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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les Edts Liana Levi ont fait de ce livre un bel objet , c'est une chose, d'autre part, c'est un premier roman ; Estelle -Sarah Bulle fait preuve de solidité de bout en bout, et promet je l'espère d'autres textes aussi agréables à lire.
C'est une jeune femme métisse, née en métropole, d'origine guadeloupéenne qui raconte, elle interroge la génération qui la précède.
Il y a une fratrie hetéroclite, comme partout, avec un élément au caractère plus marqué, la tante Antoine(son vrai prénom reste caché pour ne pas attirer les mauvais esprits).
Une autre tante, Lucinde, un peu jalouse de sa soeur et Petit-Frère.
Chacun raconte ses souvenirs, la Guadeloupe, comment on y vivait, les difficultés d'être noirs parfois, les moments de bonheur aussi.
Tout cela est écrit avec tendresse, avec sérénité, avec bienveillance, avec pas mal de termes antillais souvent amusants et instructifs.Le titre d'ailleurs est plus joli que la façon de présenter un endroit perdu ici en métropole « c'est le trou du cul du monde... « 
C'est un livre à offrir sans se poser de questions, c'est une belle lecture.
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Si Pagnol avait été Antillais, il aurait écrit « là où les chiens aboient par la queue ».

Une lecture délicieuse, chargée en couleurs, en odeurs, en souvenirs, en humour et en tendresse.

4 voix se mélangent pour dresser le portrait de la Guadeloupe et d'une famille en exil en Métropole. de Morne-Galant à Paris en passant par Pointe-à-Pitre, on découvre la famille Ezechiel et ses membres tous plus haut en couleur les uns que les autres. Tante Antoine en tête, ils racontent chacun leur histoire intimement mêlée à l'histoire de l'île.

Dans une langue vivante où l'oralité, le créole et la poésie se disputent, sans sombrer dans le folklore, Estelle-Sarah Bulle nous offre un premier roman vif et généreux.

Pour info, ce livre vient de remporter le Prix Stanislas et est aussi finaliste du Prix du roman Fnac. Autant dire que vous allez encore entendre parler de lui, à juste titre.
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Cé la chyen ka japé pas ké.

Ce premier roman autobiographique familial est un petit bijou. L' autrice, quarteronne guadeloupéenne née à Créteil , se fait raconter par sa tante Antoine l' histoire de sa famille, restituée en langage parlé vivant et exotique. le village natal antillais est « là où les chiens aboient par la queue », traduisez : bled paumé ravitaillé par les corbeaux. Trois destins croisés de 3 frère et soeurs aux caractères différents : l'aînée Antoine « transgenre » comme son prénom, est débrouillarde et sans scrupule ; la seconde est une artiste couturière ; le troisième, père de l'autrice, est droit dans ses bottes et bien intégré à la vie sociale. Tous n'ont qu'une idée : venir goûter à la douceur de vivre métropolitaine. Ce roman nous plonge dans la vie antillaise, ses coutumes, ses croyances mais aussi sa violence ; la difficulté d' être un métis, toujours le cul entre 2 cultures ; la difficulté de s' adapter à la vie métropolitaine pour ces immigrés de l' intérieur ; l' absence de vie de clan et de solidarité : “Un Négre malheureux ne supportera jamais qu' un autre Négre aille mieux que lui. Il admettra la réussite des Blancs, mais n' avalera jamais celle de ses frères d' infortune” Un livre original et truculent qui se lit d'une traite.
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On est rapidement transporté en Guadeloupe grâce à la narratrice qui mêle sa vision de l'île de de ses habitants à celui de sa famille. Pas une famille idéale mais une famille qui sonne vraie. On suit ainsi la vie, pas toujours facile, d'une génération entière de guadeloupéens partagés entre l'amour de leurs racines et une métropole porteuse d'espoir et de renouveau.
Un beau sujet abordé que l'intégration de ses populations qui se sentent français mais parfois si différents des gens de métropole.
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« Là où les chiens aboient par la queue » : a priori le titre est drôle, on s'attend à une histoire de chiens mal élevés qui ne s'expriment qu'avec leurs fesses 😜
Il s'agit en fait de la traduction littérale d'une expression créole « Cé la chyen ka japé pa ké », équivalente chez nous à « Pèrpète-les-oies», « pétaouchnok »... En somme, une contrée perdue où personne n'a envie de s'aventurer. Pourtant, c'est ici que vit la famille Ezechiel : au coeur de la Guadeloupe, à Morne-Galant. de ce coin de terre brûlé par le soleil, la belle et fantasque Antoine - aînée de la fratrie - s'échappe un jour à 16 ans, sans se retourner.

