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3,53

sur 864 notes
Moi qui avais été déçue à l'époque par le célèbre En attendant Bojangles (mauvais timing), j'ai voulu laisser une chance à cet auteur. Et j'ai bien fait.

L'histoire est ici d'une vérité effroyable qui fait froid dans le dos. L'écriture est en corrélation avec la trame, pas de burlesque pour traiter d'un sujet grave : la fin de l'enfance sur les podiums de mini miss sous les paillettes, strass, faux cils, string et l'obsession de gagner à tout prix. Devenir bimbo à sept ans, la folie, non ?

À sept ans Elizabeth fête son anniversaire. Comme cadeau, sa mère lui a réservé une surprise de taille, une robe de princesse. À travers cette robe, Elizabeth signera la fin de son enfance et de son insouciance. Sa mère, la Reine mère, vouera une obsession maladive pour ces concours de mini miss occultant les besoins essentiels d'une enfant de cet âge. Son père sera le Valet de l'ombre de ce désastre familial.

Lorsque Elizabeth grandit, sa rage se décuple pour faire éclater la vengeance et la haine de ce monde absurde et perfide. La jeune fille nourrira surtout une haine féroce contre elle, son image, son corps.

Effarante réalité de ce bas monde qui met sur un piédestal le paraître sans la moindre préoccupation des dommages collatéraux. Olivier Bourdeaut signe ici un roman d'une incroyable justesse disséquant habilement le cheminement insidieux d'une personnalité saccagée faute à des parents obnubilés par l'image. Il y a un côté Amélie Nothomb ici où le côté tragique est allégé par des touches d'humour jaune et sarcastique. L'héroïne n'a pas sa langue dans la poche pour crier haut et fort ce voyage en absurdie. Son regard est affûté et poignant. La détresse d'Elizabeth est transcrite crescendo avec la rage au ventre et des scènes shakespeariennes de grande puissance évocatrices.

J'ai aimé ce roman sans pouvoir le lâcher. Il m'a révoltée, envoûtée, et placée en totale empathie avec l'héroïne.
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Pour ses sept ans, la petite Américaine Elizabeth reçoit un cadeau dont elle ignore encore le poison. En lui offrant une robe de princesse et en l'inscrivant à son premier concours de mini-miss, sa mère vient de faire d'elle une jolie poupée qui lui fera vite oublier la véritable fillette. Devenue le jouet d'une mère bientôt obsédée par la course au podium, outrageusement transformée en infantile Lolita, Elizabeth ne tarde pas à réaliser que l'amour maternel ne tient plus qu'à ses performances lors de ses exhibitions. Elle croira trouver le moyen de s'échapper, mais, sa vie durant, ne connaîtra plus que haine et désir de revanche. Ce corps qu'elle déteste désormais, elle va s'en occuper à sa façon…


L'histoire d'Elizabeth est d'abord celle de ces enfants qui, investis malgré eux de la réalisation par substitution des rêves de leurs parents, sont poussés sans limite vers l'atteinte d'une performance qui dévore leur existence, dans le culte d'une passion que souvent ils ne partagent pas eux-mêmes. Circonstance aggravante, la prouesse attendue d'Elizabeth est directement liée à son apparence, à laquelle elle se voit bientôt réduite, pour le grand préjudice de sa construction psychique. Forcée dans une image artificielle et réductrice d'elle-même, hypersexualisée avant l'âge, l'enfant se retrouve non seulement dépossédée de son existence, mais aussi de son corps et de sa personnalité. Quand elle ne parvient pas sur la plus haute marche de ses podiums, c'est tout son être qui est marqué du sceau de l‘échec et de la déception de ses parents.


