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sur 238 notes
Après un formidable Terminus, les éditions Albin Michel Imaginaire continuent d'investir dans la science-fiction avec Semiosis, premier roman de l'américaine Sue Burke, surtout connue pour avoir traduit l'immense Angélica Gorodischer (Kalpa Impérial) en langue anglaise.
Avant de devenir un roman, Semiosis était à l'origine une nouvelle (qui correspond à présent au premier chapitre du livre).
Bien décidée à prolonger l'aventure, l'américaine ajoute six autres chapitres pour obtenir ce qui ressemble davantage à un fix-up de nouvelles qu'à un véritable roman.
À mi-chemin entre le récit d'exploration planétaire et l'expérience sociale générationnelle, Semiosis vous invite sur la planète Pax pour reconstruire l'humanité.

Une planète hostile
« La guerre avait commencé bien avant notre arrivée : c'était leur mode de vie. », voilà comment s'ouvre Semiosis et comment Sue Burke nous explique les conditions de vie de ses colons humains en une seule phrase.
L'expédition humaine sur Pax représente la dernière chance de survie d'une humanité décimée par son arrogance et sa violence. Si l'on comprend rapidement que la Terre est ravagée par des guerres pour l'eau et la nourriture, le but de Sue Burke n'est pas de nous conter l'apocalypse mais bien le début d'un nouveau monde où les Pacifistes (tels que se nomment les colons) vont tenter de bâtir une société meilleure où guerre, religion et argent sont des mots inconnus.
Rapidement, Octavo, un expert en botanique, s'aperçoit que les plantes locales possèdent une intelligence remarquable.
Problème, ces plantes sont-elles amicales ou hostiles… et peut-on même les décrire en ces termes ?
Au fur et à mesure du récit, le lecteur va découvrir la faune et la flore de Pax, du fippochat à l'aigle (très différent de ceux que l'on connaît sur Terre) en passant par le bambou arc-en-ciel.
C'est ce dernier qui constitue en réalité le coeur du récit de l'américaine puisque, dès le second chapitre, les colons doivent composer avec cet être végétal à l'intelligence remarquable qui semble les prendre pour une nouvelle espèce animale à domestiquer. Pax n'est donc pas une planète tranquille, loin de là, et c'est une histoire proche du survival qui s'installe progressivement dans Semiosis.

Premier Contact
L'autre grande thématique de Semiosis, c'est évidemment l'établissement d'un contact entre la race humaine et une race extra-terrestre, à savoir le bambou arc-en-ciel ou Stevland comme il se nommera lui-même par la suite. Pendant longtemps, Sue Burke joue sur l'ambiguïté des sentiments des colons à l'égard de cet être qu'ils craignent autant qu'ils l'aiment (et qu'ils en ont besoin).
Simili-Dieu, Stevland devient un véritable personnage point-de-vue et permet de donner une autre dimension à Semiosis tout en contournant l'archétype de la vilaine menace extra-terrestre. L'écrivaine américaine préfère à cela l'évolution et l'apprentissage pour montrer au lecteur comment deux races peuvent cohabiter et s'apprivoiser. Un thème qu'elle développera encore plus largement avec l'arrivée d'une nouvelle race, celle des Verriers, et qui permettra de comprendre que malgré toutes les bonnes intentions, il existe certaines incompatibilités insurmontables, peu importe la bonne volonté déployée.

