Je laisse glisser sur moi les regards qui n'existent que par les autres.
Il fait nuit encore.
Impossible de noter dans mon carnet les idées qui me viennent.
J'essaie de les retenir à pleines mains mais cela déborde de tous
côtés.
Il me faut attendre le point du jour ;
J'essaierai d'en perdre le moins possible.
Je suis le marcheur.
Sans bruit, je distribue mes pas comptés.
Ce n'est pas avarice de ma part ;
Je suis simplement économe des fatigues quotidiennes qui
égratignent
Ma liberté d'aller et réduisent mes capacités d'errance.
(Je ne suis qu'un voyageur)
Lisons la poésie aux politiques, aux chefs d'entreprise,
Aux classes moyennes, aux ouvriers, aux chômeurs,
Aux analphabètes
A tous ceux qui ne comprennent plus leur langue.
Elle n'est pas une leçon mais une image du monde
Qui rassemble et unit
Union charnelle de l'esprit et des mots qui ouvre à
Une mutuelle RE-connaissance
POETRY IS THE FUTURE
La poésie est une nation sans drapeau, sans frontière
Où naissent des enfants qui ne sont pas seulement des
Allocations familiales.
[...]
La poésie se profère.
(Je ne suis qu'un voyageur)
Longtemps des poètes je n'ai lu que les préfaces des recueils
posthumes.
[...]
Je suis le théoricien poétique de la physique quantique.
Les poètes devraient être proposés pour les prix
Nobels.
La poésie est vivante
Elle a ressuscité.
Elle est le futur d'une langue à l'agonie.
Elle a ressuscité parce qu'elle est
UNIVERSELLE
Et porteuse d'un amour total, universel lui aussi.
La poésie est un art,
L'ultime perception du cerveau humain,
(Je ne suis qu'un voyageur)
Depuis mon absence
Tu me suis à la trace
Sur l'écran plat de ton ordinateur.
J'y laisse mes indices
A petits coups de carte bleue.
[...]
Tu sais le lieu, l'heure, la somme.
Tu imagines le repas pris
Après des heures de marche
La bière bue
Pour délasser le corps et l'esprit
La chambre d'hôtel miteuse
Où je dormirai seul.
En doutes-tu ?
Je ne serai plus là mais
Sans trahir notre secret
Encore un peu vivant pour toi.
(Le pays qui n'est pas)
Laissons la poésie envahir le monde.
Sa simplicité, seule, est capable de l'enchanter.
Qu'elle soit d'ici ou d'ailleurs, elle est là pour être proférée.
[...]
Ouvrons la poésie aux épiceries, aux bistrots où l'on gagne du temps,
Aux halls de gare où l'on pleure trop souvent.
(Je ne suis qu'un voyageur)