AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 281 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
S'il y a bien deux atouts que je retiendrais chez « La Princesse au visage de nuit », ce sont l'ambiance et le design ! En effet, les éditions de L'Homme sans nom ont fait un très bon travail sur le maquettage : la couverture est magnifique, les intérieurs sont colorés, tandis que l'on distingue plusieurs branchages à chaque chapitre et à toutes les parties. C'est superbe ! Rien qu'au niveau du rendu, j'étais déjà en admiration du livre-objet ! Or, le résumé alléchant m'avait également attirée : il annonçait un huis-clos mystérieux où se mélangent le fantastique et le thriller/polar. Voilà un cocktail qui me plaît toujours ! Cet ouvrage n'a pas fait exception. Dès les premières pages, David Bry a su m'emporter dans son univers sombre, brutal, secret, magique et addictif. Si vous êtes un(e) adepte de thrillers fantastiques, vous serez ravis de trouver tous les éléments promettant une chouette lecture : un village rempli de non-dits, des meurtres, des drames, une légende sinistre et sanglante, des habitants cachant des choses ou ayant un comportement louche, des faits inexpliqués à la limite du mystique, etc. L'auteur maîtrise vraiment bien les codes du genre ! Si vous cherchez une lecture de saison ou quelque chose à vous mettre sous la dent pour Halloween, vous devriez être conquis. Pour ma part, j'ai adoré l'ambiance, au point que j'avais du mal à m'arrêter de lire…

Comme l'indique le titre, ce roman va tourner autour de la légende de la Princesse au visage de nuit, un spectre réalisant les souhaits les plus chers, mais à un prix colossal… Bien que j'aurais souhaité un approfondissement de cette fameuse Princesse, j'ai été sous le charme de cette idée d'être malélfique. On se demande réellement s'il est réel ou si c'est un conte narré et entretenu par les habitants à la manière du film « le village ». Qu'arrive-t-il à Hugo, ce jeune éducateur pour adolescents, ayant quitté ce village natal pour vivre à Paris ? Ses parents ont-ils eu un accident ou bien est-ce plutôt quelqu'un de malintentionné qui les a assassinés ? À moins que ce soit plutôt l'oeuvre de la Princesse ? Aux côtés de ce jeune homme perdu, on va essayer de démêler le vrai du faux. On va également enquêter sur son passé torturé. En effet, lorsque Hugo a quitté Saint-Cyr, il n'a pas qu'emporté ses bagages : il y a un poids lourd sur ses épaules… Que s'est-il passé pour qu'il décide de ne plus revoir sa famille ? D'où vient son amnésie ? Pourquoi cracher sa rancoeur lors de l'enterrement de ses géniteurs ? Cette double enquête fut terriblement intéressante ! Comprendre ces deux affaires fut intrigant et prenant.

Ainsi, je ne me suis jamais ennuyée. Les chapitres défilaient tous seuls… Pourtant, à y réfléchir, certains lecteurs n'apprécieront peut-être pas le rythme. C'est lent, mais constant, digne de Stephen King. L'action est surtout présente dans le dernier tiers de l'ouvrage. En ce qui me concerne, les mises en place lentes mais progressives ne me dérangent pas… Surtout si l'auteur propose une bonne atmosphère comme celle-ci ! Je me sentais bien au cours de cette lecture, tandis que je savourais la plume fluide, entraînante et efficace de David Bry. Celui-ci parvenait systématiquement à éveiller mon intérêt, que ce soit à travers les flash-backs de Hugo, les rebondissements, le mystère des personnages secondaires ou encore cet étrange décompte avant le solstice d'été…

