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EAN : 9782361391058
152 pages
Le Mot et le reste (21/11/2019)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Eugène Boutmy était typographe à une époque ou cette activité nécessitait d’être ouvrier et savant, sachant manier le plomb récupéré dans la casse et dans le même temps manipuler les tournures de la langue, ainsi que faire respirer le texte sur la page. Ce labeur a généré une langue verte, un argot qui permettait « d’entrer en imprimerie ».
Certes ce lexique peut nous sembler lointain à l’heure où des logiciels donnent à croire que la maîtrise de la mise en p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Livre écrit en 1883, à une époque où les livres se composaient exclusivement au plomb. Les typographes étaient alors une confrérie fermée, jalouse de ses prérogatives, de ses connaissances et de ses compétences à nulles autres pareilles.
Ce livre m'a été attribué lors de la dernière masse critique Babelio et offert par les Editions le mot et le reste.
J'ai autrefois travaillé dans une imprimerie, qui commençait à passer à l'offset et je retrouve dans cet ouvrage les débats qui agitaient alors cette entreprise et les conflits entre « offsettistes » et « typographes ».
Débat que l'on retrouve dans le livre de Isabelle Répiton et Pierre Cassen, Touche pas au plomb !
Le livre de Boutmy est divisé en trois parties :
La première partie, consacrée au métier de typographe, explore la question, qui est, qui n'est pas typographe.
Seul, au sein de l'imprimerie, « Celui qui lève la lettre, celui qui met en pages qui impose, qui exécute les corrections, en un mot qui manipule le caractère est un typographe (...) »
Chaque mot a son importance dans cette définition. Lever la lettre, mettre en page, imposer, exécuter, corriger, manipuler.
On imagine le typographe penché sur son cadre de bois qui aligne les caractères pour d'abord restituer sans faute aucune le texte de l'auteur, rendre harmonieuse sa disposition sur une page, éviter les « lézardes » (cet alignement des espaces qui crée des colonnes de blanc disgracieuses tout au long d'une page), éviter les « Bourdons » (oubli de lettres ou d'un groupe de lettres), éviter les « Coquilles ». C'est de là que lui vient son surnom de « Singe »...
On comprend mieux pourquoi Balzac décida d'être imprimeur et typographe de son oeuvre, et Jules Michelet et Benjamin Franklin composaient eux-mêmes leurs textes.
On y apprend aussi que le métier comporte trois catégories, prote, metteur en page, paquetier…et, qu'avec le temps, comme dans tous les métiers, les tâches exécutées au début de l'imprimerie, par un seul homme, furent réparties entre différents personnages.
Tâches qui demandent « du sang-froid et de l'activité » … dit l'auteur citant le Traité de Typographie de Henri Fournier.
Déjà en 1883, Eugène Boutmy déplore l'industrialisation de l'imprimerie avec l'introduction de la machine à vapeur et l'apparition dans le métier « (…) d'intrus qui font exception et servent de repoussoirs. »
Les grands noms de l'imprimerie, Alfred Mame à Tours, M Brun chez Didot, et bien avant eux, Momoro guillotiné en 1794, auteur du Manuel de l'imprimeur, doivent se retourner dans leurs tombes.
Un long développement est consacré aux correcteurs parmi lesquels on compte de nombreux littérateurs.
La deuxième partie est le dictionnaire proprement dit. Dictionnaire technique où l'on retrouve les définitions de termes du métier : Avaro, Bourdon, Cadratin, Déléatur, Lézarde, , Prote, pomper des petits clous, Aller en Galilée, Aller en Germanie… ; dictionnaire courant présentant les termes utilisés par la confrérie des typographes dans la vie de tous les jours : Gourgousser, Pacquelin, L'absinthe ne vaut rien après le déjeuner.
Nombre de ces expressions sont d'ailleurs passées dans le langage populaire comme, Enfant de la Balle, Homme de Bois etc…
La troisième partie recense les coquilles célèbres on y apprend que Malherbe dans son poème « Ode à Duperrier pour la Mort de sa Fille », avait écrit :
« Et Rosette a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin ? »
On doit au typographe les vers passés à la postérité
« Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin ? »
Livre à lire à son temps, à savourer, pour ceux qui aiment l'objet livre dont, hélas, les productions actuelles ne sont que des pales copies, enchaînant souvent, bourdons, lézardes et autres coquilles qui font frémir « les fils de Gutenberg. »
Merci Babelio et les éditions « le mot et le reste », pour avoir satisfait ma demande lors de la dernière Masse Critique.
Ce livre se prête à un quiz que vous trouverez bientôt sur mon profil.
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Mr Eugène Boutmy, nous a livré un ouvrage en 3 parties sur le milieu particulier de la typographie à Paris du 19ème siècle, il était lui-même typographe de l'époque.
1ère partie monographie des emplois du milieu, des personnages qui y exercent, de leurs us et coutumes, des ambiances d'ateliers, codes, plaisanteries, … / 2ème partie un dictionnaire propre du vocabulaire utilisé par le monde typographique / 3ème des coquilles
Cela m'a rappelé l'ambiance d'ateliers bien que ceux que j'ai fréquentés n'étaient pas de typographie.
J'ai été transportée dans un autre monde, une écriture d'époque machisme inclus, avec hiérarchie bien que les postes de typographes soient interchangeables par la force des choses, l'humour n'est pas étranger à ce livre.
J'attendais plus du dictionnaire qui est ce pourquoi j'avais choisi cet ouvrage, même s'il est extrêmement fourni, j'aime les mots particuliers aux milieux, aux époques, …
C'est un genre d'ouvrage sur lequel j'affectionnais de tomber quand on m'achetait des caisses entièrement de livres en brocante pour combler ma soif de lecture et m'ouvrir à de nouveaux milieux de vie jusqu'alors inconnus.

