AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782350510651
160 pages
Editions de la Transparence (17/11/2011)
4/5   1 notes
Résumé :


Ad Reinhardt (1913-1967) est connu pour ses tableaux noirs, qui représentent sans doute la pratique la plus radicale dans l'histoire de la peinture abstraite. Jouissant dans les années 1960 d'un prestige artistique et éthique hors du commun, notamment auprès de la jeune génération d'artistes, il est resté à distance de l'expressionnisme abstrait.

Critique à l'égard de ses compagnons peintres, surtout à cause des idées qu'ils se faisai... >Voir plus
Que lire après Ad Reinhardt : Peinture moderne et responsabilité esthétiqueVoir plus
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La seconde perspective dans laquelle la problématique de l'absolu apparaît chez Ad Reinhardt est donc inscrite dans le modèle de l'histoire qu'il a construit. Autant ce modèle est organisé selon la logique hégélienne, autant il s'en écarte sur un point important, à savoir l'autonomie de l'art. Chez Hegel, l'art est une forme de connaissance ; en tant que telle, elle est d'emblée considérée comme inférieure aux autres formes de connaissances que sont la religion et la philosophie, tandis que chez Ad Reinhardt - tout comme chez Kant - l'appréciation de la beauté est une expérience sui generis qu'il ne faut confondre ni avec la libido sciendi ni avec la libido tout court ; l'art n'est ni connaissance ni reconnaissance. L'histoire de l'art redevient pour Ad Reinhardt l'histoire des formes, et il apparaît alors de toute évidence qu'elle ne peut être considérée comme linéaire. Heinrich Wölfflin avait déjà rencontré une même difficulté, et il a conçu l'histoire comme une alternance périodique des deux tendances esthétiques, l'une classique, l'autre baroque. Contrairement à Wölfflin, premier historien de l'art structuraliste, Ad Reinhardt ne reconnaît qu'une tendance dans l'évolution des formes, celle du classicisme, qui est un processus de purification de la forme artistique. De Hegel, il préserve donc la conception du progrès dans l'histoire, mais c'est un progrès idéel et intemporel dont il s'agira désormais de repérer les sommets - une forme d'absolu artistique - aussi bien dans l'Islam qu'en Chine, au Moyen Âge qu'en Grèce : " " Un des sommets de l'Art universel", l'évolution de cinq cents ans au Cambodge est aussi claire et cohérente et continue qu'en Inde et en Grèce, dès Gupta au Pallava et dès l'héllénistique. (...) Aucun art n'est moins mystérieux, moins irrationnel, moins accidentel, moins inconscient que l'art des Kmers. (...) L'art classique est non naturel, non divertissant, non instructif, sans fardeaux, irreligieux, sans vie, sans sons, sans air, sans parfum, immuable, intemporel, inutile, indramatique, impoétique, austère, abstrait, carré, moral, (...) invisible, désintéressé, complet, rationnel, conscient, clair"
Commenter  J’apprécie          31
Choqué, Ad Reinhardt trouve esthétiquement immoraux et scandaleux les propos des artistes qui laissent planer l'ambiguïté soit par le recours à la métaphore poétique, soit par l'inconscience politique ou l'ignorance historique, ambiguïté qui rend possibles toutes les récupérations idéologiques de l'art. Dans un détournement surprenant, pratique qui lui est propre depuis les années cinquante, il parodie ce genre de formules sentencieuses des artistes, en en retournant le sens et en les antidatant de surcroît. En voici un exemple:
"Ma peinture représente la victoire des forces de la lumière et de la paix sur le pouvoir des ténèbres et du mal." - Picasso, 1958.
" Ma peinture représente la victoire des forces des ténèbres et de la paix sur le pouvoir de la lumière et du mal." - Reinhardt 1957.
Commenter  J’apprécie          21
"Les réactionnaires purs et conséquents (...) ne voyant pas dans le négatif le coté affirmatif de sa nature, ils ne peuvent y croire, et ils en déduisent fort correctement que le positif ne peut se maintenir que par l'écrasement total du négatif. En même temps, ils ne se rendent pas compte (du fait) que le positif n'est ce positif défendu par eux que dans la mesure où le négatif s'oppose encore à lui ; ils ne saisissent pas que, par suite, si le positif remportait une victoire totale sur le négatif, il serait désormais en dehors de l'opposition, il ne serait plus alors le positif, mais bien plutôt l'achèvement du négatif : il faut leur pardonner leur incompréhension, car l'aveuglement est le caractère essentiel de tout positif, tandis que le discernement est le propre du seul négatif."
Commenter  J’apprécie          22
Certe, la singularité et l'originalité de la création, recherchées constamment par l'artiste moderne, semblent être radicalement incompatibles avec l'idée de faire comme "tout sujet doit faire à ma place" ; Kant nous a cependant aidé à comprendre qu'il s'agit là de déterminer la seule forme d'une telle action, forme (au sens philosophique et non esthétique) que l'artiste appliquerait à des situations artistiques, historiques et sociales concrètes dans lesquelles son destin l'a appelé à être artiste. Il s'agit de décrire selon quel principe général (impératif catégorique) procède l'artiste moderne en définissant son projet et en mettant en place sa pratique (maximes subjectives ou règles de l'art), autrement dit de décrire le processus créateur et d'examiner si ses règles sont universalisables, c'est-à-dire compatibles avec l'impératif catégorique de l'artiste moderne.
Commenter  J’apprécie          11
Dans une interview avec Patricia Norvell, réalisée en 1969, Weiner explique pourquoi l'intérêt qu'il a pour les protocoles de Reinhardt surpasse celui qu'il a pour ses tableaux : " Une chose physique est toujours un trou, voyez-vous, et le trou, quelque nom qu'on lui donne, reste un trou. L'idée de faire de l'art en dehors du trou est excitante, alors que le trou n'est jamais terrible. La même chose avec la toile. Vous savez, (Ad) Reinhardt a passé sa vie à le prouver. L'idée d'un Reinhardt est toujours plus excitante qu'un Reinhardt."
Commenter  J’apprécie          11

autres livres classés : artVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}