Rédigé du point de vue d'Elizabeth, le texte n'est que rage, haine et rancoeur. Et puisque c'est son corps qui alimente les fantasmes de cette mère qu'elle déteste de toute son âme, c'est à lui que l'adolescente, puis la jeune femme, va n'avoir de cesse de s'en prendre, dans un processus d'auto-destruction qui l'aspire irrésistiblement. Paradoxalement, ou peut-être fatalement, c'est encore à un autre culte de l'apparence qu'elle va finir par s'adonner, sculptant dangereusement ses muscles en vue d'une nouvelle compétition, culturiste cette fois, à grands coups de souffrance physique et de produits anabolisants.


Immensément crédible – j'ai retrouvé la rage et le trou noir intérieur qu'André Agassi, ce champion qui déteste le tennis, dévoile dans sa biographie « Open » -, le récit envoie ses phrases courtes comme une volée de bois vert, dans un crépitement de haine de soi assorti d'acides sarcasmes. Olivier Bourdeaut réussit un roman d'une terrible férocité, totalement aux antipodes de son si poétique succès « En attendant Bojangles ».

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Nous sommes aux Etats-Unis. Dans une famille ordinaire, qui se distingue cependant lorsque l'enfant unique atteint l'âge de sept ans et présente aux yeux de sa mère suffisamment d'arguments en matière d'esthétique pour prétendre à un titre de mini-miss ! Rapidement l'affaire prend des proportions déraisonnables, dans la mesure où les exhibitions et leur potentiel échec sont une source de souffrance pour cette petite fille. Jusqu'au jour où elle craque et rejette en bloc le projet, de façon spectaculaire à la fin d'un des concours, se fermant définitivement tout accès à ce type de manifestations.

La narratrice est cette enfant en rupture avec sa famille, quelques années plus tard. Et son corps instrumentalisé dans ses premières années est à nouveau l'objet de manipulations, de modelage, jusqu'à l'extrême, et cette fois c'est un choix personnel.

C'est lorsque l'on parvient à cette phase de l'histoire que l'on comprend le ton abrupt du discours, plein de rancoeur, de haine même, pour ses parents.

"Ils ont l'air piteux et désespéré, ils me dégoûtent, je les déteste. Ils ne sont pas morts pour moi, car pour être mort, il faudrait qu'ils aient existé. Ils n'existent plus. Ils n'existent pas."

On est loin de la poésie de En attendant Bojangles, mais l'auteur fait ainsi preuve d'une capacité à adapter le style au propos.

Eduquer un enfant est parfois pour ses parents une opportunité d'un rattrapage, d'une occasion de réaliser les rêves qu'ils n'ont pas pu atteindre, dans un aveuglement qui nie les conséquences délétères pour l'enfant.

C'est une lecture qui bouscule, et le style fait partie de l'arsenal destiné à provoquer . Et l'histoire rappelle le film Little Miss Sunshine, sur le propos et dans la forme.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« Merci, merci, je tiens tout particulièrement à remercier ma mère sans qui cela n'aurait pas été possible. » … D'avoir une vie de merde.

Mini-miss, mini-moi, mini-elle, maxi traumatisme, celui qui dès dix ans, des princesses coupe les ailes et façonne des rebelles.
Tu es belle, allez, sois sage, on fait comme on a dit ! Tu vas gagner.
Truculent, dégoutant, succulent. Ambiance second degré, glauque à souhait.
Petit chemin de gloire mais grand chemin de croix pour Elizabeth qui est très belle et pas trop bête.
Festival de formules. Feux d'artifice de leurres. Il en faut du talent pour escalader la haine, la répugnance, et l'envie de vengeance envers cette engeance qui lui a donnée naissance.
Devenue Florida, pour évacuer ça, elle fera du gras dans un pensionnat et tombera dans les bras de ceux qu'elle croisera. La boulimie, pour faire chier sera sa première addiction.
Olivier Bourdeaut m'a bousculé avec ses mots et perturbé avec les excès de sa Florida jolie fleur de dawa.
Anabolisants et amphétamines seront des malédictions et sa nouvelle addiction, la revanche visible sur ses hanches. Bodybuildée à outrance, peut-être sa chance !
Acide et poudre compléteront la sanction qu'elle s'inflige pour dissoudre la détresse.
« Tu te détruis pour détruire tes parents, c'est beau comme du Monte-Cristo, c'est fort comme Musclor et c'est complétement con ! »

