AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 103 notes
5
20 avis
4
10 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1954, Rodolphe Meister va diriger la Neuvième symphonie de Beethoven à la salle Pleyel, il arrive en avance pour sentir le public, l'apprivoiser. Succès total, ovation pour le jeune chef.

Le passé revient le hanter : Berlin, les dignitaires nazis qui se targuent de musique et veulent l'utiliser comme outil de propagande, tentant de manipuler pour ce faire le grand chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler. Il a rencontré ce génie alors qu'il allait assister à une répétition, sa mère Christa étant une cantatrice réputée. Lorsque le Maître le hisse près du pupitre, Rodolphe remarque qu'il n'est pas à la bonne page de la partition lors de la pause, celui-ci lui explique que le chef doit connaître toute la partition par coeur. Rodolphe décide qu'il deviendra plus tard chef d'orchestre lui aussi.

Durant l'hiver 1932, Wilhelm Furtwängler, qui doit donner le soir-même en concert « le Requiem allemand et Première symphonie de Brahms est sommé de se présenter devant Hitler, déjà persuadé que la victoire aux élections ne lui échappera pas. Ce qui donne une entrevue d'anthologie entre les deux hommes !

Il pense que musique et politique n'ont rien à faire ensemble et que jamais Hitler ne sera élu, puis que cela ne durera pas, c'est impossible, les gens réfléchissent quand même ! Pourtant, il y a déjà des affiches partout, des agressions de personnes juives.

Il va tenter de tenir son cap quand même contre vents et marées, malgré les convocations de Goebbels, ou de Göring qui se détestent cordialement mais sont prêts à unir leurs forces pour intimider, menacer le Maître.

Rodolphe est alors âgé de huit ans, il est amoureux d'Eva, sa nurse, ouvertement pro-nazie, au grand dam de sa mère Christa, toujours en tournée, alors il faut bien lui faire payer ses absences. Elle a compris le danger, tout comme le Premier Violon qui s'exile à Paris. Goebbels tente de la séduire aussi mais, elle ne cède pas, alors il va lui dénicher un grand-père juif.

« Attendre sa mère, attendre sa voix à travers un combiné que retient un fil. Écouter la douceur de cette voix, rien que pour lui, et pas pour un public dans la pénombre. »

Rodolphe a une autre cause de souffrance, il ne sait pas qui est son père, Christa ayant eu plusieurs liaisons en même temps pour tromper l'angoisse, la solitude des tournées où elle a tendance à boire aussi. Autre source de grief.

On va revivre de l'intérieur la montée du nazisme, la prise du pouvoir, la nuit des longs couteaux, la nuit de cristal, à travers les yeux de Rodolphe et de Wilhelm Furtwängler

Christa finit par choisir l'exil à Paris aussi mais la guerre arrive et plus personne n'est à l'abri, tandis que l'entreprise d'extermination des Juifs se met en place inexorablement, la bête immonde ne rampe plus…

Dans le prologue, l'auteur nous prévient que : « seuls, les personnages de Christa et Rodolphe Meister relèvent de la pure fiction, les autres appartenant à l'histoire la plus sombre de l'humanité, celle du Troisième Reich ». Mais Xavier-Marie Bonnot a su leur donner une telle puissance qu'on les sent aussi vivants que les personnages ayant réellement existé.

Une scène est particulièrement intense : les nazis obligent Furtwängler à jouer la Neuvième symphonie pour l'anniversaire d'Hitler alors que celui-ci ne vient pas et il doit s'exécuter devant une chaise vide !

J'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'auteur, découvert avec « Les vagues reviennent toujours au rivage » qui m'avait beaucoup plu j'ai encore deux romans dans ma PAL : « le tombeau d'Apollinaire » et « Néfertari dream »

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur et ce livre,vous l'aurez compris est un immense coup de coeur et comme toujours dans ces cas-là, ma chronique me laisse insatisfaite; j'espère vous avoir convaincus que cette lecture est indispensable.

#BerlinRequiem #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          482
Coup de projecteur sur l'Allemagne de 1933 à 1962 à travers le récit de deux allemands opposés aux idées nationales socialistes : de la montée du nazisme au pouvoir au procès d'après-guerre en passant par la gouvernance même d'Hitler de 1939 à 1945.

Premier récit , celui de Wilhelm Furtwanger: un imminent chef d'orchestre, de renommée internationale, et bien que contre les idées prônées par le Reich, est contraint par Hitler et sa garde rapprochée (Goebbels et Goerin) de rester sur le territoire allemand, sous peine de représailles envers ses proches.