Voilà comment commence cette saga familiale où c'est principalement Antoine qui raconte ses aventures, depuis les années 40 jusqu'à nos jours. Elle est régulièrement interrompue par Lucinde et Petit Frère, sa soeur et son frère : chacun retrace le destin qui les a menés jusqu'à Paris. Ils sont les enfants d'une Guadeloupe à la fois enchanteresse et misérable, une île en ébullition traversée de multiples ethnies, d'injustices et de violences, et où sévit un racisme latent- plus on a la peau claire, plus on a du pouvoir. Ils deviennent plus tard des exilés parachutés dans une métropole vertigineuse où ils essaient de trouver leur place.
En face d'eux, une jeune femme métisse de 30 ans écoute, intervient : c'est la fille de Petit Frère, elle est née à Créteil et s'interroge sur ses racines. Elle veut immortaliser la mémoire de ses parents.

✨Ce roman polyphonique offre un éclairage édifiant sur l'histoire de la Guadeloupe, sur les tiraillements d'une population peu à peu aspirée par une métropole toute puissante. Il révèle des blessures et des violences soigneusement masquées par les paysages proprets de nos agences de voyage. Il questionne l'ambiguïté du métissage, le racisme, le rapport complexe entre les Antillais et la métropole.
✨Ce qui m'a absolument charmée : l'écriture très fluide, lyrique et mâtinée de créole, ainsi que la fraîcheur d'Antoine, audacieuse, pittoresque, une sorte de fée malicieuse et entêtée. C'est elle qui donne au texte toute son envergure. Au-delà de l'histoire des Antilles, j'ai vu un beau portrait de femme tenace, forte, exemplaire.

Si vous avez envie de connaître les Antillais, de comprendre « cet abord chaleureux masquant à peine des gouffres de fragilité », lisez Là où les chiens aboient par la queue, c'est un vrai beau premier roman.





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Tout d'abord, je dois rendre hommage à la plume d'Estelle-Sarah Bulle que j'ai trouvé particulièrement chantante et colorée, fidèle à la tradition de l'oralité que l'on retrouve dans les contes caraïbéens. Ses bons mots, tantôt drôles, tantôt poétiques, sont au service des souvenirs rapportés au fil des chapitres par les membres de la famille Ezéchiel et rendent le récit particulièrement authentique.

Il s'agit d'un roman polyphonique divisé en courts chapitres qui alternent entre trois membres diamétralement opposés d'une fratrie :

- Antoine : la tante exubérante, provocatrice et emmerdeuse pour certains, mais surtout « business woman » libre et indépendante. Une forte tête crainte et respectée par l'ensemble de la famille ;
- Lucinde : couturière hors pair qui rêve de luxe à la métropolitaine et est constamment tiraillée entre sa fierté insulaire et son envie de vivre dans un monde qui se refuse à lui ouvrir ses portes ;
- Et Petit frère, le père de la narratrice (Eulalie) : le benjamin de la famille, écrasé par l'ombre de ses soeurs. Il grandi sans l'amour de sa mère, décédée en couche, ce qui va déterminer nombre de ses actes.
Tour à tour, chacun livre une partie de son histoire. de leur jeunesse à leurs départs successifs pour la Métropole, on rassemble les pièces de leur vie et on comprend peu à peu ce qui les a amenés là.

Les discours sont plein de contrastes, tout comme la Guadeloupe qui restera, en dépit de tout, leur terre de coeur. L'île et ses paradoxes nous sont racontés : mitoyenneté entre bidonvilles et villas, mélange entre religion et superstitions diverses (« quimboiseurs », sortilèges et « noms de savane »), saveurs venues d'ailleurs, musique et carnaval… C'est ce métissage permanent qui caractérise les îles. Elles se comprennent par leur héritage historique, source de conflits et de passion.

L'autrice s'attarde, en effet, sur ce passé esclavagiste, les inégalités sociales encore prégnantes sur l'île, le développement économique à deux vitesses et peu respectueux des particularismes locaux. Estelle-Sarah Bulle aborde également, par la voix de ses personnages, la délicate question raciale, la dévalorisation des couleurs de peaux les plus foncées au sein même des Antilles, gangrénées par ce passé colonial, où être clair signifie toujours « être sauvé ».

