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« R.U.R. » est une pièce de théâtre écrite en 1920 et originellement sous-titrée « Comédie utopiste en trois actes et un prologue ». La présente version en est la première traduction française, datant de 1924. Dans cette traduction, la version choisie pour l'extension du sigle est « Rezon's Universal Robots » (il existe plusieurs traductions différentes). le contexte : « R.U.R. » se déroule dans le futur, alors qu'une usine, dirigée par un certain Domin, vient de mettre sur le marché des humanoïdes, c'est-à-dire des machines ressemblant traits pour traits aux hommes. Ce sont des Robots. On peut sourire de ce terme aujourd'hui, en ayant vu défiler tant et tant. Pourtant, dans cette pièce, non seulement le nom prend une majuscule, mais c'est la première fois qu'il est publié ! En d'autres termes, le mot Robot est inventé dans cette pièce, même si l'idée de départ vient de Josef, le frère de ČAPEK.

Des humanoïdes donc. Fabriqués à des centaines de milliers d'exemplaires pour servir l'Homme, faire les besognes à sa place, les travaux ingrats. Les patrons se les arrachent car leur main d'oeuvre, et pour cause, est bon marché, de plus l'utilisation de Robots pourrait dans un proche avenir rendre l'homme oisif et jouisseur : « Avant dix ans, les Rezon's Universale Robots auront fait tant de froment, tant de tissus et de tout, que nous dirons : les choses n'ont plus aucune valeur. Que chacun prenne ce dont il a besoin. Il n'y a plus de misère. Oui, ils seront sans travail. Mais il n'y aura plus de travail du tout, car les machines vivantes feront tout. Les Robots nous vêtiront et nourriront. Les Robots feront des briques et construiront des maisons pour nous. Les Robots écriront pour nous des chiffres et balaieront nos escaliers. le travail sera supprimé. L'homme ne fera que ce qu'il aimera faire. Il sera débarrassé des soucis et de l'humiliation du travail. Il ne vivra que pour se perfectionner ».

L'usine R.U.R. est devenue une vraie curiosité. Ainsi, Hélène, la propre fille du Président du pays va visiter la fabrique. Seuls des Robots y travaillent, exceptés les décisionnaires, c'est-à-dire une poignée de dirigeants. Hélène est membre de la Ligue pour l'Humanité et, à ce titre, souhaiterait que les Robots soient traités comme des humains et non comme des machines. Pourtant les Robots ne semblent avoir ni âme ni sensations.

Ellipse. Dix années ont passé, les Robots ont été perfectionnés, ont même été armés. Ils ont participé à tant de guerres, tué tant d'humains, répondant à des ordres, soldats obéissants et efficaces. Ils ont envahi les lieux de travail. L'Homme devenu inutile a fini par s'ennuyer, la natalité a drastiquement baissé, rendant l'espèce humaine en danger. « On ne daigne même plus allonger son bras pour prendre la nourriture, on la leur met droit dans la bouche pour leur éviter de se lever. Ah ! Ah ! Les Robots de Domin se chargent de tout ! Les femmes n'engendreront pas pour les hommes qui sont devenus inutiles ».

Parallèlement, les Robots se sont émancipés, « humanisés », réclamant leur part de pouvoir, se montant en syndicats. Ils représentent un dixième de la population mondiale.

Le vent tourne. Les Robots se révoltent et leurs inventeurs, les dirigeants de l'usine R.U.R. doivent mettre fin à la jacquerie, alors que désormais les Robots existent depuis une trentaine d'années seulement. le manuscrit de fabrication des Robots existe en unique exemplaire, or lui seul peut permettre de continuer à développer les humanoïdes…

Ne nous y trompons pas : « R.U.R. » n'est pas un simple récit de science fiction, il est surtout un pamphlet politique et social pacifiste. Écrit au lendemain de la première guerre mondiale, il se dresse contre les guerres, contre les ventes d'armes internationales. Il est une revendication humaniste allégorique et puissante. En somme, en quelques dizaines de pages, il peut être vu comme un petit chef d'oeuvre d'intelligence appuyé par une fin épique. Une dystopie, sans aucun doute, mais sur un ton drôle, qui cependant s'aggrave au fil des pages. Cette pièce de théâtre est un véritable coup de maître, l'un de ces textes qui changent la littérature, à l'instar d'un « Nous » du russe ZAMIATINE, dystopie sortie la même année, et qui pour sa part a influencé ORWELL pour son « 1984 » (écrit près de 30 ans plus tard !) et HUXLEY pour « le meilleur des mondes ». « R.U.R. » est incontestablement une pierre à l'édifice de la future littérature contre-utopique. La version proposée est la numérique de la Bibliothèque russe et slave, à partir d'une traduction de 1924.

