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3,6

sur 558 notes
Ce roman ne souffre pas d'arrêt, à l'image de la douleur et de la solitude liées à la perte ou au départ d'un proche, dont nous font part les deux protagonistes. Il n'y a pas un mot qui dépasse, je l'ai donc lu d'une traite.
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Deux tristesses se croisent issues de la disparition de l'être aimé. Quelle qu'en soit la raison la douleur semble la même et chacun y réagit différemment, l'une par le replis, l'autre par la recherche improbable d'un remplaçant. Chacun va offrir à l'autre l'oreille qui l'écoutera et sans doute le moyen de sortir de cette mélancolie qu'ils promènent ensemble par les rues de Lisbonne où il ne manque que le son du fado pour accompagner leurs pérégrinations. Belle écriture (comme toujours avec Patrick Besson) pour ce court roman apaisant.
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La plume de Philippe Besson m'a une fois encore emportée. J'aime cette ambiance feutrée, intimiste, la rencontre de deux âmes esseulées, meurtries, cherchant un point d'ancrage pour déverser leur douleur.
J'ai bien apprécié aussi cette escale à Lisbonne qui me donne l'envie de sauter dans le premier avion pour aller y flâner.
Une belle histoire sur le deuil, la perte d'un être par la mort ou la rupture. Les deux personnages se confient, se soulagent et leur histoire fait écho sans pudeur juste un besoin de se lier le temps d'éclaircir l'horizon. Deux inconnus dans une ville de passage, en terre d'accueil, pour retrouver sans doute un peu du passé ou une ville miroir à San Francisco.
C'est doux malgré la tragédie de leur vécu mais on se laisse prendre par leurs confidences, autour d'une table, ou bien en marchant dans les ruelles de Lisbonne.
Un livre certes court mais profond dans l'intime de la déchirure d'une vie.
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Dans l'ambiance de Lisbonne, Mathieu aborde hélène. Sa solitude le pousse à l'accoster. Rapidement, Helène lui confie avoir perdu son mari dans le raz de marée de San Fransisco. Quant à Mathieu, il avoue avoir été quitté par son compagnon. Peu à peu, sur fond de mélancolie, les deux protagonistes vont se parler pour panser leurs blessures et surtout retrouver le goût de la vie. Les dialogues entremélés de bribes de vie donnent un ton particulier au récit.
Il y a une impression de privilège d'assister à leur huis-clos, cette sensation de les accompagner lentement.
C'est un très beau roman à la fois intense, sombre qui explore la douleur, la souffrance d'un être perdu.
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Philippe Besson Les passants de Lisbonne Roman Julliard
( 192 pages – 18€ )

En exergue du roman, Philippe Besson a choisi une phrase de Pessoa, « le plus grand penseur de l'âme portugaise », évoquant le cycle des saisons,la fragilité des êtres, la marche inéluctable du temps et a construit son récit au diapason de cette citation.

Pour Martin Melkonian , «  il n'y a pas de hasard mais des coïncidences », pour Paul Eluard «  il n'y a que des rendez-vous », c'est ce que les deux protagonistes, cabossés par la vie, ont peut-être pensé rétrospectivement, en se croisant dans cet hôtel où ils séjournent. Rencontre improbable dans le luxuriant jardin intérieur, sorte d'oasis et havre de fraîcheur, à l'écart des rumeurs de Lisbonne écrasée de soleil.

Philippe Besson entrelace, par touches sensibles, le destin de ces deux êtres blessés, dévastés, en souffrance et nous relate les circonstances de leur anéantissement.

Hélène, « enkystée dans le malheur », se livre assez vite. La détresse qui se lit sur son visage a convoqué Mathieu. Ils s'apprivoisent,s'épanchent, se décryptent, après s'être épiés discrètement. Aurait-elle en mémoire ce passage de la maison Atlantique qui nous encourage à «  s'attacher davantage aux gens qu'on rencontre, prendre en charge un peu de leur vie, les écouter, écouter même leurs silences »?

