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3,6

sur 557 notes
D'emblée l'écriture de Philippe Besson plonge son lecteur dans une solitude habitée, celle de ses deux protagonistes : Mathieu subissant une rupture et Hélène n'acceptant pas la disparition de son époux dans un séisme.
Lisbonne la chaude et colorée capitale portugaise exacerbe cette attente...cette douleur proche de la folie.
Lui s'épuise en longues pérégrinations dans la ville alors qu'elle tue le temps à l'hôtel.
Inévitablement ils se reconnaissent.

A partir de cet instant les mots coulent sur l'inaudible, sur l'inéluctable, sur l'inenvisageable, sur l'inacceptable.
Peu à peu en images simples et en états d'âme colorés, nous partageons ses instants où tout s'effondre, tout se vide de la vie qui fut et de l'envie de fuite qui domine tout.
Cependant ni l'un ni l'autre ne joue la comédie du faire semblant. La relation de Mathieu qui croit que l'on ne peut pas être heureux deux fois et d'Hélène la dévastée est particulière, elle ne peut être définie d'amicale, d'amoureuse, de fraternelle, car c'est un sentiment indéfinissable qui se tisse.

La personnification du manque en parallèle de Lisbonne belle, chatoyante, mélancolique renforce ce creux à l'estomac que ressent le lecteur.
Cette sensation que les émotions se glissent sous votre peau, et que cette histoire a un tempo d'un sentiment connu de chacun, d'une universalité : celle de l'absence,du manque qui se grave au plus profond de nous.

En conclusion, il ne faut pas seulement laisser le temps au temps pour la délivrance mais laisser de la place aux vivants qu'ils soient humains ou non. Regarder à nouveau la vie en face.

D'une écriture stylée avec la simplicité d'un beau regard lucide sur la vie et ses tourments, Philippe Besson nous bouleverse et nous illumine de la petite flamme de l'espoir qui recouvre la saudade.
Une réussite, une lecture qui nous imprègne de sa merveilleuse justesse, c'est doux comme le premier rayon de soleil dans le ciel.

