La joie est un fruit de lumière
Avec “
l'homme-joie”,
Christian Bobin continue son chemin de pèlerin du langage, en quête de beauté et de joie.
Ses phrases sont des haltes au bord d'une fontaine, où l'on boit une eau limpide qui nous décrasse l'âme et le corps.
Sa langue a cette force rare que de pouvoir évoquer par des mots des images poétiques qu'on a le sentiment de pouvoir toucher du bout des doigts.
Par son écriture hautement charnelle,
Christian Bobin nous donne à voir l'incarnation des êtres, la présence des choses.
Il nous conduit dans la matière vivante ; il suscite l'épiphanie des corps et fait battre un coeur dans le sein des êtres de papier.
Fabricant de métaphores, il est toujours là où on ne l'attend pas.
Le lire, c'est n'attendre rien. C'est apprendre à s'ouvrir à l'imprévu, au jaillissement impétueux de l'imaginaire.
Au fil des pages, apparaissent des traces noires sur un ciel blanc : c'est le noircissement du papier obtenu grâce aux petites bougies que sont les mots de
Christian Bobin.
À chaque lecteur de mettre ses mains en cercle pour que ces flammes légères et graciles ne s'éteignent pas.
D'oeuvre en oeuvre, Bobin nous invite à voir autrement, avec une plus grande pénétration. Il nous convie à savoir faire de chaque instant une source d'émerveillement.
Sa plume est une baguette de sourcier qui fait naître des havres de verdure dans le désert.
Christian Bobin tranche les ronces de la grisaille quotidienne. Ce faisant, il nous ouvre un passage jusqu'à la clairière où il nous sera donné de respirer plus amplement.
Par son regard lucide, il défait tout manichéisme :
« J'ai pris la main du diable. Sous ses ongles noirs j'ai vu de la lumière. »
Son verbe est une sagaie qui se fiche droit dans le coeur.
Dans son verger poétique, la joie est un fruit, un fruit de lumière.
La joie, c'est comme la beauté : on n'en est jamais désaltéré.
© Thibault Marconnet
07/12/2013
Lien :
http://le-semaphore.blogspot..