Avis mitigé pour ce livre que j'avais repéré lors d'une masse critique , d'autant qu'il souffre de la comparaison avec un autre titre que j'avais pu me procurer plus rapidement , c'est donc en lectrice avertie que j'abordais cette critique du milieu de la mode .
Là où , "Jamais assez maigre" parlait exclusivement du métier de mannequin , celui-ci brasse beaucoup plus d'informations sur ce milieu notamment sur le plan financier . Noms des agences, patrons des sociétés , salaires . Sur ce plan là, l'auteur m'a appris beaucoup de choses .
Benedetta Blancato nous raconte son quotidien de "booker" dans une agence de mannequin. Booker , ça consiste à mettre en relation les clients et les mannequins en prélevant un pourcentage pour l'agence . Les bookers s'occupent des filles, essaient de les promouvoir et d'en faire des top , organisent leurs emplois du temps : défilés, photos, castings, voyages.
Pour avoir déjà discuté ou rencontré 3 bookeurs , j'ai trouvé qu'elle expliquait assez mal son métier, (mais je reviendrais sur la forme ) .
A la base , elle est journaliste , et comme plein d'autres, elle arrive un peu là par hasard ; ( elle a été mannequin vers l'âge de 8 ans et a habité Milan , ceci explique peut-être cela....). Et ça se sent , elle n'est pas passionnée par son métier, c'est à mon humble avis la raison pour laquelle , elle fera un burn-out . Elle n'est motivée ni par le challenge financier, ni par le coté artistique, ni même animée par l'empathie ou un petit instinct maternel vis à vis des filles dont elle s'occupe . Elle se plaint de ce milieu auto-centré mais ne fait rien pour l'améliorer à son petit niveau ...[ Qu'elle prenne exemple sur Karlie Kloss qui fait des cookies pour ses collègues de photo-shoot ...].
Elle se plaint également d'avoir le regard transformé ( un regard professionnel /l'oeil ), et de ne juger les gens que par rapport à leur photogénie , mais que croit-elle qu' il se passe pour les autres corps de métier ?... Un médecin , un infirmier, seront capables d'évaluer le surpoids d'une personne( à 5 kgs près ) , si la personne est alcoolique, droguée(et à quoi ..) , dépressive, insomniaque , si elle a le sida , le cancer etc...
Au niveau de la forme , j'ai été gênée par toutes les précautions que l'auteur prend pour assurer la confidentialité et l'anonymat des personnes , et des surnoms qu'elle donne en gommant tous les articles , le directeur de l'agence étant "Nouveau Directeur " , un collègue "Allemand", un autre , "Assistant" .
Les mannequins dont elle a la charge, ne sont pas nommées , elles sont "spécimen Fille Saine " , "spécimen Pommettes Saillantes ".
J'ai reconnu Kate Moss ("Paille dans le nez"...), pour les autres ": nada" ; du coup , on lit des lignes et des lignes ,sans comprendre de qui elle parle ..
J'ai également été gênée par le fait qu'elle parle des mannequins au masculin . Elle dit toujours UN mannequin qu'il soit homme ou femme, et même le terme "spécimen " est masculin.
Elle les déshumanise ( arguant qu'on ne peut être amie quand il y a un rapport d'argent) et se plaint du manque de gentillesse, respect , générosité, politesse du milieu de la mode, mais suit le mouvement ...
Assez floue comme lecture sur certains points et informative sur d'autres ...
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Elle (Kendall Jenner) s'est plainte publiquement d'avoir été maltraitée par des mannequins jaloux. L'un d'entre eux, Arisce Wanzer, lui a répondu, dans une lettre ouverte qui comptait plusieurs pages.
Dear Kendall, lui écrivait-elle, prends un instant de recul, si tu peux. Imagine que tu viens d'une petite ville, ou d'un pays du tiers monde où la seule façon de t'extirper de la misère de ta classe sociale , réaliser tes rêves, obtenir une green card ou simplement trouver de meilleures conditions de travail est de devenir un mannequin. Tu dois partir six mois par an parfois, signer des contrats que tu comprends à peine, toute seule, sans pratiquement avoir de choix. Tu es loin de ta famille, de tes amis et et de tout ce que tu connais. Tu vis dans un studio avec six autres filles dans la même situation [...] Est-ce que je t'ai dit que tu n'as que dix-sept ans ?
Casting après casting, il semble que tu n'arrives pas à trouver ta place. Mais finalement, après une semaine remplie de "non" où tu t'es tuée à la gym et as réduit de moitié ta ration de nourriture, tu reçois enfin un appel. Ton booker te dit que tu es attendue le lendemain chez Marc Jacob pour un fitting. Le rêve devient réalité ! Si on ne t'annule pas à la dernière minute, une pratique courante pour les filles-sans-nom.
Finalement tu es confirmée. Dans le backstage du défilé tu vois une star de la télé-réalité, une Kardashian ou un truc du genre. Qu'est ce qu'elle fait là ? Est-ce qu'elle a pris le métro pour venir ? A-t-elle passé le casting ? Elle est dans quelle agence ? Est-ce qu'elle a besoin de PLUS de succès ? De PLUS d'argent ? D'un titre de séjour , peut-être ? [...]
Tu vas marcher sur le podium dans cinq minutes, alors pour calmer tes nerfs, tu fumes une clope. Tu as besoin d'un cendrier, et tu vois le verre de Kendall Jenner. Tu te sens déjà mieux.
Instagram était devenu l'instrument incontournable pour monter la fille en situation, dans sa " vraie vie" de mannequin, c'est-à-dire dans la mise en scène qu'elle en faisait .(...) Les plus célèbres d'entre elles, les "instagirls", avec leurs plusieurs millions d'abonnés, étaient une marchandise très alléchante pour les clients, qui avaient enfin une alternative visible pour contourner les limitations légales à la publicité cachée. (...), les filles ayant le plus grand nombre de "followers" ont le plus de chances d'être choisies pour défiler.
" Mettre une fille en option" ou "l'optionner", c'était pour le client une autre façon de dire" je me réserve le droit de décider à la dernière minute si je vais finir par la confirmer" (tache rouge). Une option signifiait qu'il était en train d'évaluer d'autres spécimens tout en gardant un noeud coulant autour du cou de l'optionnée, incapable de prendre une décision d'une portée qui lui semble définitive - la présence du spécimen sur le podium-, mais en tout cas déterminé à ce qu'entre-temps, elle ne s'éloigne pas trop.
On appelait ça " avoir un oeil". J'étais devenue celle qui savait discerner le potentiel d'une paire de jambes tout en vous bousculant dans le métro , (...)
L'oeil dont j'avais hérité me permettait d'évaluer en moins de deux secondes si une fille valait la peine , capacité utile uniquement autour d'une table de booking mais dont on ne pouvait plus se débarrasser en dehors de ce métier.
Désormais on ne crée plus, on rachéte, on incorpore, on fusionne. On cannibalise. Aujourd'hui, le groupe Christian Dior SA détient 40,9 % de LVMH [Bernard Arnault ] , qui possède à son tour les marques Louis Vuitton, Givenchy, Kenzo, Céline, Berlutti, Lowe, Fendi, DKNY, Marc Jacobs, Emilio Pucci, Donna Karan, Edun et Loro Piana , et qui a essayé sans succés de récupérer Hermés en 2010.
Le groupe Kering (Pinault) possède Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Alexander McQueen et Stella McCartney.