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3,6

sur 51 notes
Nos vies suspendues aborde les thématiques du viol, de la reconstruction de soi, de la justice, de la vengeance…des thèmes « tabous », des thèmes qui affolent, mais indéniablement des thèmes qui font réagir. Je ne pourrais pas vous dire si ce roman vous est adressé, s'il vous parlera, s'il vous marquera. Pour moi c'est ce qu'il a fait. Il a résonné de plein de façons différentes et je ne vous dirai pas, ici, lesquelles. Il a vibré avec moi, avec mon sentiment d'injustice devant toutes ces femmes qui, chaque jour, se font violer et n'obtiennent ni d'excuse, ni de considération, ni même de jugements équitables. Il m'a mise en colère, une colère que je pensais avoir domptée d'une certaine manière, mais qui reste là, sauvage, un peu féline, dans l'ombre.

Nos vies suspendues c'est l'histoire de deux adolescentes victimes d'un viol en réunion, deux ados qui riaient, dansaient, buvaient un soir d'été, tantôt en jupes, tantôt en maillot de bain, rayonnantes. Deux filles qui se sont arrêtées d'un coup dans le temps. L'une pour mieux courir et fuir, l'autre pour mieux s'engouffrer sur le chemin de la mort.
Mais c'est aussi celle de Steven, écrasé de remords et de culpabilité, qui, glacé, est resté là, à regarder sa petite amie subir les pires atrocités. Et qui a par la suite menti, soutenu que ses amis et lui n'étaient pour rien dans cette histoire. Alors il y a aussi Maël, Enzo, Laurent, et Matis, les quatre mecs ayant participé à ce viol. Et Milan, le jeune flic qui les a recueillies toutes les deux, hagardes, les corps couverts de contusion et qui a continué à les soutenir même quand la justice, celle en qui il croyait plus que tout au monde, a tourné le dos à ses protégées.
Et quelque part dans ce joyeux petit monde il y a nous, toi, moi, vous, et les autres, celles qu'on ne voit pas et qui avancent en frôlant les murs des métros, ceux dont on ose pas croiser le regard noir et brûlant.

C'est un roman compliqué à suivre. Beaucoup de personnages. Des changements de narration aussi, le « tu » de Nora, après sa tentative de suicide, le « je » d'Anis, l'omniscience pour les garçons… le présent, le passé, la voix de l'ombre. Un rythme soutenu qui ne laisse que peu de place à la respiration, une plongée en apnée dans quelque chose. Un roman qu'il est nécessaire de lire, de comprendre, d'assimiler. Pour nous et pour elles.

J'ai apprécié que Charlotte ne se contente pas des points de vue des deux adolescentes. Qu'elle nous entraîne vers celui des autres. Qu'elle nous force à les voir en tant qu'êtres humains, non pas en tant que monstres échappés d'un quelconque folklore. Souvent c'est la dichotomie qui est établie : des monstres ou des personnes qui n'étaient pas maîtresses d'elles-mêmes mais entre les deux ? Rien, le néant. On laisse des êtres humains décider de ce qui est juste ou pas dans une affaire où aucune discussion ne devrait être admise.

J'ai également aimé à sa juste valeur le personnage du doppelgänger, ce qu'il permettait de faire et cette comptine incessante qui marque le récit. Mais je lui en ai voulu aussi, de rendre cela plus facile d'une certaine façon, une espèce de dieu vengeur descendu sur Terre. Mais peut-être était-ce le but recherché. Permettre quelques inspirations dans toute cette noirceur. Une pause dans le noir. Chercher à comprendre d'où viennent les ténèbres. Parfois j'ai trouvé sa présence juste et d'autres, de trop, je ne suis pas encore tout à fait convaincue. L'intrigue secondaire avec les SDF m'a également perturbée, à bien y réfléchir, je ne comprends pas bien ce qu'elle apporte réellement au récit et je la trouve peut-être trop « à côté ».

