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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je dormais mal ce matin-là. Des pensées vers ceux que j'aimais et que je savais souffrants m'avaient ôté le sommeil. L'homme-joie m'a tendu ses pages et je m'y suis plongée. Sans à priori, sans savoir, sans espoir. Et le soleil s'est levé. Un ciel bleu, une gitane, un oiseau, un peintre, un musicien m'ont sortie de mon angoisse.

Des mots alignés forment des phrases simples et profondes qui vont à l'essentiel. Christian Bobin écrit à propos d'une exposition des peintures de Soulages: « ce qu'on voit nous change. Ce qu'on voit nous révèle, nous baptise, nous donne notre vrai nom ». Comme il a raison ! Ce matin l'homme-joie m'a montré le chemin, celui de l'âme et de la beauté de toute chose. Le regard qui efface les peurs et permet d'espérer.
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L'homme joie est mon deuxième rendez-vous avec l'écrivain poète Christian Bobin. Je retrouve avec bonheur son écriture fluide qui effleure des sujets graves avec subtilité et tendresse.
Ce n'est pas un livre triste mais nostalgique, pleine conscience de la vie qui s'écoule et d'une mort inéluctable et omniprésente.
L'amour inconditionnel, symbolisé par le bleu nous est offert et décliné au fil des pages s'écoulant tel un petit ruisseau de montagne.
Ici tout a une âme: la nature, les animaux, vision panthéiste du monde jusqu'aux mots qui pourraient être une prière adressée au miracle de la vie.
J'ai ouvert un livre, nous avons cheminé ensemble et il me semble désormais lui appartenir un peu...
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«L'homme-joie» quel titre magnifique qui s'applique à merveille à Christian Bobin comme ce qu'il dit d'une gitane, «lumineuse fainéante» battant les rues de Paris, qu'elle «éternise par ses poèmes l'aristocratique joie d'avoir restitué le plus précieux à ceux que le monde dépouille.» Oui, Christian Bobin nous offre un cadeau royal car ce petit livre où il entre beaucoup de bleu mais aussi les noirs de Soulages qui sont comme «des maisons zen, le blanc immaculé que Glenn Gould rejoint dans la solitude du Grand Nord Canadien ou le jaune doré d'une branche de mimosa, est un joyau précieux qui rayonne de la beauté du plus humble et du plus perdu.
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Quel moment de plaisir de ce livre !!! C'est du miel qui coulait dans mes veines, un nectar qui arrosait mon âme.
Première phrase manuscrite : « Ecrire c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir ». J'ai ouvert la porte et je suis entrée dans un jardin merveilleux où une marguerite vaut mieux que toute philosophie, où un oiseau est aussi simplement vêtu d'or qu'un poème. La poésie ou transpire l'amour lorsqu'il parle de la femme aimée et perdue : « Je ne peux pas te parler du mimosa puisque tu n'es plus là. Mais le mimosa, lui, me parle très bien de toi : tout ce qui est délicat a traversé le pays des morts avant de nous atteindre. Au milieu de ce livre, les pages bleues d'un amour si grand, si intense. »
Lorsqu'il parle de Goude, on sent ses doigts frémir. Lorsqu'il nous raconte son père et ses voisins d'infortune, quelle belle façon de parler de sa maladie et de son amour.
En plus de son amour pour la femme aimée et perdue, Christian Bobin nous fait l'éloge de l'amour de la vie, l'amour des autres. Il nous parle de toutes ces petites choses qui sont pour lui des miracles et qu'il nous transmet. Les petits miracles du quotidien font les ruisseaux d'or pur du bonheur.

L'homme-joie m'a transformée en femme-radieuse. Quel plaisir j'ai pris à cette lecture, j'étais au pays enchanté. Christian Bobin a une grande force : il aime la vie et nous le fait partager.

La dernière phrase, toujours manuscrite : « J'ai rêvé d'un livre qu'on ouvrirait comme on pousse la grille d'un jardin abandonné ». La porte que j'ai ouverte en commençant « l'homme-joie » m'a amenée dans son jardin merveilleux.

Oui, vraiment un très grand coup de coeur.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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"Vous savez, des fois, je me demande si je suis normal. La réponse est non. Mais la réponse ne m'inquiète pas. Ce qui compte, c'est la puissance de la joie qui éclate à la vitre de nos yeux. Une apparition, une seule, et tout est sauvé."


Quinze éphémères récits, quinze moments funambules, quinze éclats scintillants de souvenir, quinze partages du temps, quinze traversées de vie, quinze instants précieux, quinze voiles de tristesse, quinze paroles prononcées, quinze silences écoutés, quinze fulgurances, quinze battements de cils, quinze pas dans l'âme de Christian Bobin comme autant de moments consentis entre l'écrivain et celui qui le lit.

De petits textes aux mots choisis, ciselés, taillés comme l'était la pierre romane pour prendre vie et sens, pour évoquer autant de tressaillements de l'écrivain que ce soit devant un tableau contemplé, apprendre à voir l'invisible...
"J'entends grésiller la mèche de la bougie de la Madeleine à la veilleuse, dans le tableau de Georges de la Tour. Je vois le vide qu'il y a entre les hommes, plus grand que celui qui sépare une étoile d'une autre étoile. Chacun travaille, travaille, travaille à son sombre intérêt et ceux qui n'y travaillent pas sont broyés."

Des phrases entrecroisées pour dire l'émotion en "habitant", pour un instant, les accords virevoltants d'un Glenn Gould et la mélodie lancinante d'un Bach, en écoutant le murmure de cette femme porteuse d'une autre culture, qui tutoie les étoiles, précieuse parce que vraie et qui s'apprête à donner la vie...
"Les gitans, les chats errants et les roses trémières savent quelque chose sur l'éternel que nous ne savons plus."

Des lignes pour dire le souvenir du père, pour dire le regard voilé de nos sociétés sur ce qui dérange ou à l'inverse, ce qui captive, ce regard faussé en toute chose...
" On les appelle "malades d'Alzheimer". En se multipliant, ils nous font le don d'une vie réduite à sa base, harassante, exténuante, délivrée de tous les ordres de la vie moderne : acheter, envier, triompher."

Des mots en guirlandes pour évoquer le regards d'animaux croisés, la conversation des fleurs, leurs messages venus de l'invisible, le lien ténu d'un échange avec le silence éternel...
" Il y a dans la nature les fragments d'un alphabet ancien, des morceaux de lettres capitales, des ruisselets d'italiques, de grands espacements bleus de silence. Et parfois, par on ne sait quelle grâce, plusieurs lettres s'assemblent, des mots apparaissent avec ce qu'il faut entre eux de silence respirant - une phrase est tracée."

Il y a dans les phrases de Christian Bobin, l'empreinte d'un ange au regard démultiplié : observant l'objet et son ombre, les pénétrant l'un et l'autre de même manière pour en goûter la richesse infinie qui échappe aux yeux de l'impatient. Il y a dans ses mots la trace de "ce regard d'or" qui transperce les choses jusqu'à en deviner la signification intrinsèque.
Il y a chez l'écrivain une écoute du silence qui révèle tant.

Merci, Monsieur Bobin, d'ouvrir nos yeux et nos sens pour toucher le primordial, nous éloigner du bassement réel...
"Dans les lointains une télévision accomplit sa morne besogne comme un bourreau tranchant sans émotion les têtes divines du silence et du songe. Un train de publicités déchire l'air, une pluie de miracles tristes s'abat sur le monde, dont les prophètes sont des créatures jeunes, lisses, au sourire millimétré. Nous devons être très malheureux pour engendrer de tels rêves compensatoires."

Et merci encore à vous, Monsieur Bobin, de rendre regard aux yeux éteints de ces chiens de chasse, à ces porteurs de carillons tristes, ces colliers sans musique, ils ne sont guère éloignés du malheur de la biche ou du sanglier qu'ils pourchassent... Merci de donner à contempler le regard du chat qui s'éteint et flamboie en un moment confondu...
"(...) il s'agit de chasseurs rappelant leurs chiens égarés. Je connais ces chiens. L'un d'eux s'est un dimanche aventuré devant ma maison. Poil ras, gueule éteinte, déprimé comme un diable captif d'un bas relief roman, il faisait tinter à son cou un collier de grelots semblables à des larmes pétrifiées. Je lui avais donné un morceau de brioche. Ce don l'avait accablé, tant il semblait accoutumé - comme au seul paradis connu de lui - aux mauvais traitements de son maître. Les yeux blanchis de toute espérance, il n'était qu'une machine à tuer digne de compassion."



Une lecture pour écouter, regarder intensément et apprécier la vie pour ce qu'elle sait nous offrir et que nous ne savons recevoir...
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On peut apprécier les écrits de Christian Bobin, être sensible à la profondeur de sa pensée, à son humanité, sans pour autant partager ses convictions religieuses. Les mots de Bobin , en effet, par leur simplicité , leur justesse , leur poésie, nous vont droit au coeur, interpellent notre âme. Cet ouvrage, dans lequel l' auteur réalise une sorte de condensé des moments forts de son existence, ne fait pas exception à la règle, avec toutefois - en dépit de son titre- un peu plus de mélancolie et de gravité que d' ordinaire : il y aborde , entre autres , des sujets tels que la fin de vie. L' homme- joie est aussi un très beau livre -objet avec des passages manuscrits - dont le carnet bleu central consacré à sa compagne disparue prématurément : "la plus que vive"- qui renforcent cette sensation d' intimité avec le lecteur.
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J'ai éprouvé un plaisir rare à me délecter de ce livre. Pour moi, un des meilleurs textes de Bobin, sans aucun doute.
Beaucoup d'émotions à cette lecture, tendre, délicate, profonde, habitée.
J'ai été bercé, par la succession des récits et de petites "citations" qui composent un ensemble merveilleux de poésie, d'humanité, d'essentiel.

Essentiel.
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Pourquoi est-ce si difficile d'écrire sur les livres qu'on a beaucoup aimés et qui nous ont marqués?

Ce que je peux dire, c'est que j'ai bien aimé la manière dont l'auteur parle des oiseaux et des chats, des animaux et de la nature en général qu'il place au plus haut point.

Amoureux de la musique, Bobin rend aussi un très bel hommage à des musiciens tels que Glenn Gould et Yehudi Menuhin, par exemple. Par ailleurs, de très belles pages sont consacrées au peintre Soulages.

Je vous l'ai dit, la tâche est loin d'être aisée pour moi car j'adore la poésie de Monsieur Bobin. J'ai l'impression qu'elle m'élève vers le ciel!
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Dans un temps lointain et égaré, j'ai un souvenir. Les premiers rayons du printemps crevaient le ciel bleu pour s'étendre de tout son long sur les pages de ce livre. Assise au pied d'un chêne, je lisais alors des passages à l'homme assis à l'ombre du grand arbre. Et j'ai vu une belle grande lumière souriante dans nos yeux, nous étions bercés de magie et la vie tout entière se couchait telle un tapis de fleurs enivrant tous nos sens.
Puis, un autre souvenir, et encore un autre, ainsi de suite jusqu'à ce que les murs de l'oubli et de la morosité se confondent en couleurs. Évanescence d'essentiel. Murmures de la vie. Effusion de douceurs. le coeur se remet à battre. L'âme se tapit dans la lumière, les étoiles souriant tendrement, nous regardent sans urgence qu'on les retrouve.

L'homme-joie c'est autant d'histoires pour parler d'elles deux: vie et mort, seules certitudes dés le premier cri.
C'est un hommage à tous ces êtres, gitans, musiciens, enfants, vieillards, avec un autre regard, la beauté est partout, même « sous les ongles du diable, il y a de la lumière ».

C'est bon d'avoir de la joie.
Tout simplement.
Christian Bobin, grand poète, nous en sert comme véritable nourriture nécessaire pour notre long voyage sur terre.
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Découvert grâce à une rubrique de François Busnel dans laquelle il disait son admiration pour l'homme-joie de Christian Bobin, n'hésitant pas à le juger comme l'un des meilleurs livres qu'il n'ait jamais lu, je me le suis procuré chez mon libraire préféré et qu'elle n'a pas été ma surprise lorsque j'ai commencer à lire les premières pages. Rarement des mots, des phrases ne m'avaient à ce point touché et une fois terminé, je n'ai eu de cesse que d'y revenir à l'exemple d'une gourmandise pour y piocher au hasard quelques bribes de ces textes qui à chaque fois m'enchantent. Ce livre est un objet précieux touchant, troublant et démontre s'il en était encore besoin combien nos émotions sont souvent semblables telle cette"foule sentimentale avec soif d'idéal" que chante un autre poète. Je terminerai cette critique par un vers de Christian Bobin :
"La douceur de ce poème était si grande qu'à la fin de ma lecture je n'avais plus de corps".
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