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EAN : 9782754808927
120 pages
Futuropolis (05/05/2014)
4.06/5   71 notes
Résumé :
"En 2008 et 2009, à Dreux, j'ai photographié la vie quotidienne d'une résidence sociale Adoma, ex-Sonacotra. J'y ai rencontré Abdesslem, un ancien tirailleur marocain. Il avait alors plus de quatre-vingts ans. Ce reportage terminé, j'ai voulu le revoir. Finalement, nous avons passé des heures ensemble, souvent le matin, autour d'un café clair et très sucré. Je lui demandais de me raconter sa vie. Pèle-mêle, c'est la dernière guerre, la campagne d'Italie, l'Indochine... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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♫ On ira au ciné.
Sûrement pour voir
Quelque chose d'insolite
L'insolite au moins,
Ça change les idées.
Mais dès que le film est fini,
On retombe dans la réalité.
Faut que j'me tire ailleurs
Faut que j'me tire ailleurs
C'est pas une vie
D'être toujours enfermé.♫
-Bill Deraime- 1980-
----♪----♫---👳‍♂️----🎥----👳‍♂️---♫----♪----
Je sors du ciné sans transition aucune
Mais après lecture et Ninopportune
L'arabe, j'comprends qu'dalle j'ai ri
Je parle pas le Peul mais Omar Sy
Faut que j'me tire dit Sy dans l'Eure
Alors qu'à Dreux ils s'Tirailleurs...
De babouche à oreille, Enrôlements à tour de bras
Y a bon Banania et...les voilà soldats !
Au Maroc, pas de Chocolat
Aussi jusqu'en 56, pro tech t'aura !
Engagés dans l'armée française pour 4 ans
Récit, mémoire, parfois y'avait des blancs...
Suivez la direction du soleil. Marchez
dans les bois le jour et le long de la voie ferrée
Les loups sont entrés dans Paris
Les films sont des trains dans la nuit... 🎬
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Cela fait maintenant 6 ans qu'Abdesslem, à plus de 80 ans, vit loin des siens dans une résidence sociale Adoma de Dreux. de sa rencontre avec Alain Bujak, photographe et reporter naît cet album dans lequel le vieil homme se livre...
1939. Dans les montagnes de la province de Taza, Abdesslem, alors tout jeune berger d'une quinzaine d'années, doit se rendre au souk situé à une vingtaine de kilomètres de chez lui et apporter du pétrole. C'est là qu'il rencontre son ami Nadim qui l'informe qu'il s'engage dans l'armée et se rend à Taza. Curieux de voir des camions, il l'accompagne. Arrivé sur place, ne comprenant pas ce que disent les soldats qui parlent français, le jeune homme se fait embarquer et jeter dans le camion avec d'autres comme lui. Emmené de force au quartier militaire, dépouillé de ses vêtements, habillé en soldat et soumis à la visite médicale, on lui annonce que l'armée l'engage, dans le 4ième régiment des tirailleurs marocains. Pour quatre longues années. Sans avoir pu dire au-revoir à toute sa famille... Fier de porter l'uniforme, il décide de rester. Mais, le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef lance un appel à ses hommes pour soutenir la France contre les attaques allemandes. Commence alors un terrible périple pour tous ces jeunes hommes en partance pour la France...

Dans le cadre de son travail, Alain Bujak a fait un reportage-photo dans l'une des résidences sociales de Dreux, entre 2008 et 2009. C'est comme ça qu'il a fait la rencontre d'Abdesslem. Au fur et à mesure de leurs entrevues, le vieil homme s'est confié au scénariste. Tout en douceur et pudeur. Il en résulte un témoignage édifiant et tragique. Contraint de rester en France 9 mois dans l'année pour pouvoir prétendre à une bien maigre pension en tant qu'ancien tirailleur marocain, Abdesslem vit loin des siens, dans des conditions misérables. Cet album, tel une page d'histoire, est empreint de réalisme et d'une émotion particulière tant le récit du vieil homme est poignant et touchant. Ce témoignage montre à quel point la France néglige aujourd'hui tous ces tirailleurs marocains dont elle a eu pourtant si besoin. le dessin, en couleur directe et aux crayons de couleurs de Piero Macola, est empli de douceur et d'humanité.
A noter, à la fin de l'album, un formidable photo-reportage au Maroc lorsque Alain Bujak retrouve Abdesslem chez lui.

Le tirailleur en première ligne...
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Abdesslem aura connu une vie riche mais paradoxalement fort peu enviable.

Alors qu'il est tout jeune berger Marocain dans les montagnes, il se voit brutalement arraché à sa terre nourricière pour intégrer d'autorité le quartier militaire de Taza dans le but d'être formé au combat. Une formation visiblement salvatrice tant le personnage aura connu de conflits tout au long de sa triste existence...

Aux travers d'échanges entre un journaliste, Alain Bujak, et un vénérable personnage déraciné dès son tout jeune âge et habitant désormais seul une petite résidence sociale de Dreux, Abdesslem, il ressort un album d'une profonde humanité qui pourrait tout aussi bien s'inscrire comme devoir de mémoire.
Car combien furent-ils, tout comme Abdesslem, à être enrôlés de force pour aller combattre au nom d'un pays qui n'aura finalement eu pour ses soldats qu'ingratitude et oubli.

Seconde guerre mondiale, Indochine, Abdesslem fera brillamment le grand chelem, tout étonné d'en avoir réchappé mais à quel prix. Celui du sang et de l'amoralité pour finalement devenir un mort parmi les vivants.

J'avoue avoir eu beaucoup de mal au tout début avec ce trait hachuré, un parti pris bien compréhensible au regard du sujet évoqué.

