Quel original travail de recherche que cette publication !
Je reconnais avoir choisi ce livre universitaire suisse en imaginant vraiment tout autre chose au regard de la quatrième de couverture. Cependant, après la surprise de découvrir que cette étude n'était limitée qu'à Genève avec un peu de déception, j'ai perçu l'intérêt tout de même de cette approche pour un lecteur autre que genevois ou suisse comme français comme moi.
Car le cadre y est vraiment défini dans sa temporalité (XVI-XXe siècle) autant que dans sa localité, ce qui permet la sensation d'une étude très riche et la plus complète possible qui pourrait être ensuite envisagée et extrapolée bien au-delà de Genève, Genève ne restant plus que l'exemple représentatif de toute ville européenne équivalente pendant cette période.
Le premier chapitre de
Fabrice Brandli, le directeur de cette recherche, permet de bien comprendre la raison de cette étude, le questionnement de départ, la mise en place du projet collectif de même que l'organisation et la sélection des différents aspects qui vont être abordés. Les chapitres suivants vont ensuite s'organiser chronologiquement avec une grosse part au XVIIIe siècle.
Le premier aspect étudié ne se cantonne pas lui à Genève car plus ancien (XVI-XVII) mais est analysé à partir de tout écrit de langue française portant sur l'aspect démonologique de l'animal. Cette recherche va essayer de montrer sur quelles bases et à quel moment il va y avoir un changement sur la place donnée à l'animal.
Cette place animale une fois établie, les études suivantes axées sur le XVIIIe siècle répertorient au sein de la société genevoise leurs liens avec nous, du moins leur présence imbriquée à la notre au moment où les changements technologiques sont nombreux et rapides, et par conséquent les adaptations nécessaires à mettre en place. Cette fois, les exemples représentatifs passent par le droit de chasse et la présence équestre. L'animal garde toujours à cette étape une place associée à l'utilité et la facilitation de la vie humaine.
C'est seulement plus tard au XIX, que l'animal reprend une place plus d'émerveillement, découverte mystère et de loisirs pour nous. le naturalisme reprenant sa place de départ. Selon cette analyse, l'apogée animalière serait ensuite atteinte au XX avec pour exemple les fronts de la Grande Guerre et à nouveau un changement de cette société hybride bêtes et hommes.
La facilité de lecture du fait de l'exposition de données factuelles et analysées permet un premier niveau de lecture abordable auquel je me suis limitée pour ma part (en tout cas dans un premier temps). Une seconde lecture, avec l'utilisation de la multitude de références fournies permettraient surement bien davantage d'aborder le sujet dans sa globalité, mais pour cela il me faudrait beaucoup plus de temps.
J'y ai en tout cas obtenu ce que j'attendais avec cette première phase, c'est-à-dire la compréhension selon ces auteurs des éléments clés des changements de notre société n'incluant pas que l'homme mais ces autres êtres vivants, les Bêtes. L'angle de vue reste pourtant selon moi porteur que d'un seul axe et volontairement ou pas n'effleure pas les contre exemples. le compte rendu de cette étude est en effet finalement assez court et ne le permettait surement pas pour garder le côté tout de même ludique et instructif.
Reste à nous, la curiosité aiguisée de poursuivre à partir de cet intéressant portrait de départ !