AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 864 notes
"Ma mère disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête"
Ce roman raconte l'histoire d'une fillette américaine qui devient une mini-miss parce que sa mère a décidé de la hisser sur la plus haute marche du podium pour ses 7 ans. Peu à peu dépossédée d'elle-même, elle arrive à un tel degré de dégoût et de violence intériorisée qu'elle pulvérise les liens familiaux jusqu'à l'autodestruction.

"Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée."

Un roman très réussi : le style détaché, cruel et cynique choisi par O. Bourdeaut crée contamment le malaise chez le lecteur pour dénoncer une histoire effrayante. le roman et le personnage de Florida n'ont pas cessé de me déranger mais c'est un moyen efficace pour saisir le malaise et la haine ressentis par l'enfant devenu objet, exposé au jugement d'ignobles adultes, incapables de comprendre les dégâts psychologiques causés par leurs propos.
D'une certaine manière, cette histoire m'a rappelé les problématiques posées par D. de Vigan dans Les enfants sont rois.
J'avais adoré l'univers et la fantaisie d'En attendant Bojangles mais ce roman d'un genre bien différent est tout aussi réussi car le style ciselé et percutant de l'auteur m'a totalement convaincue.
Commenter  J’apprécie          80
J'avais beaucoup apprécié le premier roman d'Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles. Florida est d'un tout autre registre. La couverture m'avait intriguée: le regard profond de cette enfant m'avait interpellée...Voici un livre qui m'a bouleversée et bousculée. Trouver les mots justes est difficile pour exprimer ce que l'on ressent après avoir refermé l'ouvrage: on n'en sort pas indemne.
Nous sommes aux Etats-Unis, Elizabeth fête son anniversaire. Pour ses sept ans, sa mère lui offre une robe de princesse. Pourtant, ce n'est pas un conte de fées, c'est le début de l'enfer pour la fillette. Sa mère, qu'elle surnomme "la reine-mère" la transforme en mini-miss, entre "Lolita" et poupée vulgaire. Son père, surnommé "le valet" ferme les yeux sur cette transformation et ce culte du corps où faux cils, maquillage et string ont détrôné l'insouciance et l'innocence de l'enfance. Pendant cinq ans, Elizabeth doit enchaîner les concours, jusqu'à l'écoeurement. Quand enfin tout s'arrête, Elizabeth voue à ses parents et à son corps une haine tenace. Son objectif: faire souffrir son corps, cette enveloppe, pour faire souffrir ses parents. La mini-miss vêtue de rose et couronnée d'un diadème devient bodybuildeuse en string, droguée aux amphétamines. "Princesse" devient Florida.
Olivier Bourdeaut se met dans la peau du personnage d'Elizabeth. le style est acerbe et percutant, le lecteur n'a pas de répit. C'est parfois effroyable. le récit interroge sur le poids et l'impact de l'éducation et sur les désastres que peuvent engendrer des traumatismes vécus pendant l'enfance. L'histoire m'a rappelé aussi celle racontée par Delphine de Vigan dans son dernier roman Les enfants sont rois avec le culte de l'image et des apparences.
Commenter  J’apprécie          80
Chère lectrice, Cher lecteur,

En regardant La grande Librairie, j'ai entendu Olivier Bourdeaut parler de son dernier roman Florida et je me suis dit que je voulais absolument le lire. Pourquoi? Parce qu'il est question de l'univers des mini-miss et je trouvais ce sujet étonnant. Aussi, j'ai lu son premier roman, En attendant Bojangles et je l'avais beaucoup aimé alors, lorsque j'ai reçu une invitation pour recevoir Florida en service de presse, j'ai accepté tout de suite. Par ailleurs, je tiens à remercier les Éditions Finitude, par le biais de son attachée de presse au Québec, Gabrielle Gauchy, pour cet envoi.

De quoi est-il question dans Florida?

Elizabeth Vernn reçoit pour son anniversaire une robe de princesse. Elle a sept ans et elle s'avère belle et intelligente. Sa mère l'habille et l'amène dans un concours de mini-miss. Elle gagne et elle se retrouve dès lors aux portes de l'enfer. Sa mère décide de l'inscrire dans tous les autres concours. Mais, Elizabeth a un physique de deuxième. Ce sera le drame de sa mère et cela deviendra aussi le sien. Devenue adolescente, puis jeune adulte, elle décide de se venger de cette enfance volée en haïssant son corps et en cherchant à le détruire.