« La Princesse au visage de nuit » propose tout un éventail de personnages troubles, avec des failles et des secrets. Hugo fut un héros intéressant auquel je me suis finalement attachée durant les cinquante dernières pages. J'ai aimé sa personnalité, ses valeurs, ses convictions ainsi que sa détermination malgré toutes les horreurs qu'il a traversées. Sophie, la soeur d'une amie d'antan, fut également un protagoniste dont j'ai aimé l'évolution. Sa relation avec son aînée m'a terriblement émue, en particulier dans les ultimes chapitres. En revanche, je n'ai pas accroché avec les autres personnages. Même si j'ai aimé leur rôle, les habitants de Saint-Cyr m'ont paru assez caricaturaux : la vieille folle, le vicomte, l'antiquaire, le commissaire, etc. Seul le prêtre m'a semblé être le plus nuancé. du côté des amis parisiens, j'avoue m'être longtemps demandé quel serait leur utilité dans le récit. J'avais plutôt l'impression que leur intervention nuisait à la dynamique du texte. Finalement, leur présence fut importante lors du dénouement. de plus, ils ont permis à Hugo de réfléchir sur son passé, d'emprunter le chemin de la résilience et d'avoir un but. Ce n'est donc pas une mauvaise chose (même si, je l'avoue, j'aurais néanmoins pensé qu'ils interviendraient davantage…). La seule chose sur laquelle je n'arrive pas à faire une impasse, c'est malheureusement sur la fin : j'ai trouvé les réponses trop expéditives. Tout s'est conclu avec une vitesse déconcertante et pas de la façon que j'espérais. J'attendais beaucoup plus d'imaginaire. le soufflet est un peu retombé. C'est dommage, car David Bry avait réussi à me captiver.

Je remercie Amanda avec qui j'ai lu ce roman. Comme toujours, j'ai adoré nos échanges, nos suppositions (surtout sur la Princesse ou sur la vieille Lisienne) et notre envie commune de dévorer frénétiquement les chapitres. Même si nous aurions espéré un peu plus de fantastique et même si nous n'avons pas été convaincues par le dénouement, nous avons été transportées par l'ambiance ainsi que par le concept de cette créature des bois. Pour ma part, je compte bien noter ce livre dans la sélection du PLIB, car je me suis régalée pendant les trois-quarts du récit et c'est ce qui compte à mes yeux… Merci aux éditions de l'Homme sans nom pour la découverte.
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          283
Ce que j'ai ressenti:

« La princesse au visage de nuit est de retour. »

Qu'est-ce qui pousse une légende à devenir si forte? Qu'est-ce qui l'emmène à imprégner un lieu, les esprits, des destins? La malédiction de la princesse au visage de nuit pourra sans doute, vous éclairer…Au pire, suivez les lucioles…

Je me pose toujours, en ouvrant un livre de conte, cette question de savoir quelle est la part de vérité? Car si le conte emmène son lot de merveilleux, il ramène aussi, une part de sombre réalité tenace…Et avec cette lecture, on commence d'ailleurs, dans l'orage et ça finit dans l'obscurité, et entre, il y a une ambiance assez lourde qui nous maintient dans un malaise oppressant…Le compte à rebours est fixé, et même si il a un petit côté « magique », on sait qu'il va se passer quelque chose. Quelque chose de dramatique. Mais on est tellement happé par l'atmosphère trouble de ce petit village de Saint-Cyr, que la curiosité l'emporte sur l'angoisse…

J'aurai presque envie d'enfiler les oripeaux pour aller discuter avec cette princesse cachée au fin fond de son antre, parce que finalement, même si elle incarne une fatalité évidente, c'est quand même vers elle, que se tournent les enfants. C'est ce qui m'a bouleversée. Vraiment bouleversée. Que ces enfants, ne croient non seulement plus, en une justice divine, mais pire encore, en la justice des hommes, et cherchent dans une figure insaisissable, l'espoir d'une réparation des torts…C'est horriblement triste…

La princesse au visage de nuit est un mélange de fantastique et de thriller, qui nous sensibilise sur la maltraitance infantile. Un page-turner captivant, qui fait resurgir toutes nos peurs enfantines. Derrière l'univers très réussi de cette forêt mystérieuse, avec tout ce folklore d'êtres récurrents des contes, le véritable problème qui transparaît dans la réalité, c'est bien les violences multiples auxquels, les enfants doivent faire face. On va suivre, dans deux temporalités différentes, ces victimes et leurs évolutions suite à ces traumatismes.

J'ai été touchée par cette histoire et encore une fois, charmée par la plume et la sensibilité de cet auteur. L'amitié, l'entraide, la bienveillance, la confiance, la parole restent les meilleurs moyens de lutter contre les pires démons, qu'ils soient réels ou imaginaires…

Alors, êtes-vous prêts à partir à la rencontre de la princesse au visage de nuit?
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          260
Attirée par la 4ème de couverture qui promettait une ambiance conte gothique avec souvenirs d'enfance et une bonne dose de surnaturel, j'ai plongé avec peut-être trop d'attentes dans ce récit.

