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4,2

sur 3010 notes
Par une belle après-midi d'été, à Moscou, un poète et un directeur de revue littéraire débattent sur l'existence de Jésus. Un étranger aux yeux vairons se joint à leur conversation et leur relate la rencontre de Ponce Pilate et d'un certain Yeshoua Ha-Nozri comme s'il y avait personnellement assisté… Ainsi commence le Maître et Marguerite, ultime roman de Boulgakov. À la croisée du fantastique, de la satire sociale et de l'histoire d'amour, ce récit insolite décrit les tribulations moscovites de Satan et de sa suite. La magie que certains qualifieraient de noire rivalise avec l'absurdité des lois humaines pour le plus grand bonheur du lecteur, qui se retrouve plongé dans un aventure où se croisent une multitude de destins étranges.

Le Maître et Marguerite compte un si grand nombre de personnages qu'il est difficile de déterminer qui sont les principaux protagonistes. Si on retient Woland, celui-ci se montre plutôt discret passés les premiers chapitres, laissant le devant de la scène à ses acolytes, le chat savant Béhémoth, le galant magicien Koroviev et le brutal Azazello. le généreux Yeshoua et le triste Ponce Pilate marquent les esprits, de même que le Maître et Marguerite, qui donnent son titre au livre. La variété des personnalités et des réactions devant l'inexplicable font tout le sel de cette promenade littéraire imprévisible et d'une grande originalité.

Le dernier chapitre laisse le lecteur perplexe après semblable périple. Liberté de penser et surtout d'être soi, dénonciation de l'hypocrisie littéraire, sociale et politique, critique jouissive du religieux, les réflexions initiées par le Maître et Marguerite ne manquent pas. de tous les sortilèges lancés au fil des pages, c'est peut-être l'amour qui demeure cependant le phénomène le plus merveilleux et le plus irrationnel, celui dont dérivent tous les autres et le seul que rien ne corrompt. L'oeuvre de Boulgakov se veut aussi à mon sens un appel à la littérature libre, qui vient du coeur et de l'âme, non contrainte par la politique et la société : son texte s'ouvre et se ferme sur la figure d'un poète dont le prochain livre reste à écrire.

