AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
256 pages
Denoël (01/01/1966)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Pas de quatrième de couverture.
Recueil de 13 nouvelles policières qui semblent avoir fourni la matière à une série télévisée, française et homonyme des années 60. Une étape/une nouvelle par ville: Paris, Dijon, Lyon, Marseille ... [ ] ... Menton.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Le train bleu s'arrête treize fois ...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« le train bleu s'arrête treize fois … » est un recueil de nouvelles policières daté de 1966. Il est paru au mitan des Trente Glorieuses, le détail a son importance et fait tout le charme du livre (voir plus loin). Pêché en Boite à Livres, l'air de rien, supposé anecdotique, je ne l'ai abordé qu'en tant que bouche-temps, entre deux romans plus sérieux, par désir simple d'une lecture facile et rapide, par nostalgie d'une époque traversée de bout en bout (ou presque). Il aurait dû passer à la trappe de la chronique, sombrer dans l'oubli et retourner au book-crossing. Ses quelques nouvelles sont entrées en résonance avec l'envie de retrouver deux vieux potes, deux auteurs perdus de vue depuis longtemps.

Au final, ce recueil vaut bien, ici, quelques mots. Il a tant de charmes inattendus qui en font sa singularité.

Boileau-Narcejac. Deux écrivains français, auteurs de romans policiers, de la seconde moitié du XXème siècle. Un trait d'union les unit et les distingue. L'un, Pierre de prénom ; l'autre, Thomas. Un duo à quatre mains le plus souvent. L'intrigue pour l'un, la mise en mots pour l'autre. Une pléthore de titres à leur actif. Quelques recueils de nouvelles. Une bibliographie plus restreinte alors qu'oeuvrant séparément. Des titres adaptés au cinéma (« Les diaboliques, celle qui n'était plus », « Sueurs froides » sous la direction d'Hitchcock), d'autres pour la télévision.

En ces années 60's, prendre le luxueux « Calais-Méditerranée-Express », dit le Train Bleu, en période estivale c'était un peu comme, mais en moins chic, descendre la Nationale 7 en 2cv, Charles Trenet sur le siège d'à côté en passager d'auto-stop. « Il faut la prendre qu'on aille à Rome à Sète ; Que l'on soit deux trois quatre cinq six ou sept ». C'était retrouver, sur la route des vacances, des noms de villes alors magiques, sur les panneaux SNCF des verrières de gares, sur les bornes kilométriques rouge et blanche au ras du bitume.

« le train bleu s'arrête treize fois … » : Paris, Dijon, Lyon, Marseille, Toulon, Saint-Raphaël, Cannes, Antibes, Nice, Beaulieu, Monaco, Monte-Carlo, Menton … autant d'étapes (ou presque) sur le chemin de la délinquance aisée, celle de luxe, feutrée et silencieuse, celle des palaces et des belles demeures, de l'argent facile, des gens riches et des professions qui vont avec … une ou deux nouvelles échappent néanmoins à cette constante.

C'était, parallèlement, marmot sur la 7, partir à l'aventure entre glacière et toile de tente, duvets La Hutte et articles de plage, le nez collé au petit format d'une BD de quatre sous. C'était retrouver les cigales, la lavande, la caillasse sous le soleil, les bouchons à Orange, les pins-parasol et les palmiers, les anciens francs en poche pour prix des glaces en bord de plage. le tout pour qu'enfin, au détour d'un ultime virage, la mer « danse le long des golfes clairs ». La 7, ce sillon goudronné estival en amorce de la Côte d'Azur promettait du rêve tout du long des 11 autres mois de l'année.

« le train bleu s'arrête treize fois … » : ce fut, ces jours-ci, la promesse sucrée (tenue) de retrouver mon enfance et ma petite adolescence sous le soleil du Midi, mon âme de môme … même si je n'ignorais pas que le recueil allait libérer des criminels de papier, des victimes sous le tranchant des pages, le sang noir des caractères d'imprimerie, de la violence (tout est relatif car le plus souvent suggéré) et des larmes, des intrigues à la mise en abime boomerang … et surtout car il allait m'offrir ce « mauvais genre » policier dont on me privait étant jeune.

Boileau-Narcejac. Leur carrière commune s'étale de 1952 à 1991. Elle couvre, pour centrer mon propos, la totalité des Trente Glorieuses. Je ne les ai que peu lu durant les 80's et après. Ils ont fait partie, un temps, de mon histoire avec les mots, les romans et la littérature de gare.