Mathieu tarde à confier ce qui le mine, la raison de sa présence. Aurait-il peur de choquer Hélène ? Il avoue «  faire confiance au hasard », mais pense que « c'est la magie de la ville qui a tout organisé ». Il décline « son attachement sentimental » pour la ville où il a été heureux. Si Mathieu peut encore caresser un soupçon d'espoir, Hélène, veuve toute récente, flotte « dans cet entre-deux ». Ils se reconnaissent une accointance « une familiarité » : «Nos hommes nous manquent. Abominablement », reconnaît-elle. Chacun d' eux brosse un portrait touchant de l'absent.

Hélène surprend, nous interpelle par sa remarque quant au choix de cette capitale, conseillée à condition de ne pas craindre « d'approcher la mort ».

Nous voici embarqués à travers Lisbonne, cette «  ville-labyrinthe », à déambuler bras dessus bras dessous, avec les deux protagonistes , mais aussi par flashback à San Francisco. le point commun de ces deux villes ? Les séismes, le narrateur rappelant celui du 29 janvier, qu'il décrit avec un tel réalisme, que les images insoutenables du chaos surgissent et l'onde sismique nous ébranle, nous tétanise.

Si les deux compagnons d'infortune , « reclus dans la triste litanie de leurs souvenirs », se suffisent à eux mêmes, vivent comme dans une bulle de douceur, occultent le décor qui les environne, le lecteur, lui,sait contempler «  les fines mosaïques sur les murs », humer « les odeurs de sardine et d'espadon grillés ».

Par contre, Hélène remarque les regards aimantés, « les oeillades appuyées » que des jeunes gens échangent avec Mathieu, aux mains fines, «  à la beauté vénéneuse » avec «  quelque chose de féminin », et le désir qui «  déboule, irrépressible » .

le lecteur les suit également dans leur errance nocturne, Hélène étant curieuse de connaître la faune que Mathieu fréquente. Il ne lui a pas échappé que Mathieu est rentré un matin, bien escorté. Il s'étourdit dans de multiples «  instants d'abandon » qui se traduisent par des pages sensuelles de « corps qui se rejoignent », de «  baisers carnivores », « des nuits blanches », « une dérive à deux » dans le sillage de Guibert.
L'auteur évoque la corrosion du couple et soulève la question de la deuxième chance.
La musique bessonienne a des accents de saudade,de fado, mais aussi de Céline Dion.

Philippe Besson montre un sens acéré de l'observation des atmosphères, des êtres et une parfaite connaissance de la ville de Lisbonne.Il offre à ses « égarés » le décor suranné et intimiste d'un bar d'hôtel qui rappelle Hopper, ou l'ambiance feutrée d'un restaurant. Il leur fait goûter à la quiétude d'un cimetière anglais d'où ils sortent avec une certaine paix dans l'âme, «  la mine calme ».Il les installe dans L'Eléctrico bondé
pour une traversée de « Lisboa », des « quartiers légendaires ». « Un parcours sinueux et accidenté » avec « des vues imprenables ».

Le réchauffement climatique qui s'est invité dans les pages est palpable :torpeur,
moiteur, soleil éreintant, « violent, brutal », «  chaleur accablante », « intenable ».

La correspondance joue un rôle important dans ce roman.
Philippe Besson aime écrire des lettres, ses personnages aussi. Il y a cette lettre de Vincent, qui frappe de stupeur Hélène, la terrasse. Puis les lettres d'Hélène aux amis, les mots pour se délester de la douleur. Mathieu n'a-t-il pas songé à écrire à Diego ?

Le narrateur sait nous tenir en haleine. Qu'a donc à faire Hélène, de si crucial, une fois ses lettres écrites ? Suspense, l'épilogue nous apporte la réponse dans une mise en scène théâtrale. de timides sourires s'esquissent, des regards appuyés s'échangent.

