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sur 1477 notes
Anaïs Nin (1903-1977), est une écrivaine passionnée. Femme complexe, aventureuse, sulfureuse, pleine d'envies... Anaïs cherche la femme et l'artiste qui sont en elle en inscrivant sur son journal son existence. À travers cette quête, elle nous emporte dans son tourbillon de désirs, d'explorations, de passions, d'écritures...

Chaque page s'ouvre sur une multitude de couleurs et de sentiments. Nous découvrons la vie intime plus ou moins facile à accueillir d'Anaïs Nin au travers d'un dessin réalisé au crayon tout en douceur et en sensibilité.

Rempli de délicatesse aux multiples couleurs, c'est l'un des albums marquants de l'année 2020.
Lien : https://www.instagram.com/bd..
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Un roman graphique magnifique au niveau des dessins. Je suis restée de longues minutes à suivre les coups de crayons multicolores tellement ils m'ont plu. Les différents aspects de la personnalité d'Anaïs Nin sont mis en valeur très tendrement et j'ai adoré découvrir une femme forte, libre et visiblement talentueuse. le parallèle avec l'oeuvre littéraire manque parfois mais ça donne envie de s'y intéresser.
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Chaque homme à qui j'ai fait lire mes textes a tenté de changer mon écriture. Écrire comme un homme ne m'intéresse pas.
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Ce tome contient une biographie d'Anaïs Nin (1903-1977) qui ne nécessite pas de connaissance préalable de l'artiste ou de son oeuvre. Elle a été réalisée par Léonie Bischoff, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Elle comprend 184 pages de bandes dessinées. Sa publication initiale date de 2020. Elle a bénéficié d'une édition grand format en 2022, complétée par un cahier graphique de quatorze pages.

Des nuages d'orage au-dessus d'un océan déchainé. Des vagues puissantes et arrondies, pleines d'écume, avec un minuscule navire au sommet de l'une d'elle. Les vagues redoublent d'intensité, et projettent le navire sur un récif. Dans les débris, une forme humaine allongée, recroquevillée sur elle-même. Dans la même position, Anaïs Nin se tient le visage dans les mains, avec des feuilles éparpillées autour d'elle. Elle se redresse sur son séant, sèche ses larmes et rassemble les feuilles. le soir, elle rejoint son époux Hugo Guiler, un banquier, dans une réception mondaine. Il la présente à Mme & M. Bordin, à Mme & M. Moris, Richard Osborne. Ils vont s'installer à l'une des tables. La conversation porte sur les occupations de Mme Nin : M. Guiler leur a dit qu'elle est une artiste. A-t-elle des enfants ? Depuis combien de temps sont-ils à Paris ? Hugo Guiler répond : cela fait trois ans maintenant, mais ils viennent de déménager à Louveciennes. Est-ce que New York lui manque ? Quel est ce drôle d'accent ? Elle explique que sa mère est Danoise et Cubaine, son père Espagnol et Cubain, et elle a grandi entre la France et New York. Elle a dû inventer son propre langage. Au retour, dans la voiture, son mari lui assure qu'elle les a tous charmés. Il s'inquiète pour elle : elle semble de nouveau fragile, nerveuse. Elle lui répond que le banquier en lui est en train d'asphyxier le poète. Une fois rentrés, ils s'installent dans le salon : elle écrit, il s'exerce à la guitare.

L'esprit d'Anaïs Nin divague : elle développe un dialogue avec une autre elle-même plus libre, qui lui reproche d'être en train d'étouffer, de jouer les épouses parfaites. La nuit, elle cauchemarde : par la fenêtre elle voit l'épave du trois-mâts sur leur pelouse et elle s'y rend sous une fine pluie, en chemise de nuit. Elle touche le bois de la coque et pénètre dans la cale par une énorme brèche : son double plein d'assurance l'y attend. Elle se réveille, se lève, puis vaque à ses occupations. Elle a l'air tranquille et solide, mais bien peu savent combien de femmes il y a en elle. L'une d'entre elles s'est révélée dans la danse espagnole. Avec d'autres femmes, elle prend des cours avec monsieur Mirales. Ce dernier lui a proposé de monter sur scène et de partir en tournée. Elle refuse une nouvelle fois : la danse est un passe-temps acceptable pour une femme de banquier, mais pas monter sur scène. Plus tard, elle y repense : qu'est-ce au fond qui la retient de monter sur scène ? Ça n'est sûrement pas Hugo, ni la banque. Sa culture catholique, certainement… Une femme qui se montre est une putain. Mais Mirales a raison, la sensualité de la danse espagnole touche au mystique, au sacré.