L'originalité de Boulgakov et l'insouciance sauvage de Marguerite, de Woland et de sa troupe me rappellent le héros de L'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andrus Kivirähk : ils partagent une même indépendance forcené et assument pleinement leur désir de rester eux-mêmes.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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C'est un livre à la fois de science-fiction, un conte, un roman d'amour, une critique sociale et politique et un vaudeville. Vous partez en voyage dans vos rêves et toutes vos chimères prennent vie. Vous pouvez lire le livre sous l'angle de Woland et voit la mesquinerie et la bassesse à tous les coins de rue ou le regarder sous l'angle de Marguerite à la recherche de son amour. Vous pouvez aussi le lire sous l'angle de Ponce Pilate et de son remords permanent de n'avoir pas eu le courage d'aller plus loin dans son entretien avec Ha-Nozri.
Au niveau littéraire, je préfère la première partie avec tous les tours de Woland et de ses assistants (fagot, le chat,...). La deuxième avec le vol des sorcières et le bal est plus fantasmagorique et m'a moins accroché.
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Mikhaïl Boulgakov a travaillé pendant 12 ans, avec quelques modifications pour achever en 1940/1941 son roman " le Maître et Marguerite.
En 1930 en Russie, Staline règne en autocrate, impose l'athéisme à son peuple farouchement attaché à la religion orthodoxe, il impose sa propagande, la falsification du passé, les dénonciations, les purges successives et massives, la liquidation physique, morale de ses opposants, les déportations ! ( bref : on ne présente plus le petit père des peuples ! ).
C'est dans ce contexte que Mikhaïl Boulgakov va écrire une oeuvre burlesque, fantastique, schizophrénique et merveilleuse : il nous envoie des messages codés sur la réalité russe et particulièrement moscovite !
Chronologiquement : nous assistons à une discussion sur l'existence de Dieu entre Berlioz ( Micha ) et un poète : Biezdomny dans le Parc de l'Etang du Patriarche mais, apparait un étranger ( Woland ) qui prédit à Berlioz qu'il va mourir décapité en allant à sa réunion ! Biezdomny tente de le rattraper et constate qu'il est accompagné par Fagott et un grand chat noir : Béhémot qui parle ! Devant l'incongruité de ses explications : il sera conduit en asile psychiatrique ( comme la plupart des protagonistes du roman et comme les opposants de Staline ).
Dans l'asile, il y a le Maître qui, suite au rejet de son livre sur Ponce Pilate et Yeshoua Ha-Norzi a brulé le manuscrit, et il raconte à Biezdomny qu'il aime Marguerite !
Décalage dans le temps : son roman se passe 1900 ans auparavant et, il évoque les sentiments du Procurateur Ponce Pilate qui hésite à faire crucifier Yeshoua pour qui , il a de la compassion mais qu' il sera obligé de faire exécuter pour obéir à Tibére ( le Staline de Judée ) .
Retour à Moscou : Satan organise un bal de minuit , et il propose à Marguerite de l'aider à recevoir ses invités ! Elle accepte car elle veut sauver le Maître et, grâce à une crème magique elle volera au dessus des forêts, des fleuves russes sur un balai, suivie par sa servante Natacha ! C'est le bal des criminels en tout genre, serviles et obséquieux qui arrivent des portes de l'enfer et se prosternent devant elle, devant Satan ! Marguerite a obtenu la libération de l'homme qu'elle aime et, le Maître va sortir de l'asile, ses documents lui seront rendus ! le couple peut partir ...pas pour longtemps car Azazello leur réserve une mauvaise surprise... Ensuite Satan fait le lien entre les 2 époques et
tout rentre dans l'ordre à Moscou !
Difficile de synthétiser un récit de + de 600 pages, avec de nombreux personnages, difficile de saisir au travers des loufoqueries, des facéties de Satan en magicien, de la pagaille débridée qu'il a engendré la notion du Bien et du Mal, et faire apparaitre la réalité de cette époque sombre et austère ! On retrouve le mythe faustien cher à Goethe, et à Gounod : mais ici Marguerite est sauvée .
Un roman ébouriffant qui ne laisse pas indifférent grâce au talent de Mikhaïl Boulgakov !
L.C thématique de Mai 2021 : littérature étrangère
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Publié après que l'auteur ait fermé les yeux ce livre voit beaucoup de levers de rideaux. A lire au filtre du maccarthysme en effet miroir, levant le voile sur les potentats illusionnistes qui ont fait disparaître hommes et utopies, cette histoire travaillée tant d'années travaille aussi notre imagination qui rebondit dans cette montagne russe de loufoqueries à sens multiples.
Et donc, comme dans une montagne russe, on apprécie ou pas, selon ce qu'on en attend ou selon son humeur.
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Woland, diabolique magicien noir, son interprète Koroviev et l'humanoïde chat Béhémoth causant un sacré bordel dans le petit théatre moscovite des Variétés.

Confronté aux incroyables tours du magicien, le personnel finissant par échoir à la clinique psychiatrique du Dr Stravinski.

S'ennuyant dans son couple, Marguerite, élue reine des sorcières nues au bal de la pleine lune, à la recherche de son amant, le 'Maître' puni pour son étonnant manuscrit relatant la 'Passion selon Boulgakov'.

