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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Visite guidée proposée par un explorateur de mirages.
Lors d'une traversée du désert... Sud Lybien, Augustin Harbour égare sa raison, sa boussole perd le Nord et il tombe sur une oasis sortie de nulle part, sinon de son imagination. Point de palmiers ombrageant une mare d'eau cristalline dans laquelle Shéhérazade prendrait son petit bain. Nul chanteur ventru et barbu en train de chanter les mérites d'un jus de fruit. Cette Oasis Oasis , Oh, Zindän, c'est le nom du patelin, est une cité qui réunit une population d'égarés bigarrés issus de plusieurs époques.
Comme Augustin Harbour est scientifique avant d'être cintré, il va multiplier les croquis, prendre des notes et décrire avec minutie les moeurs et coutumes de cette étrange peuplade plus ou moins imaginaire. Notre professeur Tournesol ensablé va se mêler aux quelques castes qui structurent cette petite société : le clan des mangeurs de crevettes, celui des Trayeurs de chiennes, celui des Amazones et celui du Jujubier. Comme tout peuple qui se respecte et angoisse au sujet de sa finitude, ce petit monde va s'inventer un Dieu, Hadj Hassan, qui, comme sa phonétique le précise, préfère vivre dans le voisinage avec sa charmante vestale Marushka Matlich que dans les cieux.
40 ans plus tard, on retrouve Augustin Harbour dans une clinique privée pour VIP au Chili, séjour dans une maison pas de tout repos mais qui va lui laisser le temps de rassembler ses notes et croquis pour raconter son excursion à Zindän.
Chaque chapitre est un constitué d'une description détaillée et azimutée de cette évasion spatio-temporelle puis de quelques tranches de vie parmi les patients de la clinique.
Comme à son habitude, Jean- Marie Blas de Robles nous transporte dans des contrées inconnues où se mêlent érudition et fantasmagories, il nous ouvre son carnet de curiosités infinies et en profite pour glisser de ci de là et un peu n'importe où, quelques pensées autour de la relativité de la vérité, quelques piques au folklore religieux et quelques sarcasmes sur nos morales à géométrie variable.
Claude Lévi-Strauss posa que "l'humanité se décline au pluriel". Blas de Robles mélange tous ces pluriels pour créer des êtres singuliers, dotés de têtes de figures célèbres (Hugo, Darwin, lui-même...) posés sur des corps indigènes. Les dessins et gravures de qualité qui envahissent chaque page de ce roman font de ce livre un objet rare et précieux qui interroge l'imaginaire et la fiabilité de nos mémoires.
De tatouages en QR codes, de tabous alimentaires aux vertus du cannibalisme, de rites funéraires endiablés à la codification des ébats amoureux, l'auteur n'épargne aucune Mythologies avec la plus grande fantaisie. Je ne pense pas avoir compris la moitié des références glissées dans l'histoire mais chacun peut y faire son marché.
Ceux qui connaissent Jean Marie Blas de Robles ne seront pas étonnés de ce scénario foldingue et je ne peux que conseiller cette lecture décalée aux amateurs d'ovnis littéraires. Pas de petits hommes verts mais des êtres lunaires peuplent ce délicieux récit.
Du Jules Verne sous camisole.

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« J'étais resté jusque-là, et je pense l'être aujourd'hui encore, ce qu'on appelle un apathéiste : ni athée, ni mécréant ni même agnostique, mais quelqu'un qui se contrefiche de l'existence ou de l'absence des dieux, parce que cette interrogation est d'ordre métaphysique, irréfutable par nature »

Augustin/Aby Harbour, alors qu'il se trouve au Chili dans une clinique dirigée par un certain Biswanger, qui l'a déménagée de Suisse avec d'autres patients, relate à des fins de thérapie les évènements qui, selon lui, se sont produits quarante ans plus tôt alors qu'il s'était trouvé enfermé dans une ville étrange, Zindan, située dans le désert d'Acacus, dans l'ouest de la Libye. Il avait été alors confronté, parmi d'autres êtres étonnants, à une sorte de dieu vivant, Hadj Hassan. Ce qui lui avait donné du fil à retordre dans son attitude d'apathéiste !

