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sur 2951 notes
Il y a une scène dans « le Maître et Marguerite » qui ne résume pas le roman, car aucune scène ne saurait contenir une telle avalanche d'imaginaire, de personnages et de situations cocasses, mais qui offre un aperçu de mon opinion au sujet de ce texte. On y voit Marguerite, une pure jeune fille qui vient d'accepter de signer un pacte avec le Diable et de devenir sorcière, profiter de ses nouveaux pouvoirs pour entrer au domicile d'un influent critique qui a, dans le passé, massacré le roman du Maître, le mari écrivain de la jeune femme. Pour le punir, elle saccage l'appartement avant de s'en aller, satisfaite du devoir accompli.

Il y a quelque chose de vindicatif dans « le Maître et Marguerite ». le livre est considéré comme un classique, une évocation mordante de la Russie stalinienne et une exaltation des vertus de l'imaginaire face au rigorisme et à la lâcheté des dictatures. Tout cela est vrai, et le roman a des qualités innombrables : un style impeccable, une grande drôlerie, un sens de l'image qui frappe, un auteur érudit qui constelle son texte de références musicales et littéraires, une imagination débridée, un narratif aux multiples niveaux de lecture, etc… Il n'a tout simplement pas son pareil dans toute l'histoire de la littérature.

Cela dit, c'est aussi le roman d'un écrivain frustré par la société liberticide dans laquelle il vit, un écrivain bien décidé à régler ses comptes à travers ce texte dont il sait qu'il ne sera jamais publié (il le sera longtemps après sa mort). À ce titre, le lecteur contemporain risque bien de se retrouver désemparé face à ce texte qui ne retient des horreurs staliniennes que les souffrances des artistes bâillonnés par le pouvoir. Oui, « le Maître et Marguerite » fonctionne comme une satire de cette époque sombre de l'histoire russe, mais c'est une satire qui ne s'intéresse aux goulags et aux assassinats de dissidents que de manière oblique.

Qui plus est, Boulgakov ne déploie pas beaucoup d'efforts à rallier le lecteur à sa cause : l'ignominie des serviteurs du pouvoir soviétique est considérée comme allant de soi, elle n'est que peu illustrée dans le roman, et c'est malgré tout l'unique angle d'approche du texte.

Bien entendu, toute personne qui connait un tant soit peu cette page sombre de l'histoire n'aura aucune sympathie pour Staline, mais quant à étendre cette inimitié à la myriade de fonctionnaires et d'artistes officiels tournés en ridicule dans le roman, c'est plus délicat. On est prié de se réjouir des mauvais tours que leur fait subir Woland, mais comme ces figures ne sont qu'esquissées, certaines scènes manquent de l'impact émotionnel qu'elles pourraient avoir. Comment se réjouir des malheurs de personnages qu'on connaît à peine ?

Les protagonistes n'ont pas beaucoup plus de substance. D'ailleurs, il est difficile de parler de protagonistes à proprement parler : Woland est le moteur de l'action, mais il reste dans l'ombre pendant une bonne partie du roman, et le lecteur n'a aucun accès à son intériorité ; le Maître est absent du premier tiers du roman, après quoi il reste passif, simple spectateur des événements ; quant à Marguerite, elle se montre plus dégourdie, mais, n'apparaissant pas avant la seconde moitié du livre, il est malaisé de la voir comme le sujet central de l'histoire.

Au final, la figure dont le lecteur est le plus proche est celle de Ponce Pilate, protagoniste du roman-dans-le-roman, dont on en vient par moment à souhaiter que celui-ci existe pour de vrai et qu'on puisse le lire dans son intégralité.

On pourrait encore parler des ruptures constantes de ton, qui passe des pitreries les plus grossières aux considérations philosophiques, en passant par des scènes de pure inspiration fantastique, sans oublier le recours à la satire. L'effet produit est une désorientation, où l'on ne sait plus trop s'il faut rire ou pleurer, craindre pour les personnages ou se désintéresser de leur sort, en on en vient à s'éloigner du roman, pour ne plus le considérer que comme une curiosité.

« le Maître et Marguerite » est le roman illisible d'un esprit brillant, fécond, érudit : il est constamment surprenant, riche en idées et en références, drôle et piquant, profond et léger à la fois. Hélas, en ce qui me concerne, même si le texte a ravi mon intellect, il m'a laissé froid sur tous les autres plans.
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Par une belle après-midi d'été, à Moscou, un poète et un directeur de revue littéraire débattent sur l'existence de Jésus. Un étranger aux yeux vairons se joint à leur conversation et leur relate la rencontre de Ponce Pilate et d'un certain Yeshoua Ha-Nozri comme s'il y avait personnellement assisté… Ainsi commence le Maître et Marguerite, ultime roman de Boulgakov. À la croisée du fantastique, de la satire sociale et de l'histoire d'amour, ce récit insolite décrit les tribulations moscovites de Satan et de sa suite. La magie que certains qualifieraient de noire rivalise avec l'absurdité des lois humaines pour le plus grand bonheur du lecteur, qui se retrouve plongé dans un aventure où se croisent une multitude de destins étranges.