Hugo, un jeune parisien, revient dans son village natal suite au décès de ses parents. le retour au domicile de son enfance ravivent les souvenirs douloureux d'anciennes maltraitances et de la disparition de ses amis. Pris dans les méandres de sa mémoire amputée des événements ayant conduit à cette disparition et en prise avec la tourmente de la réalité, Hugo commence à sombrer. Il tente également de comprendre pourquoi d'anciens jouets lui appartenant sont déposés sur le seuil de sa maison et les sombres avertissements de certains des habitants.

J'ai été happée par le récit, construit comme un aller-retours permanent entre les souvenirs de l'enfance et le présent. le rythme s'en ressent sur une bonne moitié du roman. L'auteur nous tient bien en haleine, on s'interroge sur la santé mentale du protagoniste, on compatit sur ses tourments et on tente avec lui de reconstituer le fil de cette nuit tragique qui a avalé ses deux meilleurs amis.
Cependant, au fur et à mesure de notre progression dans le récit, quelques bémols viennent plomber le récit.
Au niveau des personnages principalement.
Les habitants du village avec lesquels il a des interactions sont assez caricaturaux. Je peux comprendre l'effet recherché puisqu'on oscille sans cesse entre la réalité et le merveilleux. Ce ne sont donc pas les termes employés (ogre, sorcière) qui m'ont agacée mais bien le manque de crédibilité de ces personnages.
Au sujet de sa bande d'amis à Paris. Ces derniers sont vaguement évoqués au milieu de toutes les intrigues et j'ai été surprise par la tournure et l'importance qu'ils prennent en fin du récit. J'ai trouvé leur comportement et interactions peu crédibles du coup.

Au niveau du style, l'écriture est fluide et suffisamment travaillée pour éprouver du plaisir à la lecture et ne pas s'ennuyer. L'intrigue est bien construite, le lecteur est partie prenante dans cette histoire, il mène l'enquête tout comme le protagoniste principal.
J'ai trouvé la fin un peu décevante et manquant de panache.

Une lecture en demi-teinte mais un auteur que je vais continuer à découvrir car j'ai bien aimé son style.
Commenter  J’apprécie          230
J'ai eu le plaisir de lire La princesse au visage de nuit, avant de découvrir le chant des géants. Cela a été l'occasion pour moi de découvrir la plume de David Bry que j'ai particulièrement appréciée.

C'est un livre complètement différent, puisqu'ici nous ne sommes pas dans de la fantasy, mais plus un thriller fantastique.

Le récit semble nous mener vers une histoire bien sordide, pour finalement s'orienter vers une direction complètement différente…

L'auteur brouille les genres, et la frontière est parfois très mince entre la réalité et l'imaginaire. A plusieurs reprises on se demande si l'histoire de la princesse au visage de nuit est réelle ou bien si c'est un conte, largement véhiculé dans ce village éloigné de tout. L'auteur amène les choses petit à petit, tout en distillant par parcimonie le suspens autour de cette légende. Et même si le rythme peut parfois sembler lent, il y a un côté contemplatif que j'ai particulièrement aimé, car les choses prennent le temps d'être amenée, tout en étant très dense.

L'éventail des personnages est très large, certains sont très intéressants, attachants, mais d'autres m'ont semblé un brin caricaturaux, mais sans vraiment m'attarder sur eux, ils ne m'ont pas empêché de trouver l'ensemble très bien construit.

Au-delà de l'histoire, dense, fantastique et très prenante, la construction, l'ambiance donnent un thriller fantastique d'une excellente qualité. David Bry signe un excellent roman sur l'enfance, son innocence mais aussi les traumas et leur impact sur les adultes. C'est un roman que l'on dévore jusqu'à la dernière page, tellement le suspens est entretenu par l'auteur tout au long du récit.

