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EAN : 9782376865612
350 pages
Editions ActuSF (22/02/2023)
3.38/5   45 notes
Résumé :
Ermeline Mainterre s’est promis de devenir une magicienne dont chacun connaîtrait l’existence. Pour cela, elle ne reculera devant rien. Pas même lorsque le monde connaîtra sa perte.
La lumière du soleil ne traverse pas la Brume, à Tinkleham. Contre la menace des Spectres qui planent aux abords de la ville et font disparaître ses habitants sans laisser de traces, les mages du Beffroi apprennent à manier les carillons pour les repousser. Ermeline a choisi cette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Comme chaque début d'année, ActuSF (avec ses consoeurs des Indés de l'Imaginaire, Les Moutons électriques et Mnémos) dégote une pépite à faire découvrir, souvent des premiers romans. En ce début d'année 2023, ActuSF met en lumière Édouard H. Blaes dont le Silence des carillons est le premier roman. Il a toutefois déjà été reconnu pour au moins une nouvelle, « Ventreille », lauréate du prix Imaginales 2022.

Belfry Legacy
Ermeline Mainterre est la fille d'un entrepreneur possédant un moulin et désirant développer des nouvelles technologies, notamment des moteurs pour de nouveaux transports. Dans les quartiers périphériques de la petite ville proto-industrielle de Tinkleham, sa famille fait figure de notable. Elle a perdu sa mère à sa naissance, son frère est prêt à reprendre l'affaire paternelle et elle a l'opportunité d'être recrutée par la Loge, la corporation magique de Tinkleham. Toute cette ville s'est recentrée autour du bâtiment central, détenu par la Loge, le Beffroi. Celui-ci accueille les magiciennes et magiciens qui permettent de faire fonctionner les cloches du Beffroi : en effet, Tinkleham est sous la menace constante de Spectres qui ont la manie frénétique de faire disparaître les gens dans d'atroces souffrances, la Brume occultante (pas de soleil apparent) et les sorts tissés par les magiciens et magiciennes de la Loge permettent de les retenir. C'est dans cette corporation qu'Ermeline compte bien réussir sa vie, car s'il y a bien une question à laquelle elle compte bien donner une réponse très ambitieuse à mettre dans toutes les bouches, c'est « Qui est Ermeline Mainterre ? », avec des moments de gloire et de réussite publique si possible. Et si l'avenir du Beffroi est en jeu tant mieux du moment qu'elle peut montrer son savoir-faire.

Initiation magique
Nous suivons avant tout la progression initiatique, scolaire d'Ermeline au sein de ce Beffroi. Sorte de Poudlard en moins rigide et moins fréquenté, ce lieu ressemble à une tour de l'extérieur, mais se révèle bien plus labyrinthique à l'intérieur, puisque chaque initié·e peut, avec de la volonté, maintenir des « bulles », des salles entières, pour agrandir cet édifice magique. le système de magie est finalement assez simple, avec quelques objets particuliers qui permettent de varier un peu les choses ; mais l'essentiel est tout de même centré sur le chant entonné en choeur par ces spécialistes pour faire tinter et résonner des cloches de toutes tailles : c'est ce phénomène, qu'il convient de maintenir constamment depuis le haut du Beffroi, qui permet de maintenir la paix sur Tinkleham et de repousser les Spectres. Ces choix font qu'Ermeline, une fois franchi les quelques lieues qui séparent son quartier de naissance du centre comportant le Beffroi, ne bouge plus du tout, elle est cantonnée à Tinkleham, et surtout à la place qui contient ce fameux Beffroi, et surtout pas plus loin ! C'est l'intérieur du bâtiment qui procure, en plus des quelques cours, certaines aventures ou périls au personnage principal : de nouveaux amis très vite mis en danger, des amourettes bien passagères et des relations avec les Magisters ou l'Archantre lui-même un brin tendues.