Pour une lectrice, le bonheur est de retrouver un auteur, de reconnaître son écriture et d'embarquer dans une histoire inconnue, c'est rare, très rare mais toujours avec Philippe Besson.
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« Je pleure sans raison que je pourrais vous dire, c'est comme une peine qui me traverse, il faut bien que quelqu'un pleure, c'est comme si c'était moi. » M. Duras
Philippe Besson signe ici un roman bouleversant sur le deuil, l'absence, le manque de l'autre. Il nous confronte à la rencontre de deux âmes blessées dans la ville de toutes les mélancolies : une femme et son amour mort, un homme et son amour envolé. Leur douleur les rapproche, leurs mots échangés sont de puissants analgésiques.
Le style de Besson est comme toujours immédiatement reconnaissable. C'est une petite musique, à l'instar de celle de Modiano, que l'on fredonne aussitôt : lire Besson à voix haute est très agréable. Ni esbroufe, ni joliesses… juste des mots justes.
Le dispositif choisi –entre monologues dialogués et points de vue réfractés- fonctionne et nous fait tanguer d'émotion en émotions, comme une saudade…
"Pois na ausência que deixaste
Meu amor, como ficaste
Meu amor, como demoras."
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Il est des rencontres qu'on n'explique pas, qui se font parce qu'elles semblent devoir se faire et qui sont déterminantes dans la vie d'un individu.
"Les passants de Lisbonne" est le récit d'une de ces rencontres entre deux parfaits inconnus qui se retrouvent dans le même hôtel à Lisbonne et qui vont entrer en contact puis sympathiser.
N'y a-t-il, comme l'affirmait Paul Eluard, pas de hasard, que des rendez-vous ?
Que dévoilera la rencontre entre ces deux êtres meurtris ?
Ce roman se lit très rapidement et dévoile ses personnages au compte-goutte au gré des rendez-vous pris par les deux protagonistes.
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Un coup de coeur. C'est au départ la qualité de l'écriture ciselée, directe, épurée qui impressionne, car la rencontre dans le jardin d'un hôtel de ces deux passants s'annonce peu excitante. Lui se cherche une raison d'être là, elle semble s'ennuyer. Peu à peu, chacun va se dévoiler et un lien profond se développer dans des dialogues hésitants, discrets, pudiques, où la justesse des mots libérés souligne la richesse psychologique des personnages aux prises chacun avec un deuil. le texte se savoure comme une oeuvre d'art sans complaisance, il va à l'essentiel. Les aveux de chacun les rapprochent et le partage de leurs souffrances leur donne de l'air dans Lisbonne écrasée de chaleur. Et Philippe Besson montre son talent de romancier introspectif en concluant avec une surprise qui relance l'histoire, comme dans Son frère, ce qui achève en beauté ce récit profondément humain.
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J'avais gardé un bon souvenir de ce très court roman que j'ai eu envie de relire à mon retour de Lisbonne. Finalement, quelques noms de lieux, mais peu de descriptions de la ville, l'essentiel résidant dans la rencontre entre un homme et une femme qui pleurent chacun un disparu et qui ont échoué dans un hôtel de Lisbonne, au coeur d'un été caniculaire. Égarés par la douleur, hébétés, ils se sont reconnus et se confient l'un à l'autre. Hélène a perdu son mari lors d'un tremblement de terre à San Francisco (des échos d'ailleurs avec le roman d'Emmanuel Carrère, « D'autres vies que les miennes ») ; Matthieu a perdu son amant qui l'a quitté sans un mot - ou presque. Une intimité se noue, une confiance qui ne peut exister qu'entre des personnes qui savent que, de toute façon, elles ne se reverront jamais, et entre qui il n'y a aucune ambiguïté. Sincérité totale dans ce nécessaire épanchement et à la clé, sinon l'espoir, du moins un apaisement. Un très beau roman.
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Il y a Hélène.
Il y a Mathieu.
Et Lisbonne.
Une ville et des gens.
Une ville pour des rescapés de la vie et de ses coups difficiles.
Une chaleur torride qui liquifie la souffrance, qui arrondit les angles de la douleur.
Toutes ses confidences qui se confessent si bien au bras d'une autre solitude.
Les bruits de la ville, les bruits des coeurs qui éclatent.
Il y a des êtres qui sont fait l'un pour l'autre...
Sans aucun besoin de se toucher ni de s'aimer dans la chair, par la chair.
Il n'y a que l'âme et par l'âme que la rencontre devient évidence.
Essentielle.
Un Besson comme une caresse sur mon visage.

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Lisbonne, un homme, une femme. Point commun : une rupture. Celle de l'homme semble moindre, puisque largué par son amant tandis que le mari de la femme a disparu dans le tremblement de terre de San Francisco. La douleur est pourtant identique. Cette rencontre de hasard va les aider tous les deux. Pas très gai, touchant et bien écrit.
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Il est difficile pour un lecteur qui a déjà été à Lisbonne et qui connaît un minimum cette belle capitale Portugaise au bord du Tage, de comprendre comment l'auteur a pu la dénaturer à ce point... Dans "Les Passants de Lisbonne", la ville devient étouffante, brûlante, avec des personnages qui se plaignent du ciel bleu et d'un soleil permanent ! La nuit, la ville est réduite à un cloaque sale, malveillant, où les touristes qui sortent dîner le soir, doivent se méfier des prostituées - essentiellement masculins - et des trafiquants de drogues. Certes, Lisbonne a ses travers tout comme Paris a sa violence, mais étais-ce une raison pour étaler le tout dans ce roman ?

