« « Ces pages ont pour but de repérer quelques aspects des rapports qu'ont entretenus et qu'entretiennent les oeuvres de langage (principalement d'expression française) et les oeuvres picturales, à trois niveaux : dans le contexte historique, dans les thèmes, dans les formes. Par des rapprochements, des parallèles, des confrontations, nous pouvons mieux comprendre les pouvoirs de la peinture et de la littérature et selon quelles voies leurs oeuvres respectives parviennent à l'existence. » »
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Quelle valeur possède pour nous un tableau en regard d’un poème ou d’un roman ? Comment résonne-t-il en nous ? En quoi les œuvres que nous aimons nous sont-elles essentielles ? Les artistes les ont mises au monde dans l’enthousiasme et un élan de vie, ou dans un mouvement de désespoir, par le travail patient ou l’illumination soudaine. Créer les mobilise tout entiers et, même si parfois ils touchent la souffrance profonde, ils se trouvent portés au somment d’eux-mêmes. Nous recevons de ces œuvres leur rayonnement, nous sommes immergés dans la lumière, éclatante, ou sourde, ou noire, dans laquelle elles sont nées et dont elles sont porteuses.
Les arts, si divers soient-ils dans leur fonction, la matière qu’ils travaillent, les techniques qu’ils emploient, partagent des exigences communes. Peinture, sculpture, architecture, littérature, théâtre, musique, danse, cinéma, impliquent tous une certaine composition (malgré parfois le désordre apparent) ; un rythme (plus ou moins rapide, marqué, continu, varié, répétitif…) ; un ton (qui touche et provoque nos sentiments : joie, tristesse, mélancolie, exubérance, qui nous incite à la réflexion, au souvenir, à l’activité, à la participation collective…). De plus tous ces arts recourent à des procédés (voire à des figures rhétoriques) identiques : répétitions, symétries et asymétries, analogies et contrastes…
Nous ne pouvons nous étonner de l’existence de ce fonds commun à tous les arts. Il a ses racines dans les structures de l’imaginaire : rêves, fantasmes et rêveries, fables et récits mythiques, symboles, œuvres artistique en sont les manifestations.
Littérature et peinture : ce « et » rapproche, réunit, coordonne. Cela semble aller de soi mais nous entrevoyons déjà les sens multiples que prend ce mot. Il relie comment, où, à quels niveaux ?
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N’importe quel objet culturel peut être rapproché d’un autre : on a pu voir des analogies entre un clocher gothique et les coiffures coniques que portaient les femmes nobles au Moyen Âge, entre l’art des jardins et la versification pratiqués en Angleterre au XVIIIe siècle
Il y a quinze ou vingt millénaires, dans les ténèbres que dissipait à peine la lumière des torches, des hommes traçaient avec du charbon et de l’ocre de grandes silhouettes d’animaux sur la paroi des cavernes. … Aujourd’hui nous admirons mais ne comprenons pas … Pourquoi la peinture ? … Prémisses d’une écriture sans doute, amorces de textes, rudiments d’une littérature …