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Shu Cai (Autre)
EAN : 9782845623248
104 pages
La Passe du Vent (25/09/2018)
4/5   2 notes
Résumé :
Dans son recueil Le ciel se penche sur nous , Shu Cai mêle les sources d’inspiration traditionnelle de la poésie chinoise aux accents et aux rythmes les plus contemporains. Une poésie vivante et sonore.

Extrait : En lisant le Beijing Times du 31 mars

À la une
l’armée américaine a déclaré la guerre à l’Iraq
un missile monte jusqu’au ciel en sifflant

je tourne la page
un raid aérien a préfacé l’offensiv... >Voir plus
Que lire après Le ciel se penche sur nousVoir plus
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
EN LISANT LE BEIJING TIMES DU 31 MARS

A la une : l’armée américaine a commencé les attaques en Iraq
Un missile monte au ciel en sifflant
Je tourne la page. Un raid aérien a préludé à l’offensive américaine
La carte de l’Iraq ressemble à un voyou à la tête rasée
Je tourne. Un hélicoptère américain s’est écrasé au sud de l’Iraq
Seule information : aucune chance que les seize soldats aient survécu
Je tourne. Saddam appelle le peuple à lutter contre les Américains
« Je ne suis pas mort », « Tirez vos épées… »
Je tourne. Le Koweït s’est déclaré attaqué par des missiles de l’Iraq
Le mot « Scud », comme il est familier à mon oreille
Je tourne. Gome ouvre son onzième festival du climatiseur solennellement
La page est pleine de modèles aux prix marqués en rouge et vert
Je tourne. Une manifestation pour la paix devant la Maison Blanche
Une fille aux grands yeux porte haut levé « Stop War »
Je tourne. Bush a déclaré que les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l’Iraq
La tâche que le père n’a pas achevée sera poursuivie par le fils
Je tourne. Nous pouvons espérer terminer la guerre dans les 28 jours
Il y a quelques jours, nous pouvions espérer éviter la guerre
Je tourne. Voici une formule de publicité aussi puissante que des missiles –
« On arrive à Jiuzhaigou. Mais moi je n’ai pas envie de descendre de ma voiture »
Je tourne. Le recours à la force des Américains relève d’une stratégie au Moyen-Orient
Quelques Afghans écoutent un poste de radio sur un marché en plein air
Je tourne. Les bombardiers américains ont effectué de nombreuses sorties
E-bombs : à ce qu’on dit elles ne tuent pas, elles détruisent les fils électriques
Je tourne. Le groupe aéronaval est en position d’attaque
L’ « hégémonie » américaine est assurée, personne n’y opposera de résistance
Je tourne. Les généraux anti-Saddam ont tous une sale gueule
Rumsfeld grimace et rit à gorge déployée
Autrefois il a offert à Saddam une paire d’éperons en or pur
Je tourne. Sur un plan d’ensemble de la campagne américaine en Iraq
Quelques flèches rouges se courbent pour mieux bondir sur Bagdad
Les pleurs de l’Euphrate les pilotes n’arrivent pas à les entendre
Je tourne. Les troupes anglaises se sont rassemblées dans le Golfe
Deux mitraillettes sont en train de viser et ça fait froid dans le dos
Je tourne. Quinze bases militaires sont engagées dans la guerre
Toute la faute revient à Saddam, qui ne sait pas raisonner par déduction
Il voulait anéantir le Koweït donc il sera anéanti par les Etats-Unis et l’Angleterre
Je tourne. Sur la place Ruisseau-turquoise les bonnes nouvelles s’enchaînent
Vous gagnez en achetant ! Produits immobiliers en promotion à prix imbattables

Je tourne. Saddam et ses fils ont refusé de s’exiler
Une citation de Saddam : tu n’humilies point l’ennemi vaincu
Je tourne. La troupe d’élite iraquienne a décidé de se battre jusqu’au bout
On peut craindre que les Américains ne leur en laissent pas l’occasion
Je tourne. Les cinq villes stratégiques de l’Iraq et ses champs de pétrole
Un adolescent iraquien joue derrière un abri militaire
Je tourne. Encore une page de publicités sur les sacs à dodo :
« Vous voulez en profiter ? Dans mon sommeil printanier je n’ai pas vu le matin… »
Je tourne, tourne, tourne… voici déjà la dernière page
J’ouvre la fenêtre : des coups de canon enflamment le ciel à l’ouest
La guerre continue, les gens souffrent
La guerre continue, il n’y a pas de fin…
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NOUILLES DEBITEES AU COUTEAU