Autre regard, celui de Rodolphe Meister: le garçon de Christa Meister, célèbre cantatrice, qui, parce que farouchement opposée au gouvernement allemand, quittera l'Allemagne avec son fils et sera internée à Birkenau.

Un double témoignage saisissant et réaliste qui interroge une fois de plus sur la démesure tragique des événements de cette époque et l'opiniâtreté des alliés de trouver des coupables coûte que coûte une fois le conflit armé terminé.
Commenter  J’apprécie          140
Entre fiction et réalité, le destin croisé et tourmenté de Rodolphe jeune chef d'orchestre et celui d'un maître incontesté de la musique Wilhelm Furtwängler qui mena l'orchestre philharmonique de Berlin à son apogée.
On suit avec beaucoup d'émotion Christa la cantatrice et son fils Rodolphe hanté par le mystère de son père dont il modélisera une figurine de substitution.
Xavier-Marie Bonnot immerge le lecteur dans l'Allemagne de 1938 où la montée de l'antisémitisme suscite de nombreuses inquiétudes et délivre une réflexion sur la responsabilité personnelle et collective, de même plus globalement quel est le rôle de l'artiste dans la vie publique, à quelle fin de propagande l'art sous toutes ses formes peut-il être utilisé ?
Furtwängler tourmenté par des choix difficiles plaçait la musique (et par extension toute forme d'art) au-dessus de toute considération morale ou politique.
Le style est clair précis et parfois très imagé. le roman se lit d'une traite avec un suspense permanent jusqu'au dénouement final.
Un bel opus émouvant proposé par Xavier-Marie Bonnot.
Commenter  J’apprécie          134
Berlin 1934, les nuages noirs s'accumulent.
Ils s'accumulent sur la tête de Rodolphe, jeune garçon de 9 ans dont la mère la grande cantatrice Christa Meister a toujours refusé de lui dire qui est son père.
Et portant Rodolphe est fasciné par les beaux uniformes que portent les nazis, et est influencé par Eva l'employée de maison qui s'occupe de lui lors des absences bien trop fréquentes de sa mère, et qui il en est sûr l'épousera lorsqu'il sera grand.
Christa Meister, elle ne se fait pas d'illusions sur ce que sont vraiment Hitler et sa clique, même si elle a chanté pour le Führer, elle ne se cache pas pour dire tout haut ce qu'elle pense.
Les nazis vont alors lui découvrir un ancêtre juif, ce qui suffira à la mettre au ban de la société.
Elle décidera alors dès 1938 de se réfugier à Paris avec Rodolphe, même si quitter l'Allemagne est un véritable déchirement pour les deux.
Mais les armées nazies ne tarderont pas à les rattraper.
Pendant ce temps, le chef d'orchestre Wilhem Furwängler continue à diriger l 'Orchestre philharmonique de Berlin, essayant par son influence sur les plus hauts dignitaires nazis de sauver les musiciens juifs du philharmonique.
Mais même si Furwängler n'a pas totalement adhéré aux idées nazies, il ne les a pas non plus dénoncées, ce qui lui vaudra bien des problèmes après-guerre
Et ce n'est qu'en 1954, au soir de la vie du grand chef que Rodophe fera sa connaissance mêlant ainsi sa propre histoire avec la grande histoire.
L'auteur nous fait ici un superbe récit mélangeant à la fois biographie de Wilhem Furwängler au cours des années noires de l'Allemagne qui est resté à Berlin se compromettant ainsi à jamais, et le parcours Christa et Rodolphe Meister personnages de fiction qui eux ont fui.
Commenter  J’apprécie          120
Paris, le 6 mai 1954. Rodolphe a vingt-neuf ans. Il est chef d'orchestre et, ce soir, il a dirigé la Neuvième symphonie de Beethoven. A son retour, sa mère l'informe que son imprésario a téléphoné : « le Théâtre national du Danemark cherche un chef pour Tristan et Isolde. » (p. 18) Christa connaît les raisons de l'hésitation de son fils : cet opéra en trois actes a été composé par Wagner, celui que les nazis aimaient tant. Elle lui indique qu'il s'agit de remplacer le célèbre maestro, Wilhelm Furtwängler. Elle ajoute que c'est un devoir pour lui d'accepter. Rodolphe a été Résistant et sa mère a été déportée. Aussi, avant de prendre sa décision, il accepte de rencontrer Furtwängler. Les deux hommes, chacun de leur côté, se sont interrogés sur ce qui avait permis l'arrivée d'Hitler au pouvoir. L'un était un jeune enfant, l'autre, un artiste adulé par une nation entière et son image a été utilisée par la propagande nazie.