Comme d'habitude, l'objet livre est ici d'une excellente qualité et donne envie de lire. La couverture est intrigante, chaque chapitre est agrémenté de branches avec des colorations. Encore un très bel objet-livre.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
Commenter  J’apprécie          190
Imaginez un village français tout ce qu'il y a de plus banal, perdu en pleine campagne et entouré d'une grande forêt. Imaginez à présent que des légendes courent depuis des décennies au sujet de ces bois que certains estiment hantés par le fantôme d'une jeune femme attirant à elles les enfants malheureux. Imaginez, enfin, que ces histoires aient une part de vrai, et que les disparitions et phénomènes étranges se multiplient de manière alarmante à l'approche de chaque fête de la Saint-Jean. Voilà, très rapidement, le principe de base sur lequel repose le nouveau roman de David Bry que je découvre avec « La princesse au visage de nuit » mais dont Dionysos a déjà exploré un peu la bibliographie (« Que passe l'hiver » ; « Le garçon et la ville qui ne souriait plus »). Plein de suspens, de tension, mais aussi d'humour, l'ouvrage se lit avec plaisir et flirte tour à tour avec le thriller et le fantastique, une combinaison qui en fait un véritable page-turner. L'auteur y met en scène un jeune homme, de retour dans le village de son enfance dans lequel il n'a jamais remis les pieds depuis cette nuit tragique qui le hante. Une nuit qui permit à Hugo d'être placé en foyer, après qu'aient été découvertes les marques de coups révélant la maltraitance de ses parents, mais au cours de laquelle le garçon a également perdu ses deux meilleurs amis, Pierre et Sophie, dont il ne parvient pas à se rappeler le sort et dont on n'a jamais retrouvé les corps. Malgré le traumatisme, Hugo a réussi à refaire sa vie, à Paris, auprès notamment d'une nouvelle bande d'amis eux aussi un peu cabossés mais qui le soutiennent à leur manière. La mort de ses parents va toutefois faire rejaillir tous les mauvais souvenirs de son enfance et l'obliger à se confronter à ce passé qu'il fuit depuis des années. Car leur mort s'accompagne d'un grand nombre de phénomènes étranges liés à la légende la princesse au visage de nuit, celle-là même qu'Hugo, Pierre et Sophie ont tenté de trouver cette fameuse nuit.

Le pitch est alléchant et assez révélateur à lui seul de l'ambiance du roman qui m'a beaucoup fait penser à plusieurs lectures récentes (sans pour autant jamais donner l'impression qu'il s'agissait de « réchauffé »), à commencer par « Je suis ta nuit » de Loïc le Borgne, ouvrage avec lequel le roman de David Bry présente de nombreuses similitudes, tant au niveau des thématiques que des personnages. L'atmosphère et le cadre sont également assez proches puisque, dans les deux cas, les auteurs mettent en scène un petit village banal et parviennent à rendre ce décor à priori tout à fait inoffensif totalement terrifiant (aspect que j'ai également retrouvé récemment dans « Passé déterré » de Clément Bouhélier et « Au bal des absents » de Catherine Dufour). Des bruits dans les fourrés, une ombre qui disparaît soudainement, des objets disparus il y a des années et qui refont surface, des malédictions tracées sur la porte des maisons… : il n'en faut pas beaucoup plus pour créer une ambiance oppressante qui met le lecteur en état d'alerte constant. Certains trouveront peut-être que l'auteur n'en fait pas assez, ou qu'il se contente de vieilles recettes (ce qui est partiellement vrai), mais personnellement le coup du regard dans la nuit ou du vent qui murmure suffit à me hérisser les poils (je suis à ranger dans la catégorie des « grosses flipettes », ce qui explique pourquoi je ne regarde jamais de film d'horreur et que je fais des cauchemars après chaque lecture un peu angoissante, celle-ci comprise). Bref, cela a fonctionné sur moi et je me suis rapidement prise au jeu de cette enquête mêlant événements passés et présents. La lecture a été d'autant plus plaisante que l'auteur a (et mes nerfs l'en remercient) pris soin de désamorcer régulièrement la situation grâce à l'humour de ses personnages, qu'il s'agisse d'Hugo ou de sa bande de potes qui ne sont jamais à court de bonnes vannes pour faire redescendre la tension d'un cran. Et ça fait un bien fou, car certains passages sont franchement éprouvant nerveusement et font ponctuellement basculer le récit dans l'horreur et le fantastique.