Une ambiance qui se cherche
Une fois passés les débuts du roman où la mise en place est intéressante, l'ambiance du roman se cherche et aurait pu partir dans de nombreuses directions. Il y a une certaine ambition d'écriture, qui renvoie d'ailleurs à l'ambition de la protagoniste, mais cela retombe comme un soufflet quand on ne sent pas venir les raisons pour justifier cela. Il y a sûrement un cap à passer pour faire d'une bonne idée avec des ramifications intéressantes un bon roman dense et copieux. En effet, il y a quelques passages dans les cent premières pages qui font appel à des thématiques très sociales : l'arrivée de cette fille de bourgeois dans un centre-ville un peu étranger, un peu hostile pose des questions sur l'appartenance de classe, surtout quand des classes sociales différentes se côtoient dans les dortoirs du Beffroi (différences sociologiques entre Ermeline et son amie Justine) ; de même, un moment violent pour la protagoniste fait poindre la notion féministe de consentement, sans pour autant que ça n'aille plus loin non plus, ce qui peut paraître étonnant pour cette collection Bad Wolf qui a déjà porté des titres qui prenaient cette considération à bras-le-corps (Grish-Mère, Boudicca pour n'en citer que deux). Passé le premier tiers donc, il y a la tentation de faire une transition plutôt vers un roman d'action ou d'enquête, quand bien même on revient régulièrement à l'ambition d'Ermeline, qu'on a du mal à justifier vraiment) et ses réflexions intérieures (le récit est d'ailleurs tout du long à la première personne), nous empêchant de découvrir vraiment le monde alentour. Enfin, plein d'explications sur l'origine des Spectres, du Beffroi lui-même, de la relation entre la corporation magique et le reste de la population ainsi que sur bien d'autres aspects de la cité de Tinkleham nous sont encore inconnues.

Le Silence des carillons est donc avant tout un roman sympathique, mais qui aurait pu nous emmener bien plus loin dans la réflexion et l'aventure en saupoudrant un peu des thématiques intéressantes mais trop peu abouties.

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Pour cette nouvelle édition de la Masse Critique Mauvais Genres de Babelio, je suis sorti de ma zone de confort avec ce premier roman déroutant. Merci beaucoup à ActuSF pour cette découverte au carrefour de plusieurs genres ! 

C'est le grand jour pour Ermeline Mainterre, de la Bordure : après des années d'entraînement en autodidacte et avoir passé les épreuves de l'examen en secret, la jeune fille est admise à la Loge du Beffroi, la prestigieuse école de magie de la grande Tinkleham. Depuis des siècles, les mages du Beffroi protègent les habitants de la ville et des régions alentour des terrifiants Spectres, dont les attaques provoquent chaque année de multiples disparitions. Il est temps pour Ermeline de rejoindre ce corps d'élite, et surtout de réaliser son rêve : entrer dans l'histoire comme la meilleure mage que la Loge ait jamais connu ! 

L'histoire est racontée du seul point de vue d'Ermeline, qui va découvrir un monde inconnu et se familiariser avec ses règles auprès de ses camarades. La première partie du roman démarre ainsi, forcément, avec un peu de world-building : on apprend en même temps que l'héroïne ce que recèle l'intérieur du fameux Beffroi (un vrai Tardis ce bâtiment !), le principe de la magie et notamment l'importance du chant et des cloches pour repousser les Spectres, mais beaucoup de détails sur ces derniers demeurent, à l'instar de la cité de Tinkleham, dans la brume… On est ici dans un déroulement assez classique, mais tout à fait plaisant, avec la rencontre des nouveaux élèves, les différents cours avec des professeurs plus ou moins aimables et des phénomènes étranges qui vont avoir une fâcheuse tendance à se produire quand Ermeline est dans les parages, et sur lesquels la jeune fille va enquêter avec ses nouveaux amis.

