LA CHANSON DE KARL HOLLMANN
En fumant du mauvais tabac
Au bord du fleuve s’il fait beau
Je hume l’air et dans mon sac
J’ai du tabac et des journaux.
Puis je pense à mon ami Jack
Jusqu’à la nuit et j’ai la trouille
En fumant ce tabac jauni
Plus jaune hélas était sa bouille
Quand il était dans le sapin
Y’avait de quoi s’enfuir bien loin !
Cré nom ça ne m’a pas servi
De siffler cinq coups d’eau-de-vie !
Il a reçu les sacrements :
Pour les vers, c’est du boniment
Sa peau s’en ira en lambeaux
Comme banane qu’on épluche.
C’est pour tous le même topo
Personne dort sur de la plume
Le monde est un étang qui pue :
Mais toi, Jack, toi tu es sauvé.
J’suis pas fier mon vieux Jack vois-tu
J’pense pas qu’il faille t’envier
Je dis simplement qu’on s’y fait
De nous deux, Jack, tu étais l’homme :
Tout est plus vide qu’un journal !
L’encens sur ton corps… Ah personne
N’a mieux payé son dû au diable
Mais penser aux vers me fait mal
Hello Jack, je voudrais savoir
Si tu n’as plus mal nulle part ?
Pourtant, j’suis content d’voir les mouches
Chier dans mon café comme hier.
Que le ciel aujourd’hui est vert
Et c’est un vrai essaim de mouches !
Tout compte fait, Jack, cet étang
Il est assez chaud par moment !
J’trotte chez moi quand le froid vient
J’emporte un peu d’air dans mes mains.
Moi, homme bien vivant, pour sûr
Avec un toit et quatre murs.
O VOUS, TEMPS DE MA JEUNESSE
O vous, temps de ma jeunesse !
Votre souvenir pâlit sans cesse.
Ombres légères ! Chambres au badigeon blanc !
Et l’orchestration rouge qui jouait dedans !
Dans les viviers couleur de soie
En chemise framboise et chapeau melon
Carpes voraces nous nous ébattions
À la poursuite de nos proies.
O le son des guitares grinçantes !
Gosiers enflant leur voix vers le ciel !
Pantalons raidis de crasse et d’amour !
Dans les nuits vertes et visqueuses, quel rut !
Errances lasses parmi les pousses de saule !
Sous le ciel vert pomme, ô tabac, tes volutes !
Nous prenions notre essor tels des colombes saoules
Pour finir plus tristement qu’un sac au rebut
Et toi, tendre agneau dans ta chemise empesée !
Déjà le bon pasteur avidement te cherche.
Oui, tu broutes encore, et tout rouge
Se cache ton cœur, qui bientôt pourrira.
Engagé à gauche, mais critique du régime d'Allemagne de l'Est, le dramaturge allemand Bertolt Brecht, traverse un demi-siècle d'histoire allemande et propose un théâtre marxiste qui fait réfléchir le spectateur sur sa condition.
Pour comprendre l'influence qu'a eue la Première Guerre Mondiale sur Bertold Brecht, Tiphaine de Rocquigny reçoit Irène Bonnaud, metteuse en scène et traductrice, et Hélène Camarade, professeure en études germaniques à l'Université Bordeaux-Montaigne, spécialiste de la résistance allemande et de la mémoire du national-socialisme.
#economie #histoire #bertoltbrecht
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