L'autrice ne donne pas de date exacte au cours de sa narration, toutefois des repères permettent de déterminer la période couverte. Au début, Hugo Guiler indique que cela fait trois ans que le couple est installé en France, ce qui amène en 1927. La biographie se termine après la rencontre avec Lawrence Durrell (1912-1990), c'est-à-dire en 1937. Elle présente la vie de l'écrivaine du point de vue de celle-ci : elle est de toutes les scènes et son flux de pensées est exprimé régulièrement, certainement pour partie extrait de ses journaux. S'il connaît déjà le parcours d'Anaïs Nin, le lecteur se doute que la bédéiste a choisi cette période pour sa fonction charnière dans son développement personnel, et donc dans son écriture. Sinon, il fait connaissance avec une épouse bien sous tout rapport, dépendant financièrement de son mari qui dispose d'un revenu confortable grâce à son métier de banquier. Il est vite touché par l'esthétique des dessins : ils semblent avoir été réalisés au crayon de couleur un peu gras, avec trois teintes majoritaires qui s'entremêlent avec une teinte prenant le dessus sur les autres en fonction de la scène, et souvent des arrière-plans vides. Il serait tentant de voir une sensibilité féminine, dans certaines courbes, la façon de représenter les yeux plus grands que nature, ou encore certaines postures, l'intérêt porté aux tenues vestimentaires, les fleurs. Mais au regard des autres caractéristiques visuelles, cela reflète plutôt le point de vue d'Anaïs Nin elle-même, sa propre sensibilité, sa façon de ressentir le monde. Ces choix graphiques servent à transcrire l'état d'esprit de l'écrivaine, en phase avec son journal et ses romans.

Au fil des pages, le lecteur se retrouve totalement séduit par l'élégance de la narration visuelle. L'artiste sait inclure les éléments nécessaires à la reconstitution historique : les voitures, les décorations intérieures, les tenues vestimentaires, les accessoires comme la machine à écrire. Elle effectue un dosage parfaitement équilibré de la quantité de détails par scène. Cela peut aller d'une représentation détaillée des façades au droit du Moulin Rouge boulevard de Clichy, à juste des personnages sur fond blanc, de la gare de Louveciennes reproduite avec exactitude à la texture du manteau de fourrure de June Miller, en passant par des scènes oniriques ou métaphoriques où l'imaginaire l'emporte. La tempête en ouverture est magnifique avec les éléments déchainés. À la fin de ce premier chapitre, Anaïs Nin marche pied nu dans un désert avec des cactus, et des cristaux sur le sol, vers une silhouette à contre-jour. La première vision qu'elle a de June Miller se fait avec un décor de fleurs. Plus loin, Henry Miller épingle son épouse au mur, comme un papillon, sa robe ouverte donnant l'impression d'aile, et il lui ouvre le ventre pour dérouler ses intestins dans la page suivante dans une vraie vision d'horreur. Quelque temps plus tard, Anaïs s'imagine glissant dans une eau habitée par des plantes aquatiques douces et sensuelles. Indépendamment de l'esthétique choisie, la narration visuelle met en oeuvre des dispositifs variés bien choisis.

En page 17, le lecteur découvre que les deux tiers inférieurs de la page sont occupés par une dizaine de silhouettes juste détourées, d'une femme en train de danser le flamenco pour un résultat très parlant. En page 37, les feuilles de papier volètent autour d'Henry Miller et Anaïs Nin assis à une table de jardin, comme emportées par le vent, mais aussi animées par l'esprit de création des deux auteurs. En pages 92 & 93, Léonie Bischoff raconte uniquement avec les images, sans aucun mot, avec une disposition de page originale : deux colonnes de quatre cases de part et d'autre de la page, et une image de la hauteur de la page qui les sépare : un voyage en train avec une arrivée le matin, et un départ le soir pour évoquer le mouvement de va-et-vient dans la relation entre Henry et elle. Dans le chapitre quatre, Anaïs enfant voit apparaître un homme en costume descendant du ciel entre les immeubles, avec un soleil à la place de la tête, une métaphore qui prend tous ses sens par la suite. Avec toutes ces qualités de mise en scène en tête, le lecteur se dit que le choix d'avoir régulièrement des personnages en train de dialoguer avec un fond de case vide relève lui aussi d'une mise en scène conceptuelle : des personnages sur une scène de théâtre, une focalisation sur le langage corporel et sur les phrases, les mots, une évidence pour la biographie d'une écrivaine. Il prête alors une égale attention aux dessins en tête de chaque chapitre et au sens qu'ils revêtent par rapport au développement de la personnalité d'Anaïs Nin : un papillon aux ailes repliées, un éventail ouvert, des nuages masquant le soleil, un papillon aux ailes déployées, un soleil radieux à la fin de la pluie, un labyrinthe, des fleurs écloses.