D'un livre à l'autre, un fil rouge se déroule. La chaleur rappelle de là, on voit la mer.
Voyager pour oublier,pour « se couper du quotidien », panser sa peine de coeur, faire le vide, c'est ce que Louise avait aussi entrepris dans Se résoudre aux adieux. Mais le salut peut-il venir d 'un tel exil, quand on est « amputé » de sa moitié ?

On retrouve les invariants : un port, la mer. La mer, « assassine », source de tragédie, Hélène la fuit. Et ce style particulier basé sur les contrastes et le questionnement.

Philippe Besson se livre à une introspection de ses « éclopés », ses « mutilés », ses « naufragés » plongés dans les ténèbres de leur tristesse, de leur solitude, de leur chagrin et les conduit vers la lumière. Sur leur parcours, une bouée de sauvetage.

Comme l'affirme Paul Eluard, « La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours au bout
du tunnel un coeur généreux, une main tendue, des yeux attentifs. La vie, une vie à se partager ». C'est ainsi qu' Hélène offre à son compagnon d'infortune la plus belle preuve d'amitié, de fraternité. le vrai bonheur ne consiste-t-il pas à rendre les gens heureux ? Ayant « accompli ce qu'elle devait accomplir », Hélène, la bienfaisante, la fée providentielle, peut songer à regagner Paris. Elle se sent reboostée, « d'attaque » et confiante en l'avenir, avec un roman de Pessoa comme talisman.

Comme Philippe Besson le confie dans La maison atlantique : «  La chose la plus difficile est d'apprendre à vivre avec ses disparus. Mais quand on a appris, alors on est imbattable ». Mais peut-on aimer une nouvelle fois sans trahir, s'interroge Hélène ? Mathieu ne lui souffle-t-il pas le conseil idoine : «  se débarrasser de certains oripeaux » ? Leurs adieux à l'aéroport de Portela sont empreints d ' une indicible « émotion », de gaucherie et de tendresse.

Dans Les passants de LisbonnePhilippe Besson renoue avec son univers de l'intime et explore ses thèmes de prédilection : l'abandon, «  le frôlement de deux solitudes », l'attente, la perte, le manque, le deuil. Un roman qui résonne d'autant que les catastrophes naturelles récentes ont causé une litanie de victimes, généré beaucoup de panique, d'effroi et de compassion, à l'échelle du malheur collectif. L'auteur souligne le calvaire de « vivre dans l'expectative ». Il montre comment Hélène et Mathieu, si brisés, fragilisés, vont rebondir après leurs épreuves, et où ils ont puisé leur force de résilience pour conjurer le vide, «  cette vacance ».
Philippe Besson reste un expert dans l'art de fouiller les âmes et les coeurs dans ce récit empathique et cinématographique, de la renaissance, teinté de mélancolie,
qui en touchera plus d'un.
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J'ai lu pratiquement tous les romans de Philippe Besson et je dois dire que celui-ci m'a bien plu.
L'action se passe à Lisbonne, dans un hôtel où séjournent Hélène et Mathieu. Tous deux sont seuls, français, et vont finir par apprendre à se connaître. Ils vont alors se raconter leurs vies.
En effet, Hélène est là suite à un deuil, son mari est mort lors du séisme de San Francisco. Mathieu, lui, vient de se faire plaquer par son amant, Diego. Tous deux sont tristes, tous deux sont seuls, le fait de se parler va les aider à se reconstruire et aller vers la vie.
De très beaux dialogues, de la profondeur, une grande sensibilité. Ce n'est jamais pesant, malgré la mort. Cela m'a fait penser à un très joli film, vu récemment : "ce sentiment de l'été".
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Hélène et Mathieu , deux écorchés de la vie , se rencontrent à Lisbonne. Elle a perdu son mari, il vient d'être quitté. Deux êtres à la dérive se rencontrent et vont se raconter, sous le soleil lisboete.

