La maison est vendue. Désormais, elle est vide, dépossédée de ses objets et habitants. Et pourtant une photo d'un jeune militaire, rescapée du déménagement, attire le regard du narrateur. Et la voilà qui lui permet de remonter le temps et de partir à la rencontre de ses aïeuls, à commencer par le grand-père Fernand.
Fernand, vingt ans, et fier de porter l'uniforme, fier de s'être engagé, fier de représenter la force de la nation et ainsi de répondre au voeu muet de son propre père. C'était en 1903. C'était dans la région de Valenciennes. Région que l'on appelle pompeusement aujourd'hui les Hauts de France.
Mais la vie militaire dans la caserne, avec ses petits chefs et ses brimades, n'est pas la vie pleine de gloire qu'il croyait mener. Il se fait heureusement réformer, retourne au pays et reprend le travail de son père Martial, menuisier...
Ainsi au fil des pages, nous entrerons dans la vie de Fernand et de sa famille. Nous ferons connaissance d'Aimée, sa future femme, plus tard de leur fille Hermance, et bien plus tard encore de Pierre le petit-fils. Nous côtoierons les voisins, les amis dont Laure, femme bien courageuse...
Ainsi au fil des pages, nous apprendrons les gestes des petits métiers. Ceux du facteur Adelson, toujours au courant de tout. Ceux des jeunes recrues dans les casernes. Ceux du menuisier, travail repris par Fernand et ses frères. Ou ceux aussi des petits bistrotiers comme l'était la mère d'Aimée...
Mais aussi au fil des pages, nous rencontrerons l'Histoire. La grande Histoire. Celle des guerres et des trahisons. La mangeuse d'hommes et la dévoreuse d'illusions. Celle des luttes sociales.
Mais nous croiserons aussi les moments simples de la vie avec ses joies et ses chagrins, le temps des fiançailles et des noces assortis de leurs banquets pantagruéliques, celui des naissances et des retrouvailles, celui des fêtes et des moissons, et celui inévitable des enterrements.
Du début du XXe siècle aux années cinquante, nous entrerons dans l'intimité de ces héros simples et humbles avec lesquels pour quelques heures nous partagerons un café, la cafetière étant posée sur un coin de cuisinière toujours au chaud et toujours prête à accueillir celui qui vient frapper à la porte.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui se déplie comme un arbre généalogique. Sans doute parce qu'il se passe là-haut, sur les terres du Nord, ma terre natale. J'en ai aimé l'écriture simple et parsemée de quelques mots patois (toujours expliqués pour les non initiés). J'ai aimé cette famille aux valeurs fortes d'entraide et de solidarité et j'ai aimé retrouver les gestes simples d'avant la modernisation, la mondialisation. Ha, nostalgie quand tu nous tiens !
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Je savais le père sensible aux signes invisibles de la nature. Il y décelait les odeurs de terre en mouvement. Ces palpitations vitales, ces soupirs d’impatience, ces reptations avides, ces frissons de renouveau... tout ce qui révélait la vie en marche. A travers mille indices, ses fibres paysannes et leurs gènes inflexibles le guidaient.