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Bonsoir, un genre différent ce soir pour mon retour de lecture une pièce de théâtre écrite en 1920. Je vous parle de R.U.R. Rossum's Universal Robots de Karel Capek. Il s'agit d'une pièce de science-fiction.Il s'agit d'un auteur tchèque classique très connu (1890-1938). L'intérêt premier de cette pièce est l'utilisation pour la première fois du mot Robot. Il a inventé ce mot à partir du mot tchèque robota qui signifie travail. La pièce est une pièce utopiste sur un monde où des humains ont fabriqué des robots pour se faciliter la vie et profiter uniquement du temps libre. Bien évidemment les robots fabriqués sont de plus en plus performants jusqu'à se rebeller. C'est aussi un conte philosophique sur la place de l'homme, la nature et la science. C'est une très belle découverte pour moi.
quatrième de couv.Rossum, un scientifique génial, invente un robot. Ses successeurs le perfectionnent et la société Rossants Unirersal Robots commence à les produire en masse. Les robots sont des machines capables de penser qui s'imposent comme une force de travail extraordinairement peu coûteuse, productive et sans prétentions, mais manquent de vie spirituelle et de sentiments. Des millions de robots remplacent progressivement les hommes, et la compagnie R.U.R. gagne des milliards. Les hommes devenus anachroniques et inutiles sont condamnés à l'inactivité et à l'oisiveté. L'humanité tombe vite en décadence. perd sa capacité à se développer, ne procrée plus. Les robots font les guerres et finissent par se révolter contre leurs maîtres, les hommes. Leur but est de tuer tous les hommes parce que les robots s'estiment beaucoup plus parfaits et ne veulent plus être commandés par eux.
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Du point de vue des divers idées et formes dans le domaine de la science fiction, cette pièce de théâtre écrite en 1920 est encore aujourd'hui en avance. Non seulement il y a l'invention du terme robot, mais en plus, ci-ceux sont organiques et non mécaniques, et leur fabrication est décrite dans le menu détail, à l'exemple de la "filature de nerf, de veine. La filature où on déroule des kilomètres et des kilomètres de tube digestif. Je suis persuadé qu'un passionné de cinema bis pourra me trouver le premier film avec des robots organiques, je crois pour ma part que c'est la première fois que je rencontre ce type de récit, qu'en plus cela apparaisse en 1920 sous la plume de l'inventeur du mot robot, on s'aperçois ici que les inventeurs de mythes moderne sont souvent plus créatif quand il s'agit de leurs créatures que quand elles sont reprises par d'autres auteurs, même si Assimov à écrit des livres de robots absolument génials.
Si l'on en vient au fond, "RUR : Rossum's Universal Robots" est un livre moraliste, anti-progressiste, qui ne croit pas a l'émancipation et qui pense que l'homme est fondamentalement mauvais. Il y a des citations de la bible et des considérations sur le travail qui, si elle ne son pas du goût de tout le monde, sont bien formulées et peuvent stimuler des réflexions.

La morale du livre est conservatrice mais cette histoire, une industrialisation de Frankenstein nous emporte et nous stimule.
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ALQUISTE

Mais Harry, ce que vous dites, ça ressemble trop au paradis ! Il y a quelque chose de beau dans la servitude et quelque chose de grand dans l'humilité. Je crois en la vertu du travail bien fait et de la fatigue.

"DOMIN

Je ne l'exclus pas. Mais ce qui est perdu est perdu, si nous voulons refaire le monde à partir d'Adam. Désormais Adam ne mangera plus son pain à la sueur de son front, il ne connaîtra ni la soif, ni la faim, ni la fatigue, ni l'humiliation, il reviendra au paradis où la main du Seigneur le nourrissait. Il sera libre et souverain. Son unique tâche, son unique travail et soucis sera d'être le meilleur possible. Il sera enfin le maître de la création.

BUSMAN

Amen.

FABRY

Ainsi soit-il."


Non, l'utopie humaine de ne plus rien faire et gagner de l'oseille n'est pas un mythe. Et cette pièce de théâtre écrite en 1920 par un tchèque ne fait qu'appuyer les plus grands théoriciens de l'évolution.

Et si Dieu était réellement mort ? Si Nietzsche avait raison ?

Harry Domin est sur une île déserte avec quelques scientifiques avec qui il partage beaucoup d'idées. Ensemble ils oeuvrent à créer une nouvelle race, une oeuvre qui n'est déjà plus un prototype. Ensemble, ils travaillent à la robotique.

Mais lorsque la jeune Héléne, la fille du président Glory, arrive pour montrer aux hommes que les robots peuvent avoir une âme, les choses se compliquent.

Je ne vous résumerai pas plus le livre. Tout simplement parce que je ne saurais pas le faire.

Ca faisait maintenant longtemps que je n'avais pas lu une pièce de théâtre. Et celle-ci n'est pas n'importe laquelle, puisque rappelons-le, en 1920 le terme de robot était inexistant.

Cette pièce est classée en science-fiction. Aujourd'hui, on pourrait réfléchir à la mettre en anticipation. Tout ça pour vous dire que Karel CAPEK est le premier homme à avoir employé le mot robot, qui, en Tchèque, ne signifie rien d'autre que corvée.

L'Homme serait-il assez fou pour penser pouvoir remplacer Dieu ?

