Que n'obtiendrait-on pas en créant des routes dans le royaume (du Cambodge) et dans le Laos, où elles sont inconnues ! Il a suffit qu'une maison française montrât de l'intelligence et de la persévérance dans l'initiative pour que les cambodgiens, renonçant aux produits anglais et indiens, adoptassent nos cotonnades. Nous ne raisonnons donc pas sur des hypothèses en affirmant, après tant d'hommes compétents, que, par l'Annam d'un côté et le Cambodge de l'autre , notre commerce, éclairé par des consuls établis aux marchés principaux et près des roitelets locaux, renseigné enfin par des missions d'exploration géographique, sera, quand nous le voudrons, maître de tout le Laos et réalisera, pacifiquement, le rêve aujourd'hui plus qu'à moitié mûr de l'Indo-Chine française.
Le roi, dont le nom annamite signifie tout aussi bien empereur, est un prince dont la tradition, beaucoup plus que l'ensemble des lois locales, dérivées d'ailleurs des lois chinoises, forme le code. Emmailloté par son ministère des Rites, il vit de et par l'étiquette. Tout manquement à celle-ci peut être puni de mort : les têtes ne coûtent pas plus à couper en Annam que les asperges dans notre sentimental Occident.