Le Maître et Marguerite compte un si grand nombre de personnages qu'il est difficile de déterminer qui sont les principaux protagonistes. Si on retient Woland, celui-ci se montre plutôt discret passés les premiers chapitres, laissant le devant de la scène à ses acolytes, le chat savant Béhémoth, le galant magicien Koroviev et le brutal Azazello. le généreux Yeshoua et le triste Ponce Pilate marquent les esprits, de même que le Maître et Marguerite, qui donnent son titre au livre. La variété des personnalités et des réactions devant l'inexplicable font tout le sel de cette promenade littéraire imprévisible et d'une grande originalité.

Le dernier chapitre laisse le lecteur perplexe après semblable périple. Liberté de penser et surtout d'être soi, dénonciation de l'hypocrisie littéraire, sociale et politique, critique jouissive du religieux, les réflexions initiées par le Maître et Marguerite ne manquent pas. de tous les sortilèges lancés au fil des pages, c'est peut-être l'amour qui demeure cependant le phénomène le plus merveilleux et le plus irrationnel, celui dont dérivent tous les autres et le seul que rien ne corrompt. L'oeuvre de Boulgakov se veut aussi à mon sens un appel à la littérature libre, qui vient du coeur et de l'âme, non contrainte par la politique et la société : son texte s'ouvre et se ferme sur la figure d'un poète dont le prochain livre reste à écrire.

L'originalité de Boulgakov et l'insouciance sauvage de Marguerite, de Woland et de sa troupe me rappellent le héros de L'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andrus Kivirähk : ils partagent une même indépendance forcené et assument pleinement leur désir de rester eux-mêmes.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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ce chef d oeuvre de la litterature russe est une chronique feroce et joyeuse du tout-Moscou des annees 30. le petit milieu des arts et des lettres , infeodé au régime, est bousculé par l arrivee du diable et de ses sbires, personnages débraillés au verbe haut et à l insolence réjouissante.
Marguerite est prete à tout pour retrouver l amour de sa vie, le Maitre, ecrivaisn tourmenté , passé de vis a trepas dans un moment de desespoir. l'auteur, michael boulgakov , opere quand on la voit survoler les plaines de russie, chevauchant un balai en compagnie de ses amies sorcieres. Comme un écho aux mythes féministes les plus actuels! Cette nouvelle traduction restitue sa verdeur et sa magie à la prose de cet écrivain majeur, A decouvrir ou à relire
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Un récit absolument hors du commun, fantastique et inédit, que j'ai découvert à l'occasion de la sortie de la nouvelle traduction d'Andre Markowick et Françoise Morvan aux éditions Inculte en 2020. Les très nombreuses notes complètent efficacement le récit et replacent les choix de l'auteur dans leur contexte historique ce qui est essentiel pour bien comprendre cette satire du stalinisme, qu'est le maître et Marguerite.
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J'ai eu un peu de mal à me plonger dans cette lecture... Tous ces personnages et leurs noms russes de la première partie m'ont un peu perdue... Par contre, j'ai beaucoup apprécié la seconde partie avec l'arrivée de Marguerite ! Vraiment je n'ai jamais lu un livre aussi fou ! La plume est vraiment agréable à lire, tout en amenant la réflexion...
Une lecture hors du commun que j'ai finalement beaucoup appréciée !
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J'aime la littérature russe et me faisait une joie de découvrir ce roman pour lequel on évoque une grande histoire d'amour , mais j'ai abandonné après plus de 180 pages à l'univers "rocambolesque " et "surréaliste".
Je n'adhère pas à ce mélange du mythe de Faust revisité où les personnages contemporains côtoient ceux de l'antiquité.
Il y a des rencontres qui n'ont pas lieu ...Ce roman en sera une .


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Ce roman comprend 1 histoire principale et 2 annexes, ces dernière sont :
-le roman écrit par le Maitre qui se passe à Jérusalem sous Ponce Pilate
-Le bal donné par Satan où Marguerite en est la Reine, afin de retrouver son amant : le Maitre
Le récit principal à lieu dans un Moscou des années 1930, un magicien de magie noire s'en prend à des gens, principalement issu du milieu littéraire ; Il leur joue des mauvais tours.
Tout cela en fait un roman original, avec beaucoup d'humour, j'ai passé un moment délicieux à lire cette version fantastique hors du commun.
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Le maître et Marguerite, réécriture du mythe de Faust, est un roman dense, qui présente trois histoires imbriquées qui finissent par se rejoindre à la fin du roman et se déroule sur deux espaces-temps : celui de Moscou dans les années 30 et celui de la Judée en 33 après J-C.

Nous suivons dans un premier temps l'arrivée de Satan, le professeur Woland expert en magie noire, et de sa troupe composée de Béhémot, un gros chat, de Fahot/Koroviev, le bedonnant débonnaire, Azazello, le tireur d'élite, et Hella, la servante succube. Ceux-ci semblent bien décidés à exterminer l'élite littéraire de Moscou et leur syndicat, le MASSOLIT, ainsi que le milieu du spectacle, Woland et sa troupe décimant les membres du Théâtre des Variétés. Les malheureux qui croiseront leur route auront tous une fâcheuse tendance à finir à l'hôpital psychiatrique du Professeur Kandinsky ou à atterrir entre les mains de la milice pour trafic de devises étrangères.

