discute avec une journaliste (...) »
Philippe Besson m'apaise. J'aime son écriture. Je reprends pied, une grande respiration, je continue. « Quand j'aperçois un homme de dos » « je lance un prénom, Thomas, je le crie plutôt, Thomas, et la journaliste en face de moi en est effrayée. » Philippe Besson ne m'apaise plus. Je frémis, je ressens ce cri. Je suis accrochée. Rien ne me fera lâcher ce livre. Ce soir, cette nuit. Il sera dans ma tête. Intégralement.

« Je découvre la morsure du manque. »

Est-ce que je fais un billet après une telle lecture ? J'hésite. J'ai posé le livre. J'ai eu envie de dire à Philppe Besson mais « arrête avec tes mensonges », dis moi que tu l'as inventé. Tout. Juste une fois. J'y avais bien cru que t'étais allé à Falmouth… Dis moi que c'était pas vrai. Mais le livre est à côté de moi, il s'est refermé tout seul et je le regarde. Lui. Image sépia. Alors cette idée, peut-être pas la meilleure mais il ne faut pas rester silencieux. Dire. Ne pas hésiter avec ses sentiments, ne pas les cacher. Ce livre est un magnifique cadeau d'amour. Il m'émeut tellement, tout comme la photo. Alors, voilà, j'ai laissé un grand espace après son nom. Pour rendre hommage, pour qu'il respire Thomas Andrieu, pour qu'il ait une belle place, à lui, à mes amis aussi qui doivent lui dire que je suis un peu branque.

« Je suis l'enfant qui attend la part des anges. »

Ma manière, sans doute brouillonne, mais sincère pour vous dire que c'est un beau livre et je vous remercie de ce partage que je n'imaginais pas si perturbant, tragique, magnifique. J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Avec tout mon respect, Ambages.
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J'ai découvert Philippe Besson avec ce premier livre, depuis mon affection pour lui grandit, je découvre ses autres titres avec beaucoup de bonheur.
Hier soir, je suis allée au cinéma avec ma fille voir l'adaptation de ce livre et je n'ai pas été déçue.
J'y ai retrouvé toute la poésie, la pudeur qu'interpretre magistralement Guillaume de Tonquedec.
Ce livre et ce film m'ont permis de parler avec ma fille de toutes ses questions douloureuses de l'identité homosexuelle.
À trente ans, ma meilleure amie s'est suicidée parce être lesbienne, c'était trop difficile. Ce roman est un livre intense, profond qui nous attache profondément.
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Philippe Besson nous bouscule et c'est peu de le dire dans l'autofiction pour nous dire la vérité dans « arrête avec tes mensonges ».

L'auteur explore son passé, ouvre la malle aux souvenirs pour nous révéler l'histoire d'amour qu'il a vécu adolescent.

C'est l'année du bac, tout les sépare, Thomas est fils de paysan, catholique destiné à reprendre la ferme familiale. Philippe, fils d'instituteur, laïque, n'a d'autre choix que de réussir dans les plus hautes études.

Et pourtant c'est une passion fulgurante, sauvage, qu'ils vont vivre. Ils éprouvent l'un pour l'autre, un désir irrépressible peut-être plus encore parce que cet amour doit rester clandestin.

C'est dans une écriture lucide, sensible, pudique mais aussi avec des mots crus qu'il se met à nu.

Avec un remarquable talent, il dissèque au scalpel l'absence, le manque, l'interdit de pouvoir s'aimer librement, la séparation qui engendrent aussi douleur, nostalgie…

Ce dernier opus est donc un roman pivot qui nous donne les clés de son oeuvre. Je ne sais pas pourquoi, j'avais arrêté la lecture de « son frère » publié en 2010, car je voulais commencer par le début avec « Arrête avec tes mensonges »…dont le récit se déroule en trois temps : 1984-2007-2016…

« je donne des petits coups de langue sur chacun des naevi de son corps. Il en a trente deux, j'ai compté ». (P96)

Hier soir, je regardais encore la première de couverture de « son frère » et j'ai compris…

Philippe Besson nous parle de Thomas au-delà des mots…
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1984…. L'Amour tabou « l'interdit »…. Pour vivre heureux, vivons cachés….

Arrête avec tes mensonges est un roman autobiographique de l'écrivain. Philippe Besson construit son scénario sur les fantômes de son jeune temps et approfondit son souci d'exprimer sa vérité intime.

Fils d'un père instituteur et d'une mère clerc de notaire, Philippe Besson grandit avec son frère aîné dans l'appartement qui donne sur la cour de récréation de l'école où son père enseigne. Marqué par son entrée en sixième, où ses petits camarades se moquent de ses « gestes de fille », il s'investit pleinement dans ses études. Des années plus tard, l'auteur aperçoit dans le hall d'un hôtel une silhouette qu'il croit reconnaître, celle d'un garçon avec qui il a eu une relation amoureuse compliquée dans sa jeunesse. Cette coïncidence extraordinaire (qui ne sera expliquée qu'à la fin du livre) est l'événement déclencheur qui va faire remonter à la surface les souvenirs. C'était à Barbezieux, lors de l'hiver 1984, l'auteur et narrateur, pour la première fois, tombait éperdument amoureux d'un camarade de lycée. Ils ont 17 ans, c'est l'année du bac et leur amour différemment partagé va durer 6 mois après quoi chacun poursuivra sa vie selon une destinée différente.

Excellent témoignage d'une histoire d'amour si vraie et sincère que nous suivons avec intérêt et plaisir. J'ai été captivée par la frénésie de l'oeuvre, et touchée par la grandeur des personnages et la justesse des mots chargés en émotions.

Dans ce roman émouvant qui nous fait ressentir la blessure de l'âme, Philippe Besson nous bouleverse par la simplicité d'aborder un sujet tabou et l'approche d'un amour clandestin désespéré….

Un récit touchant, d'une rare sensibilité et d'une grande profondeur, qui nous laisse une empreinte ineffaçable.
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Vos écrits Monsieur Besson ont quelque chose de particulier, de touchant, d'émouvant. Votre histoire ici est bouleversante et pourtant elle n'est pas extraordinaire. Beaucoup connaissent des amours contrariées, des amours que l'on ne peut oublier.
Votre écriture est simple, votre style n'est pas alambiqué mais toujours teinté de sensibilité, de délicatesse, vos écrits transpirent l'émotion.
On revit avec une pointe de nostalgie les années 80, on revoit la mode vestimentaire, on entend les musiques... on revit ces années.
L'Amour, l'importance du premier Amour et son impact dans sa construction identitaire, l'homosexualité, le conformisme sont des thèmes que Philippe Besson nous offre dans ce roman "Autobiographique ?" qui vous l'aurez compris m'a une fois de plus complétement convaincue.
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