Là où le roman va se démarquer, en revanche, c'est bien avec la psychologie de son protagoniste. En effet, c'est l'ambition qui dirige toute la vie d'Ermeline. Obsédée par son but au point de se sentir supérieure à tous ceux qui l'entourent, l'adolescente va avoir beaucoup de mal à accepter le fait qu'elle n'est peut-être pas la meilleure élève de l'école, et même loin de là. Contrairement à son entourage, le lecteur a directement accès à ses pensées, qui dévoilent une colère permanente contre tout ce qui peut lui faire de l'ombre et ceux qui ne mesurent pas son fantastique potentiel. On est donc loin du tableau d'une héroïne guidée par son rêve et empreinte de bienveillance, mais bien d'un personnage avide de reconnaissance, qui ne prête pas attention à grand chose à part elle-même et les personnes qu'elle juge digne de son intérêt, à savoir celles qui peuvent la rapprocher de son but ultime. J'ai donc eu du mal, et c'était très certainement voulu, à éprouver la moindre empathie pour cette pauvre Ermeline, rapidement découragée par ses échecs scolaires et relationnels… 

Ou du moins, au début ! Car au-delà de ces préoccupations d'adolescents, Ermeline va se retrouver au centre d'événements réellement traumatisants, qui vont survenir soudainement et sans que personne autour d'elle ne puisse lui fournir d'explications. La première partie s'achève d'ailleurs sur un renversement total de l'intrigue et du ton du roman. Pour Ermeline Mainterre, alors en perte complète de ses repères et de ses certitudes, le moment est venu de se réinventer si elle veut seulement espérer survivre. Si depuis le début la narration est rythmée par des phrases courtes et percutantes, cela prend alors une toute autre dimension, comme si chaque mot comptait dans un sentiment d'urgence et une sensation d'oppression permanente. Les chapitres s'enchaînent alors, de lueurs d'espoir en cruelles désillusions, et j'ai fini par vraiment m'attacher à l'héroïne qui va descendre de son piédestal et se rapprocher de ses semblables. Malheureusement, dans cette ambiance de fin du monde, la moindre erreur a des répercussions dramatiques, et c'est dans la douleur qu'Ermeline va évoluer et tenter de lutter contre un destin que d'autres ont prédit pour elle. Mais je ne peux pas en dévoiler davantage sans entrer dans la zone spoil… 

Lorsque les carillons se taisent à Tinkleham, c'est l'avènement des ténèbres, le règne de la peur et du désespoir. C'est le retour à la vulnérabilité, qu'on soit mage ou simple humain, devant une menace invisible et omniprésente. Mais c'est aussi la fin de l'individualisme, d'un faux sentiment de sécurité prodigué par la magie, et la nécessité de se rassembler pour survivre. C'est ce décalage très marqué entre les deux parties de l'intrigue qui m'a vraiment plu dans ce roman à la croisée de la fantasy, de la dark academia, du fantastique horrifique et même du post-apo. Une très bonne lecture pour moi, qui mérite son titre de Pépite de l'imaginaire 2023 !
Lien : https://lesaffamesdelecture...
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A mon tour de prendre la plume pour vous livrer mes impressions à chaud concernant cette lecture. Et bien écoutez, j'ai passé un très bon moment aux côtés d'Ermeline et des ses compagnons mages du Beffroi. Une intrigue rondement menée, qui prend une direction très surprenante avec un personnage principal controversé.

Voici mon analyse plus détaillée:

- Je retiendrai principalement le personnage d'Ermeline et son évolution. Notre jeune amie est loin de faire l'unanimité dans mon entourage… Je voue une affection particulière pour elle car elle exprime (à travers la plume de l'auteur) tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Certains trouveront exaspérant sa manière de détester parfois tout ce qui l'entoure mais j'apprécie cette franchise et c'est ce qui m'a fait me focaliser sur elle. Elle a également une ambition démesurée en début de roman ce qui pourra gêner certains d'entre nous. Mais tout cela s'arrête rapidement quand les désillusions et les coups durs arrivent et c'est ce que j'aime chez elle. Elle se bonifie avec le temps (comme du bon vin) et il est primordial de voir au delà de ses défauts du début. Son entourage est tout aussi intéressant et j'ai particulièrement apprécié le noyau dur qu'elle formera, qui la suivra tout du long