Anaïs Nin étant le point focal de chaque scène, majoritairement accompagné de ses pensées, le lecteur adopte tout naturellement son point de vue. Elle n'en devient pas une héroïne, mais le personnage principal. Il ressent son expérience de la vie par son point de vue, au travers de ses émotions. D'une certaine manière, l'autrice la présente comme l'héroïne de sa propre vie, ce qui induit que le lecteur prenne parti pour elle, même si son système de valeurs diffère, même s'il conserve un regard critique sur le comportement de cette jeune femme. Léonie Bischoff a choisi de montrer la transformation de l'écrivaine, d'épouse modèle, en une femme épanouie. Elle découvre progressivement son attachement aux plaisirs des sens, la volupté de la sensualité, ses besoins en la matière et le fonctionnement de son système psychique. L'autrice en brosse un tableau d'une finesse remarquable, incorporant la pression et les attendus sociaux de l'époque, l'enfance et l'éducation d'Anaïs Nin, ses traumatismes, son effet inconscient sur les hommes, ses appétits sensuels, sa vocation d'écrivaine, ses doutes, sa façon de s'adapter aux attentes des hommes. Cette femme dispose d'une sécurité économique assurée par son époux Hugh Parker Guiler (1898-1985), et recherche une âme soeur en littérature qu'elle trouve en la personne d'Henry Miller (1891-1980) qui a séjourné à Paris de 1930 à 1939. Elle rencontre ainsi son épouse June Miller (1902-1979), une femme beaucoup plus libre qu'elle. Par la suite, le lecteur découvre sa relation avec son cousin Eduardo Sanchez, avec le psychiatre Docteur René Allendy (1889-1942), avec son deuxième psychiatre Otto Rank, et d'autres. L'autrice le laisse libre de porter son propre jugement valeur sur la dynamique de ces relations, sur la personnalité d'Anaïs Nin et ses choix de vie. Il ne s'attend pas aux deux traumatismes survenant en fin de récit. Il découvre sa relation avec son père Joaquín Nin, puis son avortement. Ces deux séquences le laissent sans voix, en train de chercher sa respiration, tellement il en fait l'expérience comme s'il était lui-même ou elle-même Anaïs Nin, deux moments de bande dessinée exceptionnels.

Raconter la vie d'une écrivaine ayant fait date dans l'histoire de la littérature présente plusieurs défis : celui des faits biographiques, celui d'une ligne directrice, et celui de respecter son oeuvre, voire d'en intégrer l'essence. Léonie Bischoff parvient à combler tous ces enjeux de l'horizon d'attente du lecteur, avec une élégance tout en douceur, y compris dans les pires moments, une sensibilité en phase parfaite avec celle de son sujet, un point de vue qui fait corps avec celui d'Anaïs Nin, et une narration visuelle enchanteresse. Chef d'oeuvre.
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Un ressenti mitigé en sortant de ce roman graphique...
Est-ce que j'ai aimé ? Pas sûre... Est-ce que je trouve qu'il s'agit d'un ouvrage de qualité ? Oui, même si avec quelques réserves...

Pour ce qui est de mon ressenti personnel, j'ai tout d'abord mis trop longtemps à voir l'intérêt de cette histoire. Je ne connaissais rien d'Anaïs Nin, la BD avait donc le champ libre pour m'emmener où elle voulait... Et il m'a fallu du temps pour voir où c'était. le temps que ça arrive, je crois que j'avais déjà nourri un trop grand agacement vis-à-vis d'Anaïs, pas antipathique au demeurant, mais tellement centrée sur elle-même (ou elles-mêmes devrais-je dire) et son ego. Et c'est le cas, au bout du compte, de toute cette histoire, à laquelle j'ai continué à voir jusqu'au bout un intérêt un peu limité.
J'y ai néanmoins trouvé des idées intéressantes, des scènes un peu plus touchantes, les thématiques du poly-amour, de la sensualité et de la libération de la femme m'ont vaguement interpellée (mais pas véritablement accrochée non plus, en tous cas cette fois-ci)... Mais j'ai vraiment manqué d'une réelle sympathie et d'intérêt pour le personnage d'Anaïs.