Dans l'avant-propos, Xavier-Marie Bonnot précise que « seuls les personnages de Christa et Rodolphe Meister relèvent de la pure fiction. Les autres appartiennent à l'histoire la plus sombre de l'humanité, celle du Troisième Reich » (p. 9).


En 1932, quand il avait sept ans, Rodolphe avait rencontré Wilhelm Furtwängler. le petit garçon vivait seul, à Berlin, avec sa mère, une cantatrice talentueuse. Elle se produisait sur les plus grandes scènes et il souffrait de ses absences. Il était souvent gardé par Eva, une Allemande de dix-huit ans, qui admirait Hitler. Aussi, il était lui-même fasciné par le nazisme, puisque son rêve de gamin était d'épouser la jeune fille. Christa avait « choisi la rébellion » (p. 123), refusant, par exemple, de faire le salut nazi. le parti lui avait alors trouvé un grand-père juif et, en 1938, elle avait dû quitter l'Allemagne avec son enfant. Ils s'étaient réfugiés à Paris. Hélas, la France occupée n'a plus été un abri et la cantatrice a été emmenée à Birkenau.


En 1933, le Reich et Hitler avaient confié la responsabilité de l'Orchestre philharmonique de Berlin à Wilhelm Furtwängler. Alors que Goebbels avait ordonné que plus aucun Juif ne devait jouer dans un orchestre, Furtwängler a profité de son statut pour sauver des musiciens Juifs de la déportation. Refusant de mêler l'art à la politique, il a démissionné de ses fonctions, mais les nazis ont utilisé sa notoriété dans leur propagande. Après la guerre, il lui sera reproché de ne pas avoir quitté l'Allemagne. Thomas Mann lui a écrit que ce choix avait apporté « une caution passive aux nazis », alors que Yehudi Menuhin l'a soutenu. L'auteur décrit la complexité de la position de Wilhelm Furtwängler. Il a été forcé à certaines compromissions, mais il estimait que rester et continuer à faire vivre la musique était sa manière de résister. Xavier-Marie Bonnot dépeint les doutes qui ont agité le chef d'orchestre et l'image qu'il a renvoyée. Ce roman relate, également, les accusations perpétrées contre lui, après la guerre, ainsi que sa comparution judiciaire. le passage au sujet de son procès m'a fortement émue.


L'art peut-il se placer au-dessus de la morale ? C'est la question que pose l'auteur, à travers l'histoire de Wilhelm Furtwängler et celle de Christa et son fils, ce qui lui permet d'apporter plusieurs réponses à cette interrogation. La vision de Rodolphe enfant se joint à sa perception d'adulte, il raconte l'évolution de celle-ci, à la lecture des évènements qu'il a vécus. J'ai adoré Berlin Requiem, qui rappelle que chaque acte, que chaque parole et chaque refus pouvait conduire dans les camps de la mort et que ces mêmes faits ont été perçus de manière contraire, après la guerre, avec le prisme de l'Histoire. Pour prolonger la lecture, j'ai écouté les oeuvres citées dans le livre, car les descriptions de Xavier-Marie Bonnot ont attisé ma curiosité.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          120
‶ L'art doit se placer au-dessus de la politique. ″

Dans le début des années 30, en Allemagne, Christa est une chanteuse lyrique renommée, adulée. Elle joue dans les meilleures salles, dirigée par les meilleurs chefs d'orchestre du moment ; Furtwängler en particulier, maestro bien connu des mélomanes à qui l'on doit de nombreux enregistrements encore de référence de nos jours. Furtwängler s'est notamment illustré dans la musique allemande et autrichienne. Il a donné au philarmonique de Berlin ses lettres de noblesse.
Nous sommes en 1932, les nazis sont aux portes du pouvoir en Allemagne. Les artistes sont priés de se mettre à disposition du régime ; la culture, en particulier la musique est une des vitrines de la doctrine nazi.
Christa Meister, à qui l'on découvre une ascendance juive s'enfuie avec Rodolphe son fils.