Les paradoxes de l'Utopie
Sur plusieurs générations (et environ cent ans), Sue Burke imagine l'évolution d'une nouvelle société humaine capable de s'affranchir des démons de sa Terre originelle.
Malheureusement, les hommes restent des hommes. Bien vite, les soi-disant Pacifistes révèlent que la nature humaine ne sera jamais véritablement détruite. Meurtre, viol, complot, haine, xénophobie… tous les vices humaines refont surface un par un.
Ici, Sue Burke s'interroge sur la théorie de l'inné et de l'acquis. Sa position est claire : il y a quelque chose de pourri dans notre espèce qui ne changera pas avec le changement (radical) de décor.
Au fur et à mesure de son récit, l'américaine invite donc le lecteur à réfléchir sur ses propres sentiments, ne serait-ce qu'à l'égard de Stevland et de ses positions qui, finalement, ne sont pas aussi humaines que l'on pense (et donc pas forcément aussi mauvaises à chaque fois).
C'est d'ailleurs à la fois un défaut et une qualité pour Semiosis.
Sue Burke prend le parti de faire des êtres humaines des outils pour sa narration, des outils éphémères et sacrifiables à l'inverse d'un Stevland qui devient le pivot central de l'Histoire. Ce pari casse-gueule entraîne deux conséquences pour le récit : les personnages humains ne donnent que peu (voir pas) d'empathie au lecteur et Stevland s'affirme comme le principal intérêt/moteur de cette exploration sociale. Un choix contestable mais qui sort au moins des sentiers battus.

Ambition fanée
Malgré les nombreuses qualités de Semiosis, Sue Burke déçoit à l'arrivée.
Oui, Semiosis a des allures de page-turner.
Oui, Semiosis est dépaysant au possible et franchement bien construit.
Oui, Stevland est un personnage passionnant.
Mais ce qui partait pour un roman à l'ambition dévorante qui serait capable de décrire l'évolution d'une colonie sur des centaines d'années devient une aventure étriquée qui troque son ampleur narrative en cours de route pour un récit plus conventionnel où les derniers chapitres se déroulent à la même époque.
Il semble à ce stade que Sue Burke atteigne une sorte de plafond de verre où elle n'arrive tout simplement pas à conjuguer ellipses et inventivité pour nous sortir de ce village de colons certainement très intéressant mais finalement assez limité.
Lorsque l'on referme le livre, on se rend compte que sur une planète entière, on n'a à peine parcouru quelques centaines de kilomètres. Il en va de même pour les espèces rencontrées et la xénobiologie qui stagnent pour se concentrer sur des considérations sociales et anthropologiques.
Et même là, Sue Burke n'est pas Ursula le Guin et sa Main Gauche de la Nuit.
Sans l'émotion ou la puissance de ce dernier ouvrage, Semiosis s'enferme tout seul dans un récit d'aventures qui n'a finalement pas la résonance espérée au départ.

Semiosis vous propose une aventure sur une planète lointaine à la découverte d'une faune et d'une flore intrigantes et souvent menaçantes. Si le roman semble manquer les possibilités offertes par sa structure initiale, Sue Burke parvient tout de même à construire un univers passionnant où l'on réfléchit sur l'homme et sur ce qui l'entoure. Les amateurs d'exploration et de planètes lointaines seront ravis.
Lien : https://justaword.fr/semiosi..
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Un planet opera captivant sur l'installation d'humains sur une planète extra-terrestre. Les modes de sociétés se succèdent mais ne se ressemblent pas. Au fil des sept générations brossées par ce premier tome, on suit certains personnages de leur jeunesse à leur mort, dans leurs évolutions, leurs croyances, leurs liens. Tous ces humains sont accompagnés par des entités florales intelligentes, ultra-évoluées qui les considèrent différemment selon les réactions.
Une belle réflexion sur la différence, sur les besoins spécifiques de l'espèce, sur la survie en milieu hostile et la conception d'une société viable à partir de notre bagage initial.
Le style est abordable, l'intrigue assez contemplative malgré quelques scènes d'action, on se place davantage dans de la SF sociologique comme je les apprécie. Même si les personnages manquent un peu trop de matière sur la longueur pour que ce soit un coup de coeur, c'est une très belle découverte.
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Les hippies auraient eu le voyage spatial à disposition, croyez vous qu'ils seraient allés s'enterrer à Katmandou ?
Non ils seraient allés fonder Pax.
Voici leur histoire :

50 gugusses pleins aux as en ont marre des horreurs commises sur Terre et veulent fonder une nouvelle communauté en osmose avec une nouvelle planète. Ni une ni deux, ils remplissent le coffre de leur vaisseau spatial et vive la vie en communauté. de la bienveillance plein les poches, cette chienne de vie va leur montrer qu'entre idéal et réalité, les choses ne sont pas si simples.
Et cela, dès leur réveil devant une planète qui ne correspond pas à leur destination choisie. Sans compter que le déchargement du vaisseau ne se passe pas comme prévu !