Lecture rejet, lecture accusation à l'acuité et à l'acidité presque gastrique de l'incompréhension des motivations de parents qui estiment faire le bien et qui créent des maux plantés au coeur de leurs enfants, définitivement. Où est la limite ? Où s'arrête les bonnes intentions ou commencent l'embrasement de petites gloires ou de jets d'adrénaline ?
Olivier Bourdeaut a le verbe acerbe et piquant aux phrases courtes à digérer comme des piments et met en scène joliment et crûment sa re-belle Florida.
« J'ai été shooté à la gloriole, c'est la plus violente des drogues, le regard des autres. »

J'ai beau avoir aimer et souffert mais il faut que je file, j'ai Botox.
Patron, l'addiction…

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Florida, ce titre m'a fait penser à une fleur, une fleur artificielle que ses tuteurs auraient fini par faire pousser de travers.
Un roman sur les mini miss, il fallait y penser, et j'imagine que selon que le lecteur est parent de mini-miss ou non, le livre est plus ou moins bien reçu !

L'univers décrit est de prime abord doré, mais dès que l'on gratte un peu, les paillettes tombent vite pour laisser place à une enfance sacrifiée. C'est en tout cas ce que l'auteur semble démontrer, et la critique est acerbe, bien ficelée, amenée chapitre après chapitre chaque fois plus loin pour finir en apothéose, enfin, il ose. Je n'en dirai pas plus !

Alors, certes, c'est tentant de vouloir mettre sa jolie poupée sur un podium, mais se met-on vraiment à sa place ? Il me semble d'ailleurs qu'il est question d'interdire les concours de beauté aux mineurs de moins de 16 ans, si ce n'est déjà fait.
C'est tout un monde de l'art contemporain qui est abordé ensuite, avec des sujets surprenants ; parodie de certains vernissages dans le monde fermé des initiés ou l'absurde côtoie parfois le vrai génie.

Si j'ai apprécié le sujet, j'ai moins été séduite par le style d'Olivier Bourdeaut cette fois, peut-être par une légère vulgarité par moment, je ne saurais dire exactement.
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Au moment d'écrire ces lignes, les paroles de Daniel Balavoine résonnent à mes oreilles :
Petit homme mort au combat
Qui a pu guider ses pas
Ivre de prières
Rythmées par le glas
Petit homme mort au combat
Quel Dieu a pu vouloir ça
Qui peut être fier
De tant de dégâts

Et là, je me dis : Florida, c'est exactement ça !
Petite femme morte au combat : le combat, ce sont les concours de Mini-miss qui transforment les petites filles en poupées vulgaires, en pots de peinture ou en têtes couronnées.
Qui a pu guider ses pas : Une mère maltraitante pour qui la beauté et le fait de gagner des concours est la seule chose valable.
Ivre de prières : celles que l'ont fait pour gagner, celles que l'ont fait pour que s'arrête la souffrance.
Rythmée par le glas : le micro et son larsen, la minuterie qui indique la fin de l'interview.
Quel Dieu a pu vouloir ça : Aphrodite, déesse de la beauté ou America déesse de l'occident qui prône la chirurgie esthétique et l'épilation des sourcils dès le plus jeune âge.
Qui peut être fier de tant de dégâts : en tous cas pas moi.

Après la folie joyeuse de En attendant Bojangles que j'avais adoré et qui m'avait entraînée dans son tourbillon d'énergie, voilà Florida qui m'invite dans les bas-fonds du mal-être, de la souffrance, du rapport malsain au corps, de la famille dysfonctionnelle. Et ça fait mal.

J'ai eu mal comme lorsque j'ai lu Moi, Christiane F, droguée, prostituée.
Le style n'est pas le même.
Mais la finalité est l'enfer.

