Un témoignage acide et parfois iconoclaste, des anecdotes sur quelques personnages qui devinrent célèbres après la guerre, un récit d'une parenthèse d'exil durant la deuxième guerre mondiale, l'évocation d'un monde aujourd'hui disparu, par une brillante avocate d'affaires qui échappa à un destin affreux et décida de rendre compte des petits et grands aspects de sa vie d'exilée, dans un registre mi ironique, mi intimiste. Bien que l'écriture ne soit guère travaillée dans cette chronique d'une haute société coupée de ses racines, certains passages particulièrement rossards font mouche, au milieu de considérations un peu emphatiques ou au contraires expéditives.
Suzanne Blum n'a plus rien et n'est plus grand chose: elle décide de reprendre des études pour exister selon les standards de l'Americain way of life. Elle a laissé des amis et de la famille en France occupée: elle active ses réseaux, dirait-on aujourd'hui. Pas de hauts faits de guerre ni de résistance, mais des actions symboliques, menées par cette femme qui met son carnet d'adresses mondaines au service d'une certaine idée de la France, mais aussi de l'humanité.
On sent que le personnage n'était pas décidé à accepter l'inacceptable, et c'est ce qui, au total, force la sympathie et même l'admiration.