Quant à la qualité de la BD en elle-même, elle réside avant tout dans un graphisme superbe. Cette idée du dessin au crayon à mine multicolore était très originale et excellente, et l'ambiance dégage beaucoup de sensualité et d'onirisme. C'est pour moi le très gros point positif de l'oeuvre.
Du point de vue de l'écriture, c'est plutôt bien écrit, mais j'y ai trouvé trop de non-dits, de choses dites à demi-mots, à mots couverts, et contrairement à d'autres lecteurs les dessins ne suffisaient pas à combler les trous pour moi. Il en résultait une impression un peu décousue, comme un texte à trous, une légère mais récurrente impression de manque qui venait perturber ma lecture.


Je suis donc je crois passée à côté de ce livre. Il a trouvé son public, tant mieux, mais je n'en faisais sans doute pas partie.
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Anaïs Nin, féminine et féministe ? Les avis divergent quant à cette icône de la littérature, la première à avoir écrit sur le désir féminin. Connue pour ses aventures amoureuses (avec le poète Henry Miller, June, la femme de ce dernier, sans oublier l'inceste consenti avec son père…), Anaïs Nin échappe aux catégories et aux étiquettes. La publication de son Journal dans une version non expurgée en 1979 et les nombreuses révélations qui y transparaissent- Anaïs Nin ayant élevé le mensonge au rang de genre littéraire à part entière- a déçu nombre de féministes qui se revendiquaient d'elle. Femme de lettres, libre et amoureuse du sentiment d'amour, Anaïs Nin a aussi et surtout servi d'exemple courageux de résistance face à la morale bourgeoise de son époque.
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On est en 1931, Anaïs Nin et son mari, Hugh Guiler, ont quitté Paris pour s'installer à Louveciennes, en banlieue. La jeune femme a le sentiment d'être dans une impasse. Son statut de “femme de banquier” lui pèse, sa vie new-yorkaise lui manque, elle ne cesse de retravailler indéfiniment son essai sur D.H. Lawrence sans oser le montrer et rêve d'écrire un roman sans y parvenir… Seul son journal semble être source de réconfort et d'inspiration. Il est son double, son miroir, son thérapeute, son amant. Elle s'y livre pleinement, s'y cherche, se découvre sans cesse. Elle y libère ses pensées, son imagination fantasque, s'enrichit de ses réflexions et laisse s'exprimer les différentes femmes qui dorment en elle. Jusqu'au jour où elle rencontre Henry Miller, écrivain mais aussi éditeur. le coup de foudre intellectuel est immédiat. Elle voit en lui son alter ego et va, peu à peu, réussir à sortir de sa chrysalide pour exprimer son talent au grand jour…

SUBLIME! C'est vraiment le premier mot qui me vient à l'esprit en refermant ce roman graphique de toute beauté, porté par la puissance mêlée de délicatesse, du dessin de Léonie Bischoff. le trait est fin, sensuel et se prête à merveille à l'illustration de ce personnage fascinant et ambivalent, à la fois timide et extrêmement séducteur. le recours au crayon magique pour l'illustration crée une véritable harmonie et une fluidité qui donnent un dessin en perpétuel mouvement. le résultat est vivant, très expressif et non linéaire, bref j'adore!

S'il l'on s'intéresse à l'histoire maintenant, pour moi qui connaissais Anaïs Nin pour son nom et sa réputation sulfureuse plus que pour son oeuvre (elle a tout de même été la première femme publiée pour ses romans jugés pornographiques à l'époque!), j'ai été littéralement enchantée de la découvrir plus intimement, avec ses failles, ses doutes, mais aussi sa force de caractère incroyable et son désir de liberté et d'indépendance assumé. A travers son roman graphique, Léonie Bischoff m'a permis de pénétrer brièvement le journal intime de cette femme passionnante, saisie à un moment charnière de sa vie, où tout est en train de se jouer. Un récit intense qui offre le portrait d'une femme complexe et ambiguë, en avance sur son temps, polyamoureuse assumée et insatiable, qui va trouver dans la vision fantasmée de sa vie, le terreau nécessaire à son désir de création. Un texte fascinant et un portrait de femme sublime qui donnent envie de se jeter sur l'oeuvre d'Anaïs Nin!
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Gros coup de COEUR pour ce roman graphique. Je n'ai pas lu pour le moment un seul livre d'Anaïs Nin mais son histoire et son amour au journaling me fait pressentir qu'elle sera une autrice qui restera bien au chaud dans mon coeur. Les dessins sont fabuleux, Léonie Bischoff possède un style et une technique graphique qui me plait énormément. La beauté du trait de crayon, de la légèreté,.. c'était beau à chaque pages. On est plongé dedans, on a la capacité a comprendre très vite qui est Anaïs Nin et comment elle est. J'ai appris beaucoup sur elle en 200 pages de bonheur visuels. Je recommande grandement, notamment et surtout pour les âmes sensibles qui vouent une passion à l'écriture de journaux intimes.
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Tiraillée entre la fidélité à son mari banquier et son attirance pour Henry Miller et June, son prof de danse, un cousin, ses psys, son père, ses fantasmes… Anaïs se cherche, se découvre…

