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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Par une porte qui s'ouvrait dans la partie opposée sortit une femme opulente, interminable, grandiose, pas tant pour son seul volume que pour l'auréole et le maintien qu'elle adoptait. Marie de l'Aube Desflors, le rossignol d'Orléans, salua le grincheux marquis en lui faisant une profonde révérence, après elle en dédia une rigoureusement politique au capitaine général, et une autre à peine esquissée au reste du public. Comme pour mettre en évidence qui payait. »

Mais le Rossignol d'Orléans ne va plus plus chanter très longtemps… Placés sous l'influence néfaste des astres, les personnages de ce roman aux allures de thriller métaphysique, en sont les jouets. Sa Seigneurie, c'est Don Rafel Massó i Pujades, régent civil de l'Audience Royale de Barcelone. C'est en fait le numéro deux du pouvoir royal espagnol à Barcelone en cette année 1799.

Il a réussi, grâce à son entregent, son intelligence et sa servilité à occuper ce poste envié, que sa naissance ne lui destinait pas. C'est un homme vieillissant, vraiment pas gâté par la nature. Sa femme est confite en dévotions diverses et variées et peu encline à la galipette. Or Don Rafel, malgré les apparences, est un véritable obsédé sexuel. Son autre hobby est l'astronomie. Il va réussir, je ne vous dis pas comment, à concilier ces deux passions. Il a entretenu longtemps une maîtresse, Elvira dont le lecteur ignorera longtemps la destinée, mais à laquelle il ne cesse de penser.

Deux jeunes hommes, Andreu et Nando, auront eux aussi un grand rôle à jouer dans cette tragédie. le fond est noir mais pas morose. Au contraire, j'ai souvent souri en la lisant.

Roman de (relative) jeunesse de Jaume Cabré, ce texte passionnant se lit aussi comme une fiction politique que j'imagine très bien documentée. le style m'a paru plus accessible que celui, par exemple, de « Les voix du Pamano » du même auteur. Ici il n'y a pas de voix qui s'entrecroisent au fil du texte.

Un excellent roman, qui m'a donné envie de poursuivre avec cet auteur. Je lirai son chef d'oeuvre, « Confiteor », en dernier. le prochain, c'est décidé, sera « L'ombre de l'eunuque ».
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"Sa seigneurie"est l'un des premiers romans de Jaume Cabre . Pourtant il y a déjà là une virtuosité impressionnante( pour .un premier ? roman) et surtout une très convaincante galerie de caractères servie par des dialogues très crédibles .
L'action se déroule comme toujours avec Cabre , en Catalogne et pour ce roman historique bien documenté , à la charnière des XVIII° et XIX° siécles .
Roman historique ? Roman de Moeurs ? Roman Social ? Roman d'amitié ? Pölar ?
Jaume Cabre ,l' auteur catalan de "Confiteor" est vraiment l'un des grands écrivains de notre époque .Pour.le découvrir -et à mon avis- la lecture de "Sa Seigneurie" -est-comme celle des "Voix du Pamano"-indispensable .
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On est à Barcelone dans les dernières semaines du XVIIIe siècle,une Barcelone boueuse et battue par une pluie incessante, où le son omniprésent des cloches des diverses églises rappelle à certains leur devoir religieux, à d'autres leurs obligations de plaisirs. Indifférente à la Révolution qui a sévi pas très lojn, la monarchie expose ses débauches et ses dérives.Là s'ébattent les riches et les puissants, avides de pouvoir, d'argent et de sexe, comme tous les puissants...(et comme beaucoup d'autres) et "qui n'aspiraient qu'à une chose, comme tout le monde, tenir la queue de la poêle.".
On prépare avec fébrilité les réjouissances qui marquent le passage du siècle, on salonne, on intrigue. Quand une cantatrice étrangère est assassinée, cela entrouvre une brèche dans le passé de l'impitoyable Régent de l'Audience, Don Rafel, et malgré une enquête bâclée et un coupable fabriqué, tous ses ennemis , et ils sont nombreux et insatiables, vont s'y engouffrer pour la transformer en faille, puis en gouffre.