Raconté sur plusieurs générations, chaque chapitre est narré par un protagoniste différent, le ton et le style s'accordant avec la psychologie du personnage. C'est bien fait, voir trop, j'ai failli reposer le livre au chapitre 2 en compagnie de cette ado chiante qui découvre que les adultes sont de fieffés menteurs. Même gageure un peu plus loin. Immersion un poil trop réussie donc.
J'ai eu aussi quelque mal avec une autre race que nos colons croiseront durant leur périples, et dont le langage m'aura énervé au possible. (un langage "petit nègre" si vous voyez de quoi je veux parler).

Parler aux plantes

L'histoire nous conte le rapport entre ces terriens immigrés, les Pacifistes, et une faune et une flore différente, radicalement étrangère. Comment s'y adapter ? Comprendre l'autre surtout si ce n'est qu'un bambou, même pas un roseau pensant ?
Rare sont les romans à nous parler d'aliens végétaux, Semiosis est de ceux là. L'autrice arrive à nous immerger dans les pensées du Bambou conscient, Bambouffon pour les intimes, et nous parle de sa biologie, de son développement et de sa communication. Elle nous parle du lien nécessaire entre les différentes formes de vie, pour que chacun puissent se développer à sa pleine mesure. Tout cela sans trop de lourdeur et de manière accessible le plus souvent.
Cependant, Bambouffon n'est pas la gentille plante verte, elle est l'espèce la plus intelligente de son ecosystème, et cela l'a rend un poil arrogante, voir manipulatrice. La question de savoir si Bambouffon veux vraiment le bien de nos colons traversera le roman, même si vers la fin du roman, ce doute s'estompe un peu trop.

"Reconnais que c'est une sacrée couleuvre à avaler"

On pourra reprocher une faune et une flore, une biosphère un peu trop ressemblante à ce que l'on trouve sur terre, mais cela rend l'acclimatation plus simple et rapide. Idem, on peut respirer sans problème, mais une robinsonnade en combinaison spatiale n'est pas des plus simples.
De même, le fait qu'une trentaine de personnes puisse recréer une population fiable sans bâtardise, cela peut surprendre. Mais contrairement à nombre de space-opera, il n'est pas question ici de se servir de la main d'oeuvre en hibernation pour sortir les corps de métiers nécessaires en fonction des situations.

Le récit multigénérationnel permet d'explorer les premières générations humaines sur Pax. Mais le découpage a aussi ses défauts : lorsque au chapitre 3 une esquisse de dialogue débute et qu'au chapitre suivant, plein de zones d'ombres sur cet apprentissage ne sont pas développés, cela est très frustrant. Nous sommes ici dans de la SF pour tout public, sans aucunes connotations péjoratives, l'amateur en voudra plus, celui qui s'initie au genre appréciera. Quoiqu'il en soit, j'ai trouvé le récit bien menée, et j'ai terminé le roman en 2-3 jours.

"Ils aspiraient à la joie, l'amour, la beauté et la communauté"

La dystopie est sur Terre, le monde bienveillant sur Pax. Heureusement que Sue Burke émaille son récit de doutes sur les actions des uns et des autres. Alors qu'ils venaient en paix, le quotidien va leur démontré que même dans un groupe bienveillant, la malveillance peut prendre forme. Heureusement, car lorsque je lis des phrases comme celle du dessus, mon envie de vomir refait surface (quels doux souvenirs que ma lecture du roman Les étoiles sont légion). Fascime, racisme, assimilation, meurtre, égaieront les journées de nos explorateurs.
Un roman utopique qui plaira à celles et ceux qui en ont marre du pessimisme en SF, mais qui reste mesuré.