Comme beaucoup d'artistes, Furtwängler eût des comptes à régler à la fin de la guerre. Si certains, comme Karajan, ou Elisabeth Schwarzkopf ont été mouillés avec le régime, Furtwängler ne s'est jamais engagé bien qu'il fût resté en Allemagne, d'abord pour aider se son mieux ses musiciens, puis parce qu'il ne fallait pas mélanger la politique et l'art.
Rodolphe, suivra luis aussi une brillante carrière musicale, jusqu'à être désigné par le maestro Furtwängler mourant pour le remplacer au pied levé. La rencontre des deux artistes fait l'objet de la dernière partie du roman et donne tout son sens à ce dernier.
Habilement construit, car non linéaire, ce roman mêle à la fois le réel, et la pure fiction. Si tout ce qui touche à Christa et Rodolphe est né de l'imagination de l'auteur, Furtwängler, et le troisième Reich sont bien réels.
Quand le vrai et l'inventé se rencontrent, cela donne un opus passionnant sur la transmission, l'héritage, le rôle de l'artiste dans la vie publique, la place de l'art et son utilisation à des fins de propagande.
J'ai été littéralement happée par ce roman. Je connais de longue date la question des liens ambiguës et/ou serrés entre certains musiciens et le régime nazi. le cas Wagner agite d'ailleurs encore de nombreux esprits (sa musique est encore de nos jours, interdite d'exécution en Israël). Il est heureux qu'un romancier s'empare du sujet, et sans porter de jugement, remette quelques vérités à leurs places.
Si j'ai assez vu venir les choses à propos de Wilhelm et Rodolphe, si la ficelle est parfois un peu trop voyante, j'ai trouvé cet aspect de l'histoire avait un côté touchant et beau, tout simplement.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          120
Des chefs d'orchestre allemand, je ne connaissais que Karajan (dont on a étrangement découvert peu après sa mort qu'il avait été membre du parti nazi).

Wilhelm Furtwängler m'était totalement inconnu. Il faut dire qu'il est mort peu après la seconde guerre mondiale.

Dans son dernier ouvrage, Xavier-Marie Bonnot tisse son roman autour de ce chef d'orchestre qui savait vivre et faire vivre la musique comme personne.

J'ai découvert un homme patron de la philharmonique de Berlin qui ne voulait pas croire aux nazis et qui a tenté de protéger ses musiciens juifs exceptionnels jusqu'au bout.

Si il ne s'est pas opposé pleinement au régime, il a été contraint de jouer pour un anniversaire du petit caporal.

En parallèle, nous suivons Rodolphe Meister, fils de la célèbre cantatrice Christa Meister, contrainte de s'exiler à Paris car un de ses grand-père était juif.

J'ai aimé découvrir cet homme tourmenté dans une période difficile à qui il sera reproché sa supposée collaboration.

J'ai aimé que l'auteur me fasse découvrir une Allemagne qui ne croit pas forcément aux promesses du NSDAP, mais qui n'a pas le choix face aux espions en pagaille. Une Allemagne qui souffrira à la fin de la guerre avec l'avancée et la présence des Russes qui ne font pas de quartier.

L'histoire de Rodolphe m'a moins touchée.

J'ai eu de la peine pour Furtwängler qui tente vainement de se défendre devant un tribunal qui l'a déjà condamné.

J'ai aimé que certains grands musiciens parlent dans le roman pour exprimer tout le talent de ce grand chef d'orchestre (Yehudi Menuhin, entre autre).

Les temps sont durs pour les rêveurs, et la vie a été cruelle pour ce musicien.

Un roman qui m'a transporté dans une capitale allemande pleine de musique et d'hommes qui tentent de vivre dans un pays à la politique mortifère.

L'image que je retiendrai :

Celle des symphonies écrites par Furtwängler à la fin de sa vie.
Lien : https://alexmotamots.fr/berl..
Commenter  J’apprécie          110
Berlin requiem raconte le parcours, presque pas à pas, de Furtwängler des années trente jusqu'à sa mort en 1954. Soit, les débuts du nazisme et sa montée au pouvoir, la guerre, les règlements de compte d'après guerre et sa dernière ligne droite.

Ce n'est pas un livre d'histoire quoique très documenté et Xavier-Marie Bonnot ainsi qu'il l'annonce en avant propos et afin d'étoffer son roman, imagine deux personnages, Christa Meister, cantatrice, et Rodolphe, son fils.

Furtwängler, n'ayant pas quitté l'Allemagne nazie, et ayant continué à se produire en scène dont des concerts lors d'événements nazis, il fut jugé à Vienne puis Berlin, et innocenté.