Olivier Bourdeaut sait magnifiquement bien écrire. Il sait jongler avec le léger et le pesant, avec l'enfance et la maturité. En quelques lignes il m'a à nouveau happée dans son univers, coupé le souffle. Il a laissé entrer les cauchemars dans mes nuits et le questionnement éthique à propos des concours de beauté dans mes classes.

Je ne t'oublierai pas de sitôt, Florida.
J'espère qu'au-delà des maltraitances qu'on t'a infligées, que tu t'es infligé toute seule, tu sauras voir le coin d'espérance des jours meilleurs qui sont promis à ceux qui osent y croire.
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J'avais beaucoup aimé  «  En attendant Bojangles » acheté et lu en 2016.

Ici le registre est différent, nous sommes à Miami : Pour ses sept ans la mère de la narratrice lui offre une robe blanche de princesse : perles, dentelles , frous - frous et tralalas , bien sûr la robe n'est que la première étape de la surprise ….un cadeau mortifère dont la petite Américaine ne tardera pas à découvrir la fausseté et la noirceur , comme un poison lent …..

Elizabeth , la narratrice devenue adulte sait de quoi elle parle.
Elle a donc sept ans lorsque ses parents , surtout sa mère , le père nommé LE VALET , discret n'est que spectateur …..lorsqu'ils la contraignent à participer à son premier concours , un univers à priori doré artificiel, à Miami le corps des enfants est commercialisé , sexualisé à outrance , : faux cils, string, strass , corps abîmé , détruit à coups d'autobronzants et de régimes aberrants .
Ils ont «  flingué bien plus de corps que la carabine de Brenda Ann Spencer , une véritable hécatombe , un corps faisant chambre à part avec l'héroïne » .
La mère obsédée , obnubilée par ce tourbillon de strass et ses courses incessantes au podium ne voit plus sa fille qu'en princesse , un substitut bien pratique aux rêves de gloire maternels …
Complètement dépossédée de son existence propre de petite fille ——-liée à sa seule apparence ——-Elizabeth ne sera plus que haine, rancoeur , rage au coeur .
Un psychologue l'aidera à sortir de ce tourbillon mais les vieux démons d'Elizabeth perdureront .
Sous forme d'autobiographie Elizabeth Vern, 19 ans nous livre son récit de mini - miss body building ….
Sa vengeance dont je ne parlerai pas afin de ménager le suspense se fera à travers son corps ….
C'est un livre corrosif , démoniaque , puissant , à l'humour ravageur , acide , mordant, jubilatoire , lu d'une traite sur le culte et l'image du corps , une espèce d'autopsie du rêve américain qui ne fait pas du tout rêver——-, mais pas du tout ——, une petite fille détruite par la lâcheté et la facilité , des ambitions ridicules et dérisoires contrariées .
La souffrance derrière les paillettes!
Je n'ai pas aimé le phrasé lapidaire , le ton vulgaire par moments , un style dérangeant !
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !

«  Ma mère s'emmerdait , elle m'a transformée en poupée , .
Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez .. Elle s'est vengée » …
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Mini-miss, maxi-problèmes

Olivier Bourdeaut, après En attendant Bojangles et Pactum Salis délaisse la vieille Europe pour nous entrainer aux USA avec Florida, l'histoire d'une petite-fille inscrite à un concours de mini-miss. Une réflexion brillante sur l'image du corps et la quête d'identité.

