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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce sont deux nouvelles à lire absolument:
D'abord "Jonas ou l'artiste au travail" ; l'histoire d'un peintre talentueux mais qui croit un peu "beaucoup" à sa bonne étoile, mais cela ne durera pas!!!!
Ensuite, il y a "la pierre qui pousse"; qui raconte l'histoire d'un ingénieur français en mission en Brésil et qui plonge en plein uses et coutumes (trop bizarre à son goût).
Ma préférée reste de loin la première nouvelle (qui parle de sentiments et de relations compliquées d'amour et de loyauté), mais la deuxième est aussi riche en découverte. J'ai ADORE.
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Cette nouvelle fait partie du recueil l'Exil et le Royaume publié en 1957, dernier ouvrage publié du vivant d'Albert Camus (prix Nobel de littérature, décédé en 1960).

Dans cette nouvelle il n'est pas à proprement parler d'une oeuvre mais des conditions de travail de création et comment celui-ci évolue dans le temps avec les contingences domestiques et familiales d'un peintre, Gilbert Jonas, qui croyait en sa bonne étoile…. Mais cela suffit-il ?

Incipit :

Gilbert Jonas, artiste peintre, croyait en son étoile. Il ne croyait d'ailleurs qu'en elle (…) Sa propre foi, pourtant, n'était pas sans vertus puisqu'elle consistait à admettre, de façon obscure, qu'il obtiendrait beaucoup sans jamais rien mériter. (p13)

Tout ce qu'il désire il l'obtient : femme, enfants, logement, amis, célébrité et cela sans avoir le sentiment de fournir, tout du moins dans les premiers temps, d'efforts. Mais comme dans tout art, il y a le revers de la médaille : la célébrité amène des parasites en tout genre et pour créer il faut de l'espace, avoir l'esprit libéré de toutes entraves. Peu à peu, après avoir été reconnu, fêté, admiré la source se tarit d'autant qu'il pense que cela lui est arrivé sans effort. Il va tenter de trouver « son lieu à soi », l'endroit où son inspiration ressurgira pense-t-il et peu à peu se replier sur lui même sans travailler pour autant son art. Il va croire jusqu'au bout à sa bonne étoile, dépérissant et se posant se résumant en un mot, impossible à déchiffrer : Solitaire ou solidaire ?

Une nouvelle aux accents de fable sur le thème des choix de la vie : peut-on être artiste et avoir les obligations d'une famille, du relationnel indispensable à la notoriété, un espace pour créer (je retrouve ici le thème du merveilleux texte de Virginia Woolf : Un lieu (ou une chambre) à soi) mais également sur l'artiste qui se croit doter d'un talent inné, se reposant sur celui-ci sans voir que celui-ci, tel un jardin, doit être entretenu. En effet, au fur et à mesure que grandit la notoriété son pouvoir créatif diminue comme diminue son atelier qui finira par devenir un espace sombre, un réduit, une soupente, dans laquelle il se sent protéger de toute intervention extérieure, reportant sur les autres et son environnement son manque de créativité, s'enfonçant peu à peu dans la dépression.

C'est une évocation qui pourrait avoir comme toile de fond tous les domaines de notoriété créatrice, comment celle-ci vous contraint à des choix Jonas étant partagé entre sa famille (sa femme et ses 3 enfants) et son art, son atelier se situant dans l'appartement familial. Prend-il ce prétexte comme alibi à sa perte d'inspiration ? Faut-il choisir entre vie créatrice et vie familiale ? Faut-il vivre en ermite pour créer ? Et n'est-il pas dangereux que le succès arrive trop vite, trop facilement sans avoir d'efforts à fournir ?

Une lecture qui soulève bien des questions dont nous n'obtenons pas forcément les réponses, laissant le lecteur à sa propre interprétation avec le dernier message de Gilbert Jonas : « Solitaire ou Solidaire ». Croire en sa bonne étoile et se laisser porter par les événements, la réussite est-elle suffisante pour réussir ou faut-il travailler, sacrifier sa vie personnelle pour se vouer corps et âme à son oeuvre ? Dans bien des domaines artistiques la question s'est posée à bon nombre d'artistes !