Le second récit est amené par le diable lui-même, suite à sa rencontre avec un membre du MASSOLIT, Berlioz, fervent athée qui fustige un poème de son ami, lui reprochant de donner l'impression que Jésus a réellement existé. Il s'agit du récit portant sur Ponce Pilate. On se retrouve propulsé dans l'empire romain, en Judée, au moment où Yeshoua Ha-Nozri est arrêté et présenté au procurateur. Contrairement à la partie consacrée à l'arrivée du diable, qui est joyeuse et burlesque, le segment traitant l'histoire de Ponce Pilate est réaliste et assez noir, montrant les remords et les regrets du procurateur obligé de mettre à mort un homme dont le discours et les idées le tentaient.

Enfin, bien plus tard, dans la seconde partie de l'oeuvre apparaîtra enfin Marguerite et son amant, le maître. On apprendra que le maître, écrivain, est interné volontaire à l'hôpital psychiatrique du fameux professeur Kandinsky, rendu fou par les mauvaises critiques qui ont accompagné la sortie de sa grande oeuvre portant sur Ponce Pilate. Marguerite, elle, se morfond, à la recherche de son amant disparu. Elle conclura un pacte avec le diable, acceptant de devenir une sorcière et de l'accompagner au bal qu'il donne pour le Vendredi Saint afin de retrouver le maître et vivre enfin leur amour.

Derrière ces trois récits, Mikhaïl Boulgakov dresse une satire acerbe et acide de l'union soviétique, de ses certitudes et de sa rationalité poussées jusqu'à l'absurde, de sa main-mise sur l'élite intellectuelle et de sa fâcheuse tendance à recourir à la milice, omniprésente tout au long du roman.

C'est un portrait de la société russe des années 30, en pleine dictature stalinienne, que l'auteur esquisse : les mystérieuses disparitions dues au diable font écho à celles bien plus réelles organisées par la police d'État ; de même, les péripéties qui entourent l'appartement du défunt Berlioz et dans lequel emménage le diable rappellent étrangement la pénurie de logement qui sévissait alors, tous les personnages manigançant pour s'emparer de cet appartement communautaire. L'épisode de l'épicerie qui ne vend que des denrées venues de l'étranger, accessible seulement aux personnes ayant des devises étrangères, est aussi une dénonciation : les apparatchiks ont accès à des magasins débordant de denrées rares et introuvables tandis que les plus pauvres se contentent de faire la queue (bien souvent interminable) devant des épiceries quasiment vides.

De fait, Woland et ses compères ne sont pas des forces maléfiques qui veulent répandre le mal à travers le monde : ils représentent ici l'opposition au régime en place. le Diable lutte contre une société conformiste et rationnelle à l'excès, il agit, en quelque sorte, en redresseur de tort : il punit, parfois assez cruellement, les cupides, les incroyants ou les faux artistes. Seuls le maître et Marguerite sont récompensés : il fera sortir le maître de son asile car il est un vrai écrivain, et permettra à Marguerite de rejoindre son amant, la récompensant pour sa grandeur d'âme et son esprit de sacrifice.

Le maître et Marguerite est un roman qui a plusieurs niveaux de lecture : critique de la société russe, plaidoyer pour la liberté artistique et individuelle, tout autant qu'une réflexion sur la religion et la rédemption, portée par le personnage de Ponce Pilate qui attend le pardon depuis deux mille ans, mais aussi une réflexion sur le bien et le mal, Woland étant un diable bien ambigu : il fait ce qu'il veut, le fait cruellement mais non sans humour, mais il occupe aussi un rôle de messager et de témoin : il a assisté au supplice de Ha-Nozri et rappelle bien volontiers aux athées l'existence de Dieu. Un indéterminisme moral cause de confusion et de folie pour ceux qui l'approchent et ont besoin d'une structure morale ferme et prédéfinie. [...]
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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Il y a des livres que l'on peut résumer et d'autre non. le maitre et Marguerite est un de ceux-là. En effet quand on reprend le quatrième de couverture la liste des personnages donne des vertiges :" le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilat, la plus belles femme du monde..." Quel en est le style alors ? me direz-vous. Une satire, une critique, une parodie, un peu de poésie aussi, du burlesque surement. Quant à l'action c'est encore pire. Malgré cela c'est un livre exceptionnel ou l'on retrouve l'âme russe. Je l'ai découvert par hasard sur internet en regardant une liste de 100 livres à lire. Je l'ai acheté sans rien savoir de l'histoire et je ne regrette rien.
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LE MAÎTRE ET MARGUERITE de MIKHAIL BOULGAKHOV
Un livre délirant revisitant le mythe de Faust sous la dictature soviétique. Pas une lecture de tout repos tant les références à l'histoire sont nombreuses et je vous conseille de lire ( ce que je ne fais jamais d'habitude) la préface presque indispensable à la compréhension de cette pure merveille !!
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