J'ai aimé ce parcours, celui d'un homme qui se sera sacrifié au nom d'un idéal qui le dépassait certainement de très loin.

A noter ce très beau livret de fin de récit évoquant la rencontre d'Alain Bujak et d'Abdesslem au bled une fois ce dernier rentré au pays, une province aimée qu'il n'aurait jamais dû quitter...
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Une bande dessinée reportage basée sur une enquête d'Alain Bujak à Dreux.
C'est dans un foyer qu'il rencontre Abdesslem, un marocain octogénaire discret qui attend patiemment que ses 9 mois de résidence passent pour aller retrouver sa famille dans les montagnes de l'Atlas.
Petit à petit, il se confie sur son passé de tirailleur pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre d'Indochine.
Et les remerciements de la France, se résumant à ...rien.

Une bande dessinée très sobre, qui nous interpelle sur la solitude de cet homme mis aux oubliettes par l'armée française, et L Histoire qui a relayé cet oubli. L'alternance entre les planches sombres de la guerre de 1940, et la lumière très crue du foyer accentue ce contraste.
Malgré tout, j'ai trouvé que cette bande dessinée manquait d'intensité, si l'on compare par exemple à la BD Sang noir, bien plus travaillée au niveau des graphismes et du scénario.

Mais c'est certain, cet épisode peu glorieux de ce que la France a fait avec les indigènes de ce protectorat mérite qu'on s'y intéresse.
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L'histoire d'Abdesslem, tirailleur marocain, rencontré dans une résidence sociale Adoma.
En 1939, il est berger dans les montagnes de la province de Taza lorsqu'il se fait enrôler de force par l'armée française. Il a 15 ans.
Il apprend la vie de soldat, la guerre. Il est fait prisonnier par les Allemands puis se retrouve à cultiver des champs en Auvergne.
Il retourne à Taza en 1942, part en Italie en 1944. C'est la bataille du Garigliano. Puis l'Indochine.
Il rentre au Maroc en 1951 après 3 engagements au service de la France. En 1954, il rend son uniforme pour vivre sa vie d'homme. Mais en 1956, la fin du protectorat français mène au gel des pensions des "indigènes".
Le besoin d'argent l'oblige ainsi à résider 9 mois par an en France pour bénéficier de son allocation vieillesse.
Les confidences d'Abdesslem faites à Alain Bujak sont magnifiquement retranscrites dans les dessins de Piero Macola. Tout en pudeur et simplicité comme le personnage principal de cet album.
Un bel hommage à ces soldats trop souvent oubliés et un beau reportage photo en fin d'album.
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critiques presse (3)
ActuaBD
02 septembre 2014
La douceur du trait de Piero Macola n’enlève rien à la force des images invoquées par le récit. L’atmosphère globale de l’album en fait un hommage poignant, conjuguant à la vie tourmentée et éprouvante d’une génération décimée et marquée par les blessures de l’histoire, cicatrices indélébiles, la chance d’un espoir omniprésent.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Telerama
06 août 2014
Portrait d'un anonyme qui se livre sans amertume, avec un regard rétrospectif précis, lucide, d'une remarquable justesse de ton. Dans cette trajectoire reconstituée dans les nuances d'un dessin pastellisé qui n'élude rien des moments tragiques, mais tient à distance le pathétique surjoué, on peut voir comme un concentré d'humanité blessée mais digne.
Lire la critique sur le site : Telerama
Auracan
20 mai 2014
Un cahier photographique d'une trentaine de pages complète opportunément ce récit bouleversant qui ne peut, pour un être normalement constitué, laisser indifférent.
À lire, instamment.
Lire la critique sur le site : Auracan
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"C'est aujourd'hui que la France prend les armes pour défendre son sol, son honneur, sa dignité, son avenir et le nôtre que nous devons être nous-mêmes fidèles aux principes de l'honneur de notre race, de notre histoire et de notre religion.
A partir de ce jour et jusqu'à ce que l'étendard de la France et de ses alliées soit couronné de gloire, nous lui devons un concours sans réserves, ne lui marchander aucune de nos ressources et ne reculer devant aucun sacrifice. Nous étions liés à elle dans les temps de tranquillité et d'opulence et il est juste que nous soyons à ses côtés dans l'épreuve qu'elle traverse et d'où elle sortira, nous en sommes convaincus, glorieuse et grande."

--------------------------------------le 4 septembre 1939
le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef lança un appel solennel pour soutenir l'Hexagone.
Le message fut relayé par les imams dans toutes les mosquées. Il résonna jusqu'aux coins les plus reculés du pays, jusque dans les plus petits douars...

[page 22-23]
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Après tout, la seule chose dont on ne peut être privé, c'est du temps qui reste.
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Partout au Maroc les enrôlements s'intensifiaient.
[En 1939] la France avait besoin de soldats et se servait généreusement dans son Empire colonial. Sans scrupules, sans états d'âme, sans se soucier du destin de ceux qu'elle appelait ses "indigènes".
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Huit ans que je servais dans l'armée, j'étais décidé à rentrer chez moi.
Mais comment dire non quand tu n'es qu'un simple soldat, un petit berger de montagne ?
Et puis la guerre d'Indochine avait été déclarée. J'étais obligée d'y aller.
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"On ne faisait que marcher, creuser des trous, poser du fil barbelés, transporter du matériel, marcher des journées entières. Il n'y avait pas de combats. On attendait ; ça nous rendez nerveux. Le froid, la faim, la fatigue ..."
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Vidéo de Alain Bujak
Qu'il sera riche, ce mois de juin, de plongées historiques et documentaires.
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