C'est un conte cruel et acerbe, qui dépeint de façon jouissive un milieu totalement factice et haineux, avec ses fausses dévotions, ses alliances hypocrites. Confrontant allègrement l'apparence glorieuse et les pensées putassières, revanchardes, mesquines de ses sordides protagonistes, Jaume Cabre réussit un numéro hilarant de haute voltige, dans cette société insouciante d'autre chose que d'elle-même. Car mieux vaut rire que pleurer. Il mène cela avec une truculence, une finesse, un humour dévastateurs.


Mais on peut lui faire confiance pour ne pas conduire ce simple thriller historico-politique au premier degré. Ces vaniteux d'une époque décadente nous tendent un miroir monstrueux :
Ne dit-on pas de Don Rafel:

À coup sûr, des personnes présentes dans ce cercle, don Rafel était le plus envié, le plus haï et le plus craint parce qu'il était influent, inflexible et corrompu, trois qualités qui allaient normalement de pair avec la carrière de ceux qui, en ces années de grâce, tenaient le haut du pavé à Barcelone.
(...)Il en arriva même à être tenu pour un homme politique incombustible, un de ces hommes qui savent dire que la politique ne les intéresse pas, qu'ils ne sont pas des hommes politiques, vraiment pas, et que s'ils sont là où ils sont, c'est pour rendre service, c'est différent, parce que la politique, non merci.

Ne se pavane t'il pas ridiculement à essayer ses costumes fastueux?
N'est-il pas totalement déconnecté de la vie quotidienne de ses concitoyens ?

D'une fenêtre grillagée lui parvint un relent de chou bouilli : il fit une grimace de dégoût, du chou au dîner, les pauvres gens.

Ne court-il pas en voiture à cheval, et non en scooter, concupiscent, vers sa jeune maîtresse, pas du tout intéressée, à travers les rues obscures de la ville?
Ne reste t'il pas superbe et indifférent face aux attaques, dans la certitude de son bon droit?

Il se fâcha, il rit en disant voilà bien des bêtises, ses yeux se révulsèrent, il fit claquer sa langue, se reprit à rire, dit moi ? eh ? moi ? et il nia tout, définissant cette histoire comme un sale mensonge, pourri.

Les temps ont changé, nous dit-on. Mais nous savons tous qu'il ne faut pas le croire.
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En l'an 1799, à Barcelone, une cantatrice française se fait sauvagement assassiner après un récital chez un des plus illustres nobles de la ville. Sa Seigneurie don Rafel Masso, le régent civil, l'homme chargé des affaires de justice dans la ville, se préoccupe de l'affaire car la chanteuse devait rejoindre Madrid et la cour du roi à la suite de son séjour à Barcelone. de plus, des papiers compromettants sont retrouvés chez le principal suspect du meurtre, un jeune poète ayant passé la nuit avec la dame. Et alors que le siècle se termine, que Donya Marianna, l'épouse du régent, se préoccupe du Te Deum donné à l'occasion, que Don Masso lorgne sur sa voisine à l'aide d'un télescope, que les ennemis du régent (et ils sont nombreux) fourbissent leurs armes, que le père suspect remue ciel et terre dans l'indifférence générale pour que son fils soit défendu correctement et que celui-ci se demande ce qui lui tombe sur la tête, la justice du roi est instruite rapidement, de façon arbitraire (du moment que l'on a un coupable). Un coup de théâtre lors de la deuxième partie remettra en cause ce procès bâclé et la stratégie de Sa Seigneurie. Attention : ce livre n'est pas un roman policier, l'énigme est secondaire, Jaume Cabré s'amusant à décrire une aristocratie bourbonnaise décadente, une époque où les idées de liberté commence à toucher certains penseurs (la révolution française n'est pas si lointaine), des hommes de pouvoir privilégiant leurs intérêts personnels à celui du bien public. L'auteur de « Confiteor » nous offre ici un roman historique dans la veine d'un Umberto Eco, où humour, virtuosité et érudition font cause commune pour le bonheur du lecteur. Une lecture qui demande certes une certaine concentration, mais qui au final apporte un véritable plaisir de lecture.
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Un roman foisonnant, dense et au rythme rapide, avec des personnages assez incroyables ! inattendu et intéressant. Je recommande !
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