La rapidité avec laquelle se dévore le livre tient également à sa construction : l'auteur opte pour des chapitres courts, rythmés, et alterne entre passages au présent, au cours de laquelle on observe Hugo mener l'enquête pour comprendre ce qui lui est arrivé il y a des années, et passages au passé (bien plus courts) qui nous permettent de revivre des moments tragiques ou des souvenirs heureux d'Hugo redevenu petit garçon. Des flash-back qui contribuent évidemment à accentuer l'émotion du lecteur qui ne peut qu'être touché par le paradoxe entre la luminosité de ces enfants et l'innocence de leurs jeux, et les événements tragiques dont on sait qu'ils seront (ou sont déjà) les victimes. L'auteur aborde d'ailleurs un certain nombre de sujets très durs tournant autour du viol, de la maltraitance d'un enfant et de l'aveuglement des adultes, mais sans jamais sombrer dans la surenchère ou le sordide (un autre point commun avec « Je suis ta nuit » que je ne peux également que vous recommander). Alors certes, certains rebondissements de l'intrigue sont assez prévisibles, qu'il s'agisse de l'évolution de la relation entre Anne et Hugo ou encore le rôle de certaines des figures emblématiques du village dans l'affaire, mais ces légers bémols n'enlèvent rien au charme du roman ni à son efficacité. On pourrait également lui reprocher de mettre en scène des personnages un peu trop caricaturaux (la vieille mégère bizarre, le vieux gardien bourru, le pervers aussi répugnant à l'extérieur qu'à l'intérieur…) mais là encore ce choix ne dessert en rien le roman qui repose justement sur un certain nombre de poncifs qui visent d'abord à faire naître la familiarité, puis l'angoisse.

David Bry signe avec « La princesse au visage de nuit » un beau roman fantastique consacré à l'enfance, son innocence mais aussi les traumatismes qui peuvent s'y développer. La narration efficace et le suspens savamment entretenu jusqu'à la toute dernière page font de ce récit un vrai page-turner qu'on dévore avec un mélange d'inquiétude et de plaisir. Une belle découverte !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          190
C'est une lecture que j'ai apprécié, premièrement car le mélange "thriller/suspense" et fantastique est bien amené et justement dosé.

L'écriture de David Bry (dont c'était ma première lecture) est très agréable, mature et en même temps facile à lire, avec dans la construction une alternance de chapitres courts et en quinconce sur deux périodes (de nos jours et il y a 20 ans).

Scénaristiquement c'est agréable, je me répète mais le mélange thriller et fantastique fonctionne, c'est même un des points forts du roman car la tension est palpable à chaque instant. La fin apporte son lot de surprises.

Le thème de fond porté sur la disparition d'enfants dans un bled paumé au milieu d'une forêt intéresse et les sujets annexes, Violences, maltraitance, traumatisme, amitié, superstitions et légendes accroche bien.

Les personnages sont agréables, même si tous ne sont pas inoubliables et que j'ai eu tendance à mélanger les prénoms. La diversité est de mise, autant générationnelle que dans les moeurs.

Enfin, la couverture est belle et la qualité du livre, l'objet en lui même est irréprochable (c'est le deuxième roman que je lis chez "L'Homme Sans Nom" et vraiment du travail soigné).

Je précise que ce titre fait parti des 25 sélectionnés du plib2021.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          130
Souviens-toi l'été dernier.

Vingt ans que Hugo a fui son village natal, isolé à l'orée d'un bois, bordé par une rivière.
Vingt ans qu'il a fui la maltraitance de ses parents, cachant les cicatrices couvrant ses bras. Qu'il a fui le souvenir de ses ami·e·s disparu·e·s un terrible solstice d'été, alors qu'iels étaient à la recherche de la Princesse au Visage de Nuit. Seul Hugo était alors ressorti de la forêt.
Contraint de revenir suite à la mort de ses parents – une mort plus suspecte qu'il n'y paraît –, les souvenirs remontent, tout comme le besoin de réponses à ses questions. D'autant que d'étranges événements viennent perturber son séjour forcé.

Ce livre est un polar plein de mystères. C'en est presque une triple enquête : sur la mort des parents de Hugo, sur la disparition de ses ami·e·s lorsqu'iels étaient enfants, et enfin sur la quête pour retrouver ses souvenirs oubliés de cette terrible nuit-là.
C'est un huis-clos avec à peine quelques échappées hors de ce village où chaque habitant semble cacher ses secrets, un village cerné par les bois et la rivière, perdu au milieu de nulle part, oppressant à mesure que le solstice d'été s'approche de nouveau et que des noms sont murmurés par le vent, que d'anciens jouets refont surface, et que l'orage gronde.