Victime d'être belle. La malédiction d'Elizabeth Vernn commence le jour de son septième anniversaire. Son premier cadeau, ce jour-là, est une robe de princesse. le second est une participation à un concours de mini-miss. Qu'elle remporte. Elle ne le sait pas encore, mais c'est ce samedi-là que le drame s'est noué, que sa vie a basculé.
Car, à compter de ce premier succès, elle est devenue l'objet à fantasmes de sa mère. Elle va devoir désormais, semaine après semaine, sillonner les routes de Floride pour enchaîner les concours de beauté.
Si elle ne gagne pas, elle souvent sur le podium, laissant sa mère espérer qu'avec un petit effort supplémentaire, elle pourrait y arriver. Mais pour y parvenir, il ne faudra omettre aucun détail: la robe, la coiffure, le maquillage, le sourire. Plus tard viendront s'ajouter d'autres contraintes comme la gymnastique, le dentiste et la manucure.
Il n'aura fallu que quelques mois pour transformer sa mère de «touriste», celle qui inscrivent leur fille pour le plaisir, à amateur, puis d'amateur à professionnel avant de basculer dans une catégorie aussi dramatique que dangereuse, celle des «folles».
Il n'y a dès lors plus de limites: «Si je n'étais pas assez belle pour gagner, il fallait que je devienne plus sexy, plus femme, plus provocante, en clair que je devienne plus excitante. Sur les photos de mon avant-dernier concours, c'est bien simple, je ressemble à une pute, une pute de douze ans. Et sur une de ces photos, ma souteneuse me tient par la main, et elle a de ces yeux, mon Dieu, de ces yeux. Si vous pouviez voir cette image, ça m'éviterait d'écrire tous ces mots.»
La résolution du problème, si l'on peut dire, viendra d'un dérapage sur scène, un événement qui nécessitera un traitement chez un psy et le placement en pension. La belle petite fille va alors se transformer tout à la fois en élève brillante et en boule de graisse. Sa mère ne la reconnaît plus. Elle non plus du reste. Comme souvent en Amérique, c'est sur la route qu'elle va rencontrer la personne qui va à nous la transformer. Un artiste qui entend faire de ce corps une oeuvre d'art et réalisant une performance en photographiant jour après jour cette métamorphose. Les galeries d'art et les amateurs se pressant à Art Basel Miami vont apprécier.
Si l'on cherche le point commun avec les précédents romans d'Olivier Bourdeaut, son best-seller En attendant Bojangles (2016) et Pactum salis (2018), on trouvera indéniablement ce grain de folie qui fait basculer une existence. On y ajoutera la rencontre qui change tout. Avec cette fois une réflexion percutante sur la marchandisation des corps, sur la tyrannie de l'image. Ou quand le paraître entend prendre le pas sur l'être.



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"Florida" est le troisième et dernier roman d'Olivier Bourdeaut à ce jour. "En attendant Bojangles" m'avait moyennement plu, "Pactum salis" avait été une agréable surprise, et "Florida" tout autant, alors que le ton employé est bien différent des deux autres.

Pour son septième anniversaire, Elizabeth a reçu en cadeau une très belle robe de princesse, en vue du concours de mini-miss qui se déroule un peu plus tard dans la journée, près de chez elle. Que se serait-il passé si Elizabeth avait perdu le concours ? Certainement pas la même histoire que je viens de lire, sans aucun doute...

C'est ce jour-là qui a fait basculer l'enfance d'Élisabeth. C'est sa première place sur le podium qui l'a amenée vers d'autres concours... Pendant cinq ans, Elizabeth a appris à être la plus jolie. Elle a récité des textes mielleux pour attendrir les jurys. Elle s'est entraînée dur aux chorégraphies, à marcher comme il faut, à sourire comme il faut, à poser comme il faut. Mais si elle est souvent arrivée en seconde place, jamais plus elle n'est arrivée la première. Partagée entre une mère qui lui impose de réussir et un père qui apprécie ses week-ends sans ses femmes dans les pattes, Elizabeth a tout simplement pété un plomb...

Placée en pension, Elizabeth apprendra que son corps lui appartient et qu'elle peut en faire ce qu'elle veut... Elle vient de trouver comment se venger de sa mère...

Sous forme de journal intime, c'est Elizabeth qui nous raconte sa propre histoire : les week-ends consacrés aux concours, la pension, sa fugue, les différentes étapes par lesquelles elle est passée pour assouvir sa vengeance.

