Et d'ailleurs, ces quartiers ne sont pas si disgraciés que je l'ai dit. Je me suis montré injuste. C'est une question de saison. Oui, il suffit d'un peu de soleil pour transformer, embellir, n'importe quelle ruelle, n'importe quelle impasse. Il la diapre instantanément, il la roule, comme on fait un beignet, il l'irise, il la dore, il la mordore, il l'argente, il l'ocre, il l'a cuit....Il suffit aussi quelque fois d'un sourire, ou d'une chevelure...C'est également une question d'heure. Il est des moments où l'on ne croise que des vieux, des éclopés, des ivrognes ou des paralytiques; il en est d'autres, au contraire, où chacun de nous porte sans le savoir son auréole sur le derrière de la tête, telle une casquette mal mise. Il s'agit cependant des mêmes gens, dans les mêmes décors.p183
J'aime ces faubourgs pauvres où il n'y a rien à voir. on croise le minimum de gens, on se sent presque seul, on s'enfonce dans une agréable mélancolie, au risque d'y perdre pied, insensiblement.
Chronique de Laurence Goullieux : Henri Calet
Laurence Goullieux, directrice de la Bibliothèque Municipale de Liévin, évoque la vie et l'oeuvre de l'écrivain Henri Calet. le site internet de la Bibiothèque Municipale de Liévin :...