Avec beaucoup de réflexion sociologiques, psychologiques et humanistes, l'auteur nous propose un éventail bien réfléchi de personnages tous différents. du créateur un peu fou à l'architecte humaniste, le tout en passant par le docteur influençable et la belle Hélène qui fait tourner les têtes sur l'île qui fait frémir.

Autant dire que le paysage laisse à désirer, que ce huis clos peut faire office d'un bon film d'horreur, mais qu'on en redemande. Pourquoi ? Parce qu'il est totalement fou d'imaginer un type qui parle du futur comme CAPEK en 1920. Les problèmes salariales étaient déjà en jeu, tout comme l'économie capitaliste et l'envie de diriger le monde.

Evidement, on se croirait dans une tragédie Shakespearienne où tout est annoncé dés le début, où tout est prévu, où aucune place n'est laissée au hasard. Et le fait que les personnages ne croient plus en Dieu renforce l'effet que veut donner CAPEK a sa pièce, à savoir un soupçon d'humour noir, et une prise de conscience face à l'humanité… "Il n'y a rien de plus étrange pour l'homme que son image", nous dévoile Damon, le chef des robots, alors qu'Hélène voit le malheur s'abattre sur l'île avant même que les autres ne le soupçonnent. A moins que ?

"DOMIN, en la prenant par les mains

de quoi as-tu peur, Hélène ?

HELENE

Je ne sais pas. Comme si quelque chose allait s'abattre sur nous… S'il te plait, fais-le ! Emmène-nous loin d'ici. On trouvera bien un endroit où il n'y a personne."

R.U.R. est un livre qui interroge. Il a été traduit en une vingtaine de langues et la pièce se joue dans le monde entier.
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On peut se poser la question pourquoi cet auteur tchèque n'est pas devenu aussi célèbre ou aussi adapté au cinéma que des Asimov, Huxley ou Orwell.
Néanmoins, Karel Capek est passé à la postérité grâce au mot "robot" que l'on utilise quotidiennement et qui apparaît pour la première fois dans ce livre.
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Une très belle réédition d'un texte fondateur de la SF et plus particulièrement de la figure du robot (terme qui apparaît d'ailleurs dans cette pièce de théâtre pour la première fois).

Les robots Rossum ont remplacé les hommes au travail. Mais après plusieurs années de servitude, les robots - légèrement modifiés- éprouvent des sentiments et finissent par se rebeller...

Un texte qui fait penser à Metropolis ou plus récemment Westworld.
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La curiosité m'a poussée à lire cette courte pièce de théâtre, écrite par un auteur tchèque en 1920. Qu'a-t-elle de si spécial, en effet ? Juste le fait que, pour les besoins de cette pièce de théâtre, Karel Čapek a inventé le mot "robot" (dérivé du tchèque robota, voulant dire corvée). Les robots décrits par Čapek se rapprochent cependant plus de clones que de machines. Ils sont en effet fabriqués en série à partir de matières organiques dans des usines isolées sur une île. Sur cette île prendra part l'intrigue de la pièce qui met en scène les quelques humains travaillant en tant que dirigeants pour l'usine. Ce qui m'a frappée à la lecture de cette oeuvre, c'est qu'elle porte déjà en elle le coeur de ce qui donne corps à beaucoup d'intrigues tournant autour des robots : des être aux capacités sensitives et intellectuelles limitées, prenant conscience d'eux même et se révoltant contre leurs créateurs. Si l'auteur manie avec subtilité un humour cynique des plus réjouissants, la fin est convenue et peu intéressante. D'ailleurs, l'intrigue en elle même ne l'est que lorsqu'elle est remise dans son contexte : écrit dans les années 20, R.U.R. est un texte d'une effroyable modernité, qui, en plus de cet apport à lexicologie, énonce une critique virulente du rationalisme économique et pose les bases d'une des thématique centrale de la science fiction.…
Lien : https://atraverslamarelle.org/
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Étonnamment puissante et actuelle, l'invention sociale et politique du robot en 1920.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/04/10/note-de-lecture-r-u-r-karel-capek/
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Karel Čapek, R.U.R (Rossum's Universal Robots), @editions_de_la_difference

Vous le savez, j'aime la littérature d'Europe centrale (noooon, c'est vrai Marie ? On ne savait pas du tout 😱) et j'aime Karel Čapek, le grand auteur tchèque du XXe siècle (gros coup de coeur : le Châtiment de Prométhée et autres fariboles, chez @editionsnoirsurblanc) qui frappe toujours par sa culture, sa pertinence, sa finesse de regard sur l'espèce humaine et la fluidité de sa langue.
Cette pièce, écrite dans les années 20, nous interpelle sur l'humanité, le progrès, le concert des nations, les guerres perpétuelles, l'utopie, la volonté de pouvoir… On sent une veine qui donnera par exemple « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » (Brecht, 1930), il y a la question de la révolte comme dans « Les Justes » (Camus, 1939) le tout avec un zeste de Zweig et de Kafka (et peut-être même de Barjavel ou d'Orwell), et dans nos esprits les images de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Vous l'aurez compris je recommande vivement 😉
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Malgré ses 90 ans d'age un ouvrage d'une modernité stupéfiante.
Lien : http://capek.misto.cz/franca..
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