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Joseph-Pierre Borel d'Hauterive, dit le Lycanthrope (1809-1859), est un auteur considéré comme mineur aujourd'hui alors qu'il a occupé une place importante à son époque. En effet, son style provoqua une vraie révolution. En perpétuelle rébellion contre les écoles, les tendances ou les courants, il mit un point d'honneur à se marginaliser des premiers romantiques.

On retrouve dans ce recueil cette volonté. N'attendez rien de grivois dans ces textes. La perversion se cache dans la violence, dans la noirceur, dans la représentation de la mort planant à chaque page. Il n'y a que sept contes. Mais la puissance qui en découle est remarquable. le narrateur ne se gêne pas pour intervenir quand bon lui semble. Et pour cause... le dernier conte, intitulé Champavert le lycanthrope, nous indique qu'il s'agit bel et bien de l'auteur. Quand noirceur rime avec horreur, quand l'écriture révèle le moi profond de l'écrivain, on ne peut que frissonner.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Petrus Borel, surnommé le Lycanthrope, n'occupe qu'une place secondaire dans les histoires de la littérature du XIXe siècle. Pourtant il a été admiré par Gautier, de Nerval, Baudelaire, Flaubert, Verlaine et les surréalistes, ce qui lui permet de continuer à être cité, voire parfois lu et étudié, même si souvent avec l'étiquette de « romantique mineur ».

Champavert ou Contes immoraux est un recueil de 7 récits, publiés en 1833. La notice censée présenter l'oeuvre brouille les cartes : le livre aurait été écrit par le Champavert du titre, dont on nous fait une présentation. La forte sympathie pour l'auteur de papier, ainsi que certains éléments de cette préface laissent penser que Borel se créer une sorte de double de papier, qui n'est pas sans évoquer la démarche de la création des hétéronymes de Pessoa. Par ailleurs Champavert est aussi le personnage d'un des récits du recueil, introduisant une confusion encore plus grande entre l'auteur (ou les auteurs) et les personnages. Une forme de distanciation aussi : qu'est ce que le lecteur doit croire en fin de compte dans les récits, dans leur narration, dans les personnages ? Que doit-il plutôt déchiffrer, décrypter ? Est-ce juste une pose de la part de Borel, ou une interrogation sur les identités, sur la frontière entre la fiction et la vie de l'auteur ? D'autant plus que les romantiques mêlaient fortement la vie de l'auteur et l'oeuvre. Chaque lecteur peut y répondre à sa manière.

Une autre provocation est le choix du titre Contes immoraux. La morale était une question sérieuse et centrale au XIXe : parler de Contes immoraux est forcément provocateur et éveille une attente de la part du lecteur d'une lecture scandaleuse, croustillante. Et Borel tient en partie les promesses du titre : dès la première nouvelle, nous assistons à quelque chose de proche d'un viol, à un infanticide, à une exécution. Mais ce que l'auteur met en cause, ce seront bien plus les règles morales en vigueur, les coupables respectables car puissants, que personnes ne songe à condamner. L'institution judiciaire se révèle au service d'un ordre social et non pas à celui de la justice. L'immoralité est donc inhérente au fonctionnement social, il s'agit de justifier par un discours qui « stigmatise le vice », une certaine vision du monde, qui profite à certains, et leur permet la satisfaction de leurs pulsions les plus condamnables et rejette dans l'ombre, dans la réprobation morale à priori, de ceux qui ne détiennent pas le pouvoir.