Ce livre est un conte, où l'on retrouve la figure de la sorcière, de l'ogre, de la princesse dans la tour, de la forêt et de la fée (fae) qui y exauce les souhaits si on la trouve, mais dont les enfants ne reviennent pas toujours.
Les figures archétypales oscillent entre la métaphore et le réel, entre leur passé et leur présent, participant à cette atmosphère gorgée de fantastique, un brin inquiétante.
Les ambiances y sont particulièrement soignées, complètement immersives. On frisonne dans cette nuit noire perturbée par le ballet des lucioles qui annoncent l'arrivée de l'étrange, où le tonnerre roule, menaçant, où les ombres rampent dans l'obscurité et les légendes prennent dangereusement vie au coeur des bois. Les secrets enserrent les êtres, le passé les étrangles, les retient... On oscille toujours entre poésie et angoisse.

Ce livre parle de maltraitance, des cicatrices (physiques ou psychologiques) laissées par les traumas, du passé qui percute et s'accroche au présent, mais aussi d'amitiés et d'espoirs qui permettent d'y faire face et de continuer à vivre.
C'est un livre rythmé qui se dévore quasi d'une traite, et si les personnages ou l'intrigue ne sont pas les plus complexes qui soient, l'histoire ne laisse pas indifférent·e grâce à ses mystères et ses atmosphères prégnantes particulièrement réussies.
Commenter  J’apprécie          80
Un plaisir de retrouver la plume de David Bry. J'étais complètement tombée sous le charme de Que passe l'hiver, en plein solstice d'hiver. Bis repetita La princesse au visage de nuit, en plein solstice d'été cette fois.

Je me suis donc plongée avec plaisir dans cette nouvelle intrigue, fantastique, mystérieuse, feutrée. Je me suis accrochée à Hugo dès son entrée en scène, dans ce village improbable, et comme lui j'ai vite étouffé sous le poids des années, des non-dits, du silence, des souvenirs qui résonnent encore dans les pages du roman, des personnages qui n'ont pas bougé en vingt ans…

J'ai vraiment accroché au thriller. Habituellement je ne comprends jamais rien à ce genre de littérature; si j'ai accroché ici c'est parce qu'enfin j'ai compris quelque chose et je ne me suis pas perdue en route ! J'ai aussi été complètement happée par le suspense que j'ai trouvé haletant, au point de ne pas pouvoir lâcher le livre du tout avant la fin. Et cette pression d'arriver à cette fameuse nuit du solstice est insoutenable, j'ai beaucoup aimé le compte à rebours.
Bon, par contre je dois bien dire que le côté polar franchement n'est pas hyper réussi. Il y a des facilités énormes, mais ça passe parce que ce n'est clairement pas l'enjeu du récit.

Ambiance fantastique donc, mais des sujets très ancrés dans le réel, avec le rôle de l'amitié, très forte ici, et que j'ai trouvée un peu sous exploitée d'ailleurs, et surtout le travail de deuil.

Un roman à mon sens pas parfait, mais une très bonne lecture. Je dois pour finir préciser que le travail éditorial des éditions de l'Homme Sans Nom met très bien en valeur l'ambiance générale du roman et la lecture n'en est que plus immersive.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/d..
Commenter  J’apprécie          80
Cela peut sembler parfaitement ridicule, mais je n'ai commencé à me sentir véritablement chez moi dans notre nouvelle maison qu'à partir du moment où le nouveau facteur s'est mis à m'apporter des livres en abondance : c'était le signal que la vie reprenait son cours habituel, que tout redevenait comme avant … Ou presque. Car force est de reconnaitre que le bouleversement des routines quotidiennes a eu une terrible conséquence : c'est comme si tous les moments propices à la lecture s'étaient volatilisés, et je lis beaucoup moins qu'avant. Il m'a donc fallu négocier avec mes yeux si fatigués pour leur faire comprendre qu'ils devaient impérativement tenir quelques heures de plus chaque jour pour me permettre de lire un peu en soirée, avant d'aller me coucher, car c'est le seul créneau vraiment libre qu'il me reste. Et même si ça me demande une concentration à toutes épreuves – qui dit « fatigue oculaire » dit aussi « dédoublement des lignes » –, c'est indéniablement mon moment préféré de la journée !