Pour cela, en plus de la narration de ses aventures, toutes plus incroyables les unes que les autres, il s'aide de croquis, ce qui donne à cette relation l'aspect d'une encyclopédie. La ville est divisée en quatre clans : Mangeurs de crevettes, Trayeurs de chiennes, Amazones et Jujubier… Après une description générale des us et coutumes locaux, Harbour décrira chaque quartier en particulier.

J'avais beaucoup aimé du même auteur, « Là où les tigres sont chez eux » mais je n'avais depuis rien lu d'autre de lui. Ce nouveau roman est un livre hybride dans lequel les dessins de l'auteur sont aussi importants que le texte. Mais pour autant je ne le qualifierai pas du terme, maintenant répandu, de roman graphique. Les illustrations soutiennent ou anticipent sur la narration, selon ce que l'on choisit de découvrir en premier, les deux aspects se complétant.

J'ai été sensible à la loufoquerie ordonnée et raisonnée de ce projet, qui va très loin dans le nonsense, les visions cauchemardesques… Une espèce de Jules Verne sous acide, mâtinée de Jérôme Bosch et des Monty Python, pour essayer de vous en donner une petite idée.

Un objet littéraire très particulier donc. Je l'ai trouvé vraiment réussi dans son genre inclassable.
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Une fable en hypertexte ! On ne clique pas sur les mots mis en évidence, on se reporte à la marge (« c'est la marge qui tient la page » JL. Godard) où Jean-Marie Blas de Roblès, taquin démiurge, a refait le monde. Égaré dans la ville de Zindãn, le conteur en étudie les moeurs, constatant avec un humour débridé, que la société humaine ne peut se passer des dieux, des cons et des gastronomes.
Fort d'une langue si châtiée qu'elle en devient délicieusement désuète, Jean-Marie Blas de Roblès nous invite à découvrir son cabinet de curiosités. La visite est exigeante, elle en découragera plus d'un. Les clins d'oeil sont omniprésents (beaucoup d'allusions drolatiques à notre modernité, comme les “signes parleurs”). Pour ceux qui ont été fascinés par les lectures d'Athanasius Kircher, Claude Lévi-Strauss, Ovide, Alberto Manguel ou du fabuleux « Dictionnaire du pire » de Stéphane Legrand (à lire d'urgence), ce livre est tout indiqué. Á la différence de Laurent Binet (tous deux parlent, d'ailleurs, de Mélanchthon – une insoumise allusion ?), Jean-Marie Blas de Roblès ne se prend pas au sérieux. Cela rend son entreprise d'autant plus savoureuse. L'écrivain laisse libre cours à son imagination fertile avec pour terreau son admirable érudition. Prépare-toi lecteur, entre ces lignes tu verras des fromages en lévitation, des néphiles dorés, le duc de Trou-Bonbon, des barbéliotes hérétiques, un gyromancien, un douk-douk, un rapala géant sans oublier les terrifiants Gog et Magog.
Que ceux qui cherchent un roman classique passent leur chemin. Que ceux qui aiment les voyages non balisés se posent ici-bas.
Bilan : 🌹🌹
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Il y a des moments où l'on ne sait pas très bien ce qui nous a été donné à lire... Un délire ? Une divagation littéraire ? Ou au contraire une façon monstrueusement intelligente de décortiquer notre civilisation, ses plaisirs et ses travers ?
En tout cas, l'objet est étonnant et assez captivant, d'une densité qui donne le vertige avec tous ces dessins, croquis et annotations dans la marge, de la main de l'auteur, qui contraignent à une gymnastique neuronale inédite (merci pour la lutte anti-alzheimer 😉).
Raconter ce livre ? Sûrement pas ! La 4ème de couverture dit ce qu'il faut pour planter le décor. le reste est une aventure où l'on se perd au milieu de clans aux noms évocateurs - les Mangeurs de crevettes, les Trayeurs de chiennes, les Amazones... - , où l'on puise dans la richesse d'une érudition impressionnante et presque fatigante à la longue, où l'humour et l'ironie font heureusement sourire régulièrement au milieu des concepts philosophiques, scientifiques ou théologiques.L'ensemble tient du cabinet de curiosités que l'on se promet d'explorer encore le moment venu, avec tout de même le sentiment de n'avoir pas tout compris tant les références puisent dans des domaines variés.
Si l'on prend le titre au premier degré, il semble que nous soyons vraiment fêlés et plutôt mal barrés 😏
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Jubilation, joie et folie à la lecture de ce dernier opus de Jean-Marie Blas de Roblès. Croisez dans un récit : Jules Verne pour l'aventure, Claude Lévi-Strauss pour le regard anthropologique, Ernst Gombrich pour les références d'histoire de l'art, quelques poésies dadaïstes pour les surprises et les collages... secouez (ou battez) joyeusement cela et vous serez encore loin de maîtriser tous les clins d'oeil savants et perchés glissés dans ce roman foisonnant.
De courts chapitres nous racontent l'histoire d'Augustin Harbour (référence à Aby Warbour, historien de l'art) perdu en plein désert, trouvant refuge à Zindan, mystérieuse cité dissimulée aux airs post-apo (on se croirait dans Gwen et le livre de sable de Laguionie) où plusieurs peuplades cohabitent dans un rapport aux objets et aux gens surréalistes. Chaque chapitre se termine par le "ricordi" (rappelle-toi en italien), un retour au présent où notre narrateur, patient dans une clinique pour riches malades, rassemble ses esprits et son récit.
L'ensemble des chapitres est émaillé de dessins, de recueils d'informations et de QR code que je vous invite vraiment à scanner. On y découvre des anamorphoses et des poèmes, des remarques et réflexions : c'est une histoire dans cette histoire polyphonique que l'on découvre.
Plus qu'une lecture, il s'agit de la découverte d'un environnement, d'un monde fantasmé et très drôle que l'auteur nous invite à parcourir en sa compagnie. Alors, lâchez prise et bonne visite !
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Introduction et conclusion de ma chronique blog :