C'est plutôt bien écrit, pas mal construit, plaisant à lire, même si un peu démonstratif et prévisible. Mais à découvrir assurément.
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Peu de choses à ajouter sur ce qui a déjà été dit...
Si ce n'est ceci : ces nouvelles provoquent le sentiment un peu étrange du soufflé. Je m'explique : l'auteur se veut effrayant, horrible mais à un moment ou un autre, l'édifice s'effondre et l'on retombe... pas tout à fait dans le ridicule, le style est suffisamment habile pour l'éviter, mais dans ce que l'on croise aussi dans la littérature du sud des Etats-Unis, ce que j'appellerais, comme Sherwood Anderson, le grotesque.
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A ma lecture, j'ai plusieurs fois pensées aux pièces du recueil le Théâtre de Clara Gazul de Mérimée. Certes, ce n'est pas le même genre d'écriture, « contes immoraux » d'un côté, pièces de théâtre de l'autre. Mais l'écriture de Champavert – ou plutôt de Petrus Borel, qui est un personnage de fiction tout comme Clara Gazul, empreinte les codes de la dramaturgie : quelques phrases d'introduction qui situent rapidement l'action dans un cadre et une époque, tels les didascalies commençant une pièce qui décrivent le décor, de nombreux dialogues rythmés qui s'enchaînent, des chapitres qui sont comme différentes scènes ou différents actes, avec un changement de lieu ou de personnages. de même, les différents contes peuvent se passer dans des lieux éloignés de la réalité contemporaine des lecteurs pour apporter une touche de dépaysement et d'exotisme : le Paris révolutionnaire, une plantation en Jamaïque, l'Espagne médiévale...
Et surtout, surtout, les situations évoquent le théâtre romantique, le drame, et plus précisément le mélodrame : chaque histoire repose sur un adultère, une trahison, finit par un meurtre, un viol, un suicide... Les sentiments sont intenses, violents, et les personnages caractérisés par un simple trait, de façon très manichéenne – la jalousie du vieux barbon, l'orgueil, l'amour pur... ; ils sont des types – le mari trompé, la jeune fille innocente, le père en colère... Les femmes sont fourbes, mais les hommes sont violents.
Cette oeuvre ne se lit donc pas pour sa subtilité, mais, au contraire, pour ses excès.
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A la lecture du titre on peut s'attendre à quelques histoires croustillantes. En réalité il n'en n'est rien. L'immoralité, ici, s'appliquant plus à un comportement social et criminel. Des histoires très baroques, assez noires. Des passions contrariées par la cupidité ou la jalousie. L'auteur n'aime pas l'humanité et nous la montre sous son jour le plus sombre. Au-delà du contenu des histoires, l'intérêt, se trouve dans l'écriture un peu particulière, écriture un peu ancienne, truffée de termes très anciens. Et puis c'est un produit de cette grande époque romantique du 19e siècle.
Rappelons que l'auteur, 1809-1859, dit le Lycanthrope, a fait une brève carrière comme écrivain/poète. Il est le contemporain de Gérard de Nerval et faisait partie, comme lui, du Petit Cénacle. Il est donc connu (peu connu en réalité) pour ces Contes immoraux, pour Rhapsodies et Madame Putiphar. le livre s'ouvre par une longue préface intitulée L'écriture homicide et se termine par une série d'articles de la presse de l'époque, articles écrits lors de la sortie du présent ouvrage. La presse, en général, n'a pas été tendre pour l'auteur. C'est très particulier mais c'est à lire.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Il s'agit d'un recueil de nouvelles diantrement intéressant par son inventivité. Tout commence par une mystification, l'ouvrage étant présenté comme celui d'un suicidé, un certain Champavert. Je le prends en grande partie comme une moquerie contre le romantisme ; le tragique y tourne bien souvent à la farce, bien qu'il ne soit pas dépourvu d'une certaine puissance, notamment par sa sauvagerie. Cette histoire de faux-suicide, qui peut paraître de mauvais goût, s'inscrit à mon sens dans une démarche teintée d'une profonde ironie. L'écrivain, qui avait la réputation d'être misanthrope, se faisait appeler le "lycanthrope", c'est-à -dire le loup-garou. Il semble également très inspiré par la littérature et les arts de la décadence espagnole, avec ses penchants très macabres, comme en témoignent les nombreuses citations dans la langue de Cervantès. Amateurs de tournures rares et de fantaisies orthographiques, vous serez servis. Par ailleurs, l'écrivain est un proche de Nerval, qui a rédigé pour ce recueil un poème signé Gérard, aux accents très Baudelairiens. Enfin, dans l'une des nouvelles on retrouve le procédé littéraire consistant à proposer une loi absurde, envisagée avec sérieux, procédé que l'on retrouve chez Villiers de l'Isle Adam, dans "Chez les Passants" ou plus récemment, dans le Passe-Muraille de Marcel Aymé. Ne serions-nous pas là devant un précurseur de l'absurde ?
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Drôle de livre, l'exemple même de littérature cadavéreuse, l'auteur va même jusqu'à annoncer son suicide...........
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Sept merveilleux contes, tous aussi terribles les uns que les autres.. le romantisme à l'état pur, noir, exacerbé, paroxystique, terrible.. Pétrus Borel est le porte parole par excellence des marginaux et des opprimés, la misère y est pittoresque et déchirante..
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En arrivant à Lyon, j'ai sauté sur l'occasion de commander en librairie cet auteur "local" : 20 ans qu'en fan de Baudelaire, je me tâtais à trouver le bon angle pour découvrir Pétrus Borel, auquel "Le Prince des nuées" a longuement été comparé (et de manière peu flatteuse...)
Tout d'abord c'est une lecture de la première moitié du 19ème siècle, il faut donc se déshabituer de notre style moderne et lâcher prise, se résoudre parfois à ne pas comprendre certaines allusions culturelles, métaphoriques très appuyées (ou bien se résoudre à effectuer des recherches incessantes). Passé ce premier écueil, la comparaison entre Borel et Baudelaire fait sens : ce sont effectivement deux romantiques frénétiques qui n'ont pas reculé à se rouler dans la fange, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Poursuites frénétiques, viols, avortements, infanticides, hystérie des sentiments et des situations... Borel frappe fort et intentionnellement, se rend là où les littérateurs de l'époque hésitaient à mettre les pieds. le style est agréable, mais on rit un peu parfois en se disant "Oh là là quand même, il y va fort".
C'est cet abus même qui sauve Borel du kitsch, tant le trait est manifeste et culotté. Borel, cet éternel insatisfait, aura traîné ses guêtres et sa mauvaise mine sous tous les cieux, sans jamais connaître un succès ni d'entreprise, ni d'estime. Tout au plus un "succès damné". La lecture n'est pas à conseiller à tous, mais cela pourrait plaire à quelques acharné.e.s.
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