Pour ce troisième roman, Olivier Bourdeaut change de ton du tout au tout. Si le style d'écriture est toujours aussi appliqué, il n'y a rien ici de sarcastique ou de badin. le ton est enragé, amer, acide, dominé par la colère et la rancoeur. Parce que oui, Elizabeth en veut à ses parents, à sa mère particulièrement, elle ne leur pardonne pas et ne pense qu'à les détruire. Ses mots sont crus, ils fulminent. Elle ne s'aime pas, son corps la dégoûte, et cherche à le changer coûte que coûte. Elizabeth n'est que haine et on le perçoit durant toute notre lecture.

Abordés de manière plus posée, les thèmes qu'a choisi d'évoquer Olivier Bourdeaut en sont plus percutants. Autodestruction, vengeance, insatisfaction permanente, haine, narcissisme et culte du corps sont ce qui domine le récit et font d'Elizabeth un personnage cassant, cassé. Je ne m'y suis pas attachée, certainement à cause de son trop-plein de colère qui l'empêche d'avancer. En revanche, elle reste touchante à sa manière, apitoyante, pleine d'ambiguïté. On la voit évoluer et tester son corps au fil des pages, on la voit se détruire à force de vouloir détruire ses parents. Plus on s'approche de la fin, plus on se demande comment tout cela va se terminer, si elle obtiendra satisfaction et surtout à quel prix.

Et voilà que vient le dénouement, pas tout rose comme on s'y attend, moins pire que l'avant-dernier chapitre laissait présager, pas totalement satisfaisant à mon goût mais qui clôt tout de même bien l'ensemble du récit.

Olivier Bourdeaut est assurément un auteur à suivre. Trois romans à son actif, trois histoires abordées de manière différente à chaque fois. Si l'un ne vous a pas plu, il n'est pas dit qu'il en sera de même pour les deux autres.
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Mini-miss et Maxi-flop

J'avais comme beaucoup de lecteurs aimé « En attendant Bojangles ». J'avais contrairement à beaucoup de lecteurs également apprécié « Pactum Salis ».
Je n'ai donc aucun problème avec Olivier Bourdeaut et ce que je vais écrire sur Florida n'est absolument pas motivé par l'envie de me faire les dents sur un auteur à succès.
Mais pour autant, je ne vais pas tourner autour du pot et vous éviter une chronique à rallonge pour dire simplement que ce nouveau roman est de mon point de vue un authentique ratage.

Dès les premières pages, j'ai flairé que ça allait être difficile pour moi d'adhérer. Essentiellement à cause de l'écriture. Une écriture au marteau pilon, sans nuance, lourde, saccadée, des répétitions en veux-tu en voilà, des phrases bancales. Un faux style qui se veut sans doute très travaillé pour coller à une certaine oralité mais l'artifice se voit. Ça manque de sobriété et je ne retiens que la pauvreté.

Après il y a l'histoire qui nous raconte la vengeance d'une ex mini-miss. L'auteur se glisse dans la peau d'une femme en révolte contre son corps, contre sa mère, jusqu'à devenir bodybuildeuse. Disséquer le rapport au corps, analyser un traumatisme, écrire une satire sur le culte de l'esthétisme, il y avait vraiment de quoi me captiver sauf que je n'ai pas cru un seul instant à ce personnage. Cette voix n'est pas celle d'une femme et tout comme pour l'écriture, cette voix manque de finesse. On frise la caricature à toutes les étapes de la vie de la narratrice.

Jamais tout au long de ces 254 pages je n'ai retrouvé la patte, le piquant, la tendresse et la verve de l'auteur. C'est balourd, inutilement cynique et vulgaire.

J'ai lu dans la presse que Florida était un roman « ambitieux ». Je vous avoue ma totale incrédulité. Je n'ai pas à priori pas lu la même version du roman que certains journalistes.
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