Un dessin magnifique qui exprime bien plus qu'un texte ne l'aurait pu, on découvre une Anaïs double, fragmentée, indécise, perdue, créative, torturée, artiste, culpabilisée, aimante, amante qui se cherche sans jamais parvenir à trouver celle qui se reflète dans son miroir. Mais aussi, une autrice infatigable qui ne cesse d'écrire dans son (ses) journal.

Une bande dessinée fascinante, superbe, onirique et sensuelle
Lien : https://www.noid.ch/anais-nin/
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Pour lire cet album d'Anaïs Nin, il m'a fallu beaucoup de patience au niveau de son prêt auprès d'une médiathèque. Il peut arriver parfois que vous attendiez de longs mois de réservation mais que le lecteur qui vous précède ne rende finalement pas l'ouvrage en question. Il me semble qu'on n'envoie pas d'huissier pour cela. Au bout du compte, il m'a fallu passer par une autre médiathèque. Voilà pour la petite histoire.

Ce titre a plutôt été plébiscité par le public des lecteurs. Cela a tout de suite attiré mon attention. Alors, est-ce que l'attente valait le coup ?

On fait la connaissance d'une charmante jeune femme tiraillée entre plusieurs cultures et qui s'invente un nouveau langage au milieu des années 30 dans un Paris ouvert sur le monde artistique.

Elle souhaite devenir écrivain comme une échappatoire à une société fortement masculine. Son journal intime va devenir sa drogue et son compagnon. Il faut dire qu'elle n'est pas très heureuse avec son mari banquier qui a renoncé à ses rêves d'artiste ce qui ne l'enchante guère.

Elle refuse de monter sur scène alors qu'elle maîtrise totalement la danse du flamenco. Une femme qui se montre est une putain. Elle se mets des interdits à sa propre liberté, à sa propre expressivité. Puis, elle se libère enfin de ses carcans et c'est un véritable voyage érotique d'homme en homme qui va la faire grandir. Il y a tout un cheminement pour mener à l'éclosion artistique ou à la recherche de sa propre personnalité.

J'ai trouvé le dessin d'une grande sensualité dans les traits avec des personnages vraiment expressifs comme je les aime. J'aime le mouvement et non la rigidité des traits fixes. Cet album m'a littéralement comblé sur le plan graphique.

Sur le fond, j'ai beaucoup aimé cette biographie qui est totalement différent de ce que j'ai pu déjà lire dans la démarche ce qui constitue une réelle originalité qui distingue cette BD de toutes les autres. C'est à la fois passionnant et intime.

Je mets un gros bémol cependant sur la scène incestueuse avec le père dont elle tombe pourtant amoureuse avant de se raviser. On ne saura jamais s'il s'agit de la réalité ou d'un mensonge de plus dans sa vision fantasmée des hommes. Cependant, c'est le choix artistique de l'auteur qu'il nous faut respecter.

En tous les cas, un beau portrait de femme sensuelle certainement en avance sur son temps en terme de poly-amour mais dénué parfois de toute moralité. C'est entre une grande fragilité mais également une parfaite maîtrise de la sensualité. Oui, c'est réellement une femme libérée sans vouloir rechanter le refrain de « la reine des neiges » pour vous épargner.

Au final, une vision totalement magnifiée d'Anaïs Nin, qu'on acceptera ou pas selon ses convictions profondes. Cela ne laissera personne indifférent. Une lecture plaisante et construite avec qualité.
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Anaïs Nin vit près de Paris avec son mari Hugo. Elle y fait la connaissance d'Henry Miller et de sa femme June, y côtoie son cousin et retrouve son père. Autant d'hommes qui en font une femme aux personnalités différentes et aux vérités cachées. Elle écrit, un journal intime, un officiel et un officieux, des romans. Place de la femme en tant qu'écrivain, liens entre sexe, sensualité et amour, frontière entre le vrai et le faux, la vérité et le mensonge, la fragilité et la force. Ce roman graphique, inspiré de “Henry & June”, l'écrit d'Anaïs Nin sur ce couple, est un portrait magnifique de cette écrivaine complexe. le dessin est sublime, fin et délicat, bouleversant. La plus belle lecture que j'ai faite depuis longtemps.
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