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sur 245 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une chronique de Seb, sur Aire(s) Libre(s).
« Il faut avoir une force terrible pour supporter de lire un seul poème. Aller au-devant d'une phrase comme au-devant de sa propre mort. Accepter de n'être plus protégé par rien et recevoir le coup de grâce d'une parole claire en son obscurité.
Monsieur Bobin,
Je suis heureux d'avoir fait votre rencontre. Bien sûr, vous n'êtes plus là mais votre ombre est plus présente que votre corps. Et votre voix bien plus encore. J'ai mis du temps à vous rejoindre par-delà les océans de papier, car avec les livres, ces êtres au caractère ombrageux, tout est question de moment, et le moment n'était pas encore venu avec vos ouvrages, et je sais, maintenant que je vous ai lu, que vous comprenez très bien cette idée qu'il faut être dans les meilleures dispositions mentales pour accueillir une voix.
Si vous étiez traduit dans toutes les langues et tous les dialectes il n'y aurait plus la guerre à la surface de la terre. Les bibliothèques et les librairies seraient les nouvelles églises et au printemps revenu les gens cueilleraient des poèmes pour en faire des bouquets de joie.
Certains racontent que vos écrits sont mièvres. C'est parce qu'ils confondent naïveté et capacité d'émerveillement. L'enfant qui s'émerveille des gouttes de rosée dans la lumière fébrile du matin n'est jamais mièvre ; s'il s'exclamait « regardez comme c'est beau ! » ses parents seraient fiers de tenir en terreau une si prometteuse graine de poète. Mais dès qu'un adulte s'exclame sur la rosée posée sur une tige tremblante, il devient mièvre. Ce monde interdit aux adultes de conserver un regard d'enfant sur toutes choses, parce que si jamais ils le recélaient comme des contrebandiers de la beauté, alors ils deviendraient inaptes aux interminables heures de travail abrutissant et à l'enchainement des semaines qui, comme les océans séparent les continents, nous tiennent loin des vacances et du temps précieux qui s'y cache. Non monsieur Bobin, vous n'êtes pas mièvre, je vous trouve même une posture politique et diablement subversive, vous qui laissez filer les heures et n'obéissez à aucune posture productiviste et utilitaire. Mais un subversif qui ne fait pas de vague, se déplace en glissant sur un souffle d'air. de toute façon les poètes ne sont-ils pas tous des insoumis ? Ryokan en tête.
La suite, juste là :


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“Je suivais le cortège funéraire de mon dernier manuscrit. le chemin était en pente, les cailloux rissolaient. Nous allions de l'été à l'automne comme passe sans s'en rendre compte une frontière. Non : plutôt comme on marche sans les connaître sur d'anciennes tranchées. le sol était rempli de guerres et mon coeur était en paix. Je suivais le corbillard invisible de mon manuscrit. Je l'avais relu la veille et, comment dire : c'était comme si j'avais regardé passer sur le fleuve de papier des troncs d'arbres flottant, s'entassant et ne bougeant plus. Mes mots ne donnaient qu'une lumière morte. “

Un bruit de balançoire” est un texte poétique écrit sous forme de lettres adressées à divers personnages et écrivains d'aujourd'hui ou d'hier, célébrant la nature, la vie, et le quotidien de tous les jours en toute simplicité.

L'auteur y écrit notamment son admiration pour les plus grands poètes. Il s'adresse à Marina Tsvetaïeva, Nadejda Mandelstam, poètes et écrivaines russes du 20ème siècle ; et cite à plusieurs reprise Ryokan Taigu, poète et calligraphe japonais du 18ème siècle.

Christian Bobin est un auteur que j'aime lire pour sa manière d'écrire, les émotions qu'il arrive à transmettre et surtout ses contemplations qu'il partage avec le lecteur grâce à des mots empreints de douceur et de poésie.

Au fil des pages, on se laisse entraîner dans son univers et dans sa manière d'appréhender la vie avec philosophie.

C'est une lecture qui se lit à tout moment.

Lien : https://labibliothequedemarj..
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Une nouvelle illustration de la magnifique poésie de Christian Bobin.

La poésie ne se remarque par aucune complexité grammaticale, simplement une justesse et une profondeur dans chaque mot employé. Je retrouve cette justesse dans chaque oeuvre de Bobin, La plus que vive et La Dame blanche notamment.

