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3,9

sur 1500 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand Doux Chéri part en voyage, il a l'habitude de me ramener quelques ouvrages en langue espagnole. J'adore ces attentions qui me permettent de découvrir des romans que je n'aurais peut-être pas regardés en temps normal.

Sur la quatrième de couverture de la version espagnole de celui-ci, l'ambiance est comparée à celle qui caractérise les romans de Tracy Chevalier. J'aime Tracy Chevalier, c'est un fait, et je suis faible, c'en est un autre. Ce roman ne sera resté que quelques jours dans ma PAL.

Premier constat : quel effort d'écriture ! Superbe ! Une langue riche, soignée, des phrases mélodieuses... Une vraie pépite linguistique.

Tant et si bien d'ailleurs que j'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire. Nella, Johannes, Marin, Cornelia, Otto... Ce mariage, leur réserve... Je luttais avec ces premières pages en quête de repères littéraires : dans quel genre est-ce que je me trouvais ? Je cherchais des indices, ces mots, ces évènements qui me permettraient de qualifier le genre autrement que par « roman historisque », parce que je sentais que ce n'était pas que cela.

Et puis, sans m'en rendre compte, de façon presque insidieuse, je me suis retrouvée prisonnière du récit. J'ai même du mal à savoir à quel moment tout a basculé. Est-ce quand Johannes offre la maison de poupées ? Quand Nella est témoin de certains évènements ? Je n'en sais vraiment rien. Mais une fois prise dans ses filets, impossible pour moi de relâcher ce roman.

Plongée dans la Amsterdam du 17è siècle, j'ai découvert une ville dont le coeur palpite au rythme des confréries, des bonnes moeurs, de la religion, des apparences. Nella est une jeune femme qui va être confrontée à cet univers impitoyable, à la solitude, à l'ennui. Elle va se construire au fil des pages, s'affirmer pour vaincre la femme au caractère timoré qu'elle était en arrivant. Trouver sa place va être difficile dans cette famille de riches commerçants qui finalement ne sont pas ce qu'ils prétendent.

Elle va pourtant finir par les aimer pour ce qu'ils sont, parce que les apparences sont toujours trompeuses. Une mystérieuse miniaturiste va l'y aider. le cadeau de mariage que reçoit Nella de son mari est des plus surprenant : une maison de poupées. Elle a pourtant passé l'âge, c'est une femme maintenant et non une enfant qui droit apprendre à régenter une maison. Sa solitude est telle, l'animosité de sa belle-soeur si lancinante, l'absence de son mari si palpable, qu'elle se met en contact avec une miniaturiste. Et les évènements s'enchaînent, cette dernière semble prévoir l'avenir.

Un récit admirablement construit, semblable à un tableau nous offrant des instantanés de cet âge d'or du commerce, des personnages attachants, bouleversants, d'autres détestables...

Beaucoup de réalisme, une once de fantastique : envoûtant. Une vraie réussite !

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Miniaturiste... rien que sa couverture ( publiée chez Ecco) m'avait totalement enchantée ! Et que dire de l'histoire...

Celle d'une jeune aristocrate de 18 ans désargentée mariée à un riche marchand. Nella, dont l'arrivée chez son mari commence comme celle de Jane Eyre à Thornfield, dans une ambiance mystérieuse presque gotique, mais dans les rues poisseuses d'Amsterdam au 17ème siècle ! Une ville protestante très austère malgré la prospérité que lui a apporté le commerce.

Les thèmes aussi ont quelque chose de très British 19ème : on nous parle d'amour qui ne fait pas toujours bon ménage avec le mariage, et que lorsqu'il existe il mène souvent à la perte de celui qui s'y laisse aller, on parle aussi de la difficulté d'être une femme dans certaine société où celle-ci n'a guère plus que sa beauté et le désir qu'elle suscite pour exister car la place publique : c'est l'affaire des hommes !

Et que dire de Johannes, ce riche marchand que Nella a épousé pour éponger les dettes de sa famille : c'est un homme, un bel homme qui plus est, un marchant prospère dont le charme hypnotise Nella. Mais cette différence de genre lui donne-t-elle pour autant la liberté ? Dans une société aussi austère et bigote que l'Amsterdam de l'époque, rien n'est moins sûr... Car Johannes a un secret, tous semble le connaître sauf Nella. Alors pour l'y aider, un mystérieux miniaturiste lui envoie des objets pour décorer sa maison de poupée. Un "simple" objet (quoi que très coûteux à l'époque même pour des familles aisées) qui devient vite un objet de résistance et un moyen pour Nella de prendre un semblant de pouvoir sur sa vie au lieu d'être dépassée.