J'ai aimé mais j'ai préféré mes précédentes lectures de cet auteur comme La peste lu avant la création du blog), L'étranger ou le premier homme . Ici Albert Camus explore l'homme dans sa créativité et il réussit à bien planter le décor de ce foyer (très bohème), le caractère de Jonas, qui accepte et se plie à toutes les concessions nécessaires à sa vie familiale mais également à ses besoins artistiques, à l'abnégation de son épouse, Louise, se dévouant corps et âme à son talentueux mari et à ses enfants, acceptant toutes les concessions pour que celui-ci puisse créer.

Ce texte est suivi de la pierre qui pousse qui figure également dans L'Exil et le Royaume contant les aventures d'un ingénieur, d'Arrast, intervenant au Brésil pour l'édification d'une digue (encore une création) qui se lie avec une communauté villageoise et assiste à une procession vaudou consistant à porter une énorme pierre, procession à laquelle il acceptera de participer et même d'en être le héros, ensorceler par l'ambiance, l'environnement et se fondra parmi eux devenant l'un d'eux convaincu qu'il a trouvé un sens à sa vie.

Une deuxième nouvelle contrastant par l'ambiance plus rythmée, presque oppressante mais qui reprend le thème de la solitude d'un être dans sa vie créatrice, dans les choix qu'il doit faire pour y donner un sens même si celui-ci sont loin de ce qu'il avait imaginé.

Comme souvent les nouvelles font partie d'un tout et il faut peut-être lire L'Exil et le Royaume dans sa totalité, celui-ci traitant du sentiment d'insatisfaction et d'échec, pour en apprécier toute la portée…
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle. Au début le petit personnage Jonas m'était plutôt peu sympathique, mou, risible avec sa croyance en sa bonne étoile, tête vide... se laissant ballotter de ci de là par les circonstances de la vie, jusqu'à consentir à un mariage à la faveur d'une rencontre (encore un cadeau de sa bonne étoile) en la personne de Louise Poulin qui, aubaine, prend en charge tous les petits et grands tracas de sa vie quotidienne.
Mais voilà, Jonas, à qui son père, premier éditeur de France, avait fournit un emploi qui lui laissaient quelques loisirs, se mit à peindre et obtient quelque succès. Repéré par quelques marchands, il reçut une proposition de contrat et, en dépit de l'avis de son bon ami d'enfance, Rateau, qui au vu de la proposition lui recommandait la prudence, accepta et ne plus s'adonna qu'à sa peinture.
Dans la foulée Louise, lui fabrique 2 enfants, un troisième suivra sans tarder (le nombre était prévu) et il faut déménager. L'appartement envisageable se révélera des plus exigus ce qui ne troublera pas notre bonhomme Jonas plus que ça.... il fera avec, nulle doute d'ailleurs que sa bonne étoile trouvera bien les solutions aux désavantages des lieux, qui s'avéreront utiles le cas échéant.
A partir de ce moment, le récit va déployer toute sa saveur et notre Jonas, artiste au travail, nous révéler bien des surprises...

Cette nouvelle soulève des questions fort intéressantes, la première qui me vient est celle de la place des artistes dans notre société, ce n'est pas une question nouvelle certes, Platon déjà en a traité, mais la question ne se pose-t-elle pas encore aujourd'hui....
Autres, celle de la liberté d'expression de l'artiste, son rôle dans la société, celle de l'influence des critiques et des marchés, la question encore de la marginalisation de l'artiste..... et même, la peinture pour qui, pour quoi ? Et une foule d'autres.

Mais ce n'est pas tout loin de là, car au-delà de tout ça, cette nouvelle exprime surtout je crois la difficulté de trouver un sens à sa vie, de trouver le bonheur, et le sentiment d'insatisfaction qui en découle, cette difficulté toujours à trouver la juste place entre le moi et l'autre, la solitude et la noyade.