Points de vue multiples et temporels, Sue Burke utilise aussi une autre méthode pour ne pas ennuyer le lecteur : chaque chapitre a son genre : on passe du roman d'aventure à l'enquête policière, du roman Young Adult à l'amateur confirmé, en faisant un détour par l'ethnologie ou l'étude de moeurs...
Cela donne un côté fix-up à ce livre, des nouvelles reliées par un fil conducteur : Pax et son bambou pensant.
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Ah, voilà de la SF qui sort vraiment des sentiers battus et dans sa narration, et dans son scénario.
Nous avons un groupe d'humains qui ont fui une terre écologiquement dévastée pour une nouvelle planète très lointaine. Ils sont peu nombreux, et leurs moyens s'épuisent plus vite que prévu. C'est donc un livre sur la survie d'une petite colonie, mais surtout une fabuleuse découverte d'une intelligence extraterrestre dont je ne dirai pas plus pour ne pas gâcher le suspense.
Autre originalité : un chapitre, une génération, un mystère, une découverte. Nous changeons de narrateur à chaque chapitre et nous voyons à travers les yeux d'une nouvelle génération d'humains dont la culture devient progressivement celle de cette nouvelle planète. Nous assistons au clash, parfois violent, entre les générations, et surtout chaque chapitre dévoile une pièce du puzzle géant qu'est la planète PAX. Comment communiquer avec une intelligence si radicalement différente qu'il faut tout inventer pour la comprendre? Une intelligence qui peut aider à votre survie, ou vous anéantir si vous ne lui êtes pas utiles écologiquement parlant?

Génération après génération, on parle indirectement de valeurs qui peuvent façonner une civilisation, ou l'amener au déclin. On y parle évidemment d'écologie, mais avec un oeil neuf, l'oeil de la nécessité.

La fin est spectaculaire, l'aboutissement, l'épreuve finale pour une aventure sur sept générations : les habitants de Pax sont confrontés à leur plus grand danger, la vie sur Pax les a t elle taillés pour ce défi?

Niveau lecture, c'est assez exigeant à chaque chapitre de se retrouver avec un nouveau narrateur, un angle de vue qui a évolué sans nous pendant 20 ans, de comprendre ce qui a évolué et de découvrir avec le narrateur la clé du nouveau mystère à décrypter pour survivre. Mais quel beau défi pour le lecteur.
En somme, c'est comme un recueil de nouvelles, mais qui se suivent avec une logique implacable. Franchement je suis bluffé. Je ne suis pas étonné d'avoir trouvé ce livre dans une liste des meilleurs textes de SF du XXIè siècle.
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Il est des livres qui ne vous intriguent pas assez pour vous convaincre de les acheter la première fois que vous les croisez. Puis, des mois ou des années plus tard, vous y revenez par hasard ou pour une raison futile. Dans le cas de Semiosis de Sue Burke, sa couverture à dominante verte était parfaite pour remplir l'un des défis de l'imaginaire 2022 tel que lancé par Mondes de Poche et Navigatrice de l'imaginaire. Et avouons-le, après plusieurs livres entre fantastique et fantasy, j'avais envie d'un retour à la science-fiction plus classique.
Quoi de mieux qu'un « récit de premier contact » pour cela, comme le souligne le sous-titre du livre ?
Semiosis s'ouvre donc quelque temps après l'arrivée d'un vaisseau de peuplement terrien sur Pax. Celui-ci comprenait cinquante volontaires ayant choisi de quitter la Terre, sa violence et son effondrement écologique pour fonder parmi les étoiles une société plus juste, plus écologique et pacifique. Évidemment, l'humanité étant ce qu'elle est et l'autrice devant remplir les plus de 500 pages de son roman, tout ne se passera pas comme prévu. En effet, ils ne sont pas la seule espèce intelligente de Pax : certaines des formes de vie locales — tant animales que végétales — font preuve de talents pour la communication, la collaboration interespèce et la domestication. L'une d'entre elles en particulier, un genre de bambou, avait déjà été en contact quelques siècles plutôt avec d'autres visiteurs interstellaires. Elle y avait gagné en intelligence, mais également en désir de compagnie ou de domination.
Semiosis raconte comment tout ce petit monde va se découvrir, s'affronter et s'apprivoiser à travers plusieurs générations d'individus. En gros, et suivant l'indice du titre, à faire sens de la présence des autres. La première génération représente les humains venus de la Terre et les suivantes ceux qui sont nés sur Pax. Si la relation des humains avec leur environnement occupe une part importante du récit, ce sont surtout les relations des humains entre eux et leur capacité à éviter ou reproduire les erreurs de leurs ancêtres qui font tout le sel de ce roman. Il faut néanmoins suspendre grandement son incrédulité pour accepter la violence avec laquelle la génération « zéro » cache aux suivantes des informations essentielles pour la survie de tous sur la planète, quitte à aller à l'encontre des principes qui ont motivé le voyage et sans que l'on comprenne pourquoi une telle panique s'empare d'eux. À chaque chapitre, la narration est assurée par une ou plusieurs membres de la génération mis en avant. Et la façon dont chaque protagoniste raconte les événements vous attira plus ou moins. Personnellement, les récits de Sylvia et de Lucille m'ont passablement ennuyé l'un par les incohérences des personnages et l'autre par ses trop nombreuses longueurs. En revanche, j'ai trouvé les récits d'Higgins et de Tatiana très justes et l'évolution du ton de celui de Bartolomé est une conclusion parfaite à ce roman.
Si Semiosis ne révolutionnera pas le genre de l'interaction homme/végétal déjà abordé avec brio par les quatre tomes du Programme conscience de Frank Herbert ou même par le cycle de Jarvis de Christian Léourier, Sue Burke y ajoute des interrogations supplémentaires sur l'éthique intrahumaine qui fait de ce premier roman, une oeuvre intéressante et plaisante à lire.
Lien : https://www.outrelivres.fr/s..
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Je me suis rarement autant ennuyé avec un livre en main... Dès le début j'ai trouvé le style plat, flasque. L'histoire: 50 hommes et femmes quittent la Terre où tout le monde est méchant pour s'installer sur Pax, une planète où tout le monde sera gentil. Postulat original ou pas, chacun jugera. Après quelques dizaines de pages, bien que n'étant pas du tout transporté, j'ai choisi de considérer Semiosis comme un comte, ce qui m'a permis de poursuivre un peu, mais j'ai finalement jeté l'éponge hier soir, peu après la 300e page...
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Je viens de terminer « Toxic » de Stéphane Desienne qui se termine sur une planète aux plantes au bord de la conscience et de l'autonomie vie à vie des « animaux ».
Ici, la chose est poussée beaucoup plus loin.

