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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Arrêté à Grenoble en août 1943 par la Gestapo, Joseph Bialot est rapidement déporté à Auschwitz dont il sortira meurtri à jamais en janvier 1945. Ce sont ces longs mois de souffrance permanente qu'il raconte dans ce récit autobiographique bouleversant où l'on voit chaque prisonnier perdant brutalement "tout le vernis « civilisateur » accumulé sur lui depuis les millénaires" devenir un cadavre en sursis.
Auteur d'excellents romans noirs (plusieurs prix sont venus récompenser cette belle carrière) Joseph Bialot dont on fête cette année le centenaire de la naissance (1923 – 2012) voulait, par ce témoignage, exorciser toute cette sauvagerie endurée et livrer cette "invraisemblable vérité" sur la réalité des camps de concentration nazie, cet enfer où, chaque nuit, sans exception, il retournait. Un livre vraiment très émouvant.

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Joseph Bialot a été prisonnier à Auschwitz d'août 1944 à janvier 1945 et nous livre ici un sobre récit de cette expérience extrême dont il n'est pas ressorti indemne.
Arrêté et torturé par la Gestapo, il est déporté car résistant et juif. A son arrivée, il échappe à la chambre à gaz et est confronté à une nouvelle réalité qui veut que rien de ce qui régissait sa vie d'avant n'existe plus, que l'homme qu'il était n'existe plus. Les quelques mois qu'il va passer à Auschwitz seront un long combat pour garder une part de son identité dans un univers totalitaire qui a pour objet de lui dénier toute humanité. Sans aucun pathos, il restitue avec précision le cheminement psychologique qu'il a enduré pour survivre et mettre entre parenthèses l'essence même de son être. Il raconte le quotidien impensable du camp, les brimades, la violence arbitraire des kapos et des gardes, le travail harassant, les trafics de toutes sortes, le désespoir mais aussi la solidarité, les éclairs de lumière quand un geste, un mot apporte un peu de réconfort, les scènes cocasses, les moments d'espoir.
Il explique devoir sa survie au fait qu'il parlait polonais (il était né en Pologne avant que ses parents n'émigrent vers la France), qu'il a fait alliance avec d'autres déportés dont il dit les forces, les flamboyances, le courage mais aussi les faiblesses, et que la chance a été au rendez-vous à des moments clés. La plupart de ses codétenus finirent tôt ou tard, par ne plus pouvoir subir et se laissèrent glisser vers la mort.
Rentré en France, il retrouve ses parents et sa soeur et devra apprendre à revivre avec le fardeau des souvenirs qui ne lui laisseront pas de répit. En fait, on ne revenait jamais vraiment des camps tant il était impossible de les laisser totalement derrière soi. Ainsi le livre est conçu comme une suite de retours en arrière pendant la traversée du voyage que Joseph Bialot fit d'Odessa à Marseille après sa libération et durant laquelle sa pensée était ramenée vers le camp par de petits gestes du quotidien qui semblent anodins mais qui avaient une toute autre dimension dans l'univers concentrationnaire : un repas, le soleil sur le pont, une douche...
S'il n'a pas la puissance du livre-culte de Primo Levi « Si, c'est un homme », ce livre n'est pas un récit de plus sur ce que fut l'expérience des camps de concentration. Car au delà d'être un témoignage très impressionnant et particulièrement bien écrit, Joseph Bialot est un écrivain talentueux qui fait ici oeuvre de littérature.
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Les mots manquent pour parler de ce livre . Témoignage de ce que peut être la barbarie humaine et pourtant l'espoir est toujours présent au fil des pages . Un livre émouvant , bouleversant pour ceux qui ignoreraient ce que fut l'empire concentrationnaire nazi . Joseph Bialot sans grandiloquence ou misérabilisme nous parle de l'horreur absolue . A lire par chaque nouvelle génération pour ne pas oublier ...
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C'est en hiver que les jours rallongent est un BEAU livre sur Auschwitz. A priori c'est un mot qui ne peut pas s'appliquer à ces symboles de l'horreur que sont les camps de concentration, mais c'est justement le talent de l'auteur. Il réussit à raconter les abominations du quotidien des camps d'une manière assez détachée, sans s'apitoyer sur son sort, et même avec de l'humour. C'est absolument remarquable, et c'est ce qui fait que ce livre n'est pas un livre de plus sur les camps mais bien un ouvrage à part qu'il faut lire. Il écrit par exemple que les nazis fêtant Noël, ce sont les bourreaux célébrant la naissance d'un Juif alors qu'ils massacrent ses descendants tous les jours. Contradiction des nazis, ces "rejetons d'un pays dégénéré qui fut un modèle de culture".

Même les séquences les plus difficiles sont racontées de cette manière : lorsqu'il est tabassé par un kapo, il dit "le tout accompagné d'un répertoire dans lequel il est question de mon cul, de ma mère, de la façon dont j'ai été conçu et d'autres formidables injures". Mettre de l'auto-dérision dans un épisode aussi dramatique démontre une force de caractère hors du commun.

Le récit commence à bord du bateau qui le ramène d'Odessa en France, après la fin de la guerre. Ensuite on alterne les retours au camp, les séquences d'avant son arrestation, et le long parcours (plus de 6 mois) entre la libération d'Auschwitz et son retour en France. Car de nombreux prisonniers ont perdu la vie après leur sortie du camp, certains d'avoir trop mangé car leur estomac ne supportait plus rien, d'autres parce qu'ils étaient trop faibles tout simplement. Ils étaient physiquement libres, mais leur esprit ne l'était pas, ne pouvait pas l'être après ce qu'ils avaient vécu. Et puis il y avait les malheureux prisonniers russes, envoyés au goulag après leur retour au pays car d'après Staline "si ces hommes avaient survécu au traitement infligé par les nazis, c'est qu'ils avaient collaboré".