Bref, c'est un roman que j'ai vraiment adoré. Tout d'abord j'ai beaucoup aimé le cadre historique. J'ai surtout été charmée par ce roman qui d'un côté est très emprunt des romans du 19ème britannique (que ce soit par les thématiques abordées ou les mages utilisées) et très moderne aux propos intemporels nous rappellant que parfois le prix à payer pour être libre (dans une société ultra normative et rigoriste qui entend réglementer la moralité de tout un chacun) passe souvent par le sacrifice. Mais qu'en fin de compte, le risque de passer par ce sacrifice est la seule garantie d'être maître de soi-même.

Absolument magnifique, sublime !
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Par une fraîche journée d'automne de 1686, Nella Oortman, dix-huit ans, arrive à Amsterdam pour commencer une nouvelle vie en tant qu'épouse de l'illustre négociant Johannes Brandt. Mais sa nouvelle maison, bien que splendide, n'est pas accueillante. Johannes est gentil mais distant, toujours enfermé dans son bureau ou dans son entrepôt, laissant Nella seule avec sa soeur, Marin.
Mais le monde de Nella change lorsque Johannes lui offre un cadeau de mariage extraordinaire : une réplique de leur maison, de la taille d'une armoire. Pour meubler son cadeau, la jeune femme fait appel aux services d'un miniaturiste - un artiste insaisissable et énigmatique dont les créations minuscules reflètent leurs homologues réels de manière étrange et inattendue... .
Ce roman est une délicieuse oeuvre de fiction historique, pleine à craquer d'intrigues, de secrets et de mystères ! Au sein de la nouvelle famille de Nella, les membres de la famille sont tous des personnages qui ne semblent pas correspondre aux rôles que la société leur a attribués et tous semblent garder beaucoup de choses pour eux.
le développement des personnages est exquis, même si certains d'entre eux sont difficiles à apprécier, comme Marin, la nouvelle belle-soeur de Nella ! C'est un personnage têtu qui ne se mord jamais la langue, mais qui semble être le pilier de la maison. Johannes est un personnage qui semble toujours être hors d'atteinte et j'avais très envie d'en savoir plus sur lui. de son côté, le miniaturiste est finalement insaisissable et le reste tout au long du livre, j'ai trouvé cela déconcertant, dans le bon sens. J'ai beaucoup apprécié le personnage de Nella, que j'ai trouvé très attachant et doté d'une humanité et force extraordinaire surtout pour l'époque et au vu du contexte !
le cadre historique de ce livre devient d'autant plus clair que Nella commence à percer certains des secrets les plus sombres de la famille et en tant que lectrice, j'ai appris à quel point la vie était différente au XVIIe siècle... à bien des égards. Dans cette société pieuse et punitive où l'or est vénéré après Dieu, être différent est une menace pour le tissu moral de la société, et même un homme aussi riche que Johannes n'est pas en sécurité. Une seule personne semble voir le destin qui les attend. le miniaturiste, est-il la clé de leur salut... ou l'architecte de leur destruction ?
Cette histoire est tellement riche en détails qu'elle a été totalement fascinante, jusqu'à la dernière page, je n'ai pas pu le reposer et je me suis retrouvée tellement immergée dans l'histoire que je n'ai pas vu les 500 pages défiler...
C'est un premier livre que je lis de Jessie Burton et je compte bien lire tout ce qu'elle a écrit!
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Une histoire palpitante, dès que l'on commence la lecture de ce roman, c'est obsessionnel, les pages tournent toutes seules.
Jessie Burton décrit une époque, 1686. Un mariage non consommé. Nella une héroïne si fragile de 18 ans découvre une grande demeure austère d'Amsterdam.
On découvre un lieu, non pas accueillant, ni triste, mais un endroit peuplés de non-dits.
Le maître des lieux « Johannes » (comme Vermeer), riche marchand, très occupé par tous ses voyages exotiques et autres secrets. Sa soeur « Marin », austère, gère la maison, les domestiques, les paperasses. Cache chez elle par ses amples robes sombres, ses goûts et ses sentiments. Otto, un esclave noir, jardinier, travaille les besognes complexes de ce petit monde et Cornelia, une jeune orpheline, très décomplexée, grande travailleuse, cuisinière, gère toute l'intendance journalière. Un vilain défaut, écoute et capte tous les allées venues de la maison. Une vraie source d'indiscrétion, mais un coeur tendre.

