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EAN : 9782380823028
Anne Carrière (05/04/2024)
4.88/5   8 notes
Résumé :
Gustave Courbet est mort en 1877. Il est désormais un spectre. C'est Elle qui l'a rappelé sur terre, une jeune fille de quinze ans qui se revendique de sa lignée et réclame son droit à l'anticonformisme et à l'excès - surtout, la liberté de vivre sa grande histoire d'amour avec George, un garçon magnétique aux contours flous et parfois inquiétants. Gustave, condamné à errer entre deux mondes et à la suivre pour une durée indéterminée, devient le témoin de cette pass... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quand Saturation de Thael Boost est sorti, j'en ai tout de suite parlé dans 20 minutes (lien vers la chronique ci-dessous).

Pourquoi ? J'étais très curieuse de découvrir ce livre, qui marque le passage à la fiction d'une autrice qui m'avait bouleversée avec La mère à côté, sur la vieillesse de sa propre mère. le tournant n'était pas évident... mais il est extrêmement réussi.

Évidemment, on pourrait ouvrir le débat : autofiction ou pas autofiction ? Certes, le livre n'est pas écrit à la première personne, mais à la deuxième : c'est le peintre Courbet qui s'adresse à une héroïne dont il occupe les pensées, pour revenir sur sa grande histoire d'amour. Si quelqu'un utilise la première personne, c'est Courbet – mort en 1877. Mais l'héroïne (dont il connaît les pensées mieux qu'elle-même) pourrait être l'autrice...

Au final, peu importe : on est vraiment dans le domaine de la fiction, celui où la frontière avec son histoire personnelle est partout et nulle part, et où on arrête rapidement de se poser la question. Pour ma part, j'ai fini par réaliser que j'avais complètement adhéré à l'idée que c'était Courbet lui-même qui avait écrit et raconté l'histoire, en s'adressant à une femme qui aurait pu être moi.

A la clé, un livre que j'ai lu d'une traite, avec beaucoup d'admiration : on croit avoir tout lu sur les histoires d'amour qui finissent mal, et en général c'est vrai, mais pourtant, de temps à autre, une autrice nous prouve qu'on n'avait pas tout vu...
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Dans les yeux de Gustave

« Nous avons besoin d'amour et de fantômes pour espérer traverser cette existence avec force et exaltation »

D'amour et de fantômes, deux mots qui se promènent tout au long du deuxième ouvrage de Thael Boost. le fantôme, c'est le spectre de Gustave Courbet, ce peintre anticonformiste qu'Elle apprécie tant, celui en qui elle se reconnaît. Est-ce son modèle depuis qu'elle l'a rencontrée sur une couverture d'un livre ? L'amour, c'est celui qu'elle voue les yeux fermés à Georges, celui qui lui permet l'émancipation, le rêve et croit elle la liberté.

« Tu t'y soumets en toute liberté, avec la foi des pèlerins envers l'infini. »

Soumettre en toute liberté, est-ce à dire que l'amour rend aveugle ? Ou plus exactement, à l'instar d'un artiste, qu'il faut de nombreux essais, échecs (rupture et réconciliation) pour enfin être libre ? Est-ce accepter d'être qu'un faire-valoir par amour ?
Une question existentielle, une question fondamentale à laquelle Gustave essaie d'apporter sa contribution en regardant la vie d'Elle et de Georges, en comparant les désagréments ou les joies à sa propre oeuvre. Saturation est aussi une ode à la création.

« On confond souvent amour et possession. Cela ne signifie nullement que les deux ne peuvent coexister, ils ne devraient cependant jamais fusionner. Et surtout pas justifier l'une au nom de l'autre. »

Être libre, c'est aimer sans être possédé(e), c'est être capable d'oser saisir sa chance, d'être soi et non celle que l'on veut qu'elle soit. C'est peindre une toile que d'aucuns jugent blasphématoire, c'est s'opposer aux idées reçues, c'est des nuits qui ne sont plus hantées. Et c'est tenir le coup, avancer sans se retourner, sans regretter.
« Même dans une nature morte, le bois est plus vivant que ce que tu traverses durant cette période dans l'ombre de votre relation. »

L'écriture est aérienne, mélodique, poétique, littéraire. Elle dépeint les émotions, les joies et les doutes, elle fait baigner le lecteur dans une atmosphère, une bulle que l'on quitte à contre coeur en refermant l'ouvrage. Chaque chapitre est une contemplation d'une nouvelle oeuvre, des détails que l'on découvre, des indiscrétions sur sa création.

Une playlist musicale, des noms de chapitres Tableaux de Gustave, on n'arrive jamais à Saturation. On apprend, on s'enrichit, on réfléchit. 
N'est-ce pas là trois éléments majeurs de la lecture ? Assurément les ingrédients d'un très bon livre.

Saturation sort le 5 avril.
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Que penserait Gustave Courbet de notre époque ? Lui, l'anticonformiste, le scandaleux, le sulfureux, celui qui place l'origine du monde là où personne n'ose regarder ? Thael Boost l'imagine, parmi nous et aujourd'hui. “Sans doute aurais-je aimé peindre les visages éreintés des caissières face aux caddies vomissant leur contenu sur les tapis roulants.”