Un tout grand merci à l'opération masse critique de Babelio et à la maison d'édition 'Le mot et le reste' que je ne connaissais pas encore mais dont je suivrais dorénavant les activités de plus près :)
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Et hop ! un livre de plus pour compléter ma bibliographie de correctrice. Ce livre est venu s'immiscer entre mes ouvrages d'orthographe, de grammaire et de typographie, entre autres. Quel grand plaisir de découvrir ce texte datant de 1883. Et c'est non sans humour que l'auteur, Eugène Boutmy, nous délivre quelques secrets du monde des typographes. On saura donc ce qu'est un prote, un metteur en page, un paquetier, et évidemment un corrigeur.
Mais des typographes, l'auteur soulignera que certains sont des gourgousseurs, des chevrotins, des fricoteurs, des pilleurs, ou encore des casaniers.
Je mettrai de côté le caractère très misogyne de Boutmy qui perçoit la femme typographe, dite typote, comme un élément perturbateur et qui devrait s'occuper de sa maison plutôt que de mettre les pieds, et les mains, dans un atelier de typographes. Les femmes en prennent pour leur grade à quelques reprises. Mais aussi dirons-nous « autre temps, autres moeurs »...

Après une première partie littérale, nous passons au dictionnaire. Et quel délice d'apprendre d'où viennent les expressions « enfant de la balle », « (à) bibi » (qui s'y colle, c'est Bibi !), la fameuse « boîte » que l'on appelle l'entreprise, encore aujourd'hui. On apprendra qu'une bouteille à l'encre est une imprimerie en difficulté ; que caler, c'est rester sans ouvrage. On révisera les origines des bas et hauts de casse, du cassetin, de l'épreuve, du deleatur.
Bref, pour ma part, j'espère ne jamais être dans les choux pour finalement chier dans le cassetin aux apostrophes, à cause d'une coloquinte !
Puisque, quand le moment de la banque arrive, l'alcool coule un peu plus à flot au moment de la brisure, de quoi donner une sacrée barbe !

Enfin, l'auteur nous offre en fin d'ouvrage les plus belles coquilles typographes relevées à son époque.
Une très riche, drôle et sérieuse lecture à mettre entre toutes les mains.
Merci à Babelio et à l'éditeur le mot et le reste pour la masse critique !
Ah, et j'oubliais, Eugène Boutmy, sachez que je ne suis pas devenue correctrice « par accident » !
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Ancien typographe, j'avais pris un plaisir énorme à mettre sur Wikisource cet ouvrage du domaine public recensant les termes usités dans l'atelier typographique dont certains perdurent encore aujourd'hui dans le monde de l'imprimerie. Il existe pléthore d'éditions de cet ouvrage indispensable à tous les amoureux de la belle typographie.
Lien : https://fr.wikisource.org/wi..
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