Cela fait maintenant plus de vingt ans qu'Hugo n'a pas remis les pieds dans son village natal. Vingt ans qu'il s'efforce de tourner la page, d'effacer ce qui lui reste de souvenirs. Vingt ans qu'il tente désespérément de vivre, ou plutôt de survivre à cette enfance dévastée. Vingt ans plus tard, l'enfant du pays est de retour pour enterrer ses ivrognes de parents, dont la mort ne serait parait-il pas tout à fait accidentelle … Et tandis que le solstice approche à grands pas, tandis que l'orage gronde soir après soir, tandis que l'enquête suit son cours sinueux, voici que d'étranges événements volettent autour du jeune homme, aussi sûrement que ces nuées de lucioles qui dansent dans la nuit. Des prénoms murmurés dans le vent, des jouets perdus qui ressurgissent, des fantômes qui hantent le bois. le bois. Ce fameux bois de la princesse au visage de nuit. La princesse. Cette princesse au visage de nuit que ses deux amis et lui étaient venus chercher en pleine nuit de solstice, il y a vingt ans de cela. La nuit. Cette nuit où sa vie toute entière a basculé et dont il ne garde aucun souvenir. Seulement un vide, un manque, une absence : celle de ces deux enfants qui ont disparus sans laisser de traces alors qu'il a survécu.

Le communiqué de presse me promettait un « conte moderne, intense et poignant, entre enquête et fantastique, légendes mystérieuses et réalités crues » …. Et une chose est sûre et certaines : ces promesses ne sont pas seulement tenues, mais surpassées. Après un prologue bref mais puissant commence un compte à rebours haletant : le solstice d'été approche, vingtième anniversaire d'un drame qui ébranla à jamais la vie de ce petit village, et surtout celle d'Hugo que nous rencontrons donc dans le cimetière où ses parents vont être inhumés. On le sent : le jeune homme n'a aucune envie d'être là, dans ce lieu qui fait ressurgie tant de souvenirs, des doux comme des durs, des bons comme des mauvais. Surtout des mauvais. Il donnerait n'importe quoi pour être ailleurs, pour rejoindre ses amis parisiens dans un bar, pour retrouver le foyer où il accompagne des ados aussi cabossés par la vie que lui. Pour laisser une bonne fois pour toute le passé derrière lui. Mais ce passé le rattrape un peu plus à chaque instant, tout en s'obstinant à lui échapper par moment. Deux mystères s'entremêlent délicatement dans ce récit : celui qui entoure la mort de ses parents, et celui qui entoure cette fameuse nuit d'il y a vingt ans. Deux enquêtes parallèles qui, on le sent bien, vont finir par s'entrecouper.

En quelques pages à peine, l'auteur nous plonge dans une ambiance vraiment très particulière, à la fois pesante et aérienne. On y retrouve les amitiés et les blessures enfantines, ces moments d'insouciance et ces instants de souffrances. On y retrouve l'atmosphère feutrée des petits villages où tout se sait mais rien ne se dit, où les secrets s'enfouissent profondément pour mieux ressurgir quand on s'y attend le moins. Et surtout, ainsi que l'espérait l'auteur, c'est un roman qui « parle à l'enfant en chacun de nous » : quel enfant n'a jamais cru au plus profond de son être que telle maison était hantée, que telle forêt cachait dans ses entrailles des légendes accessibles seulement aux plus petits ? Dans ce roman, réalisme et fantastique se mélangent habilement pour ne former plus qu'un : on ne sait plus où s'arrête l'un et où commence l'autre. Les enfants voient ce que les adultes ne voient plus, trop englués qu'ils sont dans leur rationalité qui éclipse tout l'inexplicable de la vie … Pourquoi Hugo a-t-il survécu alors que ses amis ont disparu ? Comment grandir avec cette culpabilité latente et cette douleur lancinante, avec ces rêves avortés et ces espoirs brisés ? « Tu vas t'en sortir. Il faut juste que tu grandisses », voici la promesse qu'Hugo fait à son enfant intérieur, cet enfant qu'il a tenté d'oublier mais qu'il doit retrouver pour pouvoir avancer dans la vie, libéré de ce poids qui l'entrave.

