Après un premier volume enthousiasmant et un second plus lent, j'ai dévoré ce troisième tome. Bien entendu, arrivés au troisième volume d'une saga, vous ne pourrez pas me tenir rigueur de vous spoiler quelques éléments des deux premiers tomes, toutefois, si vous ne souhaitez pas avancer plus loin, vous pouvez toujours jeter un oeil aux chroniques des premier et deuxième tomes ! 🙂 C'est aussi ma première lecture dans le cadre du Mois de la Fantasy 2020 avec la catégorie « la fureur de Smog : créatures fantastiques ».
Mon résumé
Après son voyage en Erégie et celui, non moins tumultueux, au Bayembé, Isabelle Trent a entrepris de monter une expédition à travers le monde afin d'étudier les dragons. C'est à bord du Basilic qu'elle fera escale dans différents coins du globe y rencontrant tantôt de dangereux serpents des mers ou les majestueux quetzalcoatls, tantôt les ennuis – souvent mortels – qu'elle semble collectionner.
Cette fois-ci, son fils, Jake, sera de la partie alors que Mademoiselle Oscott restera à terre pour s'occuper de sa maison et de cette sorte d'université pour jeunes femmes qui a commencé à se construire autour de la personnalité sulfureuse de la Lady – c'est pourtant pas faute de rougir à chaque fois qu'un torse nu se présente -.
Entre l'étude des dragons, les découvertes majeures qu'elle fera, l'enthousiasme débordant de Suhaï un archéologue Akhien et la fréquentation peu recommandable mais répétée de la mort, ce voyage ne sera pas de tout repos !
Mon avis
Comme je vous le disais le second tome m'avait paru assez long. D'une part parce que l'on suivait essentiellement Isabelle dans ses déboires et non plus dans l'étude des dragons mais aussi parce que le récit s'était teinté de politique de manière trop prononcé à mon goût. Ne vous méprenez pas, j'adore les intrigues politiques, mais j'avoue que ce que je préfère dans ce récit là ce sont les dragons et la façon absolument fascinante dont les découvertes d'Isabelle font progresser la science.
Dans ce tome ci nous partons d'emblée à la conquête des serpents des mers. le but de l'expédition ? Déterminer si les dragons ont évolué séparément, conjointement et découvrir pourquoi certains ressemblent davantage à des reptiles et d'autres à des oiseaux. Je lui ai trouvé un je ne sais quoi qui m'a beaucoup plu, peut-être parce que je pouvais sentir tout un enthousiasme scientifique dans les mots d'Isabelle, peut-être parce que sa relation avec son fils amenait de tendres disputes qui me rendait son personnage plus sympathique ou bien tout simplement parce qu'on en apprenait décidément beaucoup sur le monde que
Marie Brennan avait créé à travers ce troisième volume ? Un peu de tout cela à la fois.
Je crois que le terme que je cherche est « richesse ». le second volume s'était tellement attardé en une seule région, avec très peu de dragon, qu'il avait été beaucoup plus plat et monotone que le premier alors qu'il s'y passait beaucoup de choses politiques et métaphysiques. Mais là c'est une véritable expédition ! Isabelle se déplace de port en port, de village en village, elle explore les coutumes locales, trouve des guides pour la mener sur des territoires reculés chargés d'histoires, quand elle ne se fait tout simplement pas rejetée par les autorités par peur de ce qu'elle pourrait découvrir. Tout cela rendit le récit palpitant et gorgé de légendes et de créatures célestes ou aquatiques.
Nous retrouvons bien entendu avec grand plaisir le ton très cynique d'Isabelle alors plus âgée et reposant un regard plus critique sur son comportement d'alors, annotant le récit de précisions entre parenthèses, distillant ce que sera plus tard son fils décidément pas très féru de dragons, faisant référence à tout ce qui agita le monde pendant son incroyable expédition sans qu'elle n'en sache rien… Cette espèce de lecture à deux vitesses, d'une part le récit très vivant et dynamique d'Isabelle comme le serait n'importe quel roman, et d'autre part l'aspect « mémoire » donnent un rythme que j'apprécie tout particulièrement et qui est très bien maîtrisé par l'autrice. J'aime l'idée que je ne sache pas tout, et que tout ce que je lis s'est déjà produit et a eu des conséquences. C'est idiot puisque tout est fiction mais c'est la grande réussite de ce récit faisant d'Isabelle un genre de Darwin de la fantasy.
Ce qui me plaît particulièrement et qu'on sentait également se construire dans les deux premiers volumes ce sont les réflexions autour de l'aspect scientifique de la chose, de l'étude. Isabelle a un avis très tranché sur la question. Pour elle traquer et tuer un specimen pour l'étudier afin de comprendre une race entière est tout à fait différent du massacre auquel s'adonne les chasseurs que ce soit par plaisir ou opportunisme. Aussi, même si la recherche la passionne, elle est toujours à cheval entre deux chaises : ce qu'elle doit dire pour faire avancer la science, ce qu'elle devrait taire pour empêcher la science de devenir industrie. Ce jeu sur le fil du rasoir est présent dans tout le récit, du moment où elle se rend compte qu'une île a été entièrement dépeuplée pour récupérer des os de dragon, à celui où elle découvre d'où proviennent les pierres de feu.
Marie Brennan retranscrit cette réflexion scientifique avec brio ainsi que l'enthousiasme par lequel se laissent porter les scientifiques de son roman. C'est à la fois touchant et effrayant.
En résumé
Le Voyage du Basilic constitue un troisième volume riche d'aventures et de découvertes. On y apprend comment Isabelle Trent a chevauché un serpent de mer, épousé une femme, est morte trois fois et s'est une nouvelle fois fourrée dans des complots politiques et industriels. Mais on en retiendra surtout les disputes tendres avec son fils, les découvertes scientifiques et archéologiques et l'enthousiasme débordant et effrayant qui découle de la soif de connaissances.
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