Mort en 1877, il apparaît dans ce livre sous la forme d'un spectre. Il décide, un peu par hasard, un peu par intuition, de s'arrimer à une jeune fille. “J'ai immédiatement su que tu pouvais te revendiquer de ma lignée et j'ai senti la catastrophe qui s'annonçait.” S'il s'adresse à elle dans ce récit, il ne peut qu'observer, fantomatique et impuissant, sa muse tomber amoureuse de George. À mesure que les années passent, l'amour devient passion, excès, abus. Jusqu'à saturation.

En chaque scène il imagine un tableau. Avec un vocabulaire un rien désuet, quelques expressions nouvelles et un brin de prétention pas forcément posthume, il pointe les similitudes - plus que les différences - entre les deux époques. “Une fresque de rue, comment vous appelez ça déjà ? Ah oui, un tag !”

La fréquentation des modernes offre aussi à Gustave un nouveau point de vue sur sa carrière, ses éclats, ses amours, ses regrets - “bon sang, j'aurais dû y penser de mon vivant !” -, son amitié houleuse avec Charles Baudelaire, mais surtout sur ses oeuvres, au rythme d'une toile par chapitre. le roman expose la fougue créatrice qui éclabousse, au-delà du peintre, au-delà de l'art, au-delà de l'au-delà, les âmes passionnées d'aujourd'hui en quête de liberté.
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Je crois aux fantômes. Je crois que la mort ne sépare pas ceux qui s'aiment. Je crois aux histoires folles, intenses, trop intenses. Je crois qu'il est possible de tomber amoureux d'un tableau. Je crois aux rencontres improbables qui se produisent grâce aux livres. Je crois que la beauté peut nous sauver de tout. Je crois en la puissance des femmes. Des mots. Des images.

Il y a un peu de toutes ces croyances dans Saturation. le texte est porté par une voix célèbre, celle de Gustave Courbet, fantôme un peu cabot qui regarde avec tendresse la jeune femme qui découvre l'amour sous ses yeux. Un amour incandescent qui bientôt se teinte de noir et de boue. Et l'élan qui permettait l'envol disparaît. A terre, on s'enlise.

J'ai appris beaucoup de Gustave Courbet dans ce roman. Quand je visite un musée, je guette toujours deux artistes : Delacroix et Courbet. Parce que l'un comme l'autre décident de rompre les codes de leur époque et d'inventer autre chose. Je crois aussi beaucoup au pas de côté. A ceux qui décident volontairement de ne pas suivre le courant. L'autrice, pour autant, n'en fait pas trop, ne s'enfermant pas dans la biographie romancée. Très vite, les informations sur le peintre n'étaient plus qu'un cadre pour magnifier cette histoire d'amour toxique qui est au coeur de tout. Et cette histoire là est de celles que j'aime, indéniablement.

Et puis, il y a la musique. Pour moi ça compte. le rythme des phrases, certes, mais pas seulement. La musique tient un rôle essentiel dans le texte, la playlist en est la preuve, je la partage intégralement (@thanyrauz
approved).

Alors, voilà, il y a la peinture, la musique, l'amour, la vie dans ce roman. Un fantôme et une femme puissante. Tout ce en quoi je crois. En refermant ce livre, je ne dirai que deux choses.
Je crois en Gustave Courbet. Je crois en Thael Boost.
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Elle, c'est la jeune fille éprise de beauté et de liberté.
Lui, c'est George, charismatique, mystérieux.
Entre les deux, une passion faite d'amour, d'excès et de possession.

Tout cela, Gustave Courbet le contemple, s'adresse à Elle, et retrace le parallèle entre leurs deux histoires, lui peintre du XIXème siècle et elle, jeune fille de son époque.

Après La mère à côté, Thael Boost a su une nouvelle fois m'émouvoir et m'emporter dans cette histoire exaltée.
Les multiples références, musicales, littéraires ou picturales, chaque chapitre comme un hommage à un tableau, le délicieux anachronisme de la présence bienveillante de Gustave Courbet, et cette écriture que j'aime tant : autant de raisons de lire Saturation.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je commence à comprendre que ce n’est pas une simple lettre que tu aimerais lui écrire mais la somme de vos vies.
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La première fois que je te vois, tu erres dans ce que vous appelez une grande surface. Les livres y côtoient du poisson, des fruits, du vin, l’opulence et la misère. Ce mélange d’odeurs, d’objets, un monde à lui tout seul.
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L’autarcie est un régime politique délétère. Je n’aurais jamais pu peindre sans me nourrir du travail des autres. George t’aime, tu l’aimes, vous estimez que ces seules composantes permettent de s’affranchir de tout autre théorème. Tu as déjà lu nombre de romans dont les histoires d’amour tournent mal, tu continues à penser que vous ferez exception. C’est beau, cet aveuglement, cela ressemble à une fin du monde.
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