Nos vies suspendues ne vous donnera pas de leçon. Pas de morale. Pas de mots doux. Peut-être qu'il vous donnera une certaine forme de réconciliation avec vous-même si vous vous attachez assez au personnage d'Anis pour vous laisser emporter avec elle. Peut-être qu'il vous fera comprendre une amie proche, une soeur, une mère. Peut-être que comprendrez enfin ce sentiment d'injustice, de colère, de frayeur qui vous échappait jusque là. Je suis sûre d'une chose, il vous marquera. Oh peut-être pas pour toujours, peut-être pas aussi fort que d'autres, que ceux vous ayant arraché des larmes, mais il vous marquera là où les traces restent indélébiles…dans votre conscience.

En résumé

Nos vies suspendues est un roman qu'il est difficile d'aborder sans trop en révéler. Rythmé par une narration implacable et plurielle, il aborde une pluralité de réactions différentes face à un même acte. de la culpabilité à la haine, de la colère à la vengeance, on passe par beaucoup d'émotions qui marquent et laissent une trace sur son lecteur. Bien que quelques éléments m'ont dérangée, la plume acérée de l'autrice et la thématique, aussi actuelle que cruelle, font de ce roman une petite perle.
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Un récit poignant et émouvant qui évoque une des pires atrocités encore trop souvent tue…

Je tiens à remercier les éditions Scrineo pour cette lecture. Je l'ai beaucoup vue passer au sein du Club des Lecteurs Scrineo, et j'ai eu beaucoup de regrets de ne pas l'avoir sélectionnée pour pouvoir le lire. Mais voilà, c'est chose faite, et je ne regrette absolument pas mon choix. C'est un récit intense et émouvant que j'ai découvert, avec toutes les émotions qui se dégagent d'un sujet aussi difficile que celui-ci…
Lien : https://www.acaniel.fr/nos-v..
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Pas évident de parler de ce roman coup de poing qui retourne et bouleverse. Je ne sais pas si j'ai aimé ou non, c'est encore trop présent dans ma tête. C'est une lecture à laquelle on pense plusieurs jours après avoir refermé le livre, mais qui rend mal à l'aise, qui nous pousse dans nos retranchements et qui percute.

C'est un roman qui aborde le viol. Mais pas en tergiversant et métaphorisant, mais de manière crue et réelle. le sujet est dur, mais est exploité sans tabous. On a mal, on tord les lèvres et on expire pour elles. Charlotte Bousquet alterne les points de vues des personnages, les témoins de cette nuit où tout a bousculé pour Anis et Nora. L'événement est une horreur, les conséquences qui le suivent d'autant plus. le procès est si injuste " elles l'ont bien cherché", "elles étaient en petite tenue": Jugement hâtif répugnant. Qui est pourtant un argument donné encore aujourd'hui. Mais non, une fille ne cherche pas à se faire violer ! C'est tellement absurde et une fois de plus répugnant de penser ça.

Ce roman aborde les différentes façons de gérer cette situation : se renfermer, oublier, se venger, nier... La reconstruction est terriblement difficile. L'auteur nous donne envie de nous battre avec les héroïnes, de plaider leur cause, de réagir à l'injustice, de maudire la justice.Mais aussi de se rendre compte que parfois, il est difficile d'agir.

Cependant, j'évoquerais la touche de fantastique qui déçoit et à laquelle on ne s'attend pas dans un roman résolument contemporain. Elle apparaît vers la fin et brise la tension créée par l'histoire ancrée dans un réel cruel. Mais elle permet de parler de folie et de culpabilité. Aussi, je comprends cette construction.

