Je souffre d’être un gosse de riche à qui son père ne refuse jamais rien, qui prévient même ses moindres désirs ; y a de quoi stopper un élan, p’pa ! Et ne va pas me dire qu’il y a en Amérique deux millions – ou plus – de mecs qui seraient prêts à donner leur main droite pour prendre ma place, avec la perspective d’entrer dans une grosse affaire. Ces mecs-là, je n’ai rien de commun avec eux. Ils se rendent pas compte ce que ça peut démolir un type, d’être noyé dans le fric.
C’est toujours risqué de fréquenter le milieu... Mais le danger est encore plus grand quand on traverse une rue passante ou quand on glisse sur une savonnette, en prenant son bain… Maintenant, si tu te contentes d’avoir avec les truands des rapports de bonne compagnie, si tu bois des verres avec eux, que tu discutes le coup, sans jamais te mêler à leur bizness, t’auras rien à craindre.
Avec lui, on peut s’attendre à tout, il est parfaitement capable d’écrire une pièce et aussi de ne pas l’écrire, il peut escalader la façade de l’Hôtel de Ville en caleçon ou ne pas l’escalader. On ne sait jamais avec des natures pareilles. Ça part comme une fusée volante, au moment où l’on s’y attend le moins.
Quand on fait un feu sur le plancher d’un wagon de marchandises, il arrive parfois que le wagon prenne feu également – ce phénomène, d’ailleurs, provoquait invariablement une subite et joyeuse excitation parmi le personnel roulant et les surveillants attachés au convoi.
Tu t’imagines être intellectuelle. Tu prétends adorer l’art et la littérature d’avant-garde, mais, en fait, tes lectures préférées sont les magazines illustrés, et les œuvres d’art qui t’intéressent le plus, ce sont les robes dernier cri et les colifichets de femme.
Extrait de Le Vaisseau fantôme, un film américain de Mark Robson, sorti en 1943.