Ce que j'en pense

J'ai été vraiment surprise par cet univers des mini-miss. Je ne connaissais pas cette folie. Mais quelle folie! Ouf!!! Il faut lire cette sublime citation sur la relation mère-fille :

«La seule explication, c'est qu'elle voulait se trouver une mission dans sa putain de vie. Et cette mission c'est moi qui l'ai endossée. Elle s'emmerdait et elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée.» (p. 48)

J'ai trouvé la façon d'aborder les concours vraiment originale. le style de l'écrivain est direct et il a su faire comprendre toute la puissance de la fille enragée qui a été victime de la folie d'une mère. Il a choisi de présenter son récit au je en se mettant dans la peau de cette enragée. La démesure est là, l'autodestruction inévitable. L'héroïne apparaît fascinante dans toute cette quête de la perfection où la dictature des uns s'avère une arme puissante. Ainsi, Elizabeth ne ne pourra jamais pardonner à ses parents de l'avoir contrainte à participer aux concours de beauté, de l'avoir utilisée, d'avoir joué avec son corps, de l'avoir façonnée pour être toujours la plus belle, la plus désirable, la plus sexy. C'est triste, c'est infernal, c'est inhumain.

Je ressors sans aucun doute perturbée par cette lecture. Elle fait mal. Cependant, je vous la recommande. Olivier Bourdeaut sait comment raconter une histoire et il le fait bien même en ayant créé une victime enragée dont l'unique mission est de se venger à travers la souffrance et la négation de soi.

Florida est un récit glaçant à l'image de notre Amérique parfois vulgaire. le lecteur apprend à transiger avec les pulsions d'Elizabeth. Cette dernière apparaît comme un être de l'extrême possédant une énergie où les pulsions de vie sont détruites par les pulsions de mort. En tous les cas, le lecteur ne peut rester indifférent à cette héroïne ayant grandi dans une famille dysfonctionnelle. C'est l'horreur au quotidien.

Mais encore, j'ai appris que Joyce Carol Oates a écrit un roman basé sur le meurtre de la petite Jon Benet Ramsey, une mini-miss, dans Petite soeur, mon amour. Il me tarde de le découvrir, car je sais que ce sera aussi effrayant et cruel.