- Je dois admettre que l'intrigue est assez surprenante avec un roman divisé en deux parties: une se rapprochant de la dark academia et l'autre d'un univers post-apocalyptique. L'auteur a réussi son coup car je n'ai strictement rien vu venir. La première partie pose le world-building où l'on découvre une nouvelle forme de magie assez originale: celle liée aux carillons qui lorsqu'ils sont activés par les mages permettent de repousser les Spectres. J'ai beaucoup aimé l'univers et j'avoue que j'aurais souhaité avoir plus de détails sur la nature exacte de ces Spectres. Pour le reste, les détails ne manquent pas et vous aurez beaucoup de plaisir à parcourir ces pages. Une mention spéciale pour la fin dont j'aime beaucoup la tournure, tout en douce (mais gardez en tête que la fin justifie les moyens)…

- La plume de l'auteur joue parfaitement son rôle. La première personne du singulier contribue à cette focalisation sur la personne d'Ermeline et c'est réussi. Car je me suis senti en permanence à ses côtés durant cette lecture, partageant tour à tour ses déboires et ses motifs de satisfaction comme un ami intime. Aucune difficulté de mon côté à appréhender l'ensemble du vocabulaire
et des détails du roman. Tout cela laisse place au plaisir de la lecture qui finalement ne connaît que très peu de temps morts. Je finis sur le fait que c'est toujours un très grand plaisir de lire les romans de la ME qui fait toujours preuve d'un travail éditorial de qualité.

Amis lecteurs, laissez vous tenter par cette pépite de l'imaginaire pour accompagner Ermeline dans son parcours. Saurez-vous apprécier comme moi ce personnage à sa juste valeur, même lorsqu'elle ne reculera devant rien pour atteindre ses objectifs ? Une très belle surprise que je vous invite à découvrir le 22 février. Un grand merci aux éditions ActuSF pour leur envoi 😊.
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La claustrophobie des carillons

Au début ça commençait bien.
L'univers un peu post apocalyptique, une héroïne egocentree (j'aime bien les personnages imparfaits) et très immature, un principe de magie avec clochettes, spectres et chemins aqueux à contre courant qui m'ont fait penser au magnifique Abhorsen de Garth Nix.

Et puis j'ai eu un gros gros GROS passage à vide. Où pendant plusieurs chapitres n'étaient déclinés que les soupirs enamourés, regards d'envie ou colérique du triangle pseudo amoureux de l'histoire. J'avais l'impression de lire du YA, version midinette de début d'adolescence : oh qu'elle est belle Justine avec son regard vert, oh qu'il m'agace à me regarder comme ça, oh je suis colère, et zut je tape du pied, je vais ressasser mon mal être et analyser mes sentiments. Ad nauseam. J'ai fermé le livre de frustration, plusieurs fois, en soupirant. Pourtant il y avait tellement de chemins à arpenter. Tinkleham, les Brumes, la magie aux formes multiples, le devenir des mages et de tout habitant si au delà de Tinkleham, c'est comme Dark city, il n'y a rien. Parce que, non, on ne sort pas du tout de l'école de magie, lieu presqu'unique de cette première partie. Il ne s'y passe pas grand-chose non plus. (Enfin si, à un moment un professeur propose à notre héroïne de prendre une pause hors école, j'y ai cru, je me voyais déjà sortir des murs, prendre contact avec le monde, toucher un pan d'extérieur... Et en fait non, on ne va pas sortir voyons on va louper l'école).

Et puis, comme j'avais lu dans d'autres avis qu'à mi-bouquin c'était autre salle, autre ambiance, je me suis accrochée pour continuer.

Et donc oui je pense, même si j'ai abandonné ma lecture avant la fin, avoir préféré cette deuxième partie. Hélas là encore il y a eu beaucoup trop de huis clos (ah oui ! Les perso' sont au dehors de l'école ! Youpi ! Youhou ! Ultreïa! le monde de papier s'ouvre, on va pouvoir ENFIN un peu explor-ah non on va se confiner ailleurs) (arf), d'auto appitoiement et hyper analyse des sentiments de l'héroïne, et peu de place au reste (d'où mon abandon). Ermeline c'est un peu Mimi Geignarde en fait. Ce qui ne m'aurait pas derangé si autour de ses états d'âme s'était développé un univers, un fil, un anneau, quelque chose pour nous lier (mais pas dans les ténèbres, je n'ai pas de liseuse).

