Voici un ouvrage et une petite collection (je sais qu'il existe l'équivalent pour un certain nombre d'autres villes françaises, comme Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris ou Toulouse) qui est particulièrement intéressante mais, malheureusement, essentiellement pour les habitants de la ville considérée.
En effet, grâce à l'essor de la photographie à la fin du XIXème siècle, il est possible d'avoir un bilan net des évolutions du paysage urbain et à de nombreux endroits d'une même cité.
Ce sont donc un tout petit peu moins de cent clichés d'époque (97 pour être précise) qui sont confrontés à leurs homologues actuels. (Il est intéressant de noter qu'entre la date de parution du livre (2007) et aujourd'hui, il y a aussi eu d'impressionnantes modifications du paysage, notamment avec l'extension du réseau de tram et l'arrivée du TGV à Strasbourg.)
Il n'y a pas de règle. Certains quartiers ont énormément changé, d'autres sont restés quasiment identiques, certains autres encore ont évolué moyennement. Au registre des petites larmes, signalons la disparition de la Maison Rouge de la Place Kléber, remplacée par la bouse innommable qui abrite désormais la FNAC.
Signalons également la suppression de l'ancienne synagogue (on sait pourquoi) et des anciennes halles devenues obsolètes et dont le charme ne fut pas suffisant pour empêcher les promoteurs de bâtir d'infâme tours sans âme destinées à devenir le haut lieu du business à Strasbourg. (J'en profite pour préciser que beaucoup de touristes cherchent la " Place des Halles ", qui est le nom du centre commercial en lieu et place des anciennes halles, exactement comme les touristes de Paris cherchent désespérément la très célèbre Bastille à la place du même nom.)
Je voudrais encore mentionner, à la séquence nostalgie, l'abattage du superbe pavillon Art Nouveau au Parc de l'Orangerie remplacé par un fort douteux et fort disgracieux édifice qui abrite à l'heure actuelle le bowling. Quand on compare les deux, on pleure nécessairement.
Mais il y a aussi d'heureuses surprises. L'arrière de l'Opéra était une sorte de no man's land, désormais bien intégré à la Place de la république toute proche, le Jardin Botanique faisait pâle figure face aux majestueux arbres qui offrent désormais un cadre bucolique, le Quai des Bateliers avec ses guitounettes en bois pouilleuses n'avait rien de très attrayant de même que la Petite France, devenue le haut lieu touristique de la ville.
Notons enfin qu'il n'existe pas de comparatif pour les édifices plus périphériques, je pense notamment aux bâtiments des institutions européennes, car à l'époque, c'était au milieu des champs.
Dans l'ensemble et un peu partout, ce qui est marquant, c'est l'éclosion de la signalétique (panneaux, marquages au sol, espaces réservés) et la mise en place de végétaux là où la ville était très minérale.
Bref, un intéressant comparatif pour ceux que Strasbourg intéresse. Pour les autres, cela ne présentera peut-être pas un très, très grand intérêt, quoique, ce n'est que mon avis, après tout, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'immense développement de la carte postale au début du XXème siècle a favorisé la production d'un maillage photographique resserré du territoire. À nul autre moment de l'histoire de la photographie un état des lieux aussi complet n'a été réalisé. Du moindre hameau aux grandes villes, tous les espaces habités ont été photographiés. Ces images simples, souvent d'une grande qualité artistique et documentaire, nous donnent accès à quantité d'informations sur la société d'alors. Beaucoup de photographies échappent au pittoresque généralement associé à l'industrie de la carte postale.