https://madamelit.ca/2021/04/26/madame-lit-florida/
Lien : https://madamelit.ca/2021/04..
Commenter  J’apprécie          81
À peine soufflées ses sept bougies, Élizabeth se retrouve sur le podium d'un concours de Mini-miss. Jusqu'ici princesse jolie de sa mère, elle devient Reine de beauté version miniature – une malchance pour elle de remporter le prix ce jour-là… Durant cinq années, elle foulera chaque week-end, de ses pieds traînants, tous les parquets des vieux châteaux et autres salles des fêtes de Floride. Une enfance délibérément volée par sa « reine-mère » – possessive fanatique toxique – et son « valet » de père – indifférent imperméable apathique -. Instrumentalisée, heurtée dans sa chair, son corps tout entier, Élizabeth n'aura de cesse de ruminer sa vengeance envers ses parents au fil des années. Elle disparaîtra de leur vie pour mieux réapparaître une décennie plus tard transfigurée, méconnaissable. Et c'est à travers son journal trash à souhait qu'elle raconte, à nous lecteurs, – des témoins qu'elle interpelle régulièrement – son cheminement de femme entre désir de revanche et quête de reconstruction, entre tristesse et colère, entre rêve et obsession, entre amour et haine de son corps, entre réalité et apparence. Au fur et à mesure des pages, ce corps soumis aux regards dès l'enfance, se meut à l'envi : beau, lisse, fin, gras, musclé, vigoureux, façonné, puissant, solide, affaibli, torturé, dénaturé, laid. Élizabeth le tord jusqu'à le briser. Sous le vernis, un cri continu. Un mal-être profond. le traumatisme d'une petite fille à jamais refermé. Une histoire crue- cruel, une satire du culte du corps et d'une société tournée vers l'apparence. Une lecture douloureuse, tragique, cynique. Dérangeante. On en sort groggy. Un roman uppercut.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
Commenter  J’apprécie          80
En attendant Bojangles, premier roman d'Olivier Bourdeaut (dont on se souvient du succès mérité !), mettait en scène une mère prise de folie douce, modelant tout son univers familial par sa passion. Si Florida propose à nouveau un personnage de mère « folle », la passion est, cette fois, vraiment dévastatrice, et la comédie tourne très vite au drame, sous la plume joyeusement grinçante de l'auteur. le portrait rose kitsch de la couverture annonce la couleur : à sept ans, la petite Elizabeth se voit, à cause du caprice de cette « Reine Mère », transformée en « poupée », en candidate hebdomadaire des concours de beauté, en mini-miss aspirante à la couronne. le père, « le Valet » de ce mauvais jeu, reste le spectateur falot et impuissant de l'emprise qu'entend exercer la mère sur sa fille, la transformant en jouet de son fantasme de gloire. Un jour, pourtant, désespérée de n'être que la victime de cette obsession maternelle, qui rapporte à ses parents un peu d'argent à cause des retombées publicitaires, sans qu'ils lui témoignent quelque amour en retour, la petite fille devenue adolescente se rebiffe, créant le scandale sur scène… Et ce n'est que la première étape d'un long processus de vengeance, mais aussi d'autodestruction, marqué par les transformations successives de son corps. Si on se laisse, d'un bout à l'autre du récit, séduire par l'humour vachard, la verve acide d'Olivier Bourdeaut, si on prend vrai plaisir à fréquenter sa galerie de personnages un peu foutraques comme Alec, le Rasta Blanc, ou César, le tyrannique coach en culturisme, la plus grande réussite de ce roman-fable, en effet, est d'interroger notre relation au corps, quand notre désir de beauté se transforme paradoxalement, pour soi-même ou autrui, en manipulation sadique ou masochiste. Florida, le visage d'une Amérique botoxée et grimaçante, qui nous ressemble aussi… Un nouveau coup de maître du magicien Bourdeaut !
Commenter  J’apprécie          80
La plume d'Olivier Bourdeaut, ce que j'en connais en tout cas.
L'originalité du sujet.
Le regard de la petite fille sur la couverture (sa robe de satin rose et son diadème ne parviennent pas à cacher la tristesse, mais aussi la détermination de ce regard).
La quatrième de couverture succincte :
« Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »

Tout cela m'a convaincue de lire Florida.

D'emblée, j'ai été happée par cette descente aux enfers d'une jeune fille redoutablement intelligente à laquelle Olivier Bourdeaut nous propose d'assister. 

C'est si bien écrit qu'on se croirait dans la tête de l'héroïne, Élisabeth. On sent la haine, la rage, la détresse, la folie, et ce sans temps morts. Les phrases sont courtes, quelquefois réduites à des mots isolés, sans verbe, livrant une parole vive et incisive, allant parfois jusqu'à la logorrhée.

Le vocabulaire assez cru donne au récit un rythme particulièrement tendu, similaire aux vibrations d'Eminem, qu'écoute Élisabeth.

L'auteur aborde le thème de l'enfance exploitée, voire sacrifiée, mais aussi celui du culte du corps poussé à son paroxysme, et de l'auto-destruction, qui conduisent cette héroïne forte et attachante à une certaine forme de folie.

Le regard sur ces parents qui se servent de leur enfant comme faire-valoir social, qui projettent leurs fantasmes irréalisés sur leur progéniture n'est pas sans me rappeler le magnifique « Les enfants sont rois » de Delphine de Vigan

Bref, Florida est un roman dense et puissant, qui, à certains moments, suscite le sourire et, à d'autres, le malaise ; une découverte qui ne m'a pas laissée indifférente. Cette histoire bouscule, interpelle, donne à réfléchir...
Commenter  J’apprécie          70
Une sacré claque que ce livre ! Je m'attendais à une description acerbe de concours de beauté pour enfants, pour "mini miss" ; elle est bien présente, mais comme un point de départ plutôt qu'une finalité.