Bref un cadre bien défini de l'époque, où l'argent est déjà l'arme absolue du pouvoir. La Hollande et ses Provinces-Unies, républiques indépendantes et protestantes. Amsterdam est la capitale du commerce et d'un foyer culturel important. Ses quartiers, ses voiliers, ses auberges, ses croyances, la délation. La décoration reste très austère, mais on s'applique dans chaque pièce de ses demeures bourgeoises à mettre en avant ses tableaux, en particulier des natures mortes.

Mais ici, on mettra en évidence une toute nouvelle passion la miniature. Comme une maison de poupée, tous les détails sont représentés à une moyenne échelle permettant de poser et de déplacer les personnages à leur aise.
Toute l'intrigue de l'histoire est représentée ici, car c'est le cadeau de mariage de la jeune Nella par son mari. Montée comme une intrigue policière, avant chaque événement, Nella recevra d'une miniaturiste fantôme, des objets et des personnages pour compléter sa maison miniature.

Nella sera un personnage, arrivée de sa campagne, placée par sa mère comme le veut la tradition de ces belles familles. Au fil de son aventure, elle saura se faire apprécier par sa candeur. Mais sa hargne, son côté combatif, son esprit vif de déduction lui promettent du respect aux taiseux personnages de cette maison.

Il se passera beaucoup d'événements troublants et sur un très court moment. Des descriptions des lieux de vie, la pauvreté des habitants comme à son opposé la décadence de cette bourgeoisie. Avidité, tortures et crimes.

C'est bourré de détails, c'est vif et en même temps planant. C'est cette façon de narrer l'histoire comme sur les canaux de la ville. Peut-être un peu long comme un sermon de prête. Lugubre et sale comme les rues sombres et froides de la ville.
J'attends de lire la suite de cette histoire avec « la maison dorée » …

Un bel extrait :
« En règle générale, funérailles et processions adoptent un ordre précis, les édiles municipaux en haut et le petit peuple en bas, mais personne n'a pris la peine de mettre cette hiérarchie en place, aujourd'hui. La femme suppose que jamais un tel cadavre n'a pénétré dans une maison de Dieu au coeur de la cité. Elle apprécie ce rare défi. Fondée sur le risque, Amsterdam aspire désormais à la certitude, à une vie bien rangée, à conserver le confort de son argent en respectant une bienséance morne. J'aurais dû partir avant ce jour, songe-t-elle. La mort se rapproche trop. »
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Oyez oyez gentes dames, les mots sont comme de l'eau à Amsterdam. Une goutte de rumeur suffit à vous noyer. C'est ce que Petronella, jeune paysanne de 18 ans, mariée rapidement à un vieux et riche marchand d'Amsterdam, devra apprendre.

Accueillie par sa belle-soeur Marin, Petronella est rapidement désappointée de son mariage. Son mari, commerçant fluvial, n'est jamais là. Pour se faire pardonner, il lui offre une maison de poupée, leur maison, en miniature.

D'abord vexée, Petronella décide de faire honneur à son mari en commandant à un miniaturiste les items dont elle manque cruellement dans cette grande maison froide.

Commence alors un échange étrange entre elle et le miniaturiste qui, plus que des figurines, lui envoie des prophéties.

En essayant de les décrypter, Petronella va percer les secrets de sa nouvelle demeure et de leurs habitants.

Jessie Burton a pris une époque (le 17ème siècle), un lieu (Amsterdam) et une société (hypocrite et cupide) pour y faire grandir son héroïne. La vraie réussite du roman réside dans l'autonomie que prend le personnage entre la première et la dernière page du roman. C'est un roman précis, précieux et profondément féministe. Il s'attaque au calvaire de la religion calviniste et aux prisons d'hypocrisie qui ont enfermé chacun des personnages du roman. Aucun personnage n'est laissé de côté. Aucun descriptif n'est bâclé. Elle a bossé, Jessie, et ça se voit, ça se lit, ça prend aux tripes, ça joue son rôle de récit, d'invention, de rêve. le seul bémol serait le dénouement avec le miniaturiste, mais je n'en dis pas plus.