Philippe Besson parle de cette ville comme s'il ne l'aimait pas. Quand il complimente les mosaïques, - les fameux azulejos peints à la main - voilà que les couleurs criardes des maisons viennent tout gâcher. Quand il parle du cimetière anglais, c'est le regard froid et hostile des vieilles femmes voilées qui ressort. Les hôtels fastueux deviennent des prisons dorées, le vent venant du Tage n'apporte jamais assez d'air et la ville devient bruyante, assourdissante à rendre fous. Il est vraiment dommage de peindre un portrait presque agressif de Lisbonne - aussi bien en terme de couleurs, d'odeurs de poissons grillés, de paroles hautes, que de bruits de la circulation et du tramway - , alors que l'intérêt de cette ville - rare capitale au bord de l'eau - va bien au-delà d'un dédain de touristes...
Hélène a perdu son mari dans un terrible tremblement de terre qui a ravagé la ville de San Francisco, aux Etats-Unis. Folle amoureuse, elle n'arrive pas à oublier Vincent, dont elle n'a jamais pu récupérer le corps. En venant à Lisbonne, - qui ressemble architecturalement à San Francisco et qui a elle aussi connu un tremblement de terre violent en 1755 - Hélène essaye de reconstruire sa vie et de se dire qu'elle peut avancer. Et pourtant, elle choisit une ville qui lui rappelle celle où son mari est décédé - à défaut de pouvoir s'y rendre physiquement.

Au fil des pages, on découvre une femme anémiée, anorexique, froide, égocentrique et qui n'hésite pas - c'est peu crédible - à parler de sa vie personnelle et de ses douleurs à un inconnu. Alors même que c'est une femme d'ordinaire taciturne qui ne se mêle pas à la foule et n'aime pas s'exposer... Malgré sa douleur, il est difficile pour le lecteur d'avoir de la peine pour elle, autrement qu'à certains moments profondément touchants. le reste du temps, elle tourne en rond en parlant toujours de la même chose, ponctuant sa tragédie d'horribles pauses qui font buter le lecteur.

L'histoire de Mathieu, le Français qui connaît bien Lisbonne et n'est pas là par hasard, n'est pas plus intéressante. Cet homme, dont il est difficile de dresser un portrait, n'arrive pas à oublier sa brutale rupture avec Diego, un Portugais avec qui il est resté cinq ans et qui l'a quitté avec froideur en lui laissant une lettre de rupture. La relation à distance entre Paris et Lisbonne était devenue trop lourde pour lui. Tout espoir s'envole alors pour le lecteur, d'espérer que Mathieu et Hélène vont finir ensemble, pansant ainsi leurs blessures. Mathieu est bisexuel, - plus homosexuel - noctambule qui fait la tournée des bars et des prostituées dans les ruelles de la ville.

D'emblée, ce personnage dérange le lecteur. À travers la plume de l'auteur, - car tout au long du récit, on sent bien que c'est Philippe Besson qui parle, accordant peu de crédibilité et de place à ses personnages - Mathieu devient un fin analyste, prêt à percer l'armure de la maigre Hélène. Il a ce côté irrévérencieux, comme s'il faisait semblant de ne rien demander, alors qu'il meurt d'envie de connaître tout ce qui a bien pu arriver à cette pauvre femme. le récit piétine, car quand on croit avancer et enfin s'approcher de la vérité, d'insupportables suspens viennent tout gâcher. Au final, Mathieu est aussi froid qu'Hélène, n'arrivant pas à rendre crédible son histoire d'amour avec Diego, fantôme d'un passé qui n'intéresse pas le lecteur...