Une très belle parodie de rapport d'expédition d'un anthropologue dans une cité étrange, avec un foisonnement d'inventions grotesques et un fabuleux coup de crayon de la part de son auteur. Mais j'ai trouvé qu'il manquait d'implication émotionnelle : on reste sur un texte très érudit qui examine les limites de la science et de la raison avec la crise qui en résulte, mais d'un point de vue trop extérieur à mon goût. Plaisant mais qu'en partie satisfaisant.

Fantasmagorie d'un érudit doublée d'une réflexion sur nos échecs d'appréhender un monde vaste et décousu, Ce qu'ici-bas nous sommes, sous ses apparences de pot-pourri d'érudit, explore et interroge les limites de la rationalité et de la science face à un monde qui fait toujours moins sens à mesure qu'on cherche à le structurer dans nos grilles de lectures tronquées. Devant l'échec d'une telle entreprise, ressort alors l'envie d'aller jusqu'au bout de ses fantaisies picaresques, d'accumuler les images hétéroclites d'un monde complexe qui toujours nous dépasse. Jean-Marie Blas de Roblès signe alors une oeuvre qui rend hommage à l'opposition entre le besoin de sacré et celui de rationalité dans notre rapport à l'univers et à soi. Je te recommande ce beau roman, avec toutefois la réserve que j'ai évoqué plus haut, concernant l'implication de la lectrice ou du lecteur. Mais si cela ne te fait pas peur, alors bon voyage à Zindan, et toi qui entres ici, abandonne toute science et n'aie pas peur d'être perdu dans ce labyrinthe, car « Ce qu'ici-bas nous sommes, n'en déplaise à Hölderlin, même un dieu ne saurait le modif[ier]. » (p. 265)
Lien : https://lemondedurevelecteur..
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Livre fou sur un voyage dans l'imaginaire, Ce qu'ici bas nous sommes de Blas de Roblès nous invite à découvrir un autre monde, fou et désenchanté.

Dans une clinique privée sur le bord du lac Calafquén au Chili, le narrateur Augustin Harbour raconte ses souvenirs pour sa thérapie. Il écrit et dessine dans ses carnets son aventure folle dans une contrée inconnue : le Zindän.


Lien : http://untitledmag.fr/rentre..
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