Il en demeure un magnifique premier roman à courir acheter.
Lien : https://desruesetdeslivres.w..
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Je voulais lire ce livre depuis un moment déjà, la sortie récente du dernier roman de Jessie Burton m'a motivée enfin pour me plonger dans Miniaturiste et je l'ai tout simplement adoré. J'en ai savouré chaque page sans vouloir m'arrêter, cela dans une période où je n'avais que très peu de temps à consacrer à la lecture. Ce roman m'a donc accompagné pendant une quinzaine de jours et j'ai presque regretté de l'avoir terminé.

Je l'ai aimé pour son histoire, celle de la jeune Petronella qui, pour éponger les dettes de sa famille, devient épouse d'un riche commerçant d'Amsterdam, sans que cela ne lui déplaise vraiment. Un étrange mari qui l'évite, sa belle soeur qui l'accueille froidement et une belle demeure au bord d'un canal qui cache plus d'un secret. En cadeau de mariage Petronella reçoit de la part de son mari une somptueuse maison miniature qu'elle s'apprête à agrémenter grâce à de petits objets qu'elle commande chez une mystérieuse miniaturiste.

J'ai beaucoup apprécié cette belle fresque d'Amsterdam de la fin du XVIIème, une ville prospère et moderne où il est bon de flâner, une belle invitation au voyage dans ce lieu unique dans son genre. Moi, en tout cas j'ai bien envie d'y retourner cette fois-ci pour visiter le Rijksmuseum où se trouve la maison miniature qui a inspiré le roman.

S'y ajoutent une intrigue tissée à merveille, des personnages complexes et attachants, des portraits féminins intéressants et une écriture plaisante. Un véritable coup de coeur, un bijou que je vous invite à découvrir si ce n'est pas encore fait.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Amsterdam, fin XVème siècle. le décor est posé dès les premières pages, et je suis entrée aisément dans la maison de Johannes Brandt, avec Nella, sa jeune femme, épousée pour sortir sa famille de la misère. Tout de suite, des non-dits, des secrets, un lourd mystère pesant sur la famille de son "vieux"mari ( il a tout de même déjà 39 ans!). celui-ci lui fait un curieux cadeau: une maison miniature reproduisant fidèlement la maison où elle va vivre. Elle fait alors appel à un miniaturiste pour la meubler.
Nella m'a séduite, avec ses dix-huit ans, et son désir profond d'aimer ce mari qu'elle ne connaît pas. Une très beau livre, qui parle de tolérance et d'amour. Je viens de le relire et d'ajouter une étoile.
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Le formidable succès de ce roman est pleinement justifié et l'abondance des critiques positives ici, le prouve encore.
A une intrigue prenante et originale, s'ajoute une ambiance toute particulière pour qui imagine la Hollande puritaine du XVIIe siècle.
Mais tout cela n'aurait pas fait de cette oeuvre un tel best-seller si elle ne traitait pas de sujets forts tels que la répression des moeurs par la religion. Sujets qui comme le rôle des femmes au sein de la société restent de réels motifs d'inquiétude dans une monde où ces ancestrales croyances manipulent toujours les consciences.
On songe pour la qualité de l'intrigue aux meilleurs romans de l'espagnol Perez Reverte et l'on prend un réel plaisir à se laisser surprendre et émouvoir, à frémir aux rebondissements constants et intelligents nés de l'imagination de Mme Burton.
L ‘adaptation filmée du livre en est une merveilleuse illustration, fidèle, fort bien interprétée et mise en scène.
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Critique éclaire : haletant, mystérieux, fantastique, on ne le lâche pas jusqu'à la fin.



