Avec "
Chroniques du détroit",
Rachid Boufous plonge le lecteur dans le Tanger de la première moitié du 20e siècle, une "ville-monde, un continent à elle seule", "miroir de l'humanité", "mère nourricière des rêves les plus fous et des personnages les plus improbables". de fait, ces derniers en peuplent l'histoire, dépeinte avec force détails par l'auteur, une vingtaine d'entre eux gravitant autour du bar de Rossa, de Larabi, le serveur, Bartoloméo, apprenti toréador, Frida, cantatrice teutonne, à Kolnikov, Russe associé du personnage principal, Ricardo, alias Heinz Berthold, "Consul honoraire de Bolivie", marchand de tabac et surtout espion à la solde des Allemands. Par cette diversité de nationalités, le bar "Ascençuon" est à l'image de la ville qui l'abrite. Ces chroniques sont une succession de péripéties, cocasses parfois, et de retournements de situations. Certaines descriptions sont très précises et complètes, tel le déplacement du sultan ou son rituel du thé. Les personnages cachent pour la plupart leur vraie nature ou leurs véritables fonctions, avant de se révéler au fil du récit. Les fourberies des uns se substituent aux cachotteries des autres pour former la peinture d'une société cosmopolite ou les intrigues souvent liées au pouvoir ou à l'argent vont bon train. Un roman qui se lit avec passion et avidité.