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EAN : 9782351183649
112 pages
Almora (22/03/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Une nouvelle traduction lumineuse du poéme de Parmenide, un commentaire profond qui montre le sens spirituel de cet antique poème et son pouvoir d'éveil.
Parménide est un des plus grands sages de l'Occident, son poème un des textes les plus commentés de la philosophie de Platon à Heidegger.
Parménide vécut à la fin du vie siècle dans cette région du sud de l'Italie qu'on appelle la Grande Grèce. Initié, sage, guérisseur, poète, héritier d'une traditio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un éclairage puissant sur un poème de Parménide fabuleux !



Sitôt que j'ai débuté la lecture de cet opuscule sur Parménide, je n'en ai plus décroché. Ces 108 pages se lisent en deux heures.

J'ai une certaine fascination pour les civilisations anciennes, leurs systèmes religieux, leurs religions, leurs spiritualités, leurs mystères : j'ai le sentiment que les anciens vivaient bien plus intensément que nous, et qu'ils vivaient des existences moins complexes, plus calmes, en phase avec la Nature environnante encore saine, et pleine de dieux qui se cachent désormais à nos yeux. Parménide, ce poète, était ainsi.
Les anciens me semblaient plus reliés au Divin que nous ne le sommes aujourd'hui, nous qui sommes plongés dans un merdier infâme, dans un brouillard et des souffrances psychologiques, dans des ondes électromagnétiques (tv, radio, smartphones) et radionucléaires, mais aussi dans la confusion, et dans l'autre grand brouillard : intellectuel, spirituel. Nous vivons à l'envers, intoxiqués, asphixiés, pollués. Nous mourrons à petit feu, mais survivrons-nous à notre planète que l'on brûle bien plus vite ?
Nous ne vivons plus d'ailleurs : le credo Métro-Boulot-Dodo-Conso-Téloche-Caveau nous zombifie. Bref, nous dégénérons, et nous sommes plus que jamais éloignés du Divin, et « déconnectés » de lui. Les gens laïcisent, hygiénisent, « démocratisent », javellisent tout ce qui est spirituel, pensant par là se protéger de « l'insanité religieuse »… [Certes les religieux ont beaucoup péché !]. Ils ne font plus confiance aux sages du passé, ne croient plus aux méthodes et textes millénaires, aux voies tracées pourtant subtilement. Ils ne croient plus à l'incroyable. Il n'y a plus de mystère, plus de mystique. L'invisible doit être rendu visible. La vérité est ailleurs, pensent-ils ! Et ils ne se reposent jamais. On efface ainsi des millénaires de traditions spirituelles en réduisant le chemin spirituel au simple : « tout est déjà là, il y a rien à faire, c'est génial « ! Je le répète, comme le firent tant d'autres : nous dégénérons. Nous n'allons pas dans la bonne voie, même si l'on peut se dire que l'on s'amuse bien et « qu'on profite ». Nous sommes devenus des Néron.

Et donc, après cette grosse digression, revenons à Parménide, que Jean Bouchart d'Orval (JBO) traduit d'une très belle manière dans ce livre, et qu'il commente avec une finesse et une humilité superbes. L'auteur a déjà publié aux éditions Almora – parmi mes préférées ! – un petit nombre d'ouvrages qui me semblent très intéressants : à la lecture de ce Parménide, je crois qu'il est nécessaire de le lire plus en avant.

Je dois vous avouer que le poème initiatique de Parménide, dont nous avons bien besoin, est absolument fameux et certains passages sont renversants, et m'ont fait me relever de mon siège ! Ce qui est transmis – quelle chance que ces fragments existent ! – est magnifique de par son évidence. JBO rappelle d'ailleurs que nombre des comparses de Parménide n'ont rien laissé du tout, et il nous montre le « manque à gagner » de cette époque. Parménide donc, « réveille les morts » comme JBO l'annonce.
Ainsi c'est une voie non-duelle, venue de la Grèce Archaïque, que Parménide nous expose ici à travers la voix de la Déesse. C'est une sorte d'Upanishad venue De Grèce. Relevons que Parménide est de la même époque que le Bouddha…
Je dirais même que pour un occidental, ce poème de Parménide est une entrée plus facile pour comprendre le Non-Duel et l'immanence du Divin, qu'en lisant les textes indiens (que JBO sait traduit lui aussi ! Les citant plusieurs fois). Rien que pour ce poème fragmenté d'à peine quelques pages, l'achat du livre est donc amplement mérité et celui-ci atterri dans mes Coups de coeur.