Un groupe d'humains se pose sur la planète Pax pour s'y établir.
Leur but fonder une colonie loin des erreurs de la Terre et de sa violence.
, Mais il y a eu beaucoup de pertes humaines et matérielles.
le groupe est réduit. le matériel limité. Il faut survivre.
Il faut trouver localement de quoi se nourrir, s'habiller, s'abriter et donc chasser et cultiver dans un monde complètement inconnu.
Sur cette planète, les plantes sont bien plus que comestibles/pas comestibles.
Qui utilise qui en fin de compte ?

Beaucoup de bonnes idées :

* Les animaux qui ne sont plus « au sommet » de la chaine alimentaire.

* Les colons à la merci de la nature.

* Un récit multigénérationnel
Chaque chapitre correspond à une génération qui fait face à ses propres problèmes, qui s'oppose aux idées de la génération précédente ou s'en émancipe.
Les robots, réserves, outils amenés avec la mission ne durent qu'un temps.
Les perspectives changent.
Mais le rythme est un peu lent. On quitte souvent des personnages que l'on aurait aimé suivre plus longtemps pour passer brusquement à la génération suivante.

* Une utopie qui se cherche.
Les premiers colons se définissent par opposition à la violence de la Terre et ses conflits.
Belle utopie, mais le meurtre, la violence ne disparaissent pas simplement en « oubliant » la Terre.
La nature humaine se glisse partout.
J'ai trouvé le parti pris du pacifisme trop artificiel.
À certains moments j'avais envie de leur dire : une mission diplomatique vraiment ???
Je ne divulgâcherais pas avec qui ils sont confrontent, mais… parfois je n'ai pas cru à la politique de la main tendue.
Peut-on être vraiment pacifiste avec tout le monde ? L'autrice répond oui. Pour ma part j'ai plus qu'un doute.
Peut-on vraiment échapper à la violence en déléguant à une seule personne le rôle de « gérer » le problème dans le plus grand secret ?