Citons quelques extraits d'une lettre de Yehudi Menuhin, venu à son secours.
Cet homme n'a jamais été membre du parti ni occupé des fonctions officielles.
Il a risqué sa vie pour protéger amis et musiciens de son orchestre.
Je ne crois pas que le fait d'être resté dans son pays soit de nature à justifier une condamnation.

Idem. extraits d'une note de Furtwängler.
L'Allemagne n'était pas une Allemagne nazie, mais une Allemagne dominée par les nazis.
Le fait que je sois resté est la meilleure preuve qu'il y a une autre Allemagne.

Rajoutons que beaucoup ont parlé de la naïveté politique de Furtwängler manipulé par les nazis. Qu'il a dirigé sous pression pour les nazis, sans ferme opposition certes, mais qu'aurait il risqué lui ou ses proches.
Enfin, Speer lui conseilla de quitter l'Allemagne en débâcle car il était sur la liste de la Gestapo des gens à éliminer.

Par delà Furtwängler, le livre pose la question, la musique, les arts et on pourrait étendre la réflexion à d'autres domaines, rester apolitique, prendre parti. Rien n'est simple.

Berlin Requiem agréablement écrit et construit, nous interroge et nous enrichit.
Le recours à deux personnages de fiction se discute. L'histoire est bien agencée mais cela aurait il plu à Furtwängler et ses proches, ce que je vous laisse découvrir en fin de livre.

Faut il ne plus lire Céline car il vira antisémite ?
Faut il ne plus écouter Beethoven car c'est un homme dixit une féministe excessive ?
En dictature faut il quitter le pays. ?
Fallait il etc.

Savoir mesurer les choses, savoir mesurer les risques, savoir agir à hauteur de ce que l'on peut, savoir se dépasser. Facile à écrire. Je l'écris.
Commenter  J’apprécie          90
J'ai apprécié ce livre très bien écrit qui a pour toile de fond la montée du nazisme, son apogée et sa chute avec comme personnage principal le grand chef d'orchestre Wilhelm Fürtwangler.

Cet amoureux de la musique qui place son art au-dessus de tout est confronté à un dilemme douloureux : élu par Hitler qu'il méprise, comme l'éminent représentant artistique de l'Allemagne, il renonce à certaines fonctions mais continue à assurer la direction de la Philharmonique de Berlin protégeant autant que faire se peut ses musiciens dont le tiers est juif.
Beaucoup s'exileront mais Fürtwangler ne peut se soumettre à ce choix.

Deux personnages fictifs, une célèbre cantatrice Christa Meister et son fils Rodolphe qui succédera dans le livre à Fürtwangler apportent une note sentimentale au roman avec une jolie chute.

Nous sommes plongés dans cette terrible période avec sa cruauté, ses personnages monstrueux, les Himmler, Goebbels, Göring et le pire de tous, Hitler. Ressurgissent les terribles images des camps que Christa Meister va connaître car considérée comme juive. Elle échappera aux fours crématoires en raison de sa notoriété.

L'imbrication des histoires personnelles et artistiques en fait un livre que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ; Fürtwangler apparaît comme un personnage introverti habité par la musique et piégé par le régime nazi. Soupçonné d'intelligence avec le régime nazi, il sera lavé de tout soupçon en 1946.
Commenter  J’apprécie          80
Ce roman s'inspire de la vie du chef d'orchestre Fürtwängler et s'intéresse à son comportement durant la Seconde Guerre mondiale (bien que s'opposant aux nazis, il resta en Allemagne pour diriger l'orchestre de Berlin et participa ainsi à la propagande nazie). Il suit par ailleurs le parcours, cette fois imaginaire, de la chanteuse lyrique Christa Meister et de son fils, alors que les nazis prennent le pouvoir.

Le mélange de réel et de fiction dans un roman est toujours délicat, et je suis souvent réservé sur ce type d'ouvrage, ne sachant pas quels éléments sont inventés ou vécus. Mais ici, je n'ai aucune réserve, le mélange est parfaitement réussi, permettant de s'interroger sur les relations de Fürtzwängler avec les nazis tout en ajoutant une intrigue romanesque passionnante liée à la famille Meister (avant, pendant et après la guerre).

Le sujet est donc très intéressant (Fallait-il rester en Allemagne ou fuir ? Qui sont les plus courageux, ceux qui sont restés pour s'opposer ou ceux qui ont tout abandonné pour lutter à distance ?), son traitement bien pensé et le texte joliment écrit (malgré quelques passages descriptifs ou métaphoriques un peu longuets à mon goût). Une vraie réussite.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (274) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}