C'est le traitement de cette perte de repères que j'ai trouvé particulièrement intéressant. Un peuple Antillais « dans l'entre-deux du monde » :

- qui ne puise pas ses origines dans les îles, mais dans un ailleurs oublié (Afrique, Inde, Chine, Syrie, Amériques) ;
- qui ne se retrouve dans aucun modèle et qui tente, vainement, de se raccrocher à des représentations noires-américaines qui ne lui ressemblent pourtant pas ;
- qui, en tant « qu'immigré de l'intérieur », est souvent oublié de la Métropole, en plus d'être confronté à un plafond de verre qui l'empêche de gravir les échelons sociaux.

Ce sont, pour partie, ces facteurs qui poussent de nombreux Antillais à se rendre de l'autre côté de l'océan, à la quête d'un meilleur et qui, une fois partis, ne sont plus reconnus comme des Antillais à part entière. Non-sens pour une population issue du métissage et des allers et venues. C'est la métaphore du jardin créole, où chacun est différent mais s'accorde, que j'ai trouvé si jolie.

Si les problématiques abordées et la plume de l'autrice m'ont fait passer près du coup de coeur, je ne me suis toutefois pas complètement laissée embarquer. En effet, comme précédemment expliqué, il s'agit davantage d'une collection de souvenirs que d'une histoire portée par une intrigue. C'est, je pense, ce qui m'a manqué pour être complètement transportée.

La lecture n'en reste pas moins intéressante et je vous la recommande. En tout cas, j'ai hâte de savoir ce que nous réserve Estelle-Sarah Bulle pour de prochains romans.

En bref : « Là où les chiens aboient par la queue » est un récit lucide et authentique qui aborde la question des origines et de l'identité d'un territoire et qui est porté par une plume savoureuse. Une belle découverte.
Lien : https://thecosmicsam.com
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"La « petite » veut comprendre, savoir d'où elle vient. Elle demande aux mots de son père de sortir de leur gangue de silence, à ceux de sa tante de couler clairs. Quelle est leur-son histoire ? Tableau de trois générations de Martiniquais."
Pierre-Romain Valère
Lien : https://doublemarge.com/page..
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J'ai adoré la langue magnifique, imagée et brute utilisée par l'écrivaine pour raconter le parcours de vie de son père et de ses deux tantes, tous trois immigrés à Paris pour fuir "l'ignorance et la jalousie"... Je trouve qu'elle donne tout son sel à l'histoire de cette famille et d'une région de France peu présente dans les rayons des bibliothèques.
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Plongée dans la culture ultramarine à travers les destins de 4 membres d'une famille guadeloupéenne, la famille Ezéchiel, des paysans pauvres enracinés sur le morne-galant, une campagne perdue « là où les chiens aboient par la queue » que les Ezéchiel ont peu à peu investie grâce aux acquisitions du patriarche Hilaire marié à une béké morte trop jeune. C'est Appolone, "Antoine" de son nom « de savane » supposé détourner les mauvais esprits, l'intrépide et sauvage fille aînée qui va nous conter le chemin parcouru du morne jusqu'à Paris.
Le texte fluide et savoureux, émaillé d'expressions créoles, est agréable à lire et on se laisse embarquer des champs de cannes aux ruelles mal famées de Pointe, accompagnant les péripéties de cette toute jeune femme et de ses deux frère et soeur, découvrant de l'intérieur la vie de ces français d'outre-mer, de leur île, vivant avec eux les insurrections indépendantistes de 1967, les espoirs d'égalité, de reconnaissance déçus et au final l'exil inévitable de cette jeunesse caribéenne vers la lointaine métropole.
J'ai aimé ce texte enlevé, vif, sans temps mort, plein de truculences, de mots crus et de parfums exotiques. Un premier roman qui en attend vivement un second.
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Voilà enfin un livre qui sort du lot, bien écrit, une histoire et des personnages attachants, sans les grosses ficelles des livres sortis des ateliers d'écriture.

Ce roman nous emmène à Morne-Galant, en Guadeloupe, à la découverte de la famille Ezéchiel. Hilaire, le père, a épousé Eulalie Lebecq, famille blanche, mais délaisse plus ou moins ses enfants à la mort de son épouse. L'ainée, Antoine De son « nom de brousse », va fuir à Pointe-à-Pitre et devenir un chef de famille informel et très indépendant ; c'est le personnage principal de ce roman. Lucinde puis Petit-Frère la rejoindront, chacun avec un personnalité différente, mais moins forte.

L'évolution de la Guadeloupe dans les années 50-60, l'invasion du béton, les luttes politiques servent de fond à l'histoire de la fratrie. le roman marque un tournant quand Lucinde puis Petit-Frère partent en métropole et raconte l'installation pas toujours facile de ces immigrés français.

Ce roman est vraiment une réussite, un superbe style avec de belles inventions et des descriptions poétiques sur un thème original.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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