Donc, ça m'embête de publier ce billet parce qu'on est toujours fier quand un pote publie ses histoires, qui plus est avec une chouette maison d'édition, et qu'on aimerait le soutenir en publiant un chouette avis ...mais ce roman ci n'était vraiment pas pour moi.
Amateur de héros en pleine introspection, des turpitudes liées aux premières amours, je pense que ça peut vous plaire (certains lecteurs ont adoré, je ne suis vraiment pas la cible) (j'en veux un peu à l'éditeur de ne pas avoir clairement labelisé sa came, ça aurait évité des déceptions). Je l'espère d'ailleurs car tout ce que je souhaite c'est un long et grand succès à Edouard pour ce roman et le reste de ses écrits.
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J'ai rarement été aussi soufflée par une lecture. Je ressors de ce livre totalement sonnée. Elle est là, la catharsis d'Aristote. Cette héroïne ni héroïque ni méprisable, cette héroïne du milieu. Qui est Ermeline Mainterre ? C'est la question, si simple, si complexe, si terrible, qui sous-tend tout le roman. Qui est-elle, cette Ermeline Mainterre ? Une héroïne tragique. L'héroïne tragique antique de notre modernité. Elle évolue sous une plume terriblement efficace, qui porte sa voix, qui la fait résonner, dans les lettres, les mots, les chapitres, en nous.

Qui est Ermeline Mainterre ? Une jeune fille qui aime la magie, qui veut être magicienne, qui a des idées plein la tête et la volonté de laisser une trace. C'est une adolescente qui veut être la meilleure, qui veut être retenue, qui veut être connue, qui veut être reconnue. Elle rêve de grandeur. Elle ne tient pas la comparaison avec son amie Justine, qui excelle en magie. Elle ne tient pas non plus la comparaison avec Mickral, vers qui sont tournés les yeux de Justine, cette Justine qu'Ermeline aime. Mais elle tient encore moins la comparaison avec Archie, si silencieux, qui connaît l'avenir sans jamais pouvoir le dire, magicien parce qu'il est devin.

Qui est Ermeline Mainterre ? C'est une figure du tragique, dont le Destin est écrit, gravé dans le giron réconfortant d'une mère des suites d'un cauchemar d'enfant. C'est la figure tragique qui infléchit le Destin, qui commande au Destin, qui en comprend les rouages. C'est la figure tragique qui le réécrit, en lettres de sang. Ermeline Mainterre est finalement toutes les personnes qu'elle a jamais rencontrées, toutes les personnes qu'elle a aimées, amies, amis, parents, frères, Magisters.
Dans cet univers impitoyable, toujours brumeux, seule la mélopée éternelle des carillons protège Tinkleham des Spectres, créatures mortifères aux chants funestes. Ils sont attirés par les humains, qu'ils font disparaître au toucher. Point d'étoiles dans le firmament, point de doux rayons du soleil pour réchauffer le vent glacial, seul le chant des carillons, incessant. Et pourtant, il va cesser, il doit cesser, c'est écrit, c'est dit, telle est la prophétie du titre, écrite par l'auteur, pérennisée par son lectorat. le Silence de Carillons, le titre est lu, et il se réalisera. Impossible de lâcher notre lecture, de lâcher cet univers si riche, à la fois post-apocalyptique, pré-apocalyptique, et apocalyptique.
Impossible également de lâcher ses personnages, impossible de ne pas les aimer, tous. La narration y est pour beaucoup ; si elle se présente comme une traditionnelle narration à la première personne, c'est en fait les mémoires de l'héroïne tragique, si brillamment mis en scène avec les temps du passé, si étranges pour narrer des évènements présents.
C'est un récit bouleversant, une épopée magnifique, et le style de l'auteur, si poétique, si antithétique, si tragique, n'y est pas étranger. Édouard Blaes sait manipuler les images, les mots, la magie intrinsèque des histoires... et il le fait avec brio. le titre est aussi poétique que l'est le reste du roman. Aussi bien construit que l'entièreté de l'histoire.

