Interview, en 1966, par un romancier, d'une jeune fille libérée, belle, séduisante, déjà forte d'une grande expérience des hommes. Elle parle d'elle, des hommes et des femmes, de l'amour, du désir, de la sexualité, des attentes, des rêves. C'est intelligent, intéressant, vif. le lecteur est renvoyé à lui-même.
En première page est présenté l'auteur (1909-1996), grand reporter, écrivain, conseiller politique de ministres dont Pierre Mendès France et André Malraux, avec cette mention : "Mais, repris par la littérature, il revient ici à sa curiosité fondamentale, thème de plusieurs de ses livres (Le voyage sentimental, Les amants du Theil), celle de l'amour, celle du monde intérieur féminin, mystère capital."
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* Les garçons font les filles. Le monde sexuel des garçons a quelque chose de satanique. C’est choquant et fascinant. Quand les filles le découvrent, elles sont dans l’engrenage. Il leur arrive des tas d’histoires.
* Un homme peut être obsédé. Une femme rarement. Elle est distraite par mille choses. Je crois que le vrai désir chez elle n’a lieu que dans des circonstances exceptionnelles. Il faut de l’intimité ou un climat de fête, de l’énervement, un peu de folie. Il faut qu’elle soit dopée par quelque chose.
* Je crois qu’il faut une certaine culture pour être sentimental. L’intelligence des sentiments, de la vie intérieure, ça s’apprend. Les hommes mûrs à cet égard sont parfois intéressants. Ils ont des regrets, des vagues à l’âme. La nostalgie a du charme. J’adore les échecs sentimentaux, pas les échecs laids, mais ceux qui sont dus à des remous profonds, à des conflits estimables, sans issue.
* En général, les femmes n’ont pas beaucoup d’imagination érotique. Mais les hommes ont du génie. C’est pour ça que pour une femme, l’expérience est indispensable. Elle ne peut qu’apprendre. C’est l’homme qui invente l’érotisme. La femme n’est qu’une adepte ou une spectatrice.
* Toute fille est une strip-teaseuse née, même quand elle s’ignore.
* Le mystère est dans le lit. C’est pour ça que tous les êtres sont des inconnus.
* J’aime l’idylle pour l’idylle. Tout ce qui commence est beau. C’est cela mon romantisme.
J'ai rencontré cette jeune femme chez des amis. Elle prenait part, à propos d'un fait divers, à une discussion sur les jeunes et l'amour. Je fus d'abord frappé de la beauté de cette fille, du côté éclatant et sain de sa féminité. En l'écoutant, je fus surpris de son assurance, de sa fantaisie, de la liberté de ses interventions.
Je sais moi, dans ma vanité de femme, qu’un homme même intelligent, même évolué, préfère le corps à la tête.