Philippe Besson est un sculpteur génial d'âme humaine. Tout en finesse ici, il pose la reconstruction de deux individus au bord du gouffre.
La structure du roman , court, est uniforme : Un des deux personnes s'exprime, le narrateur commente. Cela rend le texte très puissant et lui confère une langueur que le soleil omnipotent vient renforcer.
On est dans une relation sans équivoque où l'on s'appuie sur l'autre pour mieux se relever.
Il est aussi beaucoup questions de souffrances et les questionnements qui en découlent : Peut on les classifier , existe-t-il un seuil de non retour? L'auteur avec sa finesse habituelle apporte ses réponses, sans doute les bonnes.
Pour tout ceux qui ne connaitrait pas Philippe Besson, je ne peux que vous inciter à découvrir cette plume et notamment son fabuleux Arrête avec tes mensonges.
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Après le coup de coeur provoqué par la lecture de "Paris-Briançon", j'ai eu envie de découvrir un peu plus Philippe Besson. Mon choix s'est porté par hasard sur ce titre à la médiathèque, simplement attirée par la couverture.

Mathieu et Hélène, deux français esseulés, se croisent dans le hall d'un hôtel de Lisbonne. Chacun d'eux a choisi la cité de la saudade, pour tenter de surmonter la disparition d'un être cher. Lui a été quitté par son amant tandis qu'elle vient de perdre son mari dans un séisme à San Francisco. Elle a choisi de se réfugier dans la solitude tandis que lui s'oublie dans la chaleur des nuits de la ville à travers des rencontres éphémères. Leur rencontre, la confession de leur souffrance, leurs déambulations à travers les ruelles de la ville vont leur permettre de trouver le chemin de la résilience.
J'ai retrouvé ici la plume subtile de Philippe Besson qui sait si bien décrire les bleus de l'âme, notamment ici les difficultés de la reconstruction après une disparition, un deuil ou une rupture. Écouter la peine de l'autre fait résonance avec sa propre douleur, la parole est libératrice et aide à la reconstruction. J'ai beaucoup aimé le décor de Lisbonne, ville que je connais un peu, totalement en symbiose avec la mélancolie qui suinte de l'histoire.

Un peu trop introspectif pour moi, cependant. J'accorde un 12/20 à ce roman. le côté "suspense" présent dans "Paris-Briançon" m'a manqué et j'ai vraiment du mal à mettre la souffrance des deux héros au même niveau...
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Ce roman aurait pu avoir pour sous titre "Roman de l'absence" car c'est bien ce dont il est question dans ce livre.
Hélène s'est exilée à Lisbonne pour tenter d'oublier la mort de son mari, décédé quelques semaines plus tôt dans le terrible tremblement de terre qui a touché San Francisco. Matthieu lui est de retour dans la ville où il a découvert une lettre de son amant lui disant qu'il le quittait. Ces deux âmes esseulées vont se trouver, se réparer et se séparer. Un roman forcément triste et mélancolique, mais dont on sort quand même avec une pointe d'optimisme. C'est le premier roman de Philippe Besson que je lis et je ne suis pas du tout déçue. Sa plume est douce et délicate et il arrive très bien à décrire les sentiments humains. Ces mots m'ont particulièrement touchés.
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Philippe Besson écrit très bien la fin de l'amour, la séparation, le deuil, la solitude et la survie. Entre poésie et confession libératoire, ces Passants de Lisbonne peignent une fois encore les multiples teintes de la souffrance et de la douleur, unique car personnelle.
Deux êtres abandonnés, Hélène et Mathieu, vont se raccrocher l'un à l'autre pour apprendre à ne plus craindre le jour d'après, à se reconstruire, à trouver en eux seuls les forces et les raisons de survivre.
Bercé par l'atmosphère de Lisbonne, le lecteur se laisse glisser dans ce cocoon bienveillant et attentif, et réussira sans peine à trouver dans cette lecture écho à ses peines.
Un court roman comme une bouée de sauvetage pour l'âme.
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