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3,86

sur 233 notes
« Congo Inc, le testament de Bismarck » est un roman puissant, vif et habile qui décrit sans ambages la dure réalité d'un pays qui pourrait être plus développé en raison de ses richesses en minerais précieux, mais qui du fait des guerres ethniques, d'un Etat faible et corrompu, est devenu la proie des multinationales voraces avec à leur tête la Chine.

A travers les yeux d'un jeune pygmée fasciné par les jeux vidéo et le rapper américain Snoop Doog symbole de la réussite capitaliste, In Koli Jean Bofane montre les atrocités du nettoyage ethnique avec ses milliers de meurtres, de démembrement, de mutilations et de viols, la collusion entre forces d'interpositions internationales et anciens criminels promus à des postes clés dans l'Administration, les églises évangéliques comme faible refuge pour des populations pauvres, sur fond de saccage du patrimoine naturel congolais.

Un roman dont les quelques scènes insoutenables nécessaires pour décrire la réalité, sont contrebalancées par le pittoresque de celles sur les villages de la foret ou des marchés de Kinshasa.
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Je ne connais pas bien la littérature africaine. Les quelques livres que j'ai lus m'ont toujours plus ou moins déconcertée . Il y est souvent question de fétichisme,sortilèges, marabout, sorcellerie ...un monde que je ne comprends pas. Dans cet ouvrage ces sujets sont plus rares.

Isookanga, un pygmée ekonda, quitte son village pour Kinshasa avec pour tout bagage l'ordinateur qu'il a dérobé à Aude Martin, une ethnologue. Il est venu pour faire "de la mondialisation". Faute de pouvoir trouver un logement il est accueilli par les shégués, les enfants des rues. Pour survivre il s'associe avec Zhang Xia, un chinois. Ils décident de vendre dans les rues de l'eau fraiche nommée "Eau Pire Suisse".

Les faits et gestes de ses deux personnages et ceux d' autres protagonistes apportent un éclairage sur la réalité d'un pays dont la richesse fait l'objet d'enjeux planétaires alors qu'un majorité de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. ces protagonistes sont principalement :

Lomama, oncle d'Isookanga, et chef du village où vient d'être installée une antenne relai,
Shasha , dit la Jactance. Elle a fui son village avec ses petits frères après le massacre de ses parents et d'une grande partie des villageois. Arrivée à Kinshasa elle est devenue une shéguée,
Kiro Bizimungu, ex seigneur de guerre, nommé directeur général de l'Office de préservation du parc national de Salonga . Son objectif n' est pas de protéger la nature mais de s'enrichir grâces aux richesses du sol (pétrole, diamant...),
Adeïto Kalisayi, épouse de Bizimungu et fidèle de l'église de la multiplication divine,
Waldemar Mirnas, Lithanien, officier casque bleu,
Le révérend Thélonius Monkaya,de l'Église de la Multiplication divine,
Aude Martin, l'ethnologue,
Chiara Argento, chargée du dossier du Kivu (une région du Congo) au Secrétariat du Maintien de la Paix (ONU).