Qui est Ermeline Mainterre ? Un chef-d'oeuvre. Un chef-d'oeuvre qui, pour paraphraser Mickral, résonnera, sera la voix, l'écho de ce dont on a besoin. C'est aussi une Poétiquepoétique. Qu'est-ce qu'une histoire finalement ? C'est la deuxième question de ce roman. C'est de la magie, c'est de l'espoir, c'est du tragique, c'est une réponse, c'est une question, c'est notre magie.

Qui est Ermeline Mainterre ? L'héroïne tragique qui bat le Destin en brèche, et qui pourtant évolue dans le même cadre que toutes les autres héroïnes tragiques avant elle ; toutes ses actions mènent, ont menées, à la résolution, à la fin, à ce terrible épilogue, si difficile à travers le voile de larmes.
Qui est, finalement, Ermeline Mainterre ? Quelqu'un dont le monde aura besoin, au moins quelqu'un, quelque part, d'une manière ou d'une autre. L'héroïne d'un nouveau monde, qui a tous les codes, qui brisent tous les codes, de notre monde antique.
Lien : https://lifeisarealbook.com/..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
13 mars 2023
Le récit se déroule dans une ville « sous cloche », en quelque sorte, puisqu’elle est isolée du monde extérieur et des spectres par un lourd écran de brume. Un monde restreint, donc, dont on ne saura finalement pas grand-chose, sinon qu’il se divise entre la ville et sa périphérie. L’arrivée d’Ermeline dans le centre-ville permet simplement de saisir que les inégalités sont marquées et que le Beffroi incarne une réalité à part. De ceci pourtant, l’auteur ne fera rien ou presque.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il disait que c’était dans les histoires que la magie résidait. Que c’était quand on en imaginait une qui n’avait jamais été racontée qu’on lui donnait vie et qu’on lui donnait ses pouvoirs. Ses vrais pouvoirs. [...]
Moi je pense qu’il y a du vrai et de la magie dans toutes les histoires, qu’il disait. Je pense qu’on peut imaginer toi, moi, n’importe quoi, et cette histoire aura quelque chose de vrai, en fait. Quelque part, je ne sais pas chez qui ni quand, mais elle résonnera. Elle se fera la voix de ceux qui n’ont rien ou qui ne cherchent rien. Ceux qui trouvent, au détour d’une page sans vraiment savoir ce qu’ils font là, l’écho de ce dont ils avaient besoin, à cet instant. Peut-être que c’est juste une image, peut-être que c’est juste un hasard. Mais je pense que toutes les histoires ont cette magie-là. Au moins.
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Qui est Ermeline Mainterre ?
Et bien tout d'abord c'est moi.. Ensuite, je pense qu'il n'y a qu'une seule réponse à cette question. Celle qui s'accorde à tous les vivants : je ne connais d'elle que ce que l'on croit savoir.
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Je n'avais envie que d'une chose : l'enrouler dans mes couvertures et disparaître. Juste un instant. Juste le temps de pleurer, le temps de me redresser. Juste le temps d'une nuit, disparaître. Pour tout le monde.
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J'allais la soutenir et elle me sourit. Un sourire pâle. Un sourire que l'on offre en échange de rien, juste pour montrer que l'on en est encore capable. Un sourire faux qui n'a d'autre objectif que de faire comprendre que le monde n'a plus de valeur, pour celui qui le porte.
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Ça y est j’avais écarté ces levres qui étaient restées femées. J’avais laissé couler les premiers mots, les suivants se déversèrent, comme un barrage qui, se fendillant, laisserait d’abord s’écouler quelques gouttes avant de s’abandonner un flot tempétueux.
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