L'ensemble se mélange et devient donc confus, parce que finalement, nous n'arrivons pas à savoir si les personnages veulent se livrer ou pas. Quel est leur but ? Êtres écoutés, pouvoir se plaindre pendant des jours en toute légitimité, parce que la personne en face est aussi malheureuse ? Ressasser leur malheur jusqu'à fondre en larmes, se suicider ou bien enfin pouvoir aller de l'avant ? Sans omettre le manque de crédibilité à leur rencontre, ces discussions forcées et impromptues qui nous amènent à nous demander où est l'utilité.
Enfin, le style d'écriture de Philippe Besson nuit aussi gravement à son histoire. Il a quelque chose de très travaillé, comme s'il avait mis de longues minutes à choisir chacun des mots, déballant toute une série de synonymes qui apportent de la lourdeur au texte - déjà pesant en raison de la chaleur de la ville dont il est sans cesse question. L'écriture est artificielle, fausse, comme si tout ceci était une farce ou un exercice de psychanalyse. Ce n'est pas écrit avec naturel, c'est psychologique, scientifique, retirant tout ce qu'il y a de léger et d'envoûtant dans la lecture d'un roman. Ce livre - et c'est le comble ! - n'est pas du tout dépaysant !
Dans un même temps, le style est plat. L'ensemble laisse une sensation d'effort, de travail difficile à mettre en place, d'énergie usante. Comme si l'auteur était vraiment au coeur de la ville, accablé par le soleil. Malgré lui, il arrive à faire ressentir une sorte de lassitude, regrettant presque la froideur et la noirceur de Paris. C'est un beau gâchis, appuyé par le caractère omniscient de la narration qui décortique les moindres pensées des personnages, gâchant le plaisir de lire.
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Philippe BESSON a une écriture remarquable et surtout une sensibilité singulière pour aborder la solitude et l'émergence d'une relation à deux, pourtant improbable. Je me souvenais de la lecture il y a quelques années de son roman : "Une bonne raison de se tuer". Si comme moi, vous l'avez aimé, vous apprécierez de découvrir "Les passants de Lisbonne". Pour les autres, laissez-vous porter par le charme d'une immersion dans la capitale portugaise... allez, en route !

Hélène Villedieu vient de perdre son mari dans un séisme. Perdu, le terme souvent utilisé pour évoquer la mort sans avoir à prononcer le mot, trop cru, trop froid, trop brusque, est particulièrement adapté à sa situation. En effet, comment retrouver un corps dans une ville ravagée par un raz de marée qui a fait de nombreuses victimes ? C'est la douloureuse réalité à laquelle cette femme est confrontée. Son mari était architecte, il travaillait beaucoup aux États-Unis, il faisait de nombreux voyages d'affaires et séjournait régulièrement à San Francisco où il construisait des immeubles. Elle a quitté Paris où tout lui rappelle l'absence de son mari pour s'installer dans un hôtel portugais. Elle y apprend à vivre seule, tente d'apprivoiser le temps. Elle reste assise des heures dans le patio sans bouger.

Mathieu Belcour, lui, aussi réside momentanément dans cet hôtel. Après quelques années de vie en couple sur Lisbonne, Diego, son compagnon, a subitement décidé de le quitter. Sans crier gare, il ne lui a laissé qu'une lettre sur la table de cuisine d'un logement laissé vide. D'abord sonné par l'incompréhension de cette rupture, il chercher aujourd'hui à surmonter la souffrance de l'absence.

Philippe BESSON va lentement tisser sa toile autour de ces deux êtres malmenés par la vie et les faire se croiser. Ils vont accepter progressivement de se dévoiler, d'expliquer le pourquoi de leur présence dans cet hôtel, un lieu anonyme s'il en est. Que cherchent-ils au fond ? Pourquoi ce besoin irrépressible de changer d'environnement ? Que fuient-ils ?

Au gré de leurs confidences, ils vont aborder la relation de couple, son évolution dans le temps avec ses beaux moments et puis ses petits riens qui vont lentement s'immiscer, prendre leur place, parasiter la relation à deux, voire la mettre en péril...

Philippe BESSON va explorer la puissance de l'absence et ses conséquences sur ceux qui restent.

J'ai beaucoup aimé retrouver la plume de Philippe BESSON et son approche de la vulnérabilité de l'être humain. Avec ces deux personnages plongés dans un huit clos quasi permanent avec, comme seule toile de fond, le patio d'un hôtel, l'écrivain propose une autre voie que les larmes. Il met des mots avec pudeur, justesse et sensibilité, sur des états d'âme. Il sait mettre un peu de lumière là où elle semblait ne plus pouvoir exister. Quel talent !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Deux solitudes en deuil se croisent à Lisbonne. Elle, a perdu son mari dans un tremblement de terre à San Fransisco et lui, son ami l'a quitté d'une lettre aux excuses maladroites.

Une conversation se noue. Un dialogue doux et mélancolique sur la résilience et le partage des douleurs.
Lien : http://noid.ch/les-passants-..
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