Un roman poignant donc, qui aborde la reconstruction après un drame qui ne devrait pas exister. Une belle leçon de vie, une lecture qui marque.
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En début d'ouvrage, on trouve cette citation qui nous plonge immédiatement au coeur du problème :
Selon l'article 222-22 du Code Pénal, le viol et un crime et l'agression sexuelle, un délit […] Devant la loi, agresser sexuellement une femme équivaut donc à prendre le volant en ayant bu, et c'est moins grave que d'avoir vendu du shit. Zoé de Soyes, « Femme, jusqu'à quand laisseras-tu le silence t'écraser ? », Concours de plaidoiries pour les droites de l'homme 2018, collectif.
J'ai fini de lire ce livre il y a presque deux semaines maintenant. Mais c'est un roman qui nécessite du recul pour pouvoir en parler. Sur le coup, j'ai eu besoin d'évacuer un peu, de partager ma rage, ce que j'ai fait à travers un post instagram, car j'étais incapable de rédiger plus avant. Il est des lectures qui marquent, qui travaillent, qui résonnent au plus profond de nous. Celle-là en est clairement une.
Charlotte Bousquet fait partie des autrices qui mettent les pieds dans le plat dans la littérature à destination des jeunes, enfants et/ou ados, sans langue de bois. Elle ose traiter tous les sujets, aussi difficiles soient-ils. Ici la culture du viol, dans Mots rumeurs mots cutter, le harcèlement en ligne et en cours, dans A ♥ battants, les violences policières pour ne citer que les romans jeunesse chroniqués sur ce blog. Et d'une manière générale, ses personnages ne sont pas formatés. Charlotte Bousquet est une femme que j'admire pour son style, mais aussi pour ses prises de position, non seulement en tant qu'autrice, mais aussi comme directrice de collection des éditions Lynks. Elle ne se met pas de barrières, elle ose, au risque de déplaire. Et sa voix porte dans les collèges, les lycées…
Nos vies suspendues est un roman fort, qui ne rentre pas dans les cases. C'est un roman contemporain par ses thématiques, et la majeure partie de sa construction. Avec une touche de fantastique qui permet une distanciation, mais aussi une liberté dans la trajectoire des personnages… Je ne vous en dirais pas plus sur le sujet, à vous de découvrir. Je sais que ça a déplu à certains, j'ai trouvé pour ma part que ça permettait d'exprimer des choses difficilement accessibles dans un « simple » contemporain.
L'événement à l'origine de l'intrigue est révoltant, mais hélas tellement courant dans la vie réelle. Un viol, ou plutôt des viols, et un jugement ridicule et dérisoire. Parce qu'elles portaient des tenues légères au milieu de l'été, parce qu'elles faisaient la fête, parce qu'elles avaient bu, parce qu'ils étaient tous drogués, Anis et Nora ont été traitées comme des coupables, humiliées, et leurs agresseurs quasiment excusés…
Ce roman, c'est l'histoire de ces jeunes filles, et jeunes gens, de leur vie après le simulacre de procès. Chacun réagit comme il peut. Certains se sentent plus coupables que d'autres. Mais pourquoi n'ont-ils rien dit ? Anis se bat, dans une course effrénée vers l'avant. Nora, elle s'est arrêtée, refermée. Elle ne veut plus être.
La narration alternée nous permet de découvrir les différents points de vue. Anis s'exprime elle-même, Nora est interpellée par le narrateur, et pour les autres, il s'agit d'un narrateur omniscient. le tout est ponctué de retours en arrière, qui nous permettent de découvrir ce qui s'est passé avant, pendant et juste après les viols. En détail. Certaines scènes sont difficiles. Mais nécessaires. Il est bien je pense de pouvoir échanger sur cette lecture, qui peut être éprouvante.
J'ai aimé que l'autrice ne s'arrête pas à suivre les victimes des viols, qu'elle montre l'impact des événements sur tous les protagonistes. J'ai aimé qu'elle montre la rage, la haine devant ces institutions qui refusent de comprendre, et qui culpabilisent les victimes. Car quand on refuse d'entendre le viol, quand on humilie les victimes, on prend le risque de détruire ces victimes, ou de provoquer de la haine et des envies de vengeance. Heureusement pour la justice, notre éducation fait que le plus souvent, cette haine ne s'exprime que par les mots et la souffrance. Car devant certaines situations, j'avoue avoir des envies de violence, voire pire.
Une femme ne « cherche » pas à se faire violer. Quelle que soit sa manière de s'habiller, de se comporter, personne n'a à décider à sa place si elle souhaite avoir des relations sexuelles. Et ce n'est pas parce que sur le moment, elle ne se débat pas que ce n'est pas un viol. Une telle réaction s'appelle la sidération. Trop souvent, même la police, la gendarmerie ou les juges ne le savent pas ou n'en tiennent pas compte. Trop souvent, on entend encore « elle l'a bien cherché ».
Ça ne doit plus jamais arriver, parlez-en autour de vous. Une femme est libre de son corps, de sa vie, de ses choix. Il est temps d'en finir avec ces considérations d'un autre âge.
Il est compliqué de dire qu'on a un coup de coeur pour ce genre de roman. Par contre, il y a toutes les chances qu'il mette un coup de poing au lecteur. Et c'est déjà beaucoup. C'est un livre à lire, un livre utile, à mettre entre les mains des adolescents et adolescentes. Un livre qui provoquera des débats. Un livre pour discuter, expliquer. Mais c'est avant tout un bon roman, bien écrit, original dans sa narration comme dans la gestion de l'intrigue.
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Nos Vies Suspendues est un roman poignant. Charlotte Bousquet nous propose un vrai page-turner qui porte bien son nom tant il a mis ma vie en suspens, le temps de ma lecture. Je l'ai dévoré d'une traite, tremblante de rage, de dégout et de chagrin. On y suit deux jeunes femmes victimes de viol, trois ans après l'agression. Trois années durant lesquelles elles ont dû vivre avec le verdict injuste prononcé par le tribunal, une sentence inacceptable qui a mis leur reconstruction en suspens. Malheureusement, c'est un sujet tristement d'actualité, à une époque où les femmes sont encore bien trop souvent considérées comme coupables de ce qui leur arrive. L'autrice choisit de montrer l'injustice et la réalité brute : le fait que les plaintes pour viol n'aboutissent que très rarement à un jugement satisfaisant. Ici, pas de super héroïnes prêtes à enfiler leurs capes de justicières, mais de jeunes femmes détruites, abandonnées par la justice et, par-dessus tout, culpabilisées. Comme si la sidération n'existait pas, comme si sa beauté, son état d'ébriété, sa virginité ou sa tenue avait une quelconque incidence sur la culpabilité des victimes. On découvre alors deux jeunes femmes qui réagissent différemment à l'annonce du verdict, mais aucune n'est plus légitime que l'autre. L'une s'est créée une carapace mentale, s'est endurcie jusqu'à en devenir froide et insensible. L'autre s'est créée une carapace physique, s'est oubliée au point de ne plus vouloir exister. Ce sont deux femmes qui ne peuvent que toucher, deux personnages crédibles qui incarnent tant de femmes à qui cela arrive chaque jour.