Livre intéressant, à la fois drôle et dramatique. On s'amuse aux prêches du révérend et à sa façon de d'escroquer ses fidèles, on est au bord du malaise aux souvenirs des massacres et tortures, on s'indigne du comportement du représentant de l'ONU, on admire le courage de Shashan la Jactance, on s'amuse devant le côté légèrement colonialiste d'Aude Martin, on s'attache à Isookanga et à son rêve, et enfin on s'indigne devant la situation économique et sociale de la RDC, situation due semble-t-il une mondialisation inhumaine.
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Tout commence comme une fable ou un simple roman d'apprentissage, plutôt distrayant d'ailleurs. Puis au fur et à mesure des pages, l'air de rien, nous basculons dans le monde de la mondialisation la plus barbare. Un jeune pygmée rêve de faire parti de cette mondialisation tant fantasmée et quitte son village pour faire fortune à Kinshasa . Ressources pétrolières, minières, gazières, conflits interethniques, corruption, neocolonisation, toute la géopolitique y passe avec parfois des descriptions à la limite du supportable des tortures infligées aux femmes notamment. J'ai été dérangée, écoeurée, secouée et je me suis senti trahi par l'auteur. C'est une véritable réussite. Un excellent roman pour prendre la mesure de la situation de la république Démocratique du Congo. Âmes sensibles s'abstenir.
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J'ai vraiment aimé, mais j'aimerais souligner deux points assez surprenants qui ont failli me faire lâcher le livre : la vie décrite avec le langage de la mondialisation ou celui des jeux vidéos. Ca m'a franchement déroutée et j'ai failli abandonner la lecture de ce livre.
C'aurait été une telle erreur ! Un livre que je recommande vivement, un point de vue sur la mondialisation et ses effets ravageurs au Congo.
Triste mais drôle aussi. Attention aux violences décrites, c'est parfois à la limite du soutenable. Mais malheureusement tristement vrai.
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Un excellent livre qui raconte la triste histoire du Congo,à travers les tribulations d'un jeune pygmée ekonda qui quitte son village au fin fond de la forêt équatoriale,pour faire du business à Kinshasa.C'est drôle,tragique,violent et superbement écrite.
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Pour moi, ce roman est "trop" - avec une volonté de tout dire de cette République Démocratique du Congo riche en minéraux convoités par les puissances étrangères, complexe avec ces multiples tribus dont certaines en conflit violent (les Hutus et les Tutsis comme au Rwanda), avec sa capitale pleine d'enfants perdus, et son village agressé par la mondialisation désirée par le jeune futur chef métis (mère pygmée, père inconnu) qui m'a noyée : j'ai trouvé long alors que l'écriture se lit facilement ; je suis restée en surface n'ayant pas le temps de m'attacher aux personnages qui s'effacent trop vite derrière des pages de violence (dont je n'ai pas besoin pour être consciente de l'horreur qui peut exister dans certains pays) et derrière un discours très appuyé sur la mondialisation (abordé par tous les côtés, sauf peut-être le positif qui fait qu'on peut lire des romans congolais...) Les personnages m'ont semblé être là pour servir le propos de l'auteur, et me voilà soulagée de terminer le livre, qui est pourtant intéressant sur certains points.
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Sans misérabilisme, sans post-colonialisme, sans fausse pudeur, et sans sombrer dans de trop faciles clichés quand on parle du Congo, Jean Bofane nous propose une vision mondialiste, cruelle et humoristique du Congo du XXIè siècle. Cela commence par la pose d'un pylône de télécommunication et le vol d'un PC à une chercheuse venue prendre le pouls de l'Afrique pour expier sa culpabilité... Et cela se termine par une mise à mort d'un baroudeur Mututsi entouré de pneus en feu à deux pas d'une congrégation évangélique plus attirée par les dollars que par les vertus.

Entre les deux, le lecteur va suivre les déambulations d'Isookanga, un pygmée (auteur du vol de PC) à Kinshasa. Il ambitionne de faire des affaires grâce à la mondialisation. Il rencontre un Chinois abandonné par son patron avec qui il va vendre de l'eau en berlingot, agrémentée d'une infusion de poisson séché. Succès garanti. Il croise aussi le baroudeur, ancien trafiquant d'armes, commandant de troupes ayant participé aux génocides rwandais et reclassé comme directeur d'un parc national (celui-là dont est issu Isookanga). Etc.

Jean Bofane nous raconte une histoire, on peut entendre voler les ailes d'un papillon, celui qui entraîne de grandes conséquences pour de petites actions. On entend le crépitement du feu à la veillée, quand le griot baisse la voix pour raconter l'indicible. La magie de Jean Bofane, c'est de passer du rire aux larmes. de la tendresse à la plus abjecte des cruautés. Certaines pages sont ponctuées d'éclats de rire. D'autres se lisent l'estomac au bord des lèvres.

Dire que j'ai aimé le roman, c'est un peu complexe. Jean Bofane nous emmène très loin dans son parcours vers un Congo qui n'existe peut-être pas. Même pas dans la tête de l'auteur. Un Congo qui paie toujours l'héritage de Léopold II, qui faisait couper les mains et se moquait de la population et n'a revendu le Congo à la Belgique que quand il n'a plus su l'entretenir. Mais Jean Bofane refuse toute complaisance. le Congo de 2020, c'est celui que les Congolais en ont fait. Inutile de se cacher derrière un drapeau belge.