"Solitaire/solidaire"

Une belle pépite cette nouvelle.
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Ce recueil est composé de deux nouvelles : « Jonas ou l'artiste au travail » suivi de » La pierre qui pousse ».

Dans la première nouvelle, Camus dépeint le travail d'un artiste peintre. Jonas est guidé par sa bonne étoile, elle semble le conduire vers le chemin de la réussite. Toujours à ses côtés elle a fait de lui : un peintre reconnu.

Peu à peu, son atelier devient un lieu propice aux rencontres. Artistes, disciples, amis et connaissances viennent constater son talent et l'avancée de son oeuvre. Cette effervescence va le mener jusqu'à l'asphyxie et vient mettre en péril ses talents artistiques…

Dans la deuxième nouvelle, le lecteur est plongé dans une mission au coeur du Brésil. Un ingénieur français est confronté aux pouvoirs mystiques. Il va se lier d'amitié avec l'un des habitants du village et sera le témoin de transes ancestrales.

Deux nouvelles aux univers bien distincts mais toutes les deux menées par une écriture incroyable. Camus nous enchante à nouveau dans ses deux courts récits.

J'avoue avoir été davantage conquise par « Jonas ou l'artiste au travail » qui révèle avec justesse le milieu artistique et donne à réfléchir sur la place des artistes dans notre société. Même si je préfère largement ses romans, j'ai aimé cette douce pause avec Camus.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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C'est la première fois que je reste avec un avis mitigé sur de l'Albert Camus. Ce livre est composé de deux nouvelles, la première, Jonas ou l'artiste au travail reste la plus intéressante des deux. Ou comment raconter l'histoire d'un artiste super-doué, qui est tellement gentil qu'il n'arrive jamais à dire non à qui que se soit ni à quoi que ce soit; et qui à force de se mettre en retrait, en arrive à se perdre et à perdre son goût et son don pour la peinture.....

Pour La pierre qui pousse, la seconde nouvelle, je vais être honnête, c'est un truc qui m'aura permis de trouver le sommeil à chaque fois que je me plongeais dans ces pages. J'ai fait pas mal d'économie sur le xanax et l'alcool, clairement.

Bon, je deviens peut-être plus exigeant voire chiant avec l'âge....

Conclusion, si vous avez des problèmes de sommeil une fois le soleil disparu, gardez ce livre à porté de lunettes, il vous sera d'un secours précieux si votre bar est vide...

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Conseillé par un ami avec qui on s'est lancé dans une petite chasse aux Folio 2€. J'ai peu lu Camus, et ce n'est sans doute pas sous le format de la nouvelle que je vais être davantage convaincu. La première nouvelle (Jonas...) est le plus réussi des deux, bien que je trouve le style plutôt absent... Non pas que ce soit mal écrit mais j'ai eu l'impression d'avoir lu mille fois cette histoire de vie, celle d'un homme qui semble déconnecté de tout, accroché à son art, puis se laissant distancer par la vie et devant batailler (mais sans avoir les forces) pour se raccrocher à sa véritable vie. J'ai du mal à fixer mon opinion : est-ce une histoire qui manque d'originalité ou qui méritait d'être davantage développée ? Restent quelques images "amusantes" (l'appartement et ses multiples modulations).
La deuxième nouvelle (La pierre qui pousse) m'a d'abord profondément ennuyé mais ce sentiment se dissipe vers le final quasi-christique, intéressant si l'on repense à l'Etranger. On a l'impression que Camus se fait les armes (à vérifier si cela a été écrit avant) sur tout ce qui va être l'influence de l'environnement sur Meursault. Bon, ça ne va pas plus loin à part cela.
Bref, j'imagine que les fans de Camus y trouveront le bonheur mais je déconseille pour se lancer dans la bibliographie de l'auteur (mais de toute façon les Folio 2€ sont rarement adaptés !).
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J'ai bien aimé Jonas ou L'artiste au travail, qui m'a rappelée mon auteur préféré, Kafka. Par contre j'ai détesté "La pierre qui pousse" qui m'a ennuyée au plus haut point, je n'ai pas compris le but de cette histoire qui n'allait nulle part.
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