Et le plus magique dans tout ça, l'écriture de Boulgakov qui ferait presque passer pour naturel ce petit monde farfelu!
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Lu dans la traduction Markowicz/Morvan
Une histoire loufoque, mais si bien construite qu'on se surprend à prendre au sérieux les situations et les personnages les plus saugrenus. C'est bien sûr aussi une satire du communisme stalinien de la Russie des années 30, mais je dois avouer que même en lisant les notes, Il est difficile d'en saisir toutes les subtilités sans une connaissance des lieux, de la société de l'époque et de la culture russe, que je n'ai pas. Je me suis donc laissé balloter dans cet univers fantastique, un peu kafkaïen, avec sa milice, ses hôpitaux psychiatriques, ses fonctionnaires tatillons, ses délinquants patentés, sa société artificielle, ses lâchetés et faiblesses humaines, et son diable enjôleur, sans trop chercher à comprendre. Ce simple premier degré, n'est pas dépourvu de charme même si j'espère bien y revenir avec un oeil plus exercé, me rappelant une interview du traducteur se souvenant des longues heures de conversation, entre son père et certains de ses amis, passées à comparer leurs interprétations de ce livre.
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D'après ce que j'ai pu voir à chaque fois que j'ai parlé de ce livre et que des gens l'ont lu après cette conversation, ou on aime totalement, ou on n'aime pas du tout. Ceux qui n'aiment pas n'arrivent pas à aller au-delà des vingt premières pages. L'indifférence en tout cas n'existe pas envers ce roman qui pour moi est un conte merveilleux, plein d'humanité, où le diable est peut-être le plus humain de tous par certains (bons) côtés. Les personnages annexes sont à la fois poétiques et fous, il faut vraiment avoir tout un monde onirique dans a tête pour créer une telle histoire où l'émotion se mêle à la fantaisie la plus débridée (ah, les assistants du Diable, en particulier le chat !). Que ce soit par le décor ou par l'écriture, on passe d'un monde à l'autre, non seulement parce qu'il y a deux histoires qui se déroulent au fil des chapitres (Woland à Moscou, et Pilate à Jérusalem) et même trois si on ajoute le cheminement de Marguerite, mais parce que lorsque les personnages un brin clowns du début retrouvent leur vraie stature, c'est encore un autre univers que Boulgakov nous offre, avec à chaque fois le style narratif qui va avec, or cette capacité à changer de style narratif dans un même roman n'est pas donnée à tous les écrivains.
Ce Maître et Marguerite, je l'ai découvert assez tard, je devais avoir 25 ans, mais depuis, je l'ai relu au moins dix fois, et... tiens, le fait d'en parler, je sens que la onzième va démarrer demain ! :-)
Et enfin : je suis sans doute hyper naïve, mais il paraît qu'on peut (qu'on doit ?) avoir une lecture politique de ce livre. Sauf que moi qui aime les contes et les légendes, il ne m'est jamais venu à l'idée que les personnages et situations de cette histoire aient pu être la transposition d'un réel impossible à nommer tel quel pour raison de censure. Les gens qui disent cela étant nombreux et pas idiots, et la préface le spécifiant également, j'en déduis qu'il y a une autre lecture, mais elle ne m'intéresse pas, je veux voir dans l'histoire et ses personnages ce qu'ils sont à première vue.
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Le Maître et Marguerite est un OVNI littéraire. À la fois roman historique, mystique et rocambolesque, c'est un texte déroutant.
Plus que tout, c'est la puissance narrative du livre qui m'a transportée. Mikhaïl Boulgakov est un maître de la description qui réussit à nous emmener dans son univers très réel du Moscou des années 1930, mais aussi dans celui totalement féerique des chevaliers de l'apocalypse ou encore de la Jérusalem du temps de Jésus. Il a les mots juste pour décrire l'amour fou de Marguerite, la rage du Diable et le désarroi de Ponce Pilate. Boulgakov parvient à apporter de l'humour, de la satire aux personnages pour promouvoir ses idées et ainsi échapper à la censure. Je comprends pourquoi ce livre est considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature Russe.
Par contre la triple histoire de Jésus, Marguerite et du diable est confuse. La construction est ardue, impossible à résumer ni à comprendre dans sa globalité. Les innombrables notes aident à donner du contexte, mais pas à appréhender les intentions de l'auteur. Je suis passé à coté du "pourquoi ? » des multiples références bibliques, philosophiques, symboliques et historiques. le bien, le mal, le Diable et Faust… qui contrôle le monde ?. La vision de l'auteur m'a semblé confuse. L'intelligence et le travail mis dans le texte sont impressionnants et cela rend humble. Je n'ai pas réussit à profiter à sa juste valeur de cet immense travail. Je n'ai probablement pas été à la hauteur de ce texte.
Au final je me suis laisser porter par une prose puissante entre folie et génie, sans bien toujours comprendre ou l'auteur m'emmenait.
Un grand plaidoyer anticonformiste.