* Un autre monde avec d'autres règles.
L'autrice rend la frontière floue entre « créature intelligente » et « les autres ».
Je ne parle pas simplement des plantes : certains animaux ont un vocabulaire, des comportements avancés, certains prédateurs cuisent leurs aliments… Évidemment, l'intérêt du récit tient aux fascinantes plantes. Je leur ai trouvé, quand même, beaucoup de capacités et des capacités qui se développent bien vite…

## En conclusion

Un livre passionnant, mais pas sans défauts. Défauts qui font parfois sortir du récit.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Semiosis de Sue Burke est un planet opera qui traînait depuis quelques temps dans ma PAL. C'est un premier roman, ce qui peut sembler étonnant vu la qualité de ce dernier. le livre est une belle histoire, qui reprend les éléments du planet opera mais en une version plus écologique et utopique.

Semiosis raconte l'installation d'un groupe de terriens sur une planète lointaine et inconnue qu'ils nomment Pax. Les colons tentent d'échapper à une planète déchirée par le conflit et la pollution. Cette idée traverse l'ensemble du roman. On suit plusieurs générations, et l'héritage le plus continu est cette volonté de créer une société plus égalitaire et plus pacifique que les terriens. D'où le nom de leur planète d'accueil. le récit raconte donc cette nouvelle société dont les individus doivent faire face à un nouvel environnement, parfois menaçant, tout en gardant leurs valeurs intactes.

De ce point de vue, Semiosis se place dans un récit de nature utopique au sens premier : la construction d'une société qui vise la perfection. Ici, l'utopie n'a rien de niais mais est le fruit d'un combat quotidien. Combat contre les espèces endémiques, combat pour parvenir à avoir des enfants, conflits inter-générationnels… Les colons font face à différentes menaces qui montrent comment le maintien d'un idéal nécessite un effort commun soutenu, parfois même contre ses propres membres, ce qui arrive assez rapidement dans le roman par ailleurs.

Comme beaucoup de romans planet opera, Semiosis aborde la question de la communication inter-espèces. Son originalité réside dans le fait que l'une des premières espèces rencontrées est végétale. On suit aussi son point de vue, ce qui permet de voir quelles sont les tensions communicationnelles et l'évolution des échanges. Mais aussi de voir les différences profondes dans les manières de pensée et de concevoir le monde, qui font le coeur du genre depuis le travail d'Ursula le Guin. Outre l'espèce végétale, plusieurs signes montrent l'existence d'une autre espèce venue d'une autre planète, que les colons nomment les Verriers. Sans aller dans le détail, Sue Burke met en place un premier contact qui retrace bien les épreuves à surmonter lorsque l'on fait face à une espèce différente. Une situation qui met une fois de plus à l'épreuve la communauté pacifiste.

La communication et la direction au sein de la colonie-même est également un point majeur dans le roman. On suit le point de vue d'une personne de chaque génération. Cette notion est importante car elle permet de voir de qui diffère et ce qui est conservé, ce qui se construit et les choix qui sont faits. La colonie met par exemple en place un système de direction participatif unique. Un système qui parvient même à absorber une plante un peu trop ambitieuse et à conserver un équilibre des pouvoirs. On sent que la communauté grâce à des valeurs partagées très fortes. Ce qui est aussi intéressant, c'est que l'autrice défie ces notions en mettant les colons face à des situations complexes et ambiguës.

Le roman se divisant en plusieurs parties et points de vue, il y a de hétérogénéité. Les premières sont par exemple parfois maladroites, notamment celle avec Higgins. Celui-ci sert en quelque sorte de reproducteur au moment où la colonie a des difficultés d'accroissement de population. Si la question éthique derrière le procédé ne manque pas d'intérêt, la façon dont c'est abordé manque de finesse dans certains passages. D'autres, comme celui où une femme enquête sur une série de meurtres, sont véritablement passionnants !

