L'un par les photos et l'autre par les textes, Philippe Busser et Catherine Thoyer ont entrepris d'attirer notre attention sur le coeur d'un village. Edith Bour, docteure en sociologie apporte à ce travail, comme elle le dit elle-même "un éclairage scientifique et sociologique".
Ce village c'est Monvicq, dans l'Allier, à peine 750 habitants. Le lecteur va donc découvrir le portrait de 80 d'entre eux, un peu pris au hasard, portrait non pas écrit comme un rigoureux CV mais plutôt sous forme de tranches de vie. A travers les confessions des plus anciens, on perçoit l'évolution de cette ruralité qui perd de son identité pour copier l'anonymat urbain. Tous les témoignages relatent leur rencontre avec le village (que les gens y soient nés ou arrivés par hasard ou par amour).
Vivant également à la campagne (et même si mon village comporte 3 fois plus d'habitants), ce livre qui figurait en bonne place à la médiathèque a attiré mon attention. Je ressors déçue de cette lecture tant l'impression générale qu'elle m'a laissée est négative. Évidemment beaucoup de témoignages transpirent la nostalgie mais j'ai trouvé également les photos tristes, sombres : peu de sourires, le premier cliché intitulé "Le village" représente des containers à poubelles...
Catherine Thoyer a profité de son métier de factrice en zone rurale pour aller à la rencontre des gens de son village. Elle ne souhaite pas mettre en lumière le sensationnel mais plutôt la banalité du quotidien. Malheureusement, cet ouvrage plutôt confus m'a laissé penser que les petits bonheurs en étaient exclus. 8/20
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Qui n'a pas subi, à l'arrivée dans un village, l’expérience des regards ? De ceux qui vous transpercent, vous accablent ? De ceux qui attendent de vous une reddition totale ? Un aveu. Une pénitence.
Qui attendent de vous que vous vous désigniez comme le dernier arrivé. Celui qui vient là où on ne l'attend pas. Là où il va devoir faire sa place. L'illégitime.
Ceci n'a rien à voir avec l'accueil. Le village sait être accueillant. Il sait qu'il a besoin de bras, d'enfants. Le village n'est pas suicidaire. Il sait qu'il ne peut pas se permettre le refus. Se laisser dessécher et puis mourir. Non, il n'a pas le droit. Il vous signale juste qu'il va falloir le prendre dans le sens du poil.
Je suis resté parce que cette maison, c’est mon bien. Quand je l’ai vue, une si belle maison, saine. Comme une femme qui ne serait pas peignée, pas maquillée, qui aurait plus tard une âme, du caractère. Aujourd’hui, elle en a. J’ai fait ce plan d’eau pour que ça fasse joli à l’extérieur. Une seule personne s’est arrêtée pour me dire : "C’est bien ce que vous faites." Et c’était une personne que j’avais connue en 1982. Plus personne ne s’arrête. C’est de l’indifférence. Alors mes relations avec le village, il y a eu une période bien et la période néfaste. Je n’ai pas besoin du village pour vivre. J’ai pris par habitude de m’en éloigner.
"Si quelqu'un veut parler, faut prendre un petit moment. Un petit brin de causette, ça fait pas de mal. Si tu veux être apprécié des habitants, il faut parler comme aux. Sinon tu seras mis de côté, pas aimé. C'était comme ça autrefois. Le gars, s'il te dit : "ça fait froid", même s'il fait chaud, il faut dire comme lui. Pareil pour la politique. Même si t'es contre, tu dis comme lui. Il sera content. Tu seras un gars bien. Et si t'as besoin, il sera là pour t'aider."