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Une triple histoire entremêlée, le diable et une sorcière dans le Moscou stalinien des années 30, un romancier et Ponce Pilate… vu sous cet angle c'est compliqué mais le genre fantastique a ceci de spécial: il nous parle de notre propre monde, de nous même sous un angle différent, une loupe déformante! Grace à ce genre littéraire, l'auteur nous dit les choses sans vraiment les dire, il crée des images puissantes. Naissance d'un chef d'oeuvre.
.
. Cette histoire est gigantesque à résumer: le diable offre un spectacle de magie noire ce qui va créer un chaos indescriptible et dévoiler les petits travers de chacun, le Maître séjourne à l'hôpital psychiatrique, son manuscrit n'a pas été édité il l'a donc brûlé quant à Marguerite, elle fera tout pour sauver le Maître au point de vendre son âme au diable et de se faire sorcière le temps d'un bal. Enfin il sera temps de libérer Ponce Pilate.
.
. C'est assez touffu car on y retrouve le destin d'un romancier obsédé par le roman de sa vie qu'il n'arrive pas à faire publier, un romancier qui raconte l'histoire d'un romancier, une sorte d'auto-inspiration en quelque sorte. Un roman qui sera édité après sa mort par sa femme. On peut donc y voir une large part autobiographique. On peut aussi y voir une critique de l'idéologie dans ce qu'elle fait aux personnes: cette ambition qui génère trafic et corruption. Enfin on peut y voir une critique de la lâcheté (l'écrivain qui ne dénonce pas suffisamment et Ponce Pilate qui condamne un homme qu'il sait innocent), le plus grave défaut humain pour Boulgakov. « La seule chose qu'il a dite, c'est que, parmi tous les défauts humains, il considérait que l'un des plus graves était la lâcheté ». Est-ce une façon pour l'écrivain de se libérer par l'écriture?
.
. Alors qui est le diable?
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Berlioz - pas le compositeur ! - et un jeune poète moscovite fragile mentalement arrivent en fin de journée à l'Etang du Patriarche, en plein Moscou. Une femme leur sert, aigrie, du jus d'abricot tiède. Soudain les deux compères approchent un mystérieux étranger, Woland. Ce dernier doit présenter aux Variétés un spectacle de magie. Ils discutent sur un banc. Leur dialogue prend une tournure bizarre. Woland prédit à Berlioz de quelle façon il mourra: "On vous coupera la tête", glisse-t-il, content de lui.
Or, un peu plus tard, Berlioz, sur le point de traverser la rue, glisse sur de l'huile de tournesol. Et...
Si j'ajoute qu'un homme dit "Je meurs..." mais qu'il ne meurt pas, voilà bien une étrange péripétie.
Le show a tout de même lieu. Sauf qu'après coup, il a de fâcheuses conséquences sur le public (surtout les spectatrices) et sur les recettes.
Sans rien dévoiler vraiment, disons que le personnage qui s'est invité à Moscou a un don phénoménal pour désorienter, semer le trouble et tourner bien des gens en ridicule. de quoi passer pour fou. Fou chantant. Fou tentant de dessiner un chat et de raconter sa promenade avec Berlioz, pas le compositeur hein !
Du fantastique. de la magie bizarre. On l'aura compris. Mais c'est également une histoire d'amour.
Le roman a une double temporalité: les années 1920 ou 1930 à Moscou, et l'an 30 à Jérusalem.
A un moment, il est rappelé à qui lit que "les manuscrits ne brûlent pas". C'est l'un des incontournables romans du XXe siècle.
Lien : https://www.bookcrossing.com..
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