L'auteur raconte que les intellectuels survivaient moins bien car "se poser des questions sans réponses, s'apitoyer sur son sort vous ouvrait une trappe sous les pieds dont on ne sortait que mort". On ne réfléchit pas, on survit comme on peut, lui-même ne se voit "qu'en transit entre ma vie passée et ma mort". C'est après qu'on se rappelle et qu'on réfléchit ("la mémoire sans réflexion ne sert à rien. Avoir fait partie du cheptel à abattre dans un abattoir industriel pour humains oblige après coup à s'interroger sur bourreaux et victimes").
Joseph Bialot parle des nombreux survivants qui se sont suicidés après leur libération car ils ne pouvaient partager ce qu'ils avaient vécu. Comment raconter l'indicible à des gens qui célébraient la fin de la guerre ? Certains essaient d'oublier, mais "L'inconscient n'efface jamais rien. Il l'enterre. Mais les cadavres invisibles existent toujours. Et alors, bonne nuit les cauchemars". Personne n'est libéré d'Auschwitz, les survivants sont hantés à jamais.

Après la guerre, la mère de Joseph lui souhaitera son anniversaire deux fois par un : en août, le jour de sa naissance, et le 27 janvier, date de la libération d'Auschwitz, qu'elle voit comme la deuxième naissance de son fils.
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😱 Un uppercut

Comme ds une discussion avec un ami, un sujet en amène un autre, on rebondit, un souvenir en appelle un autre, une idée nous traverse l'esprit etc ... Joseph nous promène ainsi dans ses souvenirs, mais aussi dans ses "oublis". On oscille entre l'avant, la guerre et l'après avec cette tentative de retour à une vie "normale" au milieu de gens qui, eux, n'ont pas connu Auschwitz.

A noter l'utilisation de l'humour (très) noir comme moyen de faire passer des messages et ... de re-vivre après avoir sur-vécu.

Je ne sais pas comment vous parler de ce livre car mes mots seront tellement insignifiants comparés aux siens.
Mes émotions ressenties tellement insipides à côté des siennes (et pourtant).
J'ai essayé de trouver qques extraits "représentatifs" ... mais quel exercice difficile!
Tout le livre, ttes ces pensées, ttes ces constations, ttes ces vies méritent d'être lues, retenues, mémorisées, réfléchies, assimilées, digérées.
Alors voici qques phrases mais ...

"Il y a, ds l'histoire des camps, qque chose présent chez les survivants, qui ne peut être ni défini ni décrit en termes humains. La mort vécue ne peut pas se raconter[...]. Auschwitz ne peut pas être mis en mots, ni en images, ni en sons"

"Il est vrai que les voyages forment la jeunesse. Je suis formé pour l'éternité et j'ai perdu ma jeunesse"

"Être libéré ne signifie pas être libre. Je réalisais mal que j'avais un fil à la patte, lien qui s'allongerait au fur et à mesure de ma marche vers la normalité. Mais il était là, invisible, impalpable, me ramenant sans cesse à des flashes incontrôlables"

"Un rescapé n'est qu'une apparence, une illusion à face humaine, qui continue à 🍆, à manger, à travailler, à penser. Comme une dent dévitalisée. Elle est morte et continue sa fonction, mordre, dévorer, mais à l'intérieur c'est creux, vide"

"[..]je crois avoir compris pourquoi tant de rescapés se sont suicidés des années plus tard. Leur mort a été différée. Ils se
sont heurtés à l'impossibilité de communiquer leur expérience aux autres.[...]. La mort de ces déportés ressemble étrangement à celle qu'ils ont évité au Lager"

Par respect, égard, humilité, hommage, considération [...] pas de conclusion.

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Juste sans voix
J'ai lu ce livre page par page...je veux dire doucement car l'horreur décrite est bien difficile à digérer...
le livre refermé ( terminé de lire), j'ai juste envie de recueillement pour tous ces hommes et femmes, ces êtres brisés à jamais...
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Je viens vous parler d'un livre dont l'auteur, Joseph Bialot, est décédé en 2012, il nous a offert un témoignage poignant du camp d'Auschwitz. En plus de plonger dans l'horreur de cette période, l'auteur a choisi un style incisif et percutant. En fermant les yeux j'avais l'impression de l'entendre déverser toutes ses émotions face à cette ignominie. La peur, la faim, les violences, la déshumanisation, la mort, les maladies... Rien est épargné au lecteur qui va suivre Joseph dans ses quelques mois d'enfer. Les détails précis des agissements des nazis font froid dans le dos. le temps d'une lecture j'ai passé ce portail "Arbeit macht frei" .
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Ce roman c'est aussi la libération d'Auschwitz, l'armée rouge, les quelques mois de flottement avant la capitulation de l'Allemagne, ces instants où tout peut encore basculer, il faudra attendre le retour en France pour que Joseph ait l'illusion d'être libre. Car comme il l'explique si bien si officiellement la guerre est finie, elle continue les ravages chez les ex-détenus qui n'arrivent pas à retrouver leurs repères d'avant, leurs souffrances sont si tatouées que seuls l'ordre et les aboiements les remettent en marche, que la vie aussi belle et douce soit-elle, le filtre de l'horreur est toujours là le jour et se déchaîne la nuit.
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Beaucoup ont fait le choix de partir, quitter ce monde n'y tenant plus, non sans livrer leurs précieux témoignages, un relais aux générations suivantes pour que jamais nous oublions.
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Merci à @la_manufacture_de_livres pour ce service presse précieux.
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