J'ai également trouvé certains passages un peu lourds. L'écriture est globalement fluide, mais il y a des moments où l'autrice a tendance à sur-expliquer certaines informations. D'un côté, cela fait en sorte que le roman soit accessible à de nombreuses personnes. de l'autre, c'est parfois un peu répétitif. de plus, la psychologie de certaines personnages est assez peu creusé, notamment dans les premières parties que j'ai déjà évoquées.

Semiosis est un roman ambitieux. Planet opera végétal et écologique, le récit nous conduit à travers différentes générations de colons. Installés sur une planète peuplée principalement de végétaux intelligents. Ils doivent faire corps pour perdurer leurs valeurs et leur utopie pacifiste. L'autrice met sa communauté face à de nombreuses menaces qui viennent questionner leur positionnement. Comment agir face à des espèces complètement différentes ? Face à une population déclinante ? Face à des membres qui ne peuvent pas s'intégrer ? La construction narrative divisée en plusieurs points de vue séduit par sa progression. Les premières parties sont cependant un peu inférieures.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Une lecture très sympathique et originale, qui pour une fois s'attarde davantage sur le règne végétal que sur le règne animal. Malgré quelques maladresses dans la narration - quelques longueurs et un manque de cohésion dans l'avancée des chapitres dans les différentes générations de colons - , l'ouvrage en vaut la peine, ne serait-ce que pour ses thèmes atypiques et la façon dont ils sont amenés.

J'ai adoré les différents dilemmes posés, ceux de vivre en société tout en ne reproduisant pas les erreurs du passé, ceux de côtoyer d'autres êtres intelligents et foncièrement différents quand on a passé des siècles à vivre seul. La société des Pacifistes est très plaisante à découvrir et géniale à voir évoluer. Et surtout, je pense comme beaucoup, coup de coeur pour Stevland, le bambou arc-en-ciel.

Une très chouette lecture, dont j'attends avec impatience de lire la suite.
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Semiosis nom féminin invariant en nombre. Linguistique. Relation entre le signe, le signifiant et le signifié. Dès fois que comme moi, vous vous poseriez la question du pourquoi d'un tel titre alors que ce mot n'est jamais employé dans le livre mais qui plante le décor dès le départ.

Semiosis est un Planet Opera dont le thème principal : la colonisation d'une nouvelle planète, a déjà été abordé à de nombreuses reprises en SF. Avant de lire Semiosis, j'étais plongé dans BIOS de Robert Charles Wilson : deux Planet Opera, deux histoires de colonisation d'un monde inconnu mais plein de vie, deux façons très différentes d'aborder les thèmes de l'écologie et de la compréhension inter-espèce. Ce que je veux dire c'est que bien que les thèmes abordés par Sue Burke puissent sembler peu originaux, le roman se révèle en fait étonnant et tout sauf téléphoner. Une réelle surprise pour moi et j'ai été conquise.

L'autrice a choisi de construire son histoire afin que chaque chapitre nous parle d'une génération de colons. On y découvre ainsi l'évolution d'une colonie humaine sur une planète étrangère, au travers de plusieurs personnages appartenant aux différentes générations de la colonie.
Semiosis débute avec un groupe de 50 personnes hommes et femmes qui, grâce à des fonds privés, quittent la Terre, sa pollution, ses guerres et ses pénuries pour construire une utopie écologiste et pacifiste sur un nouveau monde. Ce pseudo paradis se nomme Pax et ses colons partis en quête d'une vie, pas meilleure, mais plus proche de leurs aspirations, sont la première génération d'une colonie humaine qui va apprendre que la nature est non seulement hostile mais qu'elle peut également se servir d'eux pour atteindre ses buts.

Sue Burke nous propose ici un récit de premier contact intelligent, ambitieux mais surtout qui fait échos à une actualité écologiste omniprésente, notamment dans les médias. Les aspirations des colons, bien qu'utopistes, sont tout à fait compréhensibles pour le lecteur qui s'attache aux pas de ses explorateurs aux allures de Monsieur-tout-le-monde. L'autrice nous présente une planète où la vie est florissante mais dangereuse, d'autant plus que les humains qui y débarquent ignorent tout des symbioses de ce monde et des aspirations de chaque espèce. Sur Pax, la vie la plus évoluée n'est pas animale mais végétale. Comment les Hommes peuvent-ils comprendre les aspirations d'une plante ? Et surtout comment communiquer et cohabiter avec une espèce végétale ? Une planète chatoyante mais aussi exigeante où la vie va s'avérer âpre pour le groupe de terriens, peu adapté à la gravité plus forte de la planète et handicapé par certains a priori terrestre, au point que l'utopie de départ ne perde tout signification devant des obstacles qui feront ressortir les plus bas instincts de certains membres.