Et soudain, une touche de fantastique. Elle déçoit presque, quand elle arrive dans ce récit qu'on veut pourtant réaliste et juste. Mais une fois la surprise passée, on se rend compte de l'intelligence de l'implication du surnaturel dans cette histoire. À sa façon, elle personnifie des sentiments parfois difficiles à appréhender, comme une douleur intérieure qui ronge et qui détruit. Tout au long du roman, il est question de culpabilité. Des victimes, des agresseurs, des silencieux, des allié∙e∙s. Des victimes, à qui on fait croire qu'elles l'avaient peut-être un peu cherché, en exploitant la fameuse « zone grise » du consentement. Des agresseurs, qui ont de plus en plus de mal de se convaincre que cette zone existe. Des silencieux, qui auraient dû intervenir, qui auraient pu changer les choses. Des allié∙e∙s, qui auraient voulu aider, mais qui n'ont pas pu. Nos Vies Suspendues parle de culpabilité, mais aussi de reconstruction et de résilience. Un roman percutant !

Lien : http://allison-line.blogspot..
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J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui traite d'un sujet assez délicat, pas facile facile et surtout très poignant.
Nous allons y faire la connaissance de deux jeunes filles victimes d'un viol en réunion qui essayeront tant bien que mal de refaire surface après ce terrible drame. Chacune d'elle essayera d'appréhender la situation à sa manière, et nous allons donc les suivre dans leur combat pour faire punir les coupables, et leur tentative de reconstruction.
L'histoire est vraiment prenante, pleine de tension et suivre ces deux jeunes filles est assez difficile, sentimentalement parlant.
Et si au départ je dois avouer que j'ai eu un peu mal à m'habituer à la construction assez singulière de ce roman, j'ai malgré tout beaucoup aimé cette lecture à la fois poignante, percutante et où il est question de résilience, d'injustice, de culpabilité et de reconstruction.
Une très bonne lecture.
Merci aux éditions Scrineo pour cette lecture.
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