La France de ces trois décennies-là : une époque bénie des dieux (loin du cliché du « C'était mieux avant »), le bonheur d'y vivre en tranquille insouciance du lendemain, un futur perçu serein qui ne se craquèle encore que peu, un éternel présent souriant sur le fil parfois monotone de jours perçus si semblables ; un hexagone anesthésié par le progrès en marche, hypnotisé par le N&B télévisuel et peu à peu envahi par la couleur sur la toile blanche des salles obscures …

Boileau-Narcejac s'immiscent en douceur dans cet éternel présent souriant. Ils y laissent s'infiltrer un monde resté ce qu'il a toujours été sous la croûte des apparences: sombre, hypocrite, sans pitié et violent, promis aux crapules, aux meurtriers, aux voleurs, aux escrocs, aux aigrefins ... à cette faune interlope qui peuple tout autant le roman policier que la vie elle-même. Sous la croûte dorée des palaces, des casinos, des belles demeures, des palais et des plages réservées s'agitent en rondes douceurs le vol, le hold-up, l'assassinat, l'entourloupe, la filouterie, la maffia, le demi-sel, le second couteau ... toutes ces joyeusetés délinquantes et criminelles qui font le sel et le piment du roman policier. Boileau-Narcejac , en contraste avec le background social de l'époque, réinvente(nt) le genre, le prive(nt) de son ronron d'énigmes classiques sous la houlette d'enquêteurs patentés, entre(nt) dans une forme de polar classieux, de thriller soft teinté de suspense constant.

De nouvelle en nouvelle, une présence de chaque instant, celle de la gent féminine. Pas tant celle, réelle, typée années 60's que l'autre, fantasmée par les deux auteurs et l'époque. Des seconds rôles de faire-valoir (discrets), de ceux de potiches, la Femme glisse vers les premiers plans (criminels). Celle qui, jeune et joli minois en avant, esthétiquement enthousiasmante, souriante et aguicheuse, minaude, vampe, manipule, ment, trompe, téléguide le mâle en émoi, ambitieuse et vénale. Par elle surgit presque systématiquement la mise en abime qui étonne, surprend, fait sourire. Celle avec qui ne pas flirter devient règle mais qui attire irrésistiblement. L'épouse, la maitresse ; celle convoitée, celle détestée ; celle qui empoisonne, poignarde, use du somnifère ; celle en bout de flingue, sa proie en ligne de mire ; celle qui dupe ou se fait duper ; celle qui gruge le sourire aux lèvres …. le sourire aux lèvres.

La une de couv, 2 minutes d'arrêt :

« Feuilleton » et « ORTF » imprimés en bas à gauche. L'un en lieu et place de « Série » et de « Saison » (Les modes passent, les intentions restent). L'autre pour un sigle qui rappelle aux téléspectateurs d'antan la chaine unique (allez-va, trois, et sans télécommande), les speakerines, le petit train d'«Interlude », la mire dans l'attente de l'ouverture des programmes ... En photo N&B : une mythique BB de la SNCF de 1957 (série 9200, quelqu'un ici me tapera sur les doigts si je me trompe), de celle à avoir forcé la vapeur des trains à se recycler dans les cocotte-minute Seb (je dis çà à la louche et ne vérifie rien). Bref, tout cela secoue la nostalgie des « jours heureux » de ce temps-là et ramène un bougre de vieux ronchon jamais content à ses 5-15 ans.

« Google images », 5 minutes d'arrêt : questionner au sujet du recueil, c'est, curieusement, ne ramener que peu d'éléments. Pas de chronique littéraire (à moins d'avoir mal fouillé). Quelques ventes en ligne d'occasion sur des sites dédiés (à des prix étonnants). Quelques clichés d'intégrales où il a sans doute été réédité. Quelques photos en noir et blanc tirés d'un feuilleton (je tiens au terme, si si .. !) télévisé, des acteurs oubliés (Servais, Ceccaldi, Pellegrin …). You Tube met les treize épisodes à disposition. J'ai retrouvé cette atmosphère de passé révolu, déjà palpable au coeur des nouvelles, dans cette manière d'antan de concevoir un film, dans sa lenteur de progression, dans le jeu des acteurs, dans cet esthétisme propre au noir et blanc des ombres et des contrastes.

Dernière remarque : les nouvelles sont présentées comme elles ont été conçues en amont des scénarios, elles gardent leur forme primitive, ne possèdent pas l'embonpoint dû aux dialogues surajoutés dans les films, ne s'en trouvent que plus affutées et précises encore, en plein coeur de cible … et çà, c'est le job parfait.

« Mesdames, messieurs, dans quelques instants notre train en provenance de Menton entrera en gare de Vintimille. Terminus du train. Avant de descendre, assurez-vous de ne rien oublier à votre place. La Sncf espère que vous avez passé un agréable voyage et souhaite vous retrouvez bientôt à bord du Train Bleu »
Lien : https://laconvergenceparalle..
Commenter  J’apprécie          143


Videos de Boileau-Narcejac (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Boileau-Narcejac
1960. Meurtre en 45 tours, film français réalisé par Étienne Périer, d'après le roman À cœur perdu, avec Danielle Darrieux, Jean Servais et Michel Auclair.
autres livres classés : recueilVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

et mon tout est un homme

Le livre est écrit sous forme de lettre ou rapport , à qui est-elle adressée ?

Au préfet
Au Dr Marek
Au président de la république

10 questions
361 lecteurs ont répondu
Thème : Et mon tout est un homme de Boileau-NarcejacCréer un quiz sur ce livre

{* *}