Tes cheveux sont trop longs
Ils te donnent mauvais genre
D'autres te l'ont dit aussi
Dans la cour de l'école
Et le professeur de biologie
Tu le fais rire en portant des robes
Ses théories volent en éclat
Il n'aime pas ça
Au cours d'éducation physique
Les vestiaires sont tes ennemis
Les toilettes aussi
N'en parlons pas
Tout le monde regarde où tu vas
Rien n'est prévu pour toi
Alors tu te retiens parfois
Pour éviter leurs sarcasmes
Tu te caches et ça donne mauvais genre
Ce que tu fais doit être mal
Quelqu'un doit t'avoir dit ça !
Sans compter les réprimandes
Ta mère dit que ça va passer
Ton père a honte de toi
Il aime son fils
Mais tu n'es pas son genre
Les garçons ne portent pas de robe
Et toi, tu transgresses les règles
La morale, la loi aussi
Car un garçon n'a pas le droit
De se prénommer Mathilda
Comme tu le veux...
Petite fille, petite femme
Tu es si fidèle à ton âme
Que d'autres âmes
Sans te juger
T'aideront, t'aimeront telle que tu es
Comprendront que le mauvais genre
C'est celui du corps dans lequel tu es née
Comme si ton âme s'était trompée
Regarde-moi, petite fille
Toi seule détiens la vérité
Elle est belle, tu es belle toi
Ton âme sait
Elle est ta loi
Ne te nie pas
Ne les laisse pas te détruire
Ta lumière guidera les pas
De celles et ceux qui sont comme toi
Si tu veux bien, donne-moi la main
Je ne te laisserai pas tomber
T'abandonner n'est pas mon genre.
Et ce matin encore
En regardant mon corps
Je me suis demandé
Si je n'étais pas mort.
Mon père s'en est allé
Il n'avait pas de fils, pas de fille non plus
Ma mère a tant pleuré
Elle qui a tout tenté
D'experts au sang binaire
En psychiatres imposés
Pour leur faire comprendre
Qu'elle pouvait m'aimer
Interview de Ludiane de Brocéliande par Philippe de Riemaecker.