Un roman de science-fiction particulièrement intelligent et accessible. Un savant mélange de biologie, de roman d'aventure et de série policière qui en font un roman fin et ouvert au plus grand nombre. J'ai eu un coup de coeur pour cette histoire de colonisation, où l'autrice nous parle de solitude, de premier contact, de compréhension et d'aspiration. L'intelligence n'est pas toujours là où on l'attend et la compréhension peut aller bien au-delà des besoins d'une espèce. C'est page après page que la plume de Sue Burke m'a convaincue, une touche féminine pour un récit où j'ai pleuré et ri et qui m'a pris au tripes à plusieurs moment. Bien sur, ce roman n'est pas exempt de quelques défauts. le plus gros problème pour moi est celui de la viabilité de la colonies en fonction du nombre d'individus qui la compose. J'avais beaucoup aimé le premier tome de la romance de ténébreuse de Marion Zimmer Bradley pour son explication de la validité d'une colonie humaine en fonction du nombre d'individus. L'autrice donnait au lecteur une bonne vision des problématiques rencontrées avec une communauté réduite où automatiquement la consanguinité guette. Dans les premiers chapitres de Semiosis, on sent que même si l'autrice aborde le sujet comme une problématique de la colonie, le fait qu'à la troisième génération, environ un quart des enfants aient le même père me pose question sur la possibilité pour la colonie de perdurer... On pourrait aussi mentionner un coté parfois un peu "naïf" du récit et j'ai été également un peu gênée par le choix de l'autrice, qui contrairement a beaucoup d'autre auteur, ne rebaptise pratiquement rien sur Pax : on y retrouve des tulipes, un bambou, des noyers, des lentilles... un choix qui d'une certaine façon rend ce récit très accessible même si c'est peut être plus perturbant pour les lecteurs de SF expérimentés. Mais malgré ces quelques remarques, j'ai trouvé ce premier roman particulièrement réussi.Semiosis est à la frontière de beaucoup d'autres récits. On y retrouve un peu de Nausicaa et la vallée du vent d'Hayao Miyasaki mais aussi du cycle de l'Ekumen d'Ursula LeGuin. On y parle de survie et de partage mais aussi de la mort inéluctable Un roman écologiste où les plantes se servent des humains et les humains dépendent des plantes. Sue Burke nous parle avec beaucoup de détails du fonctionnement de ce monde magnifiquement dangereux où des batailles invisibles font rage pour survivre et prospérer. Laissez-vous tenter par ce voyage et venez faire la connaissance de Stevland le bambou arc-en-ciel, jouer à travailler avec les fippochats et cohabiter avec les noyers, les tulipes et autres végétaux qui aiment bien avoir des animaux à leur service ! En plus, une fois lu, vous comprendrez les private joke qui circulent sur twitter du genre "Fais pas ta Tulipe" ou encore "T'as pas de racine humoristique" qui autrement vous laisseront dubitatif ;)Vous l'aurez compris, j'ai eu un coup de coeur pour ce récit qui m'a surprise et m'a fait passé par une myriade d'émotions page après page. Pour moi, un des meilleurs Planet Opera que j'ai lu. Je trouve que Sue Bruke réussit particulièrement bien à nous proposer un très bon récit de Science-Fiction qui s'avère aussi être grand public, un peu dans le genre d'Avatar de James Cameron qui se voulait de la bonne SF mais destinée à un large public. Albin Michel Imaginaire nous propose une nouvelle fois un titre de SF original que je ne peux que vous conseiller ! Surtout que je veux absolument lire la suite en VF moi
Lien : http://chutmamanlit.blogspot..
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