Et c'est donc cette combinaison de ces trois sous-intrigues – enquête policière, manifestations fantastiques et quête initiatique – qui rend ce roman particulièrement palpitant et haletant malgré un rythme qui reste relativement lent et constant. On reste dans un récit quelque peu contemplatif, qui pourrait presque se rapprocher du thriller psychologique. L'auteur a vraiment su trouver ce si délicat équilibre entre action et émotion, entre noirceur et lueur d'espérance, entre mélancolie et douceur. C'est un roman qui évoque à demi-mot des réalités atrocement crues, des vérités horriblement cruelles, mais qui le fait avec tant de délicatesse que même le lectrice hypersensible que je suis n'en a pas été trop marquée … Il faut dire que David Bry a une plume exceptionnelle, qui ne plaira sans doute pas à tout le monde du fait de sa douce poésie, mais qui m'a personnellement beaucoup émue. C'est comme retomber en enfance et écouter les contes de fées que nous racontent nos parents : entre effroi et émerveillement, on est tiraillé entre cette envie insatiable de connaitre le fin mot de l'histoire et cette crainte de ce qui nous attend et de ce qui attend les personnages … Délicat équilibre, encore une fois.

En bref, vous l'aurez bien compris, ce fut vraiment une très belle lecture, toute en demi-teinte : un récit « doux-amer » comme le dit l'auteur lui-même dans le petit mot que j'ai reçu en même temps que le livre. C'est un roman qui fait revivre en nous l'enfant que nous étions, avec ses rêves mais aussi ses peurs, avec son insouciance mais aussi ses douleurs. Car on a tous en nous des blessures, plus ou moins visibles, plus ou moins grandes, avec lesquelles nous devons avancer coute que coute. Et nous avons tous en nous cette douce nostalgie de cette enfance où tout semblait à la fois si simple et si compliqué, mais où tout pouvait s'expliquer par ce que les adultes appellent avec mépris « l'imaginaire ». Contrairement à d'autres romans qui s'efforcent de tenir le lecteur en haleine par une déferlante de rebondissements et d'actions, c'est un récit qui joue plutôt sur les sentiments et les émotions pour mieux pour happer. Comme c'est souvent le cas avec les éditions de l'Homme sans Nom, c'est un ouvrage à la croisée des genres, un ouvrage atypique qui se joue des frontières pour mieux nous captiver. C'est un roman qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, j'en conviens, mais que je conseille tout de même à tout le monde, car il est vraiment très beau et il a beaucoup de choses à dire. A nous dire.
Lien : http://lesmotsetaientlivres...
Commenter  J’apprécie          70
David Bry c'est toujours très aléatoire avec moi, sans demi mesure. Ou j'aime, ou je déteste ce qu'il écrit.
Et ici c'est tombé du bon côté.

L'histoire, c'est celle de Hugo, un jeune homme qui revient dans son village d'enfance pour y enterrer ses parents décédés dans un accident de voiture mystérieux et avec qui il n'avait plus du tout de contact. Très vite, il va se retrouver obligé de passer beaucoup plus de temps que ce qu'il le voulait dans ce village et en sa compagnie on va tenter de démêler les liens qu'il peut y avoir entre la mort de ses parents et des évènements qui se sont produits vingt ans plus tôt et lors desquels ses deux meilleurs amis ont disparu.

On navigue entre ce petit village banal qui tourne parfois à la collection des horreurs (qui fait un peu beaucoup pour un seul village) et Paris, où il a tenté de reconstruire une vie loin de son passé. C'est un petit peu le point négatif du roman parce qu'il y a là ses amis et que j'ai eu du mal à comprendre l'intérêt de ceux-ci, qui ont leur propre vie mais qui sont beaucoup trop lointain d'un récit qui vire au fantastique pour bien s'y intégrer.

Mais à part ça, je me suis régalée. J'ai beaucoup aimé l'histoire, l'enquête, ce compte à rebours et la tension qui monte. On voyage entre le présent et le passé, on essaie nous aussi de comprendre ce qu'il s'est passé et où tout ça va nous mener, on commence à trembler pour les protagonistes et on se dit que personne n'en sortira indemne.

C'est prenant, bien écrit, j'ai tourné les pages à toute vitesse et ça m'a un petit peu réconcilié avec David Bry qui m'a emporté avec sa jolie écriture et ce mystère bien tourné dans cette ambiance sombre et mélancolique.
Lien : https://yodabor.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          50





Lecteurs (571) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}