Critique constructive : J'ai flashé sur ce livre parce que sa couverture était châtoyante, bleue comme j'aime. Et puis, le titre, "The Miniaturist", cela m'a rappelé mes années Playmobil (non aucune honte à cela). le livre mêle merveilleusement bien éléments historiques et éléments romantiques, avec son suspense, les tensions entre personnages, des pivots dans les histoires de chaque protagoniste, bref, un vrai délice. On suit l'histoire de Nella Oortman, une jeune femme assez naïve, obligée d'épouser un homme qu'elle connaît à peine et qui semble distant et froid. Ce dernier lui offre néanmoins un meuble bien étrange, une version miniature de sa magnifique demeure. Peu à peu, le destin scelle les vies des personnages, et la maison miniature semble y être pour quelque chose. L'Amsterdam décrite par l'auteure est très belle, comme je me l'imagine au XVIIème siècle. Les règles morales y étaient dures et Nella n'est pas tout à fait d'accord avec celles-ci, ce qui lui attire des ennuis, évidemment. On ne se lasse pas d'un tel roman, la fin est belle, tous les personnages sont intéressants et toutes les sous intrigues sont croustillantes. le livre est comme entouré d'un mystère épais dont les fils ne cessent de se défaire petit à petit. A lire. Coup de coeur de l'été.



Note: 17/20
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Jessie Burton décrit avec tant de détails Amsterdam, le Herengracht, l'avenue au bord du canal où se situe la maison du Seigneur Johannes Brandt, l'intérieur de sa somptueuse demeure que le lecteur croit rentrer dans un tableau de maître du XVIIème siècle. Elle restitue avec exactitude et sensibilité l'atmosphère particulière de la ville tiraillée entre l'étalage de ses richesses et l'humilité voulue par l'Eglise.

Nella Oortman arrive à la mi-octobre 1686 chez Johannes Brandt. Elle l'a épousé il y a deux mois et a quitté Assendelft, sa ville natale pour venir occuper son nouveau rôle de femme mariée et de maîtresse de maison. Seulement, du haut de ses dix-huit ans, personne ne semble la prendre au sérieux. Son mari, marchand audacieux et prospère n'est que rarement présent et quand il s'aperçoit de sa présence, il la traite en enfant. Sa belle-soeur, Marin, tient les rênes de la maison et ne manifeste aucune volonté de partager ces prérogatives et les deux domestiques la servent sans lui montrer de respect particulier. Elle s'interroge sur son devenir, loin de sa famille, isolée au coeur d'une maisonnée qui lui paraît hostile.

Son mari lui offre un curieux cadeau de mariage, une immense maison de poupées qui reproduit à l'identique leur intérieur. Drôle de présent ! Il est plutôt destiné aux fillettes pour qu'elles apprennent en jouant à devenir des maîtresses de maison accomplies. Qu'importe ! Nella s'ennuie tellement qu'elle décide de meubler celle-ci et fait appel à une miniaturiste qui, très rapidement, ne se contente plus de lui faire livrer les objets demandés : luth ou coupe de mariée. Arrivent sous forme de poupées la famille au grand complet, les deux chiennes, le perroquet perdu de Nella, un berceau... Ces paquets sont accompagnés de messages sybillins que la jeune femme peine à comprendre. Sa correspondance avec la miniaturiste reste sans réponse.

Les journées passent et Nella découvre peu à peu que sous les dehors de la respectabilité, les Brandt mènent une existence peu académique. Johannes et sa soeur ont en commun un goût pour l'exotisme, une volonté de vivre jusqu'au bout leurs passions même si le clergé et la bourgeoisie réprouvent, voire abhorrent celles-ci. La jeune épousée en vient à supposer qu'elle leur sert de paravent, son mari offre à la cité ce qu'elle veut voir : un bon père de famille et un riche commerçant. Ne serait-elle qu'une marionnette dont les Brandt tirent les ficelles ?

La maison de poupées reflète en miniature leur vie, annonce même aussi les événements qui vont venir bouleverser en profondeur cette famille bien établie. A la frontière du fantastique, l'auteur prête à cette miniaturiste des dons pour sonder l'âme humaine et prévoir les dangers qui menacent ceux qui veulent s'affranchir des règles strictes d'une Amsterdam corsetée par la religion et le qu'en dira-t-on. Nella est contrainte de prendre en main la destinée des Brandt, elle qui en est venue à les aimer avec leurs singularités. Ce personnage est extrêmement attachant, mélange d'ingénuité et d'intelligence, plus à l'écoute de ses sentiments que des lois édictées par une cité qui cache bien des vices sous l'apparence de la vertu.

Un splendide roman qui nous offre un tableau d'Amsterdam au siècle d'or du commerce maritime, mais aussi une étude de moeurs passionnante, teintée d'une touche de fantastique particulièrement réussie
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