Elizabeth Vernne raconte son histoire. Elle s'adresse au lecteur sans fausse pudeur et surtout sans vouloir avoir le beau rôle.
Elle raconte sa vie à partir de ses 7 ans, le jour où sa mère lui a offert avec ses bougies une robe de princesse et la participation à un concours où elle finit 1ère, mais oui bien sûr, c'est elle la plus belle.
Mais ce cadeau s'avère empoisonné, et Elizabeth se sent exploitée à l'âge où l'on est encore tellement demandeur de l'amour de ses parents. Jamais assez belle, éternelle 2ème, elle ne supporte plus sa vie, et surtout ne supporte plus son corps, cause identifiée de son cauchemar.
Tout s'arrête. En tout cas les concours, les châteaux, les princesses.
Mais la souffrance ne s'arrête pas, elle. La "reine-mère" est toujours là, jugeante, oppressante.
Et ce corps détesté.
Elizabeth alterne boulimie, hyper séduction, bodybuilding. Rien n'y fait, le mal-être est toujours là, ancré viscéralement, dans ce corps-prison.

J'ai adoré ce livre qui m'a tenue en haleine du début à la fin (et quelle fin !).
Olivier Bourdeaut a une plume savoureuse, mais surtout propose ici une réflexion captivante sur la place du corps des femmes dans la société. Par de multiples manières elles se retrouvent souvent objetisées et n'ont finalement pas toujours les clés pour éviter de subir cette situation récurrente.
Un roman noir mais brillant.
Commenter  J’apprécie          70
Dans ce roman c'est une jeune fille qui raconte son enfance, sa fuite, sa quête, dans un texte empli de rancoeur, de rage et de haine.
Sa mère l'a manipulé, son père l'a ignoré, aujourd'hui elle transforme son corps en instrument de vengeance.

Au travers ses mots qui font mouche et ses critiques acerbes, l'auteur nous parle d'une enfance sacrifiée, et d'une adolescence en quête de reconnaissance dans un processus d'autodestruction.
Il va finement analyser ce traumatisme dans ce rapport au corps avec une satire acide du culte de soi.

L'auteur a le verbe piquant au début, un peu railleur aussi, mais l'écriture évolue avec la jeune fille et les phrases deviennent venimeuses.

Le début m'a beaucoup plu, par son style et sa façon d'aborder le sujet.
Puis la lecture est un peu bousculée par une plume plus provocatrice.

Je suis partagée, j'aurais aimé que toute l'histoire soit rédigée sous cette forme sarcastique et si le changement d'écriture sied bien à l'évolution du personnage, j'y ai cependant moins bien accroché.

Pour son final l'auteur se joue du lecteur, mais il faut savoir y adhérer.
Commenter  J’apprécie          71
Les concours de minis miss comme porte d entrée au purgatoire. Lieux où l ambition déplacée d une mère détruit progressivement sa fille. Sous les yeux avides des spectateurs et le regard détourné de son père.

On n est pas malheureux voyons quand on nait beaux.

Écrit comme un jet d acide. L'héroïne nous jette à la figure son autodestruction. En effet, comment grandir quand on est plus à la place dans son corps ?
Commenter  J’apprécie          70
Florida
Olivier Bourdeaut

Mon avis :

Le sujet m'intéressait, ces petites filles prises en otage par leurs mères qui veulent absolument en faire des reines de beauté.
Ces mères qui oublient les souffrances de leur enfant et qui ne pensent qu'à la leur propre émotion celle de les voir monter sur un podium...
C'est l'histoire de Florida...

J'ai eu du mal avec le style et l'écriture avec beaucoup de grossièreté , je n'ai pas accroché. On va suivre la vengeance de Florida qui en voudra à mort à sa mère d'avoir voulu transformer son corps. Florida jeune fille va devenir star de " la gonflette" et aussi comme sa mère transformer son corps et le maltraiter ... ?!
Au-delà du style, je trouve que l'auteur n'a pas réussi à se mettre dans la peau d'une femme et du coup ce n'était pas crédible.
Une lecture décevante.
Commenter  J’apprécie          70





Lecteurs (1680) Voir plus



Quiz Voir plus

En attendant Bojangles

Qui a écrit la chanson Mr Bojangles ?

Whitney Houston
Nina Simone
Amy Winehouse
Edith Piaf

12 questions
580 lecteurs ont répondu
Thème : En attendant Bojangles de Olivier BourdeautCréer un quiz sur ce livre

{* *}