Au carrefour de la rue Ande, près d’un poteau électrique,
Un homme de petite taille débite des nouilles au couteau.
Sou cou s’allonge et se raccourcit en un mouvement cadencé ;
Son regard est fixé sur le couteau qu’il manie ;
Son menton ne cesse de s’agiter légèrement ;
Son avant-bras droit décrit des va-et-vient ;
Des parcelles de nouilles voltigent et vont tomber,
Toutes nues, dans la grande marmite.
Il commence à débiter au plus près de son menton,
Et coup après coup la lame remonte jusqu’en haut de la pâte
Puis il la ramène brusquement en arrière. Et, de nouveau,
Coup après coup il remonte, d’un geste prompt et adroit.
Assis, les clients attendent…
Maintenant, ne pouvant soutenir la masse de la pâte dans sa paume,
L’homme de petite taille fait une pause, regarde à l’entour
Du coin de l’œil, et ralentit son souffle en longs soupirs,
Tout en raclant son couteau sur le bord de la marmite.
Voici qu’il se remet à travailler le reste de la pâte.
Juste à ce moment arrive une jeune fille à grosses nattes,
Qui plonge une grande écumoire dans la marmite en la remuant.
L’écumoire se remplit aussitôt de nouilles cuites. Elle soulève, secoue,
Et du même geste envoie les nouilles dans un bol géant.
Jugeant la quantité insuffisante, elle ajoute encore quelques nouilles
Ensuite, de la sauce de soja, du sel, du vinaigre….
Et comme bouquet final une poignée de coriandre.
C’est fait ! Allez, bon appétit !
Le chauffeur de taxi baisse la tête en agitant les baguettes.
Cet étal à nouilles est situé à côté d’un chantier de construction.
Des poids lourds ne cessent d’entrer et de sortir.
Ici l’ambiance est chaleureuse et animée ;
Ici la poussière arrive en rafales.
Les voitures Xiali rouges bouchent le carrefour.
Rassasiés, les ouvriers migrants se reposent.
De petits drapeaux pourpres flottent doucement dans le vent,
Un bol de nouilles suffira à tenir jusqu’au soir.
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Hai Zi (*) pour toujours



extrait 2

Frère, tu n’es pas tombé et nous sommes toujours à
    genoux
Notre patrie est si abondante que tu ne cesses pas
    d’y goûter
Nos champs si fertiles que des os en remontent
    lorsqu’on laboure
Comment peux-tu impitoyablement réduire le temps
    en morceaux ?



/Traduit de l’américain par Alexis Gloaguen

(*) Haizi : Poète et ami de Shu Cai, Haizi, dont l’œuvre est d’une force et d’une noirceur exceptionnelles, s’est suicidé à l’âge de 25 ans.
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Hai Zi (*) pour toujours



extrait 3

Tes rêves de jeunesse vont sûrement se réaliser, et
    pour cette raison
Tu devras me mettre sur la route. Comme toi
J’aime la chaleur des corps au travail, les fleurs qui
    surgissent de la boue…
Je suis vivant, mais continuerai à l’être jusqu’au bout

Quand tu es mort, on raconte que les couleurs étaient
    belles
Comme si d’une flaque de sang montait un autre soleil
Ta douleur déjà diffusée dans la clôture des mots
Celui qui frémit quand on le touche sera heureux le
    reste de sa vie !


/Traduit de l’américain par Alexis Gloaguen

(*) Haizi : Poète et ami de Shu Cai, Haizi, dont l’œuvre est d’une force et d’une noirceur exceptionnelles, s’est suicidé à l’âge de 25 ans.
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EN ROUTE VERS JIUZHAIGOU

Vite, vite, vite,
Le minibus file comme un voleur.
La rivière Min nous accompagne au long du trajet,
Grondant, puis gargouillant, puis plus rien qu’un murmure.
Minces silhouettes, si minces… Les fils du téléphone
Ne cessent pas leur danse démoniaque.
Les champs les arbres
Reculent précipitamment des deux côtés.
Nous montons, montons, montons ;
Nous voici sur un sommet, tout plat.
La rivière Min pend vers le bas,
Ecume au fond du val.
On ne voit plus le pied de la montagne.
On a la cime devant les yeux.
Partout ce sont des herbes folles
Et des fleurs sauvages que saoule le vent.
Les nuages blancs haussent les sourcils : cerfs.
Les nuages s’étirent en bâillant : chiens.
Nuages blancs, nuages blancs…
Là où siffle un fouet bondit un troupeau de moutons.
Jiuzhaigou, le site est beau
Parce que loin de la ville.
Vite, vite, vite,
Plusieurs fois le minibus a failli se renverser.
Le chauffeur raconte : autrefois il faisait le trajet vers Chengdu.
Combien de fois il a vu des confrères
Faire tomber leurs véhicules dans la rivière Min,
Offrant leurs vies aux poissons et aux crevettes.
Un aller-retour prenait cinq jours.
Epuisant, mais ça gagnait bien !
Les passagers somnolent.
Lui il chante Oh mon plateau du Tibet.
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