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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Non, il ne faut pas toujours se fier à sa première impression !
J'avais deux raisons, qui me paraissaient excellentes pour découvrir ce livre ;
tout d'abord son titre, Berlin Requiem, qui a fait gambader mon esprit vers la ville fascinante des années 20 et, sous la botte nazie, épouvantable des années 30 et 40 pour finir vaincue et martyrisée à la fin de la guerre.
et puis ... il y avait Furtwängler un des plus grands chefs d'orchestre du 20è siècle, dont j'imaginais que cet ouvrage allait me permettre d'appréhender la personnalité et le mystère, celui d'un artiste, qui, bien qu'opposé au nazisme, s'est senti incapable de quitter son pays. Pourquoi ?


L'avant propos annonce la détermination du chef dès la prise de pouvoir de Hitler :"fallait-il continuer à faire de la musique sous un régime d'une telle férocité ? Au fond, était-il possible de séparer la musique et l'art de la politique ? Furtwängler estimait qu'art et politique n'avaient rien à faire ensemble et que continuer à faire de la musique sous le régime hitlérien était un acte de résistance." Etait-il aveuglé par sa mission ou tout simplement naïf ?


Hélas, je suis restée cruellement sur ma faim.
En effet, le maestro, tel que nous le décrit l'auteur, n'apparaît comme rien d'autre qu'un fantoche des pontes nazis. Il n'a pas de chair, on ne le sent pas exister ... Jamais l'âme et les tourments de cet immense artiste n'affleurent dans la plate évocation qu'en fait Xavier-Marie Bonnot !
Curieusement les deux personnages inventés par l'auteur, en l'occurrence la cantatrice Christa Meister et son fils, le jeune Rodolphe qui deviendra chef d'orchestre, ont beaucoup plus de réalité ! Xavier-Marie Bonnot leur a transmis une véritable épaisseur, tant physique que psychologique, ce dont est totalement dépourvu Furtwängler, dont la personnalité devrait pourtant éclairer cet ouvrage qui lui est en partie consacré. Ce n'est qu'en toute fin d'ouvrage que l'on sent percer l'humanité du maestro, mais c'est un peu tard !


Bien sûr, l'ouvrage fait le tour (très rapide) des événements essentiels de cette sinistre période : incendie du Reichstag, nuit des longs couteaux, nuit de cristal, rafle du Vel d'Hiv, horreur des camps de concentration et évocation de l'orchestre de femmes du camp d'Auschwitz ....

Mais pourquoi ce titre de Berlin Requiem que rien ne justifie ?
J'attendais une plongée dans la ville, ses malédictions, ses souffrances, les ravages de la guerre et de la folie de ses dirigeants. Mais à part un seul court moment où les musiciens déambulent dans les ruines de Berlin à l'agonie, la ville n'apparaît que comme un décor de carton-pâte !
Alors, passons pour le requiem !
Quant à la musique, à part quelques vagues allusions aux répétitions d'orchestre et la citation des oeuvres de Beethoven, Wagner et Brückner, il n'en est guère question. Tout ce que l'on sait, c'est que Furtwängler vit par et pour la musique, car l'auteur nous le dit, sans jamais nous le montrer ! Jamais au grand jamais, on ne sent battre le coeur de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, auquel son chef tenait tant ! quel dommage.

Furtwängler, sa seule défense sera, après guerre, d'invoquer que "l'art doit se placer au dessus de la politique". Défendu par Yehudi Menuhin pour sa protection envers les musiciens juifs de l'orchestre, mais condamné par Thomas Mann, un des géants de la littérature germanique, ayant fui le nazisme dès 1933, qui lui écrit : "vous êtes le plus grand chef du siècle et c'est pour cela que je ne peux pas vous pardonner. Vous ne deviez pas, par votre présence en Allemagne, apporter quelque caution que ce fût, même passive, à la barbarie" page 141.
A chaque lecteur de réfléchir sur le comportement de ce chef d'exception, car Xavier-Marie Bonnot, par son propos, n'aide pas le lecteur à le comprendre !

En outre, pour parfaire le désastre. tout cela nous est conté de manière très factuelle dans un style froid et plat ; c'est sans vie et sans relief. On est loin, si loin des évocations sidérantes de la vie au camp d'Auschwitz dans le choix de Sophie de William Styron. Et sans aller jusqu'au génie de Styron, on est également à des parsecs de l'ambiance pesante et irrespirable que Philip Kerr a su insuffler dans sa trilogie berlinoise et tous ses autres ouvrages consacrés à cette période !

Tout cela, hélas, exhale un relent d'encyclopédie vite digérée et non moins vite retranscrite à la sauce littéraire !
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