L'enseignement premier du texte de Parménide – qu'ensuite développe JBO – c'est : « IL Y A ». Et donc, il n'y a pas « Il n'y a pas ». Pas d'autres alternative qu'Il Y A ! Et si « Il y a », et bien il est parfait, entier, égal, sans début ni fin. de là, une théologie pourrait-elle être rédigée ?
Après cette lecture de Parménide – j'ai même relu plusieurs fois celui-ci afin de bien le comprendre – JBO élabore un commentaire éclairant sur la période et la biographie du philosophe-guérisseur, puis un commentaire sur le texte lui-même.
L'ouvrage est mince, mais de grande valeur, et je ne vais pas vous en dire plus, car je n'en suis pas l'auteur, et parce que je crois que vous aurez saisi toute l'importance de cette édition, qui tranche avec tout ce qui a pu être écrit au sujet de Parménide (sauf peut-être Heidegger comme JBO le dit). On voit bien avec cet Il Y A, l'enjeu colossal, ontologique et spirituel, que cela recouvre. Êtes-vous prêt à faire le grand saut ?
J'attendais beaucoup de ce livre, et je ne suis pas déçu. Il montre également… qu'on a rien inventé aujourd'hui, et que tous ceux qui disent « s'être fait tout seul », jetant aux orties les traditions passées, n'ont fait que piller en silence les anciens.

Une belle peinture enfin, faussement abstraite, orne la couverture de ce livre – et elle illustre très bien la porte du Temple que franchit Parménide, et que chacun doit franchir s'il veut « savoir »… Votre porte à vous, c'est d'abord cette couverture ! Vous êtes plus chanceux !

Ne loupez pas cette lecture !

Un grand merci à Almora et Jean Bouchart D'Orval !

Bonne lecture !

Zui Ho.
Lien : https://livresbouddhistes.wo..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ne subsiste plus des lors pour la parole-révélation (μῦθος) qu’≪ il y a ≫. Sur cette voie existent vraiment de nombreux signes indiquant qu’inengendré ≪ il y a ≫ est aussi impérissable, ≪ il y a ≫ est entier, tranquille et sans fin. Jamais il n’y avait, jamais il n’y aura, car ≪ il y a ≫ maintenant, tout entier à la fois, un, sans couture. Quelle naissance pourrait-on chercher à cela ? Comment et d’ou cela serait-il venu à croitre ? Je ne te laisserai ni dire ni concevoir que c’est a partir du non-être, car il n’est pas possible de dire ni de concevoir qu’il n’y a pas. Quelle nécessité l’aurait fait surgir ou plus tard ou plus tôt en commençant du néant ? Ainsi, il est nécessaire qu’≪ il y a ≫ soit absolument ou pas du tout. Jamais non plus la force de la conviction n’admettra que de ce qui n’est pas puisse naitre autre chose en parallèle. C’est pourquoi la Justice n’a permis, en relâchant ses liens, ni qu’il naisse ni qu’il périsse, mais elle le tient ! Le seul choix là-dessus porte sur ceci : il y a ou il n’y a pas. Il a donc déjà été décidé, car c’est une nécessité, d’abandonner l’une inconnue et sans nom, car elle n’est pas la voie de la vérité, de sorte que c’est l’autre qui subsiste et est véridique. Comment ce qui est pourrait-il alors devoir être ? Comment pourrait-il être né ?
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Le préjugé classique veut que la recherche de la vérité de l’existence ait débuté en Grèce avec ce qu’on a appelé de façon condescendante et absurde les « présocratiques », en qui on a vu de façon tout aussi absurde les premiers hommes à s’essayer aux raisonnements. Ce préjugé tenace veut que cette recherche de la vérité ait vraiment pris son envol avec les penseurs du IVe siècle avant notre ère. Cette profonde incompréhension de la sagesse des maîtres spirituels de la Grèce archaïque et l’impardonnable ignorance dont on a longtemps fait preuve envers l’Orient et l’Égypte dans presque toutes les facultés de philosophie feraient simplement sourire si ce n’était que la civilisation occidentale s’est érigée sur la base de ce préjugé confinant à l’obscurantisme. Ce qui était véritable amour de la sagesse (φιλοσοφία) chez les veilleurs de la période archaïque fut remplacé par la manie des raisonnements sans lumière et des bavardages pompeusement appelés dialectique : c’est ce que nous connaissons aujourd’hui en Occident sous le nom abusif de « philosophie ». L’usage moderne de ce mot n’est rien de moins qu’une véritable profanation.
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La grande lumière de la Grèce archaïque L’étincelante lumière spirituelle de la Grèce archaïque s’est ternie et fut passablement voilée par la dialectique, le rationalisme et l’humanisme de la période dite classique. Ce que nous a légué cette période classique demeure unique et magnifique à plusieurs égards, bien sûr, mais face à la lumière fulgurante de la révélation directe, celle qui donnait le ton durant la période archaïque, ce que nous appelons aujourd’hui « philosophie » dispense aussi peu de lumière qu’une bougie devant le soleil.
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Ce n’est pas que la raison soit hors-jeu dans notre investigation de la réalité de l’existence, loin de là, mais sans la révélation directe elle tourne à vide et laisse l’homme dans son illusion de pauvre homme individuel et incapable de conjurer l’angoisse fondamentale de son existence. La perte du pressentiment du sacré, c’est-à-dire de ce qui est infiniment plus vaste que cette étroite image de soi-même que les humains tentent lamentablement de défendre jour après jour, a scellé le sort d’une civilisation qui s’est avérée et se montre de plus en plus incapable de vivre en harmonie avec elle-même et avec la Terre qui la porte.
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