J'ai rencontré Jean Bofane il y a des années. Il a animé mon premier atelier d'écriture. Jovial, attentionné, sapé comme jamais, cultivé, franc, souriant, judicieux... j'en garde un très bon souvenir. Avec ce livre, il rejoint les quelques auteurs pour lesquels j'ai une réelle admiration.
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Coup de coeur pour cette fresque subtile et désabusée, qui oppose jeune adepte de la technologie et de la modernité et partisan d'une vie ancestrale harmonieuse avec la nature si riche, tantôt dans un village visité pour l'installation d'une grande antenne de métal, tantôt aux côtés des Shegue de la monstrueuse et fascinante Kinshasa.

On passe des éclats de rire face à la naïveté pourtant récompensée d'Isookanga à la crainte qu'il ne se soumette aux désirs du colonel, et l'on en serait presque au bord des larmes face aux atrocités si quotidiennes du Congo qu'elles en passeraient presque pour normales, sans qu'il ne soit possible d'y mettre un terme.

Au-delà du jouissif et drôlesque Isookanga, les personnages et les tableaux qu'ils font vivre tracent une absurde mosaïque congolaise où nul n'échappe à la plume délicatement dénonciatrice de l'auteur : anciens seigneurs de guerre reconvertis en hommes d'affaires de la capitale et impuissants, prédicateur capitaliste averti, jeune ethnologue belge ne pouvant contenir ses fantasmes face aux sujets de ces études ou encore cadre de l'ONU profitant du chaos ambiant pour satisfaire ses désirs...

Ce qui m'aura finalement le plus marquée est probablement le courage des enfants face aux violences incomparables qu'ils ont subies, et leur obstination acharnée à survivre aux dépens d'une société qui les a rejetés.
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Ce roman donne un éclairage romanesque assez piquant et inquiétant sur le Congo actuel.
une lecture aussi divertissante qu'éclairante.
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Dans le premier chapitre de ce livre, l'auteur nous présente son anti-héros avec beaucoup d'humour : Isookanga, 25 ans, est un pygmée (en vrai c'est un demi-pygmée : sa mère aimant les hommes de plus de 1,75 mètres, Isookanga est trop grand de 10 centimètres pour être un pygmée mais trop petit de 20 centimètres pour être considéré comme un adulte)
Isookanga vit dans la forêt du Congo jusqu'à ses 25 ans (toléré par un oncle qui le « bassine » avec les traditions). Isookanga ne veut qu'une chose aller « faire la mondialisation ».
Et pour cela il n'hésite pas à partir à Kinshasa se faire passer pour son ami. La famille urbaine de celui-ci se rend compte de la supercherie (trahi par sa taille Isookanga !) et le chasse. Il se retrouve au sein des enfants des rues, les shégués.
Fan de jeux vidéo, Isookanga idéalise la société moderne, Google, les multinationales, les hélicoptères….Il trouvera un associé chinois, paumé lui aussi, dans ses projets de devenir riche.
Voilà pour la présentation rapide du début. Après un chapitre très drôle, l'auteur nous emmène vers la dure réalité de ces shégués…avec l'histoire terrible de Shasha, jeune fille de 14 ans, et de ses petits compagnons… Les personnages deviennent nombreux. S'ils sont très bien campés, la plupart sont antipathiques que ce soit l'ancien soldat, le révérend Monk, le casque bleu dont j'ai oublié le nom… Pauvre Afrique (je l'ai déjà dit dans ma précédente chronique…si riche et si pauvre …)
L'auteur nous entraîne donc entre réflexions humoristiques avec Isookanga et terribles réalités de ce pauvre pays, proche du Rwanda et de ces « purifications ethniques », et où 20 000 enfants vivent dans les rues, abandonnés de tous…très dur mais aussi drôle….quand on ne s'y attend pas…puis terrible quand on ne s'y attend pas

Finalement les victimes se retournent contre leurs persécuteurs et se montrent aussi cruels qu'eux…comment leur en vouloir ? mais alors ces atrocités n'auront jamais de fin ?

En conclusion : un livre où on passe en un rien de temps du rire aux larmes et vice versa….
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