Un bruit de balançoire est une oeuvre liminaire, à la croisé de la poésie et de l'oeuvre épistolaire. Chaque poème voue une intention, un destinataire précis qui rythme l'oeuvre telle ode à la vie simple.
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"On peut parfois être si présent à ce qu'on vit qu'il n'y a plus besoin de paradis"
Rien ne s'appliquait mieux à ce délicieux moment, à Biarritz il y a quelque temps, que ces mots de Christian Bobin. La fraîcheur matinale peu à peu remplacée par la chaleur douce des premiers rayons de soleil pendant que je lisais une des lettres d'"Un bruit de balançoire" avec l'Océan qui grondait au loin, un thé savoureux dans mon bol... Un rouge-gorge est venu me raconter la beauté du jour qui commençait ...
Un moment de grâce fragile, un petit bout d'éternité ...
Difficile je trouve de parler des livres de Christian Bobin. Il y a quelque chose de si intime, de si personnel dans le rapport que l'on noue avec ses livres qu'il me semble impossible d'en parler comme d'un livre ... classique. Je dois vous avouer que je ne comprends pas tout. Il y a des phrases qui restent obscures. Mais il y a aussi des phrases d'une telle fulgurante beauté ou évidence que cela ne me dérange pas plus que çà. Après tout faut-il toujours tout comprendre et expliquer ? La musique des mots de Bobin est parfois plus précieuse que leur sens. Ce genre de livre on le lit lentement, on le repose, on le reprend et parfois ce qui ne nous parlait pas la veille ou il y a 3 mois devient limpide. Laisser son coeur d'enfant ouvert et à l'écoute est sans doute ce qui convient le mieux à ces écrits atypiques.
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Magnifique écriture de M.Bobin, poète et conteur si doux... un voyage à travers l'âme, la vie vraie foisonnante, simple, complexe, à portée de sensations. Cette écriture me fait du bien et me redonne presque du courage comme toute la poésie. Ce livre de fragments est courts scindé en chapitres aux titres prometteurs et évocateurs avec pour propos de départ l'influence du poète Japonais Ryokan. Qui aime Bobin se régalera...
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Les livres de Christian Bobin ont ce pouvoir de nous donner envie de les lire, les feuilleter à nouveau, sans se lasser. Sa poésie est intemporelle, elle nous apaise et ouvre notre regard au monde, qu'il soit intérieur ou extérieur.

Dans « un bruit de balançoire » c'est par le truchement de lettres fictives que l'auteur nous parle de la vie, de l'intime et du plaisir d'écrire. Tout est parti de Ryõkan, et les lettres font écho aux courts poèmes de ce moine poète japonais du 18e siècle.
Ces courtes missives s'adressent tout aussi bien à des proches comme sa mère, ou bien à des inconnus ou un forestier croisé sur le chemin d'une forêt. Il s'adresse aussi au nuage pour évoquer la beauté :
« Aucun chef-d'oeuvre ne m'a donné autant de paix -à part toi, petit nuage, à part toi »

Ainsi Christian Bobin nous parle de ces choses qu'on ne peut voir qu'avec le coeur, ces petits riens invisibles qui nous font frémir : un nuage qui devient un chef-d'oeuvre, la fraicheur blanche de la neige, l'odeur des arbres coupés, un scarabée qui boite, des moucherons dans la lumière comme des notes de Bach.
L'auteur célèbre la vie et le bonheur d'exister mais la mort est aussi très présente dans chacun des textes, et se mêle à la vie. Mais le poème, lui, restera toujours. « La vie écrit au crayon. La mort passe la gomme. le poème se souvient »

La sobriété du texte voisine avec la virtuosité de l'écriture et c'est beau, d'une beauté qui déclenche l'émotion.

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Les mots de Bobin ont l'art de la fugue. Ils jouent sur une balançoire, frôlant la terre et le ciel.
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Monsieur Bobin vous êtes décidément, sans conteste, le NUMERO 1 dans mon palmarès des écrivains.

Nul autre que vous ne sait toucher la corde sensible qui me fait vibrer au-delà de tout.

Un livre de vous ce n'est pas une lecture c'est une plongée dans l'infini, cet endroit inaccessible qui vous emmène si loin qu'on voudrait y rester jusqu'au dernier matin.

" La poésie nous donne du pain; Sans elle nous mourrions de faim. Ce pain émiettons-le, lançons-le aux moineaux; C'est leur bec qui dactylographiera le plus sûr des poèmes sur la terrasse : tac tac tac ! "






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Ce petit recueil est constitué (après une introduction ) de vingt lettres de Christian Bobin à des correspondants divers :des éléments naturels (nuage,coucou ..) , des familiers , des inconnus, et des artistes :musiciens (Arvo Pärt ,Bach ) et poètes ( Ryokan,Dogen, Nerval, Mandelstam )… Que dire de ces textes , sinon , que la magie modeste de Bobin s'y exerce à plein …. Un bruit de balançoire…un ange passe , sur les plumes qu'il abandonne à l'air le poète écrit ses lettres .A nous de savoir les cueillir…
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Encore, encore ! Heureuse de savoir que j'ai encore des dizaines de livres à lire de cet auteur.
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