Un petit Blondel plus short que bermuda, très bord de mer, avec sa petite cabine de bain en première de couv', un petit Blondel qui se balade de station balnéaire en station balnéaire, de 1972 à 2002, un roman choral sautillant où chaque chapitre est conté par un narrateur différent, parfois on reconnaît un patronyme, un fils de, une épouse de, un père de, seuls le premier et le dernier mot reviennent au même Philippe Avril - un avatar discret de l'auteur?
Pas si simple pourtant, ce petit livre d'apparence insouciante, qui joue au catalogue balnéaire, quand ce n'est pas au journal de vacances, surfant sur les années et les plages pour estivants, comme on surfe sur les vagues..
Non, pas si simple, car il requiert une lecture attentive, afin que le puzzle d'une histoire familiale trouve la pièce qui le parachève , lui apporte son apologue. Les trajectoires de tous ces personnages, brassées par les lieux et les temps comme par autant de hasards, se coupent, s'épousent, bifurquent, se percutent parfois avec violence ou s'ignorent dans une indifférence dont le lecteur seul-s'il a été attentif- mesure la cruauté.
Un joli petit livre, pas si charmant ni si ludique qu'il s'en donne l'air. Et qui a bien souvent des notes amères ou cruelles.
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Voilà un livre qui surprend car en très peu de pages on entre littéralement dans la vie et les pensées des nombreux personnages qui se croisent lors de vacances d'été qu'ils passent dans des locations, en Bretagne, dans les Landes ou dans le Sud. J'ai trouvé ce petit roman très bien construit car je me suis prise d'affection pour certains mais également l'auteur a su en très peu de mots faire surgir par petites touches une sorte de mystère qui retient le lecteur jusqu'à la fin.
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Nous sommes en 1972. Les vacances au bord de la mer, à Capbreton…
Philippe est un petit garçon qui rêve d'aller au club Mickey, là où il y a un super toboggan. Mais ses parents ne veulent pas, alors il ne fait qu'en rêver. Il s'ennuie, observe souvent ses parents et leurs fréquentations. La copine de sa mère, Natacha, est une femme vulgaire que son père ne supporte pas. Il lit le magazine de Spirou, porte un ensemble en éponge, des sandales, une casquette sur la tête, écoute "Pop Corn" à la radio… il aimerait avoir un petit copain avec qui jouer.
Daniele Girard, avec sa tonne de fond de teint, son maquillage de guerre, se fait appeler Natacha Libowski. Elle reconnaît qu'elle aime faire du bien aux hommes. Elle parade en séductrice, retient le regard et se tient à leur disposition. Est-elle naïve, superficielle, libérée ? Non, elle est en sursis, meurtrie par un drame qu'elle veut oublier, elle se métamorphose en Natacha.
Jean-Michel Courtine a dix-huit ans. Son rêve ? L'Amérique.
Henri Cami, l'homme de la montagne, maintenant veuf. C'était sa femme qui voulait découvrir la mer.
Michel Avril, le père de Philippe…
… Ainsi, toute une succession de portraits d'hommes et de femmes raconte leurs histoires. Cela commence en 1972 et cela s'étend jusqu'en 2002. Ils sont vacanciers et passent leurs séjours à la mer. Ils ont parfois des relations communes, ou des liens de parentés, ou rien de tout cela. Ces petites nouvelles retracent des pans de leurs vies, brefs, actuels ou passés, sentiments fugaces de bonheur, d'envie, de désespoir, d'attente, elles ne sont hélas jamais légères, mais bien souvent dramatiques. du côté de l'enfance et de l'adolescence, il y a beaucoup de rêves, d'illusions, une confiance folle. Une petite Sabrina de quinze ans se sent grande et oublie un soir sa prudence. Les adultes parlent de veuvage, de divorce, d'insatisfactions éphémères ou perpétuelles, d'homosexualité, d'amour, de mal-être, de familles, ils sont là et veulent être ailleurs.
Capbreton, Hyères, Perros-Guirec, Arromanches, de décennie en décennie, on découvre ou on retrouve des personnages et on les voit évoluer. Certains se rencontrent et se donnent le relai. Les chroniques, teintées de mélancolie, rappellent quelques souvenirs iodés, dont ceux de Philippe au début du livre. Cette sensation de pesanteur, de sable chaud, de baignades, de solitude, du temps qui n'en finit pas de s'étirer, suspendu dans une attente face à la mer.
Un beau livre, court, avec des mots qui soulignent l'essentiel et qui savent garder